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Samedi 11 Octobre 1902
10 centimes le N°
37" AnnBb. N° 3680
BULLETIN POLITIQUE
II n'y a plas que des grèves
Le verdict de Bruges
Les emplois civils
dans l'armée
Les Socialistes et
I'aveuglement des Oiseaux
Anr}t: ULMOTV
21 VPRKs
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'I
Grève générale k Genève.
La Compagnie des tramways genévoia
avail offert de repreudre les grévistes en se
réservant le droit d'en renvoyer uu certain
«ombre contre allocation d'uue indetnni'é
u'un motsdetraiiement.
Cette proposition a élé examinée mercredi
soir par lts grevistes dans une réunion qu'ils
ont tenue. Elle a été repoussée, et le vote de
la giève générale a suivi
On vient de lever de nouveaux bataillons.
Les bailments en construction ont été
abandonnés, tous les ateliers sont fermés.
Les typographes s'étant mis en gróve, les
journaux ne paraissent plus.
Tous les services indust: i ls de la ville
sont gardés par les troupes.
Soixante étrangers ont été expulsés.
Grève générale en Amérique.
SITUATION GRAVE.
Au cours d'uue conversation par télé
phone, M. Mitchell, président du syndicat
des mineurs, a déclaré avoir refusé catégori-
quement de deraander aux grévistes de
reprendte le travail en attendant l'enquête,
comme l'en avait soilieité M. Roosevelt.
M. Mitchell dit qu'il fera publier k Was
hington les motifs de son refus.
Des réuuions naonstres se liennent partouC
darts les régions de Kantin acite.
Les mineurs semnlent résolus k continuer
la lutte.
Les nouvelles qui parviennent des grandes
villes font prévotr des désordres.
Nous nous servirons des patrons pour
décorer les lauipadaires déclarent les
ouvriers darts les rue3 de New-York.
M. Mitchell et trois présidents de districts
sont attendus a New-York.
lis refusent de donner aucune explication
sur le caractère de leur mission.
Les dépêches de New-York aux journaux
anglais disent que le refus de M. Mitqhell
d'aceepter la proposition de M. Roosevelt est
regardée dans tout le pays comme créant
une situation trés grave.
L'état de la population pauvre des grandes
villes,et surtout k New-York, est déplorable.
Le charbon se vend actuellement ISO fr.
la tonne.
Les families pauvres achètent le charbon
kilo par kilo.
Le otiiftre de ia monalité des malades
atleints d'affections pulmonait es et de celle
des erifants s'est élevé énormément depuis
quelques sematnes.
Le charbon commaudé par M. Pierpont
Morgan en Angleterre pour dimtnuer eet
horrible éiai de choses n'aura qu'un effet
trés roinime.
Les cbarbons achetés par lui ne repré-
sentent que la consommation de la ville de
New-York pour deux trois jours.
Les journaux américains pronostiquent des
troublent graves avant la fin de la grève.
Grève générale en France
Le monde des mines s'agite beaucoup en
ce moment, aussi bien prés de chez nous,
en France, que par delk l'Atlantique, en
Amérique.
Les différents centres miniers du Pas de-
Cilais et du Nord sont en proie k la grève,
raais le mouvement n'a pas encore pris un
caractère général.
D'après les l)ébat$, il est évident qu'une
notable portion des ouvriers du Pas-de Calais
et du Nord n'éprouva nulle erivie de suivre
doeilement le mot d'ordre des grévistes et
désire continuer le travail. C'est ce qui ré-
sulte des informations publiées par les jour
naux socialistes eux-mêmes. lis nous racon-
tent que des patrouilles de chómeurs se por
tent, chaque nuit, aux abords des puits pour
déterminer les ouvriers k cesser le travail,
et on sait en quoi consistent les moyens de
persuasion employés en pareil cas. Ils ne
nous laissent, d'ailleu's, aucun doute k eet
égard.
On sait que cette grève se rattache parti-
cuiièrement aux menaces de grève générale
au cas oü le Parlement ne ferait pas droit
aux revendications des mineurs francais, et
qui sont, nous i'avons déjk dit1' La loi sur
la réduction de la journée de travail it 8
heures; 2' La loi portant la retraite k deux
francs par jour k ciriquante ans d'kge et
trente ans de services dans les mines.
Mais cette grève n'est rien auprès des
grandes grèves de 1'anthracite aux Etats-
Unis lk-bas elles sont formidables.
A voir de quelle manière la grève des
mineurs américains s'est subitement imposée
k l'attention générale, non seulement aux
Etats Unis, mais méme en Europe, on pour-
rait croirequ'elle n'a éclaté que récemment.
11 n'en est rien, cependant, puisqu'elle dure
depuis cinq mois environ, avec des péripéties
variées et non sans avoir occasionné des
désordres sur la gravité desquels circul nt
des versions contradictoires suggérées par
i'espril de parti. Mais la question a pris tout
a coup une gravité exceptionnelle par suite
de 1'approche de l'hiver, dont les rigueurs
menacent d'étre redoublées par la cherté du
j charbon, qui peut méme arriver k raanquer.
Ce combustible a déjk atteint des prix extra
j ordinaires, 25 dollars, soit 125 francs la
tonne.
On a vu avec quelle audace le président
Roosevelt s'est jeté dans la mêlée pour apai-
ser ce conflit. Les membres du gouverne-
ment tiennent réunion sur réunion, mais
jusqu'k présent aucun résultat apparent.
Cette grève aura une rópercussion profon-
de sur le marché Européen, s'il est vrai que
des achats considérables ont été faits en
Angleterre.
A ce litre, elle nous intéresse tout parti-
culièrement.
Grève des verriers en Belgique.
L'Association des maltres de verrerie du
bassin de Charleroi a décidé d'accorder, k
partir du 1" novembre, une augmentation de
5 p. c. aux magasiniers, mais elle se refuse
k toute augmentation des souffleurs, gamins
et étendeurs.
C'est la grève eu perspective pour le 1*'
novembre.
La Cour d'Assises a condamné Sbaw k
6 mois de prison et 300 francs d'amende du
chef d'outrage au Roi, et l'a acquitté du cbef
d'excitatlon k commettre des crimes et des
délits.
Eucore sur le premier chef d'accusation,
le jury ne s'est-il prononcé que par sept
voix contre cinq et la Cour, composée de
magistrats,a-t-elledCisejoindrek la majorité
du jury, pour pouvoir prononcer une con-
damnation.
Le jury est done toujours porté k ['indul
gence, indulgence extréme, k notre avis,
dans des questions oü nos institutions et la
sécurité publique sont en jeu.
Encore le Vooruit estime-t-il que Shaw
a été condamné injustement.
Cette condamnation, dit-il au membres
du jury, ne vous fait pas honneur.
Votre verdict fera gémir un brave
ouvrier pendant six rrois au fond d'un
cachot, a voué une femme et des enfants
aux tortures de la faim.
Et pourquoi
Parce qu'il n'a pas méme dit ce que
certains d'entre vous, peut-étre, ont été
hurler jusque sous les baicons du Roi
Ce reproche s'adresse aux jurés d'opinion
libérale qui peuvent avoir aidé k condamner
Shaw.
II n'est pas bien certain pourtant que les
libéraux aient contribué k la condamnation
de leur ailié socialiste. Mais, quoi qu'il en
soit, les émeuliers de 1857 et de 1871, aux-
quels s'adresse le Vooruit, regoivent la ré-
compense de leur attitude antipatriotique.
Le Soir se dit en mesure d'affirmer que
l'arrété royal relatif aux emplois civils dans
les corps de troupes et les établissements
mihtaires et k certains autres emplois que
i vise i'article 100 de la nouvelle loi de milice,
sera incessamment soumis k la signature
royale.
Le projet est coroplètement rédigé, mais
le ministre de la guerre attend, pour le sou-
mettre au Roi, l'achèvement des nouveaux
règlements.imposés par la loi. Celle-ci exige,
en effet, que des règlements déterminent les
conditions d'admission aux civils, les con-
naissances exigibles, les traitements, salai-
res, indemnités, Es devoirs ou attributions
des titulaires, les punitions disciplinaire» qui
peuvent leur étre infligées, ainsi que toute
disposition militaire qui leur serait spéciale.
On termine, au ministère, l'élaboration de
ces règlements, qui seront mis sous peu en
vigueur.
U est certain, dés k présent, que les em
plois civils de l'armée seront divisés en deux
catégories l'une comprenant les emplois
ouverts aux citoyens n'ayant pas accompli
un terme de milice l'autre, les emplois ré
servés aux anciens militaires.
Les volontaires devront avoir fait un terme
d'engagemeni de buit ans sous les drapeaux,
les anciens miliciens devront avoir acoom-
pli leurs années de réservistes, de telle sorte
que la plupart des emplois de l'armée ne
seront pas accessibles avant l'kge de 31 ans.
Les candidats devront souscrire un enga
gement dont la durée variera avec la nature
de l'emploi. Le texte de eet engagement est
rédigé de telle manière que l'autorité mili
taire pour ra, en cas de guerre, retenir ou
congédier k volonté les membres de son
personnel civil.
La question de I'aveuglement des oiseaux,
qui agite la plupart des conseils commu-
naux de l'agglomération verviétoise, vient
encore de faire des siennes, lundi soir, au
conseil communal de Verviers, en mettant
cette fois aux prises les socialistes entre
eux.
Le conseil a édicté un règlement qui
iaterdit le colportage et la vente des oiseaux
aveuglés. Cette mesure a déterminé les
oiseleurs k transporter le marché aux oiseaux
dans la commune de Hodimont, ou chez
des commergants de la place du Martyr,
qui protestent et pétitionnent pour la sus
pension du règlement.
M. Gierkens, conseiller socialiste et cafe-
tier, soutient les pétitionnaires.
M. Henri Angenot, également conseiller
socialiste et bouquiniste, demande la parole
et entreprend un éreintement soigné de tous
les cabaretiers en général et des deux oon-
seillers cabaretiers socialistes Gierkens et
Lallemanden particulier. L'action engagée
est intéressante et la galerie s'esclaffe.
M. Angenot possède un talent spécial
pour démolir ses amis. II connalt lear point
faible et sait en profiler.
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