Mercredi 12 Novembre 1902
10 centimes le N
La grève générale
des mineurs en France
Angleterre
Hommage a la Belgique
S7J Année.
ESüüS
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La situation dans le Nord
Lens, 10 novembre.
II y a eu ce matin une légère reprise du
travail.
Environ 3,700 ouvriers soul descendus
sur 49,000 grévistes.
Des mesures d'ordre sérieuses ont élé pri
ses pour protéger le travail.
Les patrouilles de grévistes sesontbeur-
técs pat tout, cette stuit, k des patrouilles de
gendarmes et de soldats.
La force artnée campte en ce moment
62 compagnies d'infanterie 20 escadrons
de cavalerie 750 gendarmes pied et ft
ckeval.
Le préfet du Pas-de Calais a révoqué un
garde-champêlre patrouillant avcc les gré
vistes.
Des tentatives de violences se sont pro-
duites, rnais elles ont éié réprimées par les
troupes.
Douai, 10 novembre.
Des ordres sévères viennent d'être donnés
par le préfet pour faire fermer les cabarets
l'heure réglementaire.
Les négociations k Carmaux
Paris, 10 not embre.
Le président du cot:soil a écril r-u direc
teur de la Compagnie de Carmaux pour iui
demander de revenir sur sa décision pre
mière, et d'acceptc-r que le déiégué des ou
vriers soil accompagrié par M. J u> ès.député,
et M. Calvisbac, msire de Carmaux, dans les
négociations qui ls doivent entreprendra avec
les représentants de la Compagnie.
Le directeur des mines de Carmaux a ré-
pondu qu'il devait en réfëter k sort comité
d'administration, qui est co voqué spéciaie-
ment ft eet effet.
Le manifeste du Comité
national des mineurs
Le Comité national des mineurs a élaboré
hiersoir un manifeste dans lequel i! convie
les mineurs it défendre leurs droits par la
grève, qui leur docnera la victoire finale.
11 fait appel k tout ie prolétariat francais.
En voici un passage
Aujourd'bui, la hitte devient plus ardente
et plus apre, par la résistartce pius acharnée
et ia mauvaise foi grandissante de nos pa
trons.
Nous sentens toute la responsabilité qui
pèserait sur nous si, pour avoir négligé un
élément de succès.pour n'avoir pas fait appel
au concours de tous les travailleurs, nous
laissions échapper une victoire k laquelle est
intéressé le prolétariat tout enlier.
Nous ne nous sentons plus le droit de
resser isoiés, et nous vous demaridons de
vous rendre k nos cotés dans la bataille. La
place s'impose k tous dans les circonstances
graves oil nous sommes.
Nous vous crions Camarades de toutes
les corporations, réunissez-vous, consultez-
vous Dites, l'heure n'est-elle pas venue
d'appuyer les efforts des mineurs par une
action générale, énergique, décisive de tous
les travailleurs
Camarades, tous debout pour l'éraanci-
pation prolétarienne Vive la grève géné
rale
Négociations reposissées
Anzin, 11 novembre.
M. Lefebvre, secrétaire-adjoint du syndi-
cat ouvrier d'Anzin, avait écrii k M. Fran
cois, directeur des mines d'Anzin, pour lui
demander la convocation d'uns nouvelle
entrevue entre les représentants ouvriers et
ceux des compagnies minières du Nord et du
Pas-de-Calais, pour discuter la question de
l'augmentation des salaires.
M. Francois a répondu que cette question
avail déjk fait i'objet de l'arbitrage demandé
par lts délégués des ouvriers et accepté par
les compagnies, et que le verdict des arbitres
devait être respecté par les ouvriers, et que,
coalgré cela, ceux-ci ont refusé de s'y sou-
mettre.
Done, dans ces conditions, ajoute M.
Francois dans sa lettre, il n'y a pas lieu de
recommencer une discussion qui est bien
définitivement close.
Londres, 10 Novembre.
Au banquet du lord maire, le président-
mini&tre M. Balfour a prononcé un grand
discours. II a fait d'abord l'éioge de lord
Salisbury, dont il regrette la retraite des
affaires. 11 parle de la cérémonie du sacre,
de la maladie et du rétabiissemem du Roi,
et de la conclusion de la paix survenue de
pths le dernier banquet. II fait ressortir le
sentiment de soulagement qui vientsuccéder
k une période d'acxiété.
Le Parlement s'occupe da nouveau
aujourd'bui de questions intérieures la
principale est la question de l'éducation.Mais
les questions de politique intérieure ét int
interdites k cause des difficultés qu'elles
entrainent, l'orateur abordera les questions
de politique coloniale etétrangère.
La guerre sud-africaine a dooné la
réponse k deux questions inquiétantes que
se posaient les critiques et les hommes d'Etat
avant les hostilités le peuple anglais était-il
k notre éqoque comme dans le paasé un
peupie assoiffé de paix, tout ea étsnt prêt k
la guerre et disposé k faire les grands sacri
fices nationaux et personnels qu'une guerre
nécessaire entraiee inévilablemem k sa
suite.
Les grandes colonies, qui tenaient de
ce peuple leur origine, leurs lo-is et leur
politique, étaient elles de simpies comnaan-
ditairesde la maison de commerce impériale,
disposées k partager les profits sans courir
les risquesou uien étsienl-elles prêtes,
comme leurs ancêtres de la métropole, k
lutter pour l'Empire dont elles font partie
Ces deux questions ne se posent pius aujour
d'bui.
Mais il en est une autre rts'.és cv.coro
sans séponse la guerre si beursusament
termioée sera-t-eli suivie par une paix aussi
heureuse Pour ma part, je regards l'avenir
du Sud ds l'Afrique avec espoir et sans
optimisme exagéré. Neus avonsdevant nous
de grandes difficultés matérielies et morales.
Rappelons-nous que les deux nouvelles
Répubiiques étaient, il y a quelques mois
seulemeut, le théatre d'une gusrre sans pa-
reille car dans chacune des colonies, il
n'y avait pas un homilie qui ne combattit,
soit d'un cóté, soit ds l'autre, ou qui ne fut
k la charge de l'Angleterre et non pas k eelle
do la comreunaiué k L.qu: ile il apparteuait.
Napoléon se vantait de foicer les pays
envahis par lui k payer les frais de l'arméa
envahiss&nte. Les Anglais out fait l'inverse
e'est le pays envahi qui vivait aux frais des
envahisseurs.
Pendant tout ie temps de la guerre,
i'agricullure et l'industrie, qui soutienueut
d'habiludö un grand pays, étaient compléte-
ment arrêtéesles voies ferrées étaient
oceupées nuit et jour, non k aider le com
merce Bi l'industrie, taais a transporter des
munitions et des provisions pour l'arraée
envahissantee'est-k-dire que toutes les
sources de richesse étaient taries. Et aujour
d'hui il est sage en quelque sorte de recon-
siiluer une société, de ia recommencer au
point de vue industriel, ikche considéróble,
qui est en train de sVxécuter h ureusement,
qui sera accompüe dans un temps reialive-
ment court, et qui, dans quelques mois.don-
nera k ces colonics une prospérité maiérielle
qu'elles n'avaient jamais connues avant d'ap-
partenir k l'Empire britannique.
Outre ces difficultés matérielies, nous
avions devant nous de grandes difficultés
morales Ce sont celles qui résulteat de nous
trouver concitoyens et compagnons de
ceux avec lesquels nous avons eu une. ion ue
guerre
L'orateur s'ea reenet k la longue expérien-
ce, k i'habiletë, au génie administratif de
lord Kitchener. II fait le plus vif éloge des
grandes qualiïés de M. Chamberlain, le plus
grand administrateur colonial que l'Angle-
terre ait jamais eu, et de l'heureuse idéé
qu'il a eue d'aller en psrsonne étudier les
problèmes du Sud de l'Afrique. Le voyage du
plus grand ministre des colonies sera sans
doute un précédent pour une série de voyages.
L'orateur espère que sous une date rap-
proehée, les colonies ne seront plus seule-
ment reliées k la métropole par un lien
sentimental, mais qu'il existera entre ses
colonies et elleune unioticonsthutionelle qui
leur permettra de conduire ensemble leurs
affaires communes.
Cet optimisme en matière coloniale,
l'orateur l'a aussi en ce qui concerne les
relations internationales.
J me sens, dit il, manquer quelque, peu
"*'rT'C'Tice en parlaut des relations étrangè-
res. J'ai remarqué, en effet,que la visite d'un
grand sou verain ami k son plus proche parent
a donné naissance aux versions les plus
désordonnées et les pius fa tastiques qu'ait
jamais déeouvertes une presse fertile en in
ventions. Je n'ai rieri k vous dire de ces
négociations imaginaires, ni de ces étranges
marchés dont le bruit a été répandu. Si je
n'ai rien k vous raconter au sujet de ces
rêves fantaisistes, il ne me reste plus beau-
coup k dire.
La campagne de Somaliland n'a pas une
grande importance au point de vue impériai;
~:"is el'.e présente un grand intérêt paree
qu'elie met en relief les sentiments d'amitié
de i'Italie envers l'Angleterre et l'empresse-
ment avec lequel ce pays coopère k l'oeuvre
d'intérêts communs pour l'Angleterre et
I'Italie.
L'orateur termine en souhaitant que les
hommes d'Etat européens cukivent l'esprit
de tolérance et de comprébeosioa iaterna-
tionales, et, si e'est possible, celui de l'amiué
et de l'amour internationaux, car si on les
encourage, ils auront pour l'avenir de plus
puissants effets dans le cas oü un danger
menacerait la paix européenne.
Ils permettront de coniinuer la grande
politique du concert européeu qui, après
tout, a élé dans le passé un grand soutien da
la paix, ei qui, dans l'avenir, jou -ra un i e
plus grand encore p.urle progiès de la
civilisation.
Que cet étaï de choses soit i'heureux résul-
tat de l'union, de la culture des sentiments
d'affaction entre les peuples européens et de
l'entente muiuelle des hommes d'Etat de
i'Europe ce doit être la plus instante prière
de tout nornme qui joue un röle dans l'avenir
de la civilisation et de la paix sur laquelle
la civilisation se base.
M. Alfred Fouillée, le psychologue qu'en
n'aceursera pas d'aller prendre la ague dans
les sacristies, vient de faire paraitre un nou
veau volume sous ce titreEsqaisse psycho-
logique des peuples européens
Après avoir rappejé qae-dans ie Nord et
l'Ouesi, l'origine germaèi'qlie des villes est
mise en évidenee par leurs no tas mêmesque
la Belgique flamande se rattac e k la Hollande
et k l'Allemagne, la Belgique wallone k la
France que les caractères différent entre ces
deux groupes, M. Fouillée ajoute