^%BÊy Mercredi 19 Novembre 1902 10 centimes Ie Nc 379 Année. -r N° 3696 qP>GlAN/> Ste Cécile Attentat contre S. M. le Roi Léopold II La Chambre Réponse a une objection AR TH. DA t MOTH RÏÏH DEHAERM 21 YPJR.E5 On s'abonne rue au Beurre, 33, k Ypres, et k tous les bureaux de poste du royaume. Le JOÜHNAL D'YPRBS paraït le Mercredi et le Samedi. Le prix de l'abonnementpayable par anticipation est de 5 fr. 50 c. par an pour tont le pays; pour l'étranger, le port en sus. Les abonnements sont d'un an et se régularisent fln Deceinbre. Les articles et communications doivent être adressés franco de por1, a l'adresse ci-dessus. Les annonces coütent 15 centimes ia ligne. Les réclames dans le corps duljournal coütent 30 centimes la ligne. Les insertions judiciaires, l franc la ligne. Les numéros supplémentaires coütent 10 francs les cent exemplaires. Pour les annonces de France et de Belgique excepté les 2 Flandres) s'adresser k VAgeno Eavas Bruxelles, rue de la Madeleine n° 32 et a Paris, s, fiaci ie la Bourse. La Fanfare Royale jouera dimanehe 23 Novembre St Martin, pendant la messe de dl 1/2 heures L'Invocation, fantaisie religieuse de Delport. Le chant des Beiges, ouverture de H. Litolff. Un attenfat a été commis samedi a midi et 10 minutes au momem oü la Familie Royale venail de quitter l'é- glise Sainte-Gudule après le service funèbre, célébré a l'intention des deux Keines, Marie-IIenriette et Louise- Marie. Les équipages étaieut arrivés rue Royale a la hauteur de la Montague du Pare la première voiture royale contenait le Roi et le comte de Flan- dre; la denxième voiture la comtesse de Flandre et la princesse Clémentine. Le coriège venait de dépasser la Ban- que de Rruxelles lorsqu'un individu filacé au premier rang de la foule sur e trottoir a tiré au passage de la troi- sième voifure deux coups de revolver. Les détonations furent faibles ce qui fitpenserque l'arme était chargée a blanc. Après l'attentat, l'individu est pour- suivi et entouré par la foule, taudis que les témoins le huaient, cl'autres personnes criaient«Yive le Roi! Plusieurs assistants lui donuenl des coups de canne en criant «a mort!» Le coupable est aussitót conduit au bureau de police oü il a été fouillé on a trouvé sur lui un pince-nez, un porie-cigare, un mouchoir, un billet de 20 francs et des papiers. L arme dout s'est servi i'anarchiste est un gros revolver de grande dimen sion. L'homme s'appelle Rubino, se dit comptable et habitant actuellement rue 'des Bouchers 21, a Bruxelles. II est coiffé d'une casquette de cyclisle et a l'air d'un ouvrier endimanché. Rubino est interrogé ensuite par le Par quet. II se dit anarchiste militant et être arrivé en Belgique, il y a quin- ze jours, avec l'intention de tuer le Roi des Beiges. Etant parvenu a se faufiler dans 1 eglise, il se trouvait prés du Roi et s'il n'a pas tiré sur Sa Majesté,c'est de crainte de blesser des soldats. lèvent et écoutent debout l'allocution pré- sidentieile. M. Schollaert relate sommairement fac te criminel dont un anarchiste italien s'est rendu coupable Samedi. Get acta criminel n'a pas eu, graces en soient rendues k la Providence, de fuaestes conséquences. C'est la première fois qu'un de rios souverains a vu altenter k sa vie. De toutes parts des lémoignages da sympathie et de respect parviennent k la Familie royale. Je crois, dit M. le président,être l'interprète de la Cbam- bre en lui proposant de voter une adresse au Roi pour le féliciter d'avoir échappé si heureusement aux coups d'un misérable. (Approbation urianime. Lagaucbe socialiste est restée assise.) M. le comte de Smet de Naeyer, au nom du gouvernement, et M. Woestë, au nom de la droite, s'associent aux paroles que vient de prononcer M. le président. (Adhésion sur tous les bancs.) M. Vandei velde au nom do la gauche socialiste, déciare ne pas adhérer au projet é'adresse, mais il proteste contre l'attentat de Rubico.les socialistes professant toujours le plus profond respect pour la vie humaine. M. Vandervelde s'élève ensuite contre le zèle exagéré dont la police a fait preuve en arrêtant un membre de la Chambre des communes. M. Neujean parle au nom de la gauche libérale et exprime, comme M. Woeste, le voeu que le Roi présido longtemps encore aux destinées du pays.(Adhésions unanimes.) M. Ie président donne lecture d'un télé- gramme adressé k M. le ministre des affaires étrangères par M. Prinelti, président de la Chambre italienne, le priant de transmettre k la Chambre beige l'expression des unani mes protestations de la Chambre des députés d'Italie contre l'attentat dtrigé contre le Roi des Beiges. Des remerciements sont votés k la Cham bre italienne. L'incident est clos après le vote de la proposition d'adresser une adresse au Roi. La gauche s'abstient. La Chambre s'ajourne k Jeudi. Les députés se retirent. La séance est lèvée k 2 1/2 heures. Séance du 18 Novembre. Présidence de M. SCHOLLAERT M. le president ouvre la séance k deux heures. La droite et la gaucbe libérale se Le Correspondant a publié danssa livraison du 10 Novembre une remarquable étude M. J. Brunetière sur leprogrès religieux daiis le catholicisme. Nous en détachons la page suivante qui répond adéquatement et péremptoirement k une objection devenue baDale ehez les adver- saires de l'Eglise caiholique Ne prenons point ici de déiours ni de vaines précautions, et abordons de front la difficulié qu'on nous oppose. Vous nous parlez, nous dit-ori, de progrès, et la tactique estsans doute habile mais, si la vérité ca- tholique se déflnit par l'immutabilité de son dogme et la continuité de sa discipline, quod ubique, quod semper, quod ab omnibus, elle se définit done, k la lettre, et de votre aveu même, par son incapacité de changer, d'evoluer, de progresser ou, endeuxmots, de s'adapter aux conditions mobiles, qui sont celles de l'histoire et de l'humanité. Votre orthodoxie, pétrifiée, stéréotypée dans ses formes ne peut jamais se départir de son passé. Comme sa préiention est d'êire faite du premier coup et d'une pièce, elle se met par la en dehors duprogrès elle devient raide, cassante, inflexible et tandis que la pbilosophie est toujours contemporaine k l'humanité, la théologie, k un certain jour, devient surannée (1) V ous prétendez posséder la vérité entière; vous n'y pouvez done rien modifier, rien ajouter ou retraDcher. Elle est ou elle n'est pas! Votre enseiguement devient hérétique dès qu'il diffère de lui même. Si cependant autour de vous, et au dedans de vous, tout change, non seulement les lois, les institu tions et les mceurs, mais jusqu'aux manières mêmes de sentir et de penser, de quel pro- grès pouvez-vous parler? Qui dit progrès» dit changement et vous ne pouvez pas changer. - Ne vous êtes-vous pas fait de leurs chan- gements ou, comme on disait alors,. de leurs variations, un argument contre les Eglises protestantes? et tous lesjoursencore, en Amérique, en Allemsgne, en Angleterre, ne vous en ser vez-vous pas contre elles com me de votre arme la plus süre Votre im- mutabilité, supposé que jadis elle ait fait voire force, fait done aujourd'hui votre fai- blesse. On ne saurait avancer en demeurant im mobile. Et, fiaalement, de ces deux préten- tions adverses ou contradictoires, il en faut sacrifier uneou celle d'étre semblable k vous- même, ou celle de vous plier aux exigences successives, diverses ou multiples, dont on peut dire qu'elles formeut.en le réalisant lui- même, la définition du progrès Je vais essayer k répondre k cette objec tion. Et, premièrement, en ce qui regarde le dogme, ne pensez vous pas qu'il faudrait se mettre d'accord avec soi-même et choisir, ou de nous reprocher, comme vous venez de l'entendre faire, que le dogme ne saurait évoluer, ou d'en prétendre énumérer, pour lui, le gland qui devient un ebêne nous en faire pireillement un reproche, les variations dans l'histoire. (1) Ces paroles sont de Renan, dans son Ave- nir de la science et on peut considérer que les idéés qu'il exprime en ces termes surriromobiii- sation de i'orthodoxie dans son dogme n'ont pas contribué médiocremeut k le détourner lui Re nan, de cette orthodoxie. (2) Auguste Sabatier, Esquisse d'une pbilo sophie de la religion, Paris, 1897, Fischbacher. Un théologien protestant écrivait, tl y a quatre ou cirq ans A Paris, en 1682. le dogme de l'infaillibilité p rsonnelle de l'Evê- que de Rome aurait été condamné comme une erreur, et I'orthodoxie d'alors est d#ve- nue, depuis 1870, la plus grande des héré- sies d'aujourd'hui (2). Vous ferai-je obser ver, au passage, qu'il n'y a presque pas un mot, dans cette phrase, que je cite textuelle- ment, qui ne soit une erreur ou une contre- vérité A Paris, en 1682, on n'aurait point con damné U dogme de l'infaillibilité personnelle de l'Evêque de Rome et, en fait, c'est ici l'histoire, on ne i'a point condamné, précisément paree qu'on reconnaissait dans le Pape tout autre chose que l'Evêque de Rome paree qu'il ne s'agissait nullement de l'infaillibilité personnelle d'un Barbirini ou d'un Odescalchi, mais du privilège imperson- nel d'infaiilibilité attacbé k la chaire de Pierre et paree que des évêques francais ou gallicans si l'on veut, savaient par- faitement qu'ils n'avaient aucune quaiué pour condamner ou pourabsoudre, au régard de la catholicité, ni même de la France, une décision de la cour de Rome. II n'est pas vrai non plus, que la né^ation ou la mécoti- naissance de l'infaillibilité pontificale consti- tukt I'orthodoxie d'alorsla question se posait en de toutes autres termes et il ne l'est pas davantage que cette négation soit la plus grande hérésie d'aujourd'hui toutes les hérésies étant ou pouvant devenir tour k tour la plus grande Mais ce que je redens, après cela, de la critique du théo logien proiestant, c'est qu'il y a done, au sein même du catholicisme, non seulement un principe ou un ferment devolution possi ble, mais une évolution réelle, une évolution du dedans au dehors, une évolution de fait, historiquement vérifiable, et dont il ne s'agit après cela que de bien préciser le véritable caractère. Ne vous étonnez pas si je me sers ici de ce mot d' v évolution et que je le préfère k un autre C'est saint Vincent de Lérins qui l'k employé le premier, et, par une coinci dence oil l'on serait sans doute aveugle da ne voir qu'un efïet de hasard, le même homme qui a formulé ie principe Quod ubique, quod semper, quod ab omnibus, se trouve être ainsi le premier qui ait reconnu et défini la possibilité dudéveloppementdudogme. (3) Et, en eflet, la comparaison est encore de ce qui, (3) Rappelons ici les propres paroles de saint Vincent de Lérius «Imitetur animarum religio rationem corporum quoelicetannorum proces- su numéros suos evolvant et explicent, eadem tarnen quae erant permanent. Hoe rectum et consequens est, ut primus atque extremis sibi- met non discrepantibus de incrementis, triticeoe institutionis, triticei quoque dogmatis frugen demetamus, ut quum aliquid ex illis seminum priomordiis accessu temporis evolvatur... nihil tarnen de germinis proprietate mutetur. IE.

HISTORISCHE KRANTEN

Journal d’Ypres (1874-1913) | 1902 | | pagina 1