La question du jour La petite bourgeoisie Sénat Un député condamné Chronique judiciaire Mercredi 18 Février 1908 10 centimes Ie M° 88e Année - N° 8722 On s'abonne rue au Beurre, 36, k Ypres, et h tous les bureaux de poste du royaume. Le JOURNAL D'YPRES parait le Mercredi et le Samedi. Le prix de l'abonnement, payable par anticipation, est de 5 fr. 50 c. par an pour tout le pays pour l'étranger le port en sus. Les abonnement» sont d'un an et se régularissent tin Décembre. Les articles et communications doivent étre adressés franco de i ort a l'adresse ci-dessus. Les annonces eoütent 15 centimes la ligne. Les réclames dans le corps du journal coütent30 centimes la ligne. Les insertions judiciaires, 1 franc la ligne. Les ruméros supplémentaires eoütent 10 francs les cent exemplaires. Pour les annonces de France et de Belgique (excepté les deux Flandres) s'adresser a VAgence Havas Bruxelles, rue de la Madeleine, n° 32 et a Paris, 8, Place de la Bourse. Le Comité de la Section d'extension Uni versitaire Yproise nous prie de bien vouloir annoncer que la prochaine conférence est ixée au LUNDI 23 FÉVRIER, k 47 heures, en la Salie Iweins Entrée gratuite. Le sujet, traité par M' De Wulf, professeur k l'Univer- sité Catholique de Louvain, porte pour titre «c la Mutique et l'Expression du sentiment. Le relèvement de l'accise sur les alcools remet k l'ordre du jour tout le problème de l'alcoolisme. A la solution préconisée par M. de Smet de Naeyer, les socialistes objectent qu'elle pèsera lourdement sur les ménages ouvriers. L'alcool devenant plus cher par suite des nouveaux droits, c'est le budget des pau- vres qui en pktira, nous dit-on. II en sera ainsi, en efiet, dans les families oü l'on ne se résignera pas k boire de l'al cool en moindre quantité. Mais, k moins d'ériger la consommaiion de l'alcool en délit, comment contraindre le buveur k plus de modération, si ce n'est par la hausse des prix? Par le monopole, répond M. Vander- velde. Par le monopole de l'Etat Que l'alcool soit fabriqué par l'Etat ou par les particuliers, au point de vue du bu veur, c'est tout un. Le buveur ne considère que le prix de la boisson et sa qualité. Si l'alcool de la régie est plus hygiénique ou plus agréable que celui de l'industrie privée, on aura plus de peine qu'aujourd'hui k s'en abstenir. S'il est plus cher, le budget des pauvres n'en sera-t-il pas grevé, tout comme si la cherté provenait d'un relèvement de l'accise Mais, ripostent les socialistes, un mo nopole quelconque ne nous satisfait pas. II faut que l'Etat, tout en se réservant la fabri cation et la vente, rédqise chaque année la production. II est certain que, par ce moyen, loyale- ment pratiqué, la consommation se restrein- drait. Aussi le remède est-il préconisé par nombre d'économistes et de philanthropes qui se défendent de vouloir faire au socia lisme la moindre concession. Faute de mieux, nous nous y rallierions, malgré uotre répu- gnance pour les monopoles. Notons, toute- fois, que la raréfaction de l'alcool aura pour première et inévitable conséquence le ren- chérissement. Done, sous le régime du mo nopole comme sous le régime du simple relèvement de l'accise, la familie du poivrot incorrigible sera plus cruellement éprouvée k mesure que l'alcool se vendra plus cher. Soit dit en passant, nous n'accordons pas une absolue confiance au monopole, au point de vue de la lutte contre l'alcoolisme. Le jour oü l'Etat aurait accaparé la production, il est k craindre qu'il ne considère l'alcool comme un facteur essentiel de ses ressources. II réduira peut-être dans une certaine mesure la quantité fabriquée, mais il hésitera k opé- rer des réductions qui auraient pour effet de diminuer ses recettes. On fera, dites-vous, une loi qui obligera le gouvernement k restreindre sa production d'année en année. Soit. Mais ^application de cette loi se heur- tera k bien des difficultés. Les citoyens qui sont intéressés au développement de la con sommation forment une armée redoutable. Le parti au pouvoir sera bien des fois tenté de céder aux revendications, aux protesta- tions, de ces citoyens. II y aura double avan- tage d'abord, de se concilier la sympathie des débitantsensuite, et surtout, de procu rer au gouvernement une source abondant'» de recettes. S'ensuit-il qu'il faille se contenter de pro- voquer le renchérissement de l'alcool par le simple relèvement de l'accise? Nous ne le pensons pas. Le relèvement de l'accise abou- tit sans nul doute k diminuer la consomma tion, mais dans une proportion insuffisante. L'alcoolisme ne sera pas vaincu paree qu'on aura diminué la consommation d'un ou de deux litres par tête d'habitant et par an. Pourtant, le relèvemont de l'accise et le ren chérissement qui en est la suite, nous ache- minent peu k peu vers une solution plus radicale et d'une efficacité plus certaine. A ce titre, nous approuvons fort, comme mesure transitoire, la loi que la Chambre vient de voter. Quelle sera la solution de l'avenir, nous l'ignorons. La plus rationnelle, selon nous, serait d'interdire l'érection de toutes nouvel les distilleries, et de contingenter la fabrica tion entre les distilleries exislantes, en stipulant que la production de chacune d'elles devra être réduite, par exemple, d'un vingtième chaque année. C'est une formule dont les grands distillateurs se seraient aisément accomodés, il y a deux ans, pour se débarasser de la ruineuse concurrence des distilleries agricoles. La plupart des distille ries agricoles ont aujourd'hui disparu, ra- chetées par l'Etatmais il n'est pas trop tard pour recourir k ce remède, que nous avons préconisé k différentes reprises, et qui aurait pour conséquence d'abaisser autoraa- tiquement la fabrication et, partant, la con sommation. Bien entendu, les buveurs invétérés, sur lesquels M. Vander Velde s'apitoie, ne s'en trouveraient pas mieux que d'un relèvement de l'accise. Au contraire! La raréfaction nous l'avons dit provoque le renchérisse- I ment. En outre, l'Etat devrait augmenter J'impót au fur et k mesure que la production - diminuerait, de telle sorte que le rendement de l'accise ne soit pas entamé sensiblement. Enfin, des précautions devraient être pri ses soit relèvement graduel des droits de douane, soitraonopoledel'importationpour empêcher que l'alcool étranger ne vienne combler le déficit de la fabrication indigène. L'acool destiné aux usages industriels échapperait, cela va de soi, k ce régime. Nous nous persuadons que l'opinion publi- que se familiarisera avec ce moyen radical d'en finir. II nous préserverait du monopole de l'Etat, tout en assurant k la campagne art tialcoolique tous les avantages que les parti sans du monopole nous promettent. La commission compte ainsi se rendre dans toutes les localités oü elleestime qu'elle pourra recueillir des éléments utiles k la so lution de cette partie de la question sociale, lk oü elle est attendue par un nombre suffi- sant de témoins dignes d'intérêt, et appelée par des organismes représentant les intéréts professionnels. Vers la mi-mars, l'enquête orale sera ache- vée dans quatre provinces sur neuf. L'enquête se poursuit actuellement dans deux provinces k la fois celle d'Anvers et la Flandre Occidentale. Cela prouve bien que la Commission entend aboutir le plus tót possible. M. Cooreman, sonprésident, ad'ail- leurs fait décider que l'enquête orale serait terminée cette année. Cela ne sera pas facile,car il reste k parcou- rir les provinces oü la question est la plus agitée le Brabant, la Flandre Oriëntale et toute la partie industrielle du pays wallon. On peul dire dès k présent, que l'on sera documenté de facon trèscomplète. Pour cha que province l'enquête fournira un volume de 3 k 400 pages. En outre d'importantes monographies ont été confiées k des auteurs des plus compétents, sociologues érudits ou hommes du métier. Ces monographies dé- crivent notamment, le passé et le présent d'une profession, telle la boulangerie, ou la situation d'une ville, avec les causes de ia prospérité ou de la décadence des classes moyennes, ou font l'étude des industries ar- tistiques dans une région. Ce quevaudra l'enquête orale dépendra des bourgeois eux-mêmes. Chacun a le droit de venir déposer, et ii leur est laissé la plus grande liberté dans les déclarations qu'ils désirent faire. Dans certaines villes, comme Anvers, les dépositions sont de véritables mémoires dres sés par les associations professionnelles ex islantes. Ailleurs, par exemple dans les vil les de la Flandre occidentale, c'est de l'inter- rogatoire que résultent surtout les renseig- nements utiles, du moins lk oü les intéressés consentent k répondre aux demandes qui leur sont faites l'enquête de Bruges a sous ce rapport fort bien réussi elle a donné la physionomie sincère de l'étai des petits mé tiers. A Ostende, le Burgersbond a fait défiler une masse de témoins, tous dirigeant leurs batteries contre les coopératives.En d'autres régions, ce sujet de plaintes a été moins en- combrant. Séance de Lundi 16 Février. La séance est ouverte kil heures, sous la présidence de M. LE DUC Q'URSEL, prési- dent. L'ordre du jour appelle en premier lieu la vérification des pouvoirs de M. le baron de Vinck, nommé sénateur de ['arrondissement d'Yprès Courtrai en remplacement deM. Sur- mont de Volsberghe qui prent la place de sénateur provincial devenue vacante par suite du décès de M. Iweins d'Eeckhoutte. M. le baron de Vinck prête le serment constitution- nel. Le Sénat prenden considérationsans débat une proposition de loi de M. Picard ajoutant un titre supplémentaire k loi sur les mines. Samedi matin ont eu lieu devantle tribu nal de Tournai les débats de la poursuite in- tés par le parquet contre L. Pouille, député socialiste, L. Cambier et E. Degand, tailleurs de pierres, tous trois k Basècles. L'un des premiers jours de la grève qui désole actuellement encore cette commune et les environs, les trois prévenus, k la tête de 300 grévistes, vinrent k la carrière Rictez oü Ton travaillait encore et, par leurs mena ces, ils firent cesser le travail. Les prévenus nient avoir voulu intimider les travailleurs. Le tribunal a condamné le député socialiste Pouille k 3 mois de prison et 30 d'amende et ses deux co prévenus cbacun k 10 jours. Les pupiles sont-ils des militaires? Telle est la question que la Cour militaire vient d'avcir k trancher en dernier ressort. Un enfant de troupe, Sgé de 44 ans, avait récemment brülé la politesse k la caserne d'Alost11 fut bieritót ariété par la gendar merie et mis k la disposition de l'auditeur militaire qui le fit traduire devant le Conseil de guerre de la Flandre oriëntale, sous la prévenlion de désertion. t

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1903 | | pagina 1