Mercredi 27 Mai 1903 10 centimes le IN Concerts d'Été Bulletin politique Etranger France Autriche INTERIEUR La question du Congo On s'abonne rue au Beurre, 36, l'pres, et k tous les bureaux de poste du royaurae. Le JOURNAL D'YPRES parait lejjMercredi et. le Samedi. Le prix de 1'abonnement, payable par anticipation, est de .5 fr. 50 c. par an pour tout le pays pour l'étranger le port en sus. Les abonnements sont d'un an et se régularissent fin Décembre. Les articles et communications doivent ótre adressés franco de port a l'adresse ci-dessus. Les annonces coütent 15 centimes la ligre. Les réclames dans le corps du journal coutent30 centimes la ligne. Les insertions judiciaires, 1 franc lailigne. Les luméros supplómentaires coütent 10 franss les cent exemplaires. Pour les annonces de France et de Belgique (excepté les deux Flandres) s'adresser a VAgence Havas Bruxelles, rue de la Madeleine, n°32 et a Paris, 8, Place de la Bourse. Les Concerts au kicsque de !a Grand'PIace recommeneent Dimanche prochain. De tnidi k 1 heure l'Harmonie Communale se fera entendre. Le Dimanche suivant, 7 Juin, jour des courses, c'est le tour k notre Fanfare Royale. Nous souhaitons un franc succès k nos deux phalanges artistiques. Voici le programme du Concert du 31 Mai: 1. Vers l'idéal, marche C. Tieberghien. 2. Festival, ouverture Leutner. 3. Lajuive, ballet Halévy. La jolie fille de Perthc, op. de Bizet, arr. par Meister. Toujours ou jamais, suite de valses Waldteufel. 4. Depuis deux ans, par ses actes, par ses circulaires, par ses décreis, par ses lois, le gouvernement a violé le pacie de paix reli- gieusequest le Concordat. Lisez le premier article du Concordat «La religion catholique, apostolique et ro jmaine sera li brement exercée en France.» Or, s'il y a quelque chose d'essentiei dans la religion catholique, ce sont k coup sur les congrégations religieuses y porter atteinte, c'est done porter atteinte au libre exercice de ia religion. M. Combes ne se contente même pas d'astreindre illégalement les congregations k demander Fautoiisation ce qui est impli cation de la loi Waldeck il fait, plus illé galement encore, rejeter en bloc ces deman des, il force les religieux k se séculariser et, quand ils l'ont fait, il les met hors la loi en les privant des droits qua tout citoyen. Si les calholiques protestent, les Apaches gouvernementaux sont lk pour les faire tai- re. La France, si l'ori n'ymet enfin bon ordre, marche k la guerre civile. A part quelques journaux trés avancés, la presse de Rome n'approuve guère les senti ments anti autrichiens qui se sont donné li bre carrière pendant les manifestations de ces jours-ci. On convient, en régie générale, que les autorités autricbienne sont conservé une attitude correcte et amicale et que le mo ment est mal choisi pour se livrer k dei ma nifestations hostilesde cette nature, d'autant que l'Autriche, ia chose est annoncéeofficiel lement, est en train d examiner ia quesiion de la création d'une université italienne k Trieste ou ailleurs. Le mouvement de dénigrement de l'admi rable oeuvre du roi Léopold II au Congo, grace un peu malheureusement k nos propres nationaux, s'étend el se généralise avec une rapidité qui en prouve le concert. L'Angleterre, jalouse de domination uni- verselie, avide et jamais repue de profits comrnerciaux, a ouvert le feu. Aujourd'hui, la France semble vouloir iui emboiter le pas. Notre grande voisine ne pardonne pas au Roi d'avoir obtenu ce qu'elle convoitait de puis 1876. Et pour changer cela, eile se précipite en affamée sur les arguments qu'invoque l'An- gletarre, les reprend pour son compte, le exaspère, les amplifie. Ces arguments, un article tendancieux du Temps les groupes en deux catégories. Le roi Léopold, dit le journal parisien, a déclaré hautemeut, en '1882, que son seul objet était d'ouvrir l'Afrique au commerce de toutes les nations et k la pénétration de la civilisation. Cette déclaration,affirment les adversaires de l'Etat libre, n'aurait pas été trés scrupu- leusement observée au point de vue commer cial, puisque le trafic de l'Angleterre au Congo est de 300.000 fr. seulement, slors que celui de la Belgique est de 46 millions. Ellene l'aurait pas été non plus au point de vue civilisateur,puisque «d'effroyables récits ont relaté des atrocités sans nom, des actes démoniaques commis contre les indigènes puisqu'on civilise par la brutalité, les exac tions, le meurlre, toutes les violences les plus odieuses. Que vaut une telle argumentation Ce n'est pas de l'or anglais, ce n'est pas de l'or francais, c'est de l'or beige qui été semé sur la terre congolaise. Doit-il se muer en bénéfices britanniques ou gaulois Ce n'est pas du sang anglais, ce n'est pas du sang franpais, c'est du sang beige qui a fécondé le sol de l'Etat libre. Ce sang doit-il faire gerrner, au profit de ceux-lk qui n'ont point combattu, les florissantes moissons qui s'annoneent Faut-il, en d'autres termes et pour repren- dre une expression originale du Temps dans un autre article, faut-il que les terre-neuves, après s'être jetés k l'eau.soient re^us k coups de trique, tandis que, sur la rive, les chiens de garde, après s'être chauffés devant un bon feu, en aboyant par habitude, recevront une abondante patée Nous ne le pensons pas. Le commerce congolais, en réalité, est libre et le Roi a tenu sa promesse. Nous n'en voulons d'autre preuve que l'existence des sociétés étrangères et surtout la présence, parrni les actionnaires des sociétés beiges, de uombreuses personnalités d'Angleterre et de France. Quant aux sévices, aux brutalités, aux cruaulés reprochées aux agents de l'Etat, nous ne voyons lk que redites oiseuses. La président de la République frautjuise esi-il responsable des attaques k main armée, des vols, des as'sassinats qui se commettent en France Cette trop antique et surannée histoire des atrocités congolaises a sa source dans l'ima- gination intéressée de clergymen anglicans. Ceux-ci, souvent plus trafiquants que mis- sionnaires, parccurent l'Afrique, une bible dans une main, drs raarchandises dans l'au- tre. Ils recueillent avidement les moindres réclamations des indigènes, les adornent et les assombrissent de détails violents, les enflent k piaisir et les coiportent par le monde. Ils peuvent séjourner k leur aise sur le territoire de l'Etat, ils peuvent y vivre libre- rnent, sous la protection des Beiges. Leurs remerciemerits consistent en calomnies. L'Angleterre, la Franceses hommes poli- tiques eomme ies ministres anglais, des journaux cornme le Temps, ne devraient pas les suivre dans cette voie. Mais le Temps a laissé entendre une autre note, en intiiulant l'Etat indépendantUne aolonie sans métropoie, domaine conféré au roi consiïtutionuel de cette Belgique k la- quelle sa Constitution interdit de posséder des dépendances d'outre-mer. 11 y a lk une erreur. Jamais la Constitution beige n a interdit k la Belgique de posséder des dépendances d'outre-mer. Et depuis 1893, sa Constitution le lui per met. Eu tftet, la Constitution revisé du 9 sep- tembre 1893 dit son article premier, 4 Les colonies, possessions d'outre-mer ou protectorats que la Belgique peut acquérir sont régis par des lois panicuhères. Les troupes beiges destinées k leur défense ne peuvent étre recrutées que par des engage ments volontaires. Si l'Etat indépendant du Congo était, k proprement parle'r, une colouie beige, fou- dée ou acquise par la Belgique, sa situation ayant été régularisée, au point de vue du droit international, en 1885, buit ans avant la révision de 1893, encore sa situation n'eut- elle éié inconstitutionnelle que si la Constitu tion de '1831 avait tormellernent interdit k la Belgique de posséder, eomme le eroit le Temps, des dépendances d'outre-mer. Mais, encore une fors, il n'en est rien. Quant aux résultats pratiques de l'eiiquêle internationale de l'Angleterre au sujet de ia des monopoles au Congo, k Berlin on se montre trés sceptique k eet égard. La National Zeitung exprime l'avis que l'Angleterre a simplement évoqué le spectre d'une intérvention internationale contre le Congo beige pour intimider le roi Léopold, e'est-k-dire pour l'amener k accepter une compensation dérisoire, en échange de l'en- clave de Lado que lui enlève si brutalement l'Angleterre. II y a un peu de vrai dans cette conjecture, et cela nous ouvre, s'il l'eülfallu, d'étranges horizons sur les dessous de la campagne anticongolaise alimentée jusqu'en Angleterre par les Vandervelde et signée par la France. La presse anglaise ne se gêne plus d'abord pour étaler les insatiables appétits d'Albion et elle le fait avec une rare impudence. Le Glascew Herhald du 21 mai dernier, appréciant le debat de la Cbambre des com munes, écrit ces lignes suggestives Dans l'opinion de quiconque connait la question, c'est trés peu de chose que de- mandait au gouvernement la résolution qui a été disculée k la Chambre des communes hier soir. Ce que l'Europe aurait k faire, sous la direction de la Grande Bretagne, c'est de balayer sommairement l'Etat du Congo et de renverser le système sous le quel il est mal gouverné. Le moins que l'Angleterre puisse faire, c'est de réunir k nouveau les puissances signataires de l'Ac- te de Berlin pour demander compte au ro Léopold de sa gérence dans le bassin du Congo, et, si on ne peut le faire dégorger, pour le forcer tout au moins k cesser l'ex- ploitation des indigènes et k leurs restituer le droit de vivre et de travailler pour eux rnêrnes. Voilk done que l'on parle de faire dégor ger le Roi-Souverain, lui qui a fondé l'Etat du, Congo et qui, pour développer le pays a, depuis vingt ans, dépensé avec }le concours de ses amis, plus de 50 millions, outre les 25 millions avancés par la Belgique, sans en avoir personnellement, ni lui ni ses amis, jamais retiré un centime. Attendons-nous de- main k les voir traités, lui et les Beiges, d'intrus au Congo, et maintenant qu'ilsen ont fait tous ies frais, sommés de céder la place et de vider les lieux. Nous n'en sommes heureusement pas lk, et nos compatriotes apprendront avec une joie k peine déguisée qu'en présence des cpnvoi- tises, aujourd uui ouvertemeiit expiimées ds l'Angleterre, surle Congo, une Ligue pourla défense des intéréts beiges dans l'Etat Indé pendant est en voie de formation k Bruxelles. Eilesecomposera d'ingénieurs, denégociants, d'officiers, d'expluraleurs, de juriscoiisultes, de pubhcisies, de tous ceux qui, de prés ou de loin, par leur science, leur dévouement, question des atrocités et de la question I leur argent, leur sang ou celui des lsurs, ont R - j V*"UG V UUCLUCm,

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1903 | | pagina 1