m i a Mercredi 17 Juin 1908 10 centimes le N° 88e Année N° 8754 Révision des listes Éleclorales 1904-1905 Serbie On s'abonne rue au Beurre, 36, a Ypres, et tous les bureaux de poste du royaurae. Le JOURNAL d'YFRES parait le Mercredi et le Samedi. Le prix de 1'abonnement, payable par anticipation, est de 5 fr. 50 c. par an pour tout le pays pour l'étranger le port en sus. Les abonnements sont d'un an et se régularissent fin Décembre. Les articles et communications doivent étre adressés franco de port a l'adresse ci-dessus. I Les annonces coütent 15 centimes la ligre. Les réclames dans le corps du journal cofitent30 centimes la ligne. Les ins«"tions judiciaires, 1 franc la ligne. Les juméros supplémentaires coütent 10 franis les cent exemplaires. Pour les annonces de France et de Belgifiue (excepté les deux Flandres) s'adresser a YAgence Havas Bruxelles, rue de la Madeleine, n°32 et a Paris, 8, Place de la Bourse. VILLE D'YPRES Le Collége des Bourgmestre el Ëchevins de la ville d'Ypres porte k la connaissunce du public qu'en conformité de Partiele 55 du code électoral il sera procédé, dul'Juillet au 31 Acüt prochain, k la révision des listes des citoyens appelés k parliper k l'éleciion des Chambres législatives, du Consril pro vincial et du Conseil Communal, du lr Mai 1904 au 30 Avril 1905. Suivant farucle 54 de la mêrae loi, tout citoyen est invité k produire, avaut le 1' Juillet, au Secretariat Communal, les litres de ceux qui ri'étant pas incrits sur les listes en vigueur, out droit k l'électorat, ainsi que de ceux qui, ne figurant sur ces listes que pour un nombre insuffisant de votes, ont droit k des votes supplémentaires. Ypres, le 1 Juin 1903. Les Bourgmestre et Échevins, R. C0LAERT. Le Secrétaire, ff. N. BOUDRY. Le correspondant de la Nouvelle Presse libre k Belgrade a vu l'un des officiers qui ont pénétré dans le konak royal, M. Pera Velimovitch. De son récit, nous extrayons une variante qui nous parait sur certains points se rapprocher de la vérité plus que certains récifs précédents. Seion M. Pera Velimovitch, l'aide de camp duRoi, Lazar Petrovitch, aurait conduit les officiers, qui s'étaient présentés comme une «députation» désirant parler au Roi, jusqu'k la porte de la Chambre d'Alexandre 1". Voici ce qui se serait d'alors passé ...lis frappèrent k la porte de la chambre royale. Sur la demande du Roi, Petrovitch réponditC'est moi, ton fidéle Lazar Le roi demanda encore Que veux-tu sur quoi Petrovitch ditCe sont des offi ciers qui veulent te parler. Le roi resta un moment ir.décis, puis il cria lis doivent dunner leur parole d'hon- neur qu'ils n'ont pas de mauvais desseins. En même temps il euvrit la porte. Selon M. Velimovitch, le roi croyait que le but de la visite da la députation était de demander une assurance au sujet des bruits qui couraient d une mésintelligence dans le ménage royal et de l'éventualité d'un divorce. Dans cette idéé, le roi aurait dit aux offi ciers Rien de cela nest vrai, Messieurs. Nous nous aimcns loujours... Dans eet instant une dizaine de coups de feu partirentd'autres suivirent en grand nombre. Alexandre et Draga tombèrent l'un sur l'autre. Des officiers ponèrent encore des coups de sabre au corps de la reine... Le Temps ayant reproduit ces ren- seignements ajoute Les récits successifs de l'événementfaits depuis trois jours laissent encore subsister des obscurités et des contradictions. Notre envoyé spécial s'attacbe en ce moment k dé- gager la vérité entière. Les conjurés n'ont pas été, on le comprend, fort pressés, en fixant tous les détails, de préciser aussi le róle, la responsabiliié de chacun. C'est ainsi qu'on a d'abord représenté l'irruption des conjurés dans le konak royal comme une démarche dans le but d'obtenir du roi son abdication et sou départ, et qu'on a raconté la version de la résistanee k main arraée d'Alexandre tuant un officier et provcquant ainsi le massacre. La vérité parait beaucoup plus simple, plus nette, plus terrible il nest plus question que le roi ait tiré ou résisté les conjurés étaient venus avec l'intention bien arrétée de ne pas se contenter de pro messes ou de signature, mais bien de suppri- mer la dynastie en supprimant les souverain3 selon la recette historique 11 n'y a que les morts qui ne reviennent pas. C'est la pre mière évidence qui ressort des récits les plus sincères. Ou avait cru aussi d'abord que le frère de la reine Draga, futur béritier présomptif, avait été lué au konak royal. Les deux frères Liuuivitcb ont été tués ensemble et voici la version aulbentique de leur fin «Tous deux habitaieut non loin du palais. Entendant au milieu de la suit le bruit des déionatioiis, ïls se levèrent rapidemenl et vouiurent account' au secours. Dans la rue ils furent appréhendés et conduus dans un poste de police, lis se croyaient simplement arrétés et allumèrent des cigarettes. Peu de temps après un officier et trois soldats en- trèrent. Les soldats mirent les deux frères en joue et l'officier commanda le feu. Nicodié et Nicolas tombèrent morts. L'élection royale. L'envoyé particulier du Matin de Paris en Serbie télégraphie k sun journal Belgrado, 15. Un grande silence se fait. Les députés et sénateurs sont assis les cu- rieux sont tous debout, montés sur les chai ses, voire sur les tables de la presse. Au balcort de la loggia, les dames se pencbent avec curiosité l'aspect général du Congrès est un peu celui d une réunion publique, mais l'ordre y est parfait. Le président se léve et, k midi dix-sept, déclare la réunion ouverte. II s'agit, dit- il en quelques mots, de l'éleetion d'un roi et de la fia d'une dynastie. Aussitót, com me un seul homme, tous les membres de l'aasemblée se lèvent et pous3ent le même cri Zivio Petar Karageorgevitch Vive Pierre Karageorgevitch C'est ce mou vement unique que les réunions d'hier soir et de ce matin ont évidemment préparé. Alors le président dit qu'on va procéder k l'appel nominal de chacun, et prendre de sa place le nom de son candidat. L'un des secrétaires commence alors l'appel des cent soixante quinze noras et c'est une curieuse litanie Un telPetar Karageorgevitch Un tel Petar Karageorgevitch Un tel Palat' Karage irgevitab Un tel Petar Karageorgevitch Aiasi de suite jusqu'au cent soixante quinzième. Pas un seul des représentants présents ne manque de répondre k l'appel, et ils y répondent tous par le même nom, l'antépénultième Petar Karageorgevitch Quand le der nier nom est appelé, ie président s'éerie II y a unanimité Alors tout le monde se léve une fois de plus et crie Zivio Ainsi s'exprime le vivat en serbe. Au moment précis oü la moitié plus un des souftrages est acquise, ua monsieur s'en va ouvrir les fenètres d'un salon faisant suite k la salie des fêtes, qui donne sur la rue. Lk, des milliers de personnes se sont massées, contenues par la troupe. On leur crie le nom du nouveau roi et alors un Zivio formidable éclate. Sur une dis tance de cinq cents mètres, les hommes, les femmes, les civils, les miliiaires, tout le monde s'embrasse et se met k chanter, et les Zivio Zivio s'entrecroisent. Toute la journée, chacun va s'aborder k Belgrade en faisent précéder la fourmule banale Comment allez-vous de cette autre formule moins ordinaire, puisqu'elle ne doilservir qu'un jour Vive notre nouveau roi Petar Karageorgevitch Dans la salie de la séance, le secrétaire fait rapidement le coiitre appel. Le président dé clare qu'après avoir ainsi riommé le roi, il faut penser au pays, k la liberté, et se mettre d'accord sur la Constitution qui sera imposée au souverain. A eet effet, la Chambre et le Sénat se réuniront dans l'après-midi, k cinq heures. Un orateur éeouté de la Serbie, M. Guer- citcht, prend alors la parole et dit en sub stance ceci, qui mérité d'être noté au passa ge, car c'est typique: «Depuis longtemps, la Serbie attendait ('événement qui la délivre enfin. II faut maintenant songer k travailler pour l'avenir de notre pays. II a tout ce qu'il faut pour devenir prospère, chacun doit con- sacrer tout ce qu'il a de forces k la grandeur de la Serbie. Par spéculation méprisable, une reine indigne a pu arriver au pouvoir et s'y maintenir. Délivrée par sa mort, ainsi que par la mort d'un roi faible d'esprit, la patrie doit marcher désormais dans la voie du pro- grès et du travail. De nouveaux«Ziviodonnent, aprèscette courte harangue, la consécration quasiment légale, parlementaire tout au moins, aux meurtres commis k dix pas de cette même salie, il y a quatre jours k peine. Jnvineible- ment, je regarde la fenêtre funeste par oü passèrent les corps mutilés des souverains d'hier, et je vous avoue que je m'abime avec une certaine amertume dans un océan de ré- flexions philosopbiques, cependant que M. Avakounovitch, chef du gouvernement provi soire, prononce quelques paroles de circon- stance et fait appel, aussi, au patriotisme des législateurs. II est midi trente-cinq. Sur un dernier Ziviola séance est levée. On pourrait maintenant écrireici«Troi- sième acte, la bénédiction», celui-lk vraiment suggestif. Nous venions de sortir de la séance, séna teurs, députés, journalistes, lorsque dans le jardin qui se trouve dernière le vieux palais, lk-même oü les officiers firent sauter ia porte k la dynamite, nous vimes la garde royale défiier, musique en tête. Le soleil semontrait enfin; chacun s'arrêta pour voir la troupe, pantalon rouge, veston bleu-ciel, faire letour de la pelouse et se placer sur deux rangs. A cette troupe vinrent se joindre une centaine d'hommes de la garde, habillés de couleur plus sombre, et douze gardes sans armes plus dix ou douze officiers. Sur la pelouse, l'aumónier de l'armée, aux longs cheveux blancs, en surplis et en étole ainsi qu'un dia- ere aux cheveux noirs crépus, revêtudepour- pre ornementée d'or, se tenaient trés dignes, attendant que le drapeau fut arrivé. Le dra- peau arrive. Contrairement au drapeau natio nal serbe, qui comporte nos trois couleurs cousues horizontalement comme dans le pa vilion russe, mais dans eet ordre: rouge en haut, bleu et blanc, le drapeau de ia garde royale est tout rouge. Au lendemain des drames horribles du Konak, on opine que Ia couleur de sang est ici de circonstance. La musiquesonneau dra peau. Tout le monde se découvre, y compris les soldats et les officiers, sur un commande- ment bref du colonel de la garde, un colosse, baptisé tout de suite colonel Porthos c'était indiqué. L'aumónier parle; les officiers et les soldats font le signe de la croix, en commen- gant par la droite, comme c'est l'usage dans 1 Eglise orthodoxe; puis le prêtre après quel ques psalmodies, fait balancer l'encensoir par devant, deux doigts en l'air et en criant «Je le jure C'est le serment de filélité au nouveau roi. Le prêtre lit la formule; la troupe tépèie mot par mot tout ce que les livres saints or- donnent de faire pour défendre le roi... Et voilk un serment de plus acquis k i'Histoire. Or, la même garde prêtait, il y a dix ans, le même serment au jeune roi Alexandre, devant le même aumónier de l'armée, bien proba- blement.

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1903 | | pagina 1