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Mercredi 22 Juillet 1903
10 centimes le
38' Année
N° 3764
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ORGANE CATHOLIQU E
DE L'ARRON DISS EM ENT
1 n s'abonne rue au Beurre, 36, k Ypres, et a tous les bureaux de poste du royaurae.
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L'Eglise catholique a perdu son chef iJlustre. Léon
XIII a rendu sou ameaDieu, le 20 Juillet 1903, dans la
94" année de son age, la 66e de son sacerdoce, la 61e de
son épiscopat, la 50c de son cardinalat, la 26e de son
suprème pontificat.
L'univers eniier semble avoir pris le deuil, et la chré-
tienté redouble de pr'ères pour l'Eglise et pour le succes-
seur de St Pierre.
Devant eet événement, tous les autres, fort seeondaires
en ce moment, s'effacent, et la parole est au mort qui
parle encore, defunclus adhoc loquitur.
Que Dieu ait sou ame
La carrière de Léon Xlil
Le plus grand Pape des temps modernes, Léon XIII
était entré dans sa quatre-vingt-quatorzième année. II fut
ordonné prêtre ie 23 décembre 1837 et oecupa, suc-
cessivement, les hauf.es charges ecclésiastiques suivantes
prélat de la maison de S. S. le Pape Grégoire XVI, réfé-
rendaire a la signature de justice, archevêque titulaire de
Damietle in partibus infidelium (17 janvier 1843), légat
a Bénévent, a Spolète, a Perouse nonce apostolique
en Belgique, (1842-43). Nommé ar-
chevéque-óvêque de Perouse, le 13
janvier 1856 a son retour de Belgi
que, il fut créé cardinal ie 19 décem
bre 1553. Devenu camerüngne en
1877, i! róunit dans le Conclave qui
suivit Ia mort de Pie IX, un an plus
tard, quaranfe-'Tuatre voix sur soi-
xante et futélu Pape le20 février 1878.
Le Bien Public, 1' >rgane beige ie
plus dévoué a l'Eglise et au Saint-Père,
écrit, en ces ter mes, les impressions
que inspire ia mort de Léon XIII
Elle est done terminée eet'e auguste
agonie dont le monde entier suivait
les phases avee une indicible anxiété.
La mort a fait son oeuvre, mais il
semble qu elle ait hésité a l'accomplir.
Jusqu a la dernière hen re, Léon XIII
a fait preuve d'une admirable sérénité,
sa pensee s'arrêtant four a tour sur ie
monde pour !e bénir une dernière
fois avaut de le quitter., et sur l'éter-
nité dont il touchait le seuil. II est
impossible, de mnt la rnajesté d'une
telle fin, de n etre pas saisi d'une res-
pectuense admiration. Oa y reconnaii
Pbomme du devoir, obstinément atta
ché a son ministère, et l'homme de
Dieu, prêt a rendre compte a Dieu des
charges d'un long pontificat. Bien ra-
res sont les personnages célèbres qui
apparaïssent supérieurs a leur reputa
tion plus rares ceux qui ne défaillent
pas devant la mort et semblent encore
plus grands a son spproche.L'bistoire
dira que le Pape que l'Eglise vient de
perdre, fut un de ces rares privilégiés.
Nous navons, en ce momirit, a
ajouter a cette funèbre nouvelle, hélas 1
trop attendue, que l'expression incom
plete et bative des hommages et, des
regrets émus qui s elèvent de tous les
coeurs catholiques.
Le grand Pape qui vient de compa-
raitre devant Dieu et de Lui rendre
compte d'un long et labo-ieux Ponti
fical était déja, peut-on dire, entré
par anticipation dans l'histoire. Son
grand nom a illumine, avec Ia rna
jesté d'un soleii couchaut, tout le dé-
clein du XIXe siècle, et il a éclairé,
comme une aurore, les débuts du
siècle dont nous traversons les pre
mières années. Même a des yeux pro
fanes et souvent voilés par des préj ugés
sectaircs, Léon XIII apparaissait com
me une des plus imposantes, des plus
nobles et des plus sympathiques figu
res de l'époque contemporaine. Cette
appreciation que nous recueillons
aujourd'faui autour d'une couche fu
nèbre, deviendra Ie jugement de Ia
poslérité.
Dans les conditions particulièrement
délicales et difficiles, Léon XIII, dé-
pouiiléde sa souveraineté temporelie,
a illustré ct amplifié encore le prestige
séculaire de la Papaulé.
Nul n'a peut-être établi, avec un
éclat plus démonstratif, que l'Eglise,
étant de tous les temps, et aussi de
notre temps et que si elle en censure,
les erreurs et saiten panser Les plaies,
elle sait aussi ea reconnaitre, en sti-
muler et eo bénir les saines et géné-
reuses aspirations. En ce siècle démo-
cratique, ce Pontife nous a moatré la
Papauté se faisant toute a tous et cou-
vrant d'une même sollicitude les lifaer-
tés legitimes et les autorités néces
saires. Comme on l'a dit avec raison,
Léon XIII a préparé une sorte de con
cordat moral et social avec r os démo-
craties effervescentes et troublées. Qui
done peut ignorer avec quelle ampleur
ct quelle efficacité, il a manifesté sa
puissance spirituelle, a défaut de son
pouvoir royal, et comment, selon la
parole de Melchioi Vogue, ce souve-
rain dépnssédé a fcénéficié des for-
ces d'opinion qui se suhstitucnt en
notre temps aux forces malérielles?»
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