Samedi 31 Octobre 1903 10 centimes le N° 8799 TOUSSAINT Neutralité scolaire 33® Annéi On s'abonne rue au Beurre, 36, a Ypres, et k tous les bureaux de poste du royaume. Le JOURNAL D'YPRES parait le Mercredi et le Samedi. Le prix de l'abonnement, payable par anticipation, est de 5 fr. 50 c. par an pour tout le pays pour l'étranger le port en sus. Les abonnements sont d'un an et se régularissent fin Déoembre. Les articles et communications doivent étre adressés franco de port a l'adresse ci-dessus. Les annonces coütent 15 centimes laligre. Les réclames dans le corps du journal content 30 centimes la ligne. Les insertions judiciaires, 1 franc la ligne. Les suméros supplémentaires coü'tent 10 franss les cent exemplaires. Pour les annonces de France et de Belgique (excepté les deux Flandres) sa'dresser 1 'Agence Havas Bruxelles, rue de la Madeleine, n° 32 et a Paris,8, Place de la Bourse. Quel homme intelligent, capable de réflé- cbir et de sonder sou être, oserait soutenir cette insane objection que la conviction catbolique est édifiée sur des hypothèses Vous matérialistes,qui d'ailleurs vous vous condamnez vous-mêmes par chaque juge- ment, par chaque pensée que vous énoiicez, étes vous done une bypolbèse Nous croy- ants spiritualistes, qui vous réfutons, s na mes nous aussi des fictions systéraatiques Vous convenes, n'est-il pas vrui, que indu- bitablement vous êies, vous qui tie voulez même n'être que tnatière et vous me per- mettez, malgré la pitié répulsive que m'in- spire voire volontaire avilissement, de ne voir en l'bomme, tel que vous le voudriez, qu'un être matériel propuiseur et moteur. Get homme, quelque amoindri qu'il soit, peul faire des oeuvres matérielies dans les- quelles il fera passer tout ce qu'il a de giace, de dextérité et de force, de fagou que sa production soit ie reflet de son être, dans la plénitude du possible, et puisse, en quelque sorte être le prolongement, la perdurance de lui même. Ce sentiment maiérialiste n'est pas une nouveauté dans ia nature humaine. Nulle- ment, j'ai le regret de devoir vous enlever encore cette illusion de votre progrès inven- tif. Les érecteurs des immenses nécropoles de Babylone, des eolossales pyramides d'Egypte, des sarcophages gigantesques dont les vestiges se trouvent aux pays, berceaux des humains, n'ont fait qu'éructer de leur fond cette notion matérielle de leur grandeur. De tous temps les artisars ont laissé sur les matériaux divers les traces de leurs facul- tés physiques. (Je ne puis faire injure ici aux artistes, qui ont imprégné de leur pensée idéale les objets palpables.en les assimilunt k ceux qui n'ont point la notion spiritualism). Aujourd'hui encore i'fiomme qui plaate veut faire une oeuvre durable dont il tirera quelque avantage l'homme qui construit souhaite jouir deson travail et en léguer la jouissance it ceux qui le suivront. II n'y a que l'insensé qui édifie sur le sable, pour détruire ou dé- vaster. L'homme normal, purement etsimplement matérialiste, opère en vue de la conservation et de la jouissance de son oeuvre sous peine d'encourir une juste disqualification. Eh bien, l'Eglise, en la fête de la Tous- saint, nous enseigne que sous ce point de vue encore l'homme est fait k l'tmage de Dieu qui, Lui aussi, veut conserver ses ceuvres, son chet d'eeuvre surtout. Nul homme intelligent ne vcudrait contes- ter l'existence d'un Créateur. Mais, lk fran- chement, le Gréaieur peut-il être moindre que sa Gréature ne serait-il aussitót disqua- lifié Et ne serait-il pas inférieur k l'homme, même uniquement moteur matériel, s'il n'a- vait le désir et la puissance de conserver les plus signalées de ses oeuvres. G'est évident, Dieu Créateur doit vouloir et pouvoir garder, même matériellement, les hommes, ses ima ges. D'oü découle naturellement la résurrec- lion des corps et, par justice immanente, la glorification éternelle de ceux qui se sont modeléssur le divin Prototype de l'humanité. L'homme raisonnable qui n est pas asservi, mais libre, peut trouver en sa nature non seulement des motifs sérieux decroire, mais crème les fondements de la plus inébranlable conviction. Immuable dans son essence, Dieu opère dans ses oeuvres et dans ses dons par super position et non par substitution. Au lien naturel qu'il avait établi entre le premier homme et Lui et qui constituait la religion naturelle, il a superposé le lien surnaturel nécessaire h sa réhabilitation, mais sans üéiruire le lien naturel par lequel l'homme pout encore s'acherniner vers Dieu et entre- voir les sublimes et ineffables harmonies qui existent entre le Créateur et sa créature. C'est par lk qu'il ménage, aux hommes de bonne volonté l'accès des profondeurs inabordables receiées dans laloi de crainte et des splecdeurs inouies accumulées dans la loi d'amour. O homme, qui que tu soissonge en ce jour qu'exalte l'Eglise,k ta persoonelle indes- tiuctibiliré sache bien que même matériei- lement tu dois perdurer pour répondre aux vues du Créateursache surtout que ce Dieu dont tu dépends t'a donné une intelligence pour Le connaitre et que pour te faciliter cette connaissance il a revêtu ta nature du sceau divin de son image. Nous empruutons au Bien Public ['excellent article de fond, paru daus son numéro d'hier, en le recomman- dant a l/attention des pères de familie et de tous ceux qui pensent. Nous avons mis, il y a quelques jours, sous les yeux de nos lecteurs un document significant et décisif, dévoilant le fond de la neutralité scolaire et officielle. II s'agissait d'une circulaire, adressée par un inspecteur de l'enseignement primaire en France aux instituteurs de son ressort. La neutralité scolaire y apparaissait sous son véntable jour, c'est-k dire comme le masque d'une hosulité persévérante et systématique contre la religion. En ouvrant hier les juurnaux francais, neus y avons trouvé un texte plus complet de ce témoignage irrécusable, accompagné da détails qui achèvent d'en préciser la signi fication. 11 nous parait utile d'y revenir. Voici done les instructions que M. l'in- j specteur Dequaire-Grobel a adressées aux j instituteurs et aux institutrices laïques de son ressort, dans le département de la Man che Le but de l'école laïque n'est pas d'ap- prendre k lire, k écrire et k compter non, elle est un engin de guerre contre le catholi- cisme. L'école laïque a pour but de former des li- bres penseurs. Lorsque, a treize ans, il quitte les bancs de l'école, l'élève laïque n'a pas profité de l'enseignement de ses maitres s'il reste croyant. L'école laïque n'aura porté ses fruits et donné sa juste mesure que si l'enfant est débarrassé du dogme, s'il a renié la foi de ses pères, s'il a renoncé k ia foi catholique. L'école laïque est un moule oü l'on jette un fils de chrétien et d'oü s'échappe un renégat. Comme les choses n'iraient pas assez vite, k notre gré, pour qua l'apostasie soit géné rale, nous nous emparerons du monopole de l'enseignement-, alors force sera aux families arriérées de nous confier leurs enfants, nous ne croirons rien leur avoir appris tant qu'ils ne seront pas en révolte contre le clergé. Votlk doncce qui se cache au fond de la neutralité scoiaire Les aveux contenus dans ia circulaire officielle de M. Dequaire sont tellement cyniques et apparaissent, k certains égards, comme tellement maladroits qu'on serait, k première vua,tentéde douterde leurauthen- ticité. 11 me faut pas oublier, toulefois, que ces préceples pédagogiques étaient exclusi- vement destinés k des initiés, prêts k secon der avec docilité la pensée gouvernementele. Voilk déjk plusieurs jours qu'ils sont tomnés dans la publicité. Or, aucun démenti a'est venu les atteindreaucune rectification même n'est venue en atténuer la portée. D'autre part, les instructions de l'inspecteur scolaire de la Mancue ne sont que le décalque fidéle du programme de la Franc-magonnerie en ce moment toute puissante en France. II n'est done que naturel que ce qui se dit au haut de l'écbelle gouvernementale se répète aux degrés inférieurs de la hiérarchie admi nistrative. Le langage des journaux ministé- riels etles fails les plusnotoires démontrent. d'ailleurs, que le mol d'ordre dont un fonctionnaire, zélé et sans doute soucieux d'avancement, s'est fait l'écho - s'exécute un peu partout. Lorsque nous avons, une première fois, opposé eet irrécusable témoignage aux journaux libéiaux de notre pays, ils ont cherché k l'éluder par de vaines échappatoi- res, en soutenant entre autres que la situation de la Belgique diffère beaucoup, au p ;int de vue scolaire surtout, de cells de la France. Nous en convenons sans peine. Ainsi nous admettons que le tempérament catbolique beige est beaucoup plus solide et plus résistant que le tempérament catholique franpais. Ainsi encore, nous confessons, avec une certaine fierté, qu'ayant conquis la liberté d'enseignement et sachant nousenservir avec succès, nous sommes capablesde la garder et de victorieusement la défendre. C'est pourquoi les catholiques beiges étant au pouvoir depuis prés de vingt années, nous sommes persuadés qu'aucun inspecteur sco. laire ne se permettrait d'écrire ou même de parler aux instituteurs, ses subordonnés, comme le F. Bequure-Grombel vient de le faire en France. Et, même sous un ministère libéral, les fonctionnaires les plus zélés redouteraient, pensons-nous, de tenir un pareil langage. Le pharisanisme doctrinaire a un certain proto cols hypocrite k observer. Ne faut-il pas sau- vegarder les apparences? Ne faut-il pas éviter surtout de froisser trop vivement l'opinion publique dans un pays religieux comme le nótre La stratégie, la plus élémentaire dans de telles occasions, ne conseille-t-elle pas k la Franc-magonnerie de poursuivre son plan discrètement.entapinois, sansrien en dire?... Oui, cela 6St vrai Mais il n'en demeure pas moins acquis non plus qu'k part ces con cessions faites k Topportunisme et k la tacti- que, la Franc-magonnerie beige et la Franc- magonnerie frangaise visent, en matière scolaire, absolument au même but. Ce que nos adversaires libres-penseurs, radicaux ou socialises n'osent pas dire ouvertement, ils n'hésitent pas le moins du monde k l'accom- plir sournoisement. Sans doute, dans les documents officiels, ils répudient toute tendance irréligieuse et iis afficbent un scrupuleux respect de la liberté de conscience. Mais ne savons-nous pas que, dans le secret des Loges, ils tiennent un tout autre langage et que le F. Van Hum beek, entre autres, l'auteur de la loi néfaste de 1879, qui, lui aussi, parfait de neutralité et d'impartialité, proclamait sans vergogiie devant le Grand Orient que son véntable but était de déchristianiser nos jeunes générati- ons et de rouler dans la fosse le cadavre du eaiholicisme? Même, sous Ie cabinet actuel, tous les instituteurs des communes iibérales ne sortent-ils pas d'écoles normales oü ils som initiés a la franc-magonnerie et spéciale- mentdressésk« arracber desamesk l'Eglise?» Pourquoi enfin nos adversaires de toute couleur et de tout plumage ont-ils voué k l'euseignement catholique et libre une haine de prédilection S'ils étaient, comoie ils le prétendent, de sincères partisans de l'instruc- tion populaire, ils devraientse réjouir de voir des enfants chrétiens recevoir une éducation chrétienne. Mais non G'est précisément le contraire qui est vraile libéralisme cherche bien moins k dissiper l'ignorance qu'k oppri- mer la liberté, et ce qu'il apprécie dans les

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1903 | | pagina 1