ORÖANË CATHüLïaüE
DE L'ARRONDISSEMENT
GMOMIQUE ÏPRQISE
Mercredi 22 Juin 1904
10 centimes Ie N°
Année 39 N° 3856
Listes électorales
Fète au Cercle catholique
Fête champêtre
Ville d'Ypres
CONSEIL COMMUNAL
Le cyclone de Virton
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Le JOURNAL D'YPRES parait le Mercredi et le Samedi.
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LesjjBourgmeslre et Fchevins de la
ville d'Ypres, vu Tarticle 54 de la loi
electorale, inviteut leurs concitoyens
a produire avant le 4er Ju liet, contre
récépissé, les titres de ceux qui n étaut
pas inscrits sur les listes eu vigueur
ou n'y figurent que pour un nombre
iasulfisant de votes, ont droi' a 1 elec
toral ou a des votes supplémentaires.
S'adresser a l'Hótel—cte- Ville, bui eau
de la population,
Dimanche 24 Jein, a 5 heures,
Concert par la Fanfare royale et l'Or-
phéon pour les membres du Cercle et
leur familie.
La visite du parti catholique Dimanche
dernier au Verlorenhoek était annoncée
depuis les dernières élections communales.
En eftet, les électeurs Yprois ne se conten-
tèrent pas de fournir aux candidats de la
détraction une solide doublure pour leur
première veste, mais iis s'eugagèrent k ma
nifester spécialement en l'honneur de leurs
deux élus pour attester la liberté et la validité
de leur choix.
Cette manifestation se fit avec pompe, et
de suite pour M. Vanden Boogaerde, qui
habite la ville.
Elle fut remise au beau temps pour M. Le
mahieu, dont la ferme est sise en pleine
campagne.
G'est lk, au «Verlorenhoek», que s'est
rendu le cortège habituel des manifestations
catholiques.
Dès quatre heures la route de la Polyze
depuis la porie de Menin jusquau chateau de
M. Mergheiynck et au delk, se couvrait de
promeneurs empressés de participer la
fête.
Bientót les abords de la ferme foisonnent
de monde. Les orphelins apparaissent vers
cinq heures, puis ce sont les lurners, tou
jours alertes avec leurs petits drapeaux,
sous la conduite de leur vénéré directeur,
le dévoué M Neuville la Fanfare royüe
dont les cloirons jettent, aux échos de la
plaine, leurs sons éclatantsles jeunes
catholiques de la Garde, de la Gilde et de la
Fédération les membres du Cercle, et
FEdilité communale accompagnée de 1 Har
monie, qui est de noslêtes, paice que tous
nous aimons l'autorité, filialement et non en
mercenaires.
Tont ce chapelel s'égrène dans la verte
prairie, contourne le fossécombié de soiives,
pénèlre dans la cour intérieure de la métaiiie
par un monumental portique et vient se poser
le long du logis que couvre un épais toit de
chaume.
Monsieur Lemahieu est lk, radieux et
tranquille sur l'avant-seuil de sa porte. S_s
collègues du Gonseil l'entourent et lui serrent
!a main avec effusion.
Monsieur le Bourgmestre, heureux de
pouvoir enfin réalisar une promesse bien
chère aux coeurs Yprois, s'exprime en ces
termes Monsieur le Conseiller, vous nous
voyez aujourd'hui, tenir notre parole. Tous,
membres du conseil communal, élus, et,
membres du parti catholique, électeurs, nous
accourons pour vous féliciter, et vous sou-
haiter longue et prospère vio en vos nou-
velles fcnctions.
Depuis longtemps nous vous coonais-
sions.maisil y aunan surtout que des rapports
fréquents nous avaient mis k même d'appré
cier vos qualités précieuses et nous avions
résolu de doter notre administration dece
trésor agricole. G'est fait, et déjk depuis
quatre mois nous jouissons de votre expé
rience et de vos connaissanees au sein de nos
assemblëes, oü vous prodiguez vos soins aux
intéréts de nos campagnes Soyez en remer-
cié et parmettez nous de recourir, même ici
dans le champ intims de votre f xploitation,
aux conseils de votre pratique. Nous savons
que vous avez promts k tous de voustrouver
accessible k Ypras vous ne le serez pas
moiris si Ypres vient vous trouver au Ver
lorenhoek». Si nous avons tant tardé k venir
vous exprimer nos félicitations et nos voeux,
e'est pour obtempérer k vos désirs, mais
soyez bien persuadé qu'ils n'en sont que plus
véhéments et plus sincères.
Ainsi donc.cher collaborateur,nous som
mes heureux de pouvoir vous acclamer et
formons les meilleurs souhaits de bonheur
pour vous, votre digne et vaillante épouse et
vos etters entants.
Monsieur Lemahieu, avec une bonhomie
charmante et un k propos délicat, trouve
que trop d'üonneurs lui sont rendus. Mais il
en reporte l'abondance sur tous les tenan-
ciers des terres yproises, car c'est l'exalta-
tion de fagriculture et de sa collaboration
dévouéeau bien-ètre général. Tous les culti-
vateurs de la région sont unanimes k recon-
naitre que l'Administration d'Ypres est pleine
de sollicitude pour ses campagnards. Aussi,
est-ce en leur nom qu'il accepte ces bieaveil-
lantes manifestations et ces louanges et qu'il
en remercie l'autorité avec urte cordiale re
connaissance.
La brabanponne et les applaudissements
répondent k ces bonnes paroles.
Puis Monsieur P. Lefevre de Zillebeke
vient, au nom des membres nombreux de
deux mutuahtés légionales agraires, (Morta-
lité des chevaux) rendre hommage au dévcue-
ment de M. Lemahieu, dont l'activité et fini
tiative intelligente a su lui conciüer la con-
fiance de tous. II n'y a lk aucune question
de politique, mais il est permis aux mem
bres de se réjouir de voir un de leurs chefs
élevé sur le pavoi et d'attendre de cette
exaltation unsurcoi.de vitalité et d'effica-
cité dans le but poursuivi. Honneur done
au digne et dévoué Piésident et longue et
heureuse vie.
Monsieur Lemahieu remercie ses confrè
res venus de tous les points de la région pour
participer k cette réjouissance et leur donne
l'assurance de s'employer de tout son pou
voir k procurer, aux sociétés protectrices de
leurs intéréts, tous les avantages possibles
et l'exterision qu'elles peuvent ambitionner.
II sait qu'il peut compter sur leur puissant
concours c'est pourquoi il ne craint pas sa
propre faiblesse et ose, avec confiance, en-
visager l'avenir.
La musique de nouveau fait retentir au
loin les accents patriotiques et la foule,
après avoir manifesté ses sympathies au
digne conseiller, se déverse leuteraent dans
le hameau du Verlorenhoek oü se ren-
aent en jouant leurs airs populaires la Fan
fare royale et l'Harmonii* communale.
11 est six heures. Les innombrables ma-
nifestants trouvent difficilement k s'installer
aux estaminets du quartier. Le Nieuwen
Verlorenhoek »s St-Ëloi In Batavia
den Ouden Verlorenhoek den Hast
ont leurs sulles bondées, et les tables nom-
breuscs placées devant les demeures, com-
blesplus de chaises, plus de bancs, il faut
stationrier.
Mais c'est i'heure du concert. L'Harmonie
exécute d'aboid la part du programme qui lui
est échue. Puis la Fanfare Royale compléte
la soirée artistique. Les villageois sont nom
breux et fort satisfaits d'avcir, en ce coin
perdu, une telle festivité. Le bétail dans les
prairies d'alentour s'ébaudit lui-même et
tressaute, k sa manière, excitant l'hilarité
générale.
Tout se passé dans l'ordre et nul incident
ne trouble cette champêtre réjouissance.
Les membres de l'adminisiration prennent
paternellement part k cette fête dont le ton
est vraiment familial. II n'y a que la noblesse
du coeur pour donner ce cachet aux plaisirs
populaires.
Enfin quand la nuit, sur la Serre répand
son voile sombre, les feux artificiels surgis-
sent dans l'ombre et scintillent au ciei. Les
fusées sèment l'or des briliantes étincelles et
les étoiles factices projettent un instant, sur
le noir des nues, leurs rayons multicolores
éclatants.
Ge plaisir des yeux prend fin et les grou-
pesjoyeux, contents de leur bonne journée,
s'en retournent, prendre un repos quelque
peu écourté.
Voilk encore une fête que nous, catholi
ques, nous enregistrons comme résultat de
notre union et de notre bonne entente.
Séance publique
du Samedi 25 Juin 1904, k5 h. dusoir.
Oudre nu jour
1. Communications.
2. Ëgoutprocés verbal d'adjudication.
3 Instruction primaire comptes 1903.
4. Fabriqued'égliseSt Pierre comptel903.
5. Garde civique budget 1905.
0. Messageriessuppression d'un service
entrc Poelcapelle et Ypres.
7. Voirie alignement générai du quartier
de la station.
8. Chemins de fer vicinauxligne Ypres-
Gbeluwe tracé convention avec la
société nationale.
9. Projet de règlement sur les batisses.
Nous avons annoncée hier la distruction
de l'école darts et métiers de Pierrard,
oeuvre des Aumóniers du travail. Voici
l'émouvant récit qu'adresse un témoin au
Journal de Bruxelles
Vous me demandez mes impressions
Je vais tacher de les exprimer, mais je pen-
se qu'il faut avoir vapour croire. Regardez
plutót autour de vous, et dites-vous que ces
2,500 mèires carrés de toiiure et ces 2 000
mètres cubes de msconneries ont été démolis
en moins de deux minutes. Je m'étais cou-
ché vers 9 b 30. Un gros orage grondait
sur la forêt de Cbiny au nord et sur les bois
de France au sud. G'était un vrai scintil-
leraent perpétuel d'éclairs dans tous les sens
mais Pierrard était indemme. Petit k petit,
l'orage se rapprochait pourtant. Je ne dor-
mais pas, la ebaleur étant accablante. Le
train de 22 h. 23 venait de passer depuis
deux minutes, fort heureusement pour les
voyageurs. J'entendsle vent qui siffla k tra
vers ma fenêtre et ma porte d'une fapon
inquiétante. Je me figure aussitót avoir lais-
sé ouverte la fenêtre de la chambre voisine
et me léve pour aller la fermer. Tout était
en ordre et le sifflement augmentait toujours
II y avait quinze secondes que j'avais remar-
qué ce bruit extraordinaire, quand devant
moi toutes mes vitrss se cassent avec fracas.
Un roulement indéfinissable et épouvantable
se fait entendre. Des planches, des ardoises,
de la chaux, etc pénètrent dans ma cham
bre par les croisées. Au dassus de moi en
dessous de moi tout danse. Je me jette k
genoux, j'attendais la mort. Uu vacarme,
dont rien ne peut donner l'idée, dure pen
dant deux minutes, peut-être pendant une
demi-minute j'avais perdu conscience du
temps. Avez vous déjk éprouvé l'impression
pénibla de celui qui se trouve sur la ligne
de chemin de fer au moment oü passe k sa
droite ou k sa gauche un train express qui
parait devoir tout arracher et vous entrainer
Multipliez cette impression par mille et vous
y serez. Je cherche ma clef pour sorlir de
ma chambre et rejoindre la communauté,
impossible de mettre la main dessus. Fort
heureusement, deux cloisons intérieures
s'écrouient, sur man passage, k ma porte.
Jasors et vais trébucher contre un tas de
décooabres. J'appelle mon voisin da chambre
qui me répond De grkce, n'avancez pas,
vous allez vous tuer lts murs se sont écrou-
lés de ce cöté-ci Je pénètre dans une
autre chambre située du cóté sud-est, par
conséquent moins atteinte.
L'orage est toujours violent, mais le
terrible danger et passé. Le premier éclair
me montre la nouvelle chapelle compléte-
ment renversée et le jardin dévasté. Mais
les murs se rebktissent. 11 était plus angois-
sant de se demsnder les vies sont elles
sauves Gombien, peut-être, manqueront k
l'appel?... Malgré le danger, j'escalade le
monceau de briques des cloisons renversées.
Je ne sais plus pour le reste comment j'ai
fait pour traverser la maison. Mon coeur
battait k se rompre au moment de rejoindre
JOURNAL D'YPRES