Mercredi 25 Janvier 1905 Année 40 N° 3915 10 centimes le FRANCE RUSSIE LA G lüEURK Aggression des Grecs dans la Grotte de Bethléem n bureaux Beurre, s abonne rc yaume. Le JOURNAL D'YPRES parait le Mercredi et le Samedi. Le prix de 1'abonnement, payable par anticipation, est da 5 fr. 50 c.j par an pour tout le pays pour l'étranger le port en sus. Les abonnements sont d'un an et se régularisent tin Déeembre. Le articles et communications doivent étre adressés fi-anco d-- y.orta Pad.-esse ei-dessus. jy^ste Les annonces coütent IS centimes la ligre, - Les réclames dans le cores coütent 30 centimes la ligne. Los i-mrihons judceiaires, t franc la iuméros supplémentaires coütent 10 franss l'es cent exemplaires. Pour les annonces de France et de Belgiqae (èxcepté les deux Flandres) s'adresser a VAgence Havas Bruxelles. rue d'Argent, n°34 <yt a Paris,8. Place de la Bourse. du journ.a ligne. Les La crise ministérielle francaise est dénouée par Paccentuation de la combinaisorx a gauche et par la retraite des éléments que Pon considérait comme modérés, MM. Poincarré et, Jean Dupuy. M. Maruéjonls, auquel on avait offert de garder son portefeuille, l'a refuse. Le nouveau ministère garde du précédent cabinet quatre ministres et un sous-secré taire d'Etat MM. Bouvier, Chaumié, Delcassé, Berteaux et Bérard. Le Cabinet compte trois sénateurs. Comme opinions, il se réparlit ainsi Deux membres de 1'Union républicaine du Sénat, MM. Bouvier et Chaumié deux membres de 1'Union démocratique de la ChambreMM. Etienne et Thomson. Ces deux groupes représentant la même orientation politique. La Gauche démocratique dn Sénat compte un membre M. Gauthier le groupe radical de la Chambre compte trois membres, M. Ituau, Clémente! ct Delcassé. Les radicaux sqcialistes ont trois repré- sentants MM. Dubief, Berteaux et Bien- venu-Martin. Les trois sous-secrétaires d'Etat appar- tiennent au groupe radical. La décision de MM. Poincarré et Jean Dupuy aurait été inspirée par celle que le cabinet a prise, assure-t-on, au sujet de la délation. Le commandant Bégnicourt serait seulement suspendu de son grade dans la légion d'lionneur et non rayé le géné ral Peigné se verrait simplement privé de son titre de commandant de corps d'armée et mis en congé. De plus, pour gatisfaire l'extrême-gaucbe, on frapperait certains officiers, comme Te général d'Aubois de Larbout, ayant pro- testé trop ouvertement ou qui auraient écrit dans les journaux. Cette modification dans {'orientation du cabinet serait due a la pression exercée par les groupes radi caux socialistes. Paris, 24 janvier. Yoici la constitution définitive du ministè re Présidenceetfinances, M.Bouvier. Justice, Chaumié. Affaires étrangères, Delcassé. Intérieur, Etienne. Guerre, Berteaux. Marine, Thomson. Colonies, Clementel. Tra- vaux publics, Gautliier de l'Audè. Instruc tion publique, Bienvenu Martin. Agricultu re, Buau. Commerce, Dubief. Sous secretaire d'Etat aux beaux-arts, Dujardin Beau- met-z. Id aux finances, Herlou.Id aux postes et télégraphes, Berard. MM. Poincaré et Jean Dupuy se sont retires afin d'accéder au désir de la gauche démocratique du Sénat d être représentée dans la combinaison. Le cabinet arrêtera aujourd'hui les termes de sa déclaration. Le correspondant romain du Temps telegraphic au sujet de la revocation des vicaires généraux de Dijon i Rome, 22 janvier. Le fait que M. Le Nordez a retire aux vicaires généraux du diocese de Dijon les pouvoir épiscopaux, a produit une vive et défavorable impression au Vatican. On declare que 1 evêque démissionnaire a ac compli un acte entacké de nullité au point de vue canonique et qu'il s'est mis par la sous le coup des censures pontificales. Au point de vue écclésiastique. M. Le Nordez ayant donné sa démission d'évèque au Pape, n'avait plus rien a voir dans Tadministra- tion du diocèse de Dijon. Mais au point de vue civil, ce siège épiscopal n'étant pas considéré commc vacant par le gouverne ment francais, qui n'avait pas acceptó la démission de M. Le Nordez, la situation est trés embarrassante pour les deux parties. En destituant les deux vicaires généraux,M. Le Nordez a créé un cas nouveau des plus singuliers,et voici comment: néeessnirement M. Le Nordez, toujours évêque de Dijon, devra, aux yeux du gouvernement frangais, nommer d'autres grands vicaires avee pou- voirs extraordinaires et les faire accepter par le gouvernement or ceux ciau point de vue ecclésiastique, ne pourront exercer leur charge sans encourir a leur tour les pénalités canoniques Ainsi se présente maintenant ce problême sans précédent et qui présage de uouveaux conflits entre le Saint-Siège et l'Etat francais. S' Peters- 1' opinion Les événements sanglants de bourg ne cessent de préoccuper publique. Partout ou estime que la épres- sion est dune violence impossible ajustifier, explicable seulement par l'affolement des exécuteurs et rimpróvoyanco des chefs. Le mal, aujourd'hui, est consommé. Après avoir hésité vingt ans devant des réiormes nécessaires, l'Empire russe s'est laissé ac- culer a des brutalités inutiles, La démon» stration ouvrière était, hier, considerable. L'irritation, aujourd'hui, doit être pro- fonae. Ou eüt pa l'éviter peut-être par une décision plus prompte, une allure plus tranche, voire par 1 un de ces actes d'audace et de confiance qui sont pour les chefs d'Etat une ressource parfois décisive. II s'agit maintenant de panser les plaies. Ou est le médecin On est persuadé que le général Kouropat- kine va être contraint a une offensive immé- diate. pour faire diversion a 1 ctat d'anarchie qui règne a Pétersbourg et qui pourrait ébranler la fidélitdes troupes russes de Mandchourie, si on leur laissait le temps d'y réfléchir a loisir. D'autre part, les dernières nouvelles de Tokio font pressentir la reprise immine nte de Paction japonaise sur mer. 11 semble résulter de notes officieuses que ljescadre de Togo va partir pour aller attaquer celle de l'amiral Rodjestvensky, tanclis que cello de Kamimura va essayer d'aller détruire les batiments russes de Vladivostock. En attendant, les communications offi cielies russes sur la guerre deviennent de plus en plus rares et brèves. Toute l'atten- tion est a la gueire civile. Tokio, 23 Janvier. Un amiral russe qui vient d'arriver parmi les prisonniers, a fait les declarations suivan- tes relatives a la reddition de Port Arthur et sa defense II qualifie de honteuse la capitu lation. 11 critique vivement le général Stoessel et déclare que le général Kondra- lenko a été le véritable héros de la défense. On a imposé k la flotte russe l'inactivité paree que son infériorité l'empêchait d'atta- quer l'amiral Togo. On n'aurait pas agi avec perspicacité en enlevant a la défense de Port Arthur une partie des vaisseaux pour les envoyer a Vladivostock ou dans des ports neutres. Une antipathie tres vive règnait entre marins et l'arraée. La capitulation de Port Arthur devrait être jugée ultérieurement par un conseil de guerre. Les russes ont mis les navires de guerre a Port-Arthur dans un tel état qu'il est tout en fait impossible aux Japonais de les renflouer. A Vlaci ivostok. Les habitants de Vladivostock ont été priés de signer, avant le s3 du courant, une décla ration par laquelle ils expriment le désir de rester dans la forteresse en cas d investisse- ment, afin de participer a sa défense. Les hommes prendont les armes, en qualité de gardiens, veilleront a l'ordre intérieur de la place; les femmes rempliront le role de sceurs de charité. Les personnes qui n'auront pas donné leur signature devront quitter la forteresse a la première sommation. Deux f'raneiscains blessés Jérusalem, 7 Janvier igo5. Une fois encore le sang franciscain vient d'etre versé par les schismutiques. C était a Bethléem, dans la grotte même ou naquit Je'sus. Les Grecs célébraient la fête de la Nativité, laquelle, selon le calendrier Julien coincide avec notre fête de l'Epiphanie. Le patriarche et plusieurs évêques assistaient a la cérémonie. Au cours de 1 office liturgi- que, des moines hellènes se sont rués sur les deux franciscains de garde dans le sanc- tuaire et les ont assaillis de coups. Pourquoi cette barbare agression Les Grecs s'eflorcent d'augmenter tous les jours par de nouveaux empiètements leur soi-di- sant droit sur la grotte de Bethléem, et en particulier sur l'escalier, qui y donne accès par le nord et permet aux Latins, d'y péné- trer pour la celebration des offices. Sans doute, ils ont a leur disposition l'escalier du sud mais s'ils parviennent a acquérir par des usurpations répétées le droit de passage sur l'escalier du nord, ils ont du coup exclu les Latins du sanctuaire, ou ils ne peuvent plus pénetrer. La combinaison est bien grecque n'est-ce pas et cette rouerie est faite pour dérouter nos conceptions occidentales mais enfin il faut prendre l'Orient comme il est. La nuit dernière a raison de leut solennité, les Grecs avaient le droit d'ensencer deux fois dans le sanctuaire. Or voila qu a une heure et demie du matin, après avoir accom pli la double thurification réglementaire, deux diacres se représentent une troisième fois. Pre'cédés des Janissaires et suivis d'une troupe de moines, qui évoque la pensee des démons noirs dont parle Francois Cop- pée, ils veulent le passage. Naturellemént les deux sacristains sy op- posent et les rappellent a leur devoir. Peine inutile Les farouches aggresseurs se ruent sur les deux franciscains désarmés, les fou- lent aux pieds et les couvrent de blessures. L'autorité turque se trouvait a Bethléem avec un fort contingent de troupes. Elle accourt aussitöt et parvient a sauver Ia vie aux victimes du devoir. Entretemps l'un des deux diacres a profité de Ia bagarre pour traverser l'escalier, l'autre en est empêché par les soldats, qui ferment la porte du sanc tuaire, mais il refuse de renoncer a son des- sein et attend patiemment la fin de l'affaire. Le Re'vérendissime P, Frédien Géannini, custode de Terre Sainte se trouvait lui aussi a Bethléem. Au milieu de la nuit on l'aver- tit de ce qui se passe. Et voila que sa chambre est envahie par les représentants de l'autorité civile et militaire, voire même par une dépu- talion du clergé grec, qui lui demande de consentir au passage en question. Que pouvait répondre le custode en pre sence d'une prétention aussi effrontée Calme et résolu Jamais dit-il, je ne consentirai a votre demande; elle. est con- traire aux droits de l'église catholique, que ii je suis chargé de défendre jamais je ne consentirai a vous favoriser, vous, qui mas- sacrez mes religieux Mais la fête sera troublée «reprennent les bons apotres Soitmais,a qui la faute? Les représentants de l'autorité civile hasar- dèrent alors de parler des violences auxquel- les peut-être les disciples de Photius se porteraient, si on ne cédait pas a leurs caprices. A vous, insista le custode, de maintenir l'ordre Vers les six heures du matin arrivèrent a Bethléem le gérant du consulat francais M. Ferdinand Wiet, et peu après le gouverneur général de la Palestine, Rechid Bey. Prétex- tant des motifs d'ordre public, ces deux fonc- tionnaires, permirent au diacre grec, qui at- tendait toujours, de traverser l'escalier en litige: l'usurpation était consommée Vraiment, elle semblait une cruelle ironie en ce moment, la parole de M. Wiet, cédant aux prétent ions grecques tout en disant avec emphase Au nom de toute la chrétienté, je proteste I Le pacha, lui, mis au fait de certaines pie ces officielles, qui réglaient la chose en fa veur des Latins, promet au même instant de veiller a l'avenir a ce que leurs droits ne fussent plus lésés Quant aux deux blessés, l'un italien, l'au tre allemand, leurs consuls respectifs, du consentement du consul Irancais, se sont chargés de leur cause. Celui-ci cependant n'entend pas se désinté- resser de leur sort. Mais lAllemagne et l'Ita- reconnaitront-elles les pretentions de la protectrice officielle des Lieux-Saints Les franciscains sont depuis bientót sept siècles habitués a verser leur sang pour la défense et la gardedes sahetuaires. Mais leur héroïsme ne sera-t-il pas en pure perte N'y aurait-il pas un moyen aussi d'empè- cher qua l'avenir pareilles scènes de perfide sauvagerie ne viennent souiller les plus augustes endroits du monde et jusqu'a la grotte même oil le Dieu de paix est descendu parmi nous li ■-*

HISTORISCHE KRANTEN

Journal d’Ypres (1874-1913) | 1905 | | pagina 1