ORGANE
DE
TELÉPHOKE it
GMSMIQUE YPEGISE
Mercredi 3 Mai 1905
10 centimes le N
Année 40 N° 3311
A propos de l'incident
du Théatre Renouprez
a Poperinghe
Ce n'est que (jour rire
A propos du dra me
de Kouiers
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Des sous officiers de l'Ecole d Equitation
d'Ypres sont allés, le Mardi iSAvril, passer
une soiree au théatre volant Renouprez,
installé a la Grand'place de Poperinghe.
Une douzaine d'entre eux ont figuré sur
la scène, vêtus de pantalons blancs, pelisses,
guétres, quelques-uns portant le bonnet de
police ou la coiffure allemande des acteurs,
tous objets qui ne constituent ni l'uniforme
ni une partie de l'uniforme militaire. I!s
étaient de plus fortement grime's et aucun
deux n etait reconnaissable.
Un sous-officier portait un tambour, un
autre avait une trompette. A un moment de
la représentation, le trompette a sonné faux
et un coup de sifflet est parti du fond de la
salie. II n'y a eu, de la part du public, aucune
hostilité au contraire on a applaudi et rap-
pelé les acteurs et figurants.
Histoire done pour nos jeunes sous
officiers de s'amuser de la facon la plus
inoffensive, sans scandale pour personne,
et surtout sans que le prestige de l'armée ait
été atteint le moins du monde.
II n en a pourtant pas fallu davantage, a
un grincheux habitant de Poperinghe, pour
dénoncer ce fait a Qui de droitpar une
carte imprime'e et anonyme, sous prétexte
que le public a été indigné de cette conduite,
et qui! est du devoir de tout militaire de
garder et même de relever le prestige de
t armee.
Or, nous nous sommes informés auprès
de M. Qui de droit de la bas, et chez des
témoins dignes de foi tous ont certifié que
le récit ci-dessus est exact.
Mais ce n'est pas tout.Le Progrès d'Ypres,
qui déclare ne pas savoir ce qui s'est passé a
Poperinghe, reproduit textuellement la carte
anonyme et, renforcant ainsi l'accusation,
signale a M. Qui de droit a Ypres le tapage
nocturne assourdissant quil y aurait eu
dans nos rues et les plaintes générales a eet
égard.
Or, il n'y a eu a Ypres ni tapage nocturne,
ni plaintes générales. Seul le Progrès se
plaint, et, encore une fois, M. Qui de droit,
que nous avons interrogé, nous affirme que
la Police n a rien eu a signaler.
S'il y a des plaintes et de l'indignation a
Ypres, c'est contre l'auteur de Partiele du
Progrèsqui a manqué une belle occasion
de se taire et qui a agi peut-être aussi in-
consciemment que l'auteur Poperinghois de
la carte anonyme.
Le mal est fait, non au prestige de l'armée,
mais a un officier qui n'a rien a se reprocher
dans l'incident de Poperinghe, un homme
universellement aimé et respecté a Ypres,
tant de ses élèves que de la population tout
entière. Cet homme est frappé a cause dune
peccadille commise par de jeunes sous
officiers, qui supportent docilement leurs
quelques jours d'arrêt, mérités ou non, mais
qui souffrent de voir atteindre un chef, qui
ne devrait pas être rendu responsable de leur
acte de légèreté.
Le Progrès nous reproche d'avoir com mis
une vilénie, paree que nous avons attribué ;i
un fonctionnaire inconnu la paternité du
tableau du Grand procés aussi inoffensif
que bete.
Attaquer un fonctionnaire, dit il, c'est
évidemment le signaler a ses chefs dans le
but de nuire tt sa considération et a son
avancement. C'est la un acte fort grave el
c'est bien le moins.quand on a la générosité
d'entreprendre pareille besogne, d'avoir au
n moins la pudeur d'avancer des faits vrais et
réels.
Bravo Progrès. Vous n'avez jamais
mieux dit. Mais si nous montrions au Mi-
nistre le tableau du Grand procés et que
nous lui disions que l'oeuvre émane dun de
ses fonctionnaires, le Ministre en rirait
autant que notre ma'ieur, a qui ce fameux
tableau nefait aucun ombragequoi que vous
en disiez.
Voila notre vilénie
Votre vilénie maintenant Votre article
A Monsieur Qui de droit a eu pour effet,
si non pour but, de faire un tort grave a
quelqu'un, un tort peut-être irréparable.
Vous avez aide' a tromper un Ministre,
plus chatouilleux de par ses fonctions qu'un
ministre civil.
L'homme qui est frappé a toujours com-
pris et enseigné quï/ est du devoir de tout
militaire de garder et même de relever le
prestige de l'armée.
C'est un militaire dans l'ame, correct,
tout-a-fait a sa place, incapable de laisser
commettre une infraction a la discipline ou
un acte inconvenant quelconque.
C'est un étranger, il est vrai, etsousl'ad-
ministration Colaert, dites-vous, il n y en a
plus que pour les étrangers.
Et les tapages nocturnes que vous inven-
tez pour aggraver l'incident de Poperinghe,
ont été commis aussi, dites-vous, par des
étrangers.
Est-ce que ces étrangers font done ombrage
au Progrès? Désire-t-il leur départ, et par
qui, le cas échéant, les remplacerait-il
Avons-nous du reste a nous plaindre de ces
étrangers
Autrefois, la veille de leur départ, les
sous-officiers de l'écoleselivraienta du tapage
nocturne qu'ils accompagnaient parfois de
quelques frasques,
Depuis plusieurs années, cela n'existe plus,
grace sans doute a la vigilance de leurs chefs,
mais grace aussi a la bonne entente qui existe
entre les administrations civile et militaire,
grace peut-être surtout au savoir faire de
Pofficier que la calomnie est parvenue a
atteindre.
Voila votre vilénieProgrès. Nous n'avons
ni voulu ni pu faire aucun tort a un fonction
naire inconnu. Vous avez nui, consciemment
ou inconsciemment, a un homme qui ne vous
a jamais faitle moindre mal.
Si vilénie il y a, la notre est excusable, la
votre ne l'est pas.
Un grand nombre de nos lecteurs, en nous
adressant leurs felicitations a l'occasion de
la publication de notre article de samedi
dernier Ce n'est que pour rire», nous
demandent de rééditer cet article, dans notre
numéro d'aujourd'liui.
Nous leur donnons volontiers cette satis
faction, en complétant, en certaius endroits,
notre pensée. Nous fournissons ainsi, une
seconde lois, a M. Deweerdt, l'occasion de
nous attaquer, si le cceur lui en dit.
Voici done notre article revu et corrigé
Touché par nos observations au sujet de
la polémique du Journal de M. Deweerdt,
celui-ci s'efforce de s'excuser en disantce
n'est que pour rire, 't is al maar voor een
lachertje gebeid..
Ah c'est pour rire que vous parlez d'une
naissance d'enfants jumeaux dans un de nos
couvents
C'est pour rire que vous citez des faits
abominables prétenduement commis par des
jeunes filles d un de nos pensionnats
C'est pour rire que vous parlez de prêtres
qui auraient des relations avec des femmes
sur nos remparts
C'est pour rire que.faisant usage d'un nom
que la justice francaise a vengé, vous écrivez
que les Flamidiens deviennent légion a
Ypres
C'est pour rire que vous insinuez a charge
de certains chefs du parti catholique, des faits
dont la conception ne peut germer que dans
votre imagination malsaine
C'est pour rire que, a propos de l'érection
d'un monument a Marie-Immaculée, vous
plaisantez crapuleusement les dames qui font
la collecte
C'est pour rire que vous écrivez, dans un
numéro, des phrases obscènes dont vous
cherchez vainement a modifier le sens dans
un numéro suivant, et qui vous rendent
justiciable de la Cour d'assises
Ah tout cela est pour rire
Nous prenons acte de votre rire. Ce que
vous dites n'est done pas vrai mais votre
rire est alors le rire de l'infame Voltaire,dont
Alfred de Musset a dit
Dors-tu content, Voltaire! Et ton hideuxsourire
Voltige-t-il encor sur tes os décharnés
Que ce soit pour rire ou non, dites nous
exactement ce que vous voulez dire, et citez
les personnes dont vous voulez rire.
Non, non, vous l'avez écritcela vous
fait gagner de l'argent. Karei Deweerdt gaat
geld winnen
L'argent n'a pas d'odeur, dites vous. Si,
l'argent que vous gagnez ainsi a de l'odeur.
II sent l'infection de votre cerveau et de
celui de vos co-auteurs, il sent la malpropreté
de ceux qui se donnent la mission de vous
commenter dans certains cabarets, il sent
l'ordure que vous cherchez a répandre dans
les families. Fcetet, il pue
C'est pour cela que l'on vous montre du
doigt, vous et vos hideux complices, dont
quelques-uns agissent par vengeance, et qui
n'oseraient se faire connaitre de crainte de
se voir infiiger une seconde flétrissure par
l'opinion publique.
Yous vous trompez si vous croyez que
nous sommes de ceux qui ne savent pas rire
(die nie en kunnen lachen), qui n'entendent
pas que la jeunesse s'amuse (die nie en ver
staan dat jongheden hun amuseer en), et qui
travestissent la pensée des autres et voient
du mal partout die alles draaien en keeren
dat het een geheelen anderen \in heeft en
kwaad vinden in alles).
Noussommes de ceux et avec ceuxqui.quoi.
que libe'raux.nous ont signalé et communiqué
vos ignobles articles que nous avions jetés
dans le tombereau aux immondicesqui
pensent, comme nous, qu'il y a une limite a
tout et que le parti libéral ne doit pas être
accuse de vous avoir choisi comme dépotoir
pour les saletés qu'il ne voudrait pas écrire
lui-même.
Et voila sans doute pourquoi vous avez
été répudié par vos amis
Nous vous sommons, M. Deweerdt, de
citer des faits précis et de nommer les per
sonnes que vous avez en vue. Si vous ne le
faites pas, nous continuerons a vous stigma-
tiser.vous et votre Journal.Nousdénoncerons
celui-ci aux pères de families soucieux de la
moralité de leurs enfants, et nous lui ferons
une guerre qui finira, nous l'espérons, par
etouffer. Si vous ne le faites pas, nous vous
qualifierons, comme vous le méritezle
dernier des laches, a cóté du dernier des
pornographes.
A vous maintenantvous avez le droit de
nos attraire en justice, si nous vous accusons
injustementattaquez nous.
A moins que vous ne précisiez vos igno
minies et que vous ne donniez ainsi a nos
amis 1 occasion de vous attaquer eux-mêmes.
Mais alors ne vous réfugiez pas lachement
derrière la plume d une femme ou les lunettes
d un vieillard de soixante dix-ans non con-
traignables par corps.
Mais ces moyens ne réussissent pas tou
jours
Allons, vous avez la parole, Monsieur
Deweerdt, éditeur du Journal innommable
qui est votre Journal personnel.
Est-cede l'inconscienceou de la duplicité?
A propos d'une conférence donnée a la
jeune garde libérale par M. l'avccat Lesaffre
et qui a fait plaisir aux auditeurs, le journal
personnel de M. Deweerdt se plaint de l'ab-
sence d'un grand nombre de jeunes gens et
de membres de la commission, qui préfèrent
d autres plaisirs, et notamment celui que,
dans son langage éiégant du terroir, il
appelle coyemooifeem...
Nous n entendons pas défendre nous-
mêmes la jeunesse libérale contre les
reproches de M. Deweerdt. C'est affaire a
elle. Si nous relevons l'article, c'est unique-
ment paree que nous commemjons a croire
que le rédacteur du journal en question est
atteint d hystérie, et quil est done incon-
scient.
Mais beaucoup de personnes jugeront que
cette explication est trop indulgente, et
l'opinion publique ne saurait montrer
aucune indulgence vis-a-vis de M.Deweerdt.
C est de la duplicité alors
En effet, M. Deweerdt veut excuser
d'autres articles et prouver qu'il rit de tout
et de tous. S'il riait done un peu de lui-
même N'est-il pas assez risible pour cela
Nos lecteurs connaisseDt ies détails du
drame de la folie, qui a tant impressiouné
la population de Rouiers et plongé dans le
deuil lordre des Rédemptoristes et une
honorable familie du pays.
Croirait-on qu'il s'est trouvé en Belgique
un journal un seul heureusement qui a
attribué ce drame a autre chose qu'a la folie?
Ce journal est le journal personnel de M.
Deweerdt
A propos du drame de Rouiers, M.
Deweerdt ricane et blaspheme.
Nous lui souhaitons de n'avoir jamais a
déplorer un malheur pareil qui ne lui per-
mettrait plus sans doute de... rire.
JOURNAL C YPRES