Samedi 3 Juin 1905 10 centimes le N° Année 40 N° 3320 Avis important Le libéralisme s'éveille Pour le 125e Anniversaire LA GUERRE Attentat contre Ie Roi d'Espagne Passchendaele On s'abonne ruë au Beurre, 36, Ypres, et tous les bureaux de poste du rcjraume. Le JOURNAL D'YPRES parait le Mercredi et le Samedi. Le prix de l'abonnement, payable par anticipation, est de 5 fr. 50 c. par an pour tout le pays pour l'étranger le port en sus. Les abonnement» sont d'un an et se régularisent fin Déoembre. Les articles et communications doivent étre adressés franco da t orta l'adresse ci-dessus. Les annonces coütent 15 centimes la ligra Les réclames dans le corps du journal coütent30 centimes la ligne. Les i.n«e"tions judiciaires, 1 franc la ligne. Les luméros supplémentaires coütent 10 franse les cent exemplaires. Pour les annonces de France et de Belgiqae (excepté les deux Flandres) s'adresser a VAgence Iiavas Bruxelles, rue d'Argent, n° 34 et a Paris,8, Place de la Bourse. Du ier juillet au 3i aoütles administrations communales doivent procéder a la revision des listes électorales en conséquence 1'Asso ciation catholique et constitutionnelle d'Ypres adresse un pressant appel auxcatholiques de l'arrondissement de surveiller leur inscription et celle de leurs amis avec le nombre de voix auquel lis ont droit. Peuvent être inscrits les citoyens qui avant le a mai 1906 auront atteint l'age de 25 ans, sur les listes pour la Chambre et l'age de 3o ans, sur les listes pour le Sénat,la Province et la Commune et qui, au ier juillet 1905 ont une année de domicile dans la Commune, pour la Chambre, le Sénat et la Province et trois années pour la Com mune. Des votes supplémentaires peuvent être obtenus de chef soit de la contribution personnelle.soitdc la propriété d'immeubles, même en indivision, soit d'une inscription au Grand Livre de la Dette publique, ou d'un carnet de rente beige a la Caisse d'épargne et de retraite d'au moins cent francs de rente soit d'un diplome ou certificat universitaire ou d'un certificat detudes completes homologué soit de fonctions, de professions ou de positions. On n'entend plus que ca depuis la fameuse grrrande journée. On dirait vraiment que ce réveil date d'alors. Et pourtant on le procla- mait déja bien avant cette époque. Cela ne dit-il pas éloquemment toute l'importance qu'il faut attacher aces vantardises libérales! Or, les chaleurs caniculaires aidant, nous pouvons nous attendre d ores a une série de grrrandes journées et de réveil, qui, dans 1'esprit du libéralisme, doivent forcer l'en- thousiasme des masses et provoquer fine finale le coup de balai qui décléricalisera le pays. Mais encore, car il y a un maisfau- drait-il que l'enthousiasmc des chefs serve d'exemple et de stimulant a celui des milieux libéraux. Or, ce sentiment semble faire quelque peu diéfaut chez nos adversaires historiques.A preuve les nombreux avatars de la grrrande journée et le dernier fiasco de Koekelberg, la grande citadelle gueuse qui veille aux portes de la capitale maconnique. Car nos lecteurs ignorent peut être que le libéralisme a failli se réveiller dimancne a Koekelberg. On avait convoqué dans cette commune le ban et l'arrière ban du libéralis me beige, sous prétexte dassiater a la remise d'un drapeau a une quelconque harmonie de beni-bouffe toujours. Le libéralisme beige ne s'est pas dérangé et même le libéralisme bruxellois qui n'est point sorti de sa torpeur. Ce n'est pas a la suite de pareils fiascos qu'éclatera l'enth.ousiaste mouvement qui doit définitivement balayer,en 1906,s'il vous plait, le gouvernement «clérical». Ces genres de manifestation n'auront qu'un résultat elles stimuleront le zèle de nos amis. Ces insuccès du libéralisme ne peuvent d'ailleurs étonner personne. A coté de l'im- mense bien accompli par le gouvernement catholique et des riches promesses que donne sa gestion pour l'avenir, les libéraux en sont ïéduits a se présenter les mains vides. Pardon 1 lis ont un programme, idéal même, celui que proclame YEtoile dans un article, louangeur sur le Guatemala. En voici les points principaux L'Etat ne subsidie aucun culte Les couvents sont interdits Les jésuites ont été expulsés du pays en 1873 Enfin les prêtres ne peuvent porter soutane que dans leurs églises. Joli, le programme et libéral Et c'est avec cela que les libéraux espèrent soulever les montagnes et entrainer les masses Mince, alors la De la Gazette L'arcade du Cinquantenaire qui vient d'etre archevée et qui est d'une conception vraiment sage et pratique en même temps que grandiose celle - la, puisqu'elle contribue a créer un admirable quartier nouveau, l'ar cade du Cinquantenaire rappelle le jubilé de 1880 la Basilique de Koekelberg, disent les circulaires évoquera le soixante quinzième anniversaire de l'Indépendance nationale et le Walhalla, de la rue du Bastion, marquera le centenaire de cette indépen- dance. II faut done un grand monument tous les vingt-cinq ans pour célébrer l'indépendance de la Belgique. Et l'on se demande même, avec une sentiment de reprobation, a quoi pensaient les Beiges de 1855 qui n'ont rien construit du tout. Tous les vingt cinq ans done. Par consé quent, il faudra quelque chose en 1955, quelque chose de vaste, quelque chose de grandiose, car il faut faire toujours mieux. Pour iaire mieux, il faut s'y prendre a temps, et s'assurer que les Beiges d'alors ne modi- fieront par les intentions d aujourd'hui et rdaliseront ce que l'on aura projeté. Nous croyons savoir que l'on s'occupe dès a présent de cette réalisation. Un projet grandiose a été concu et nous pouvons mê me dire que l'on est entré dans la voie de l'exécution. En effet, de nombreuses acquisi tions d'immeubles ont été faites déja dans tout le quartier compris entre le boulevard Anspach et les Galeries Saint Hubert, d'une part, et les rues du Marché-aux-Poulets, du Marché-aux - Herbes, de l'Evêque et de l'Ecuyer, d'autre part. Pour d'autres immeu bles, les négociations sont en cours et l'on procédera d'ailleurs plus tard a Impropria tion par zones. Le théatre des Galeries dis- parartra, mais il sera reconstruit a proximité de son emplacement actuel. Un architecte grec a été chargé d'élaborer un plan d'ensemble et il a soumis dès a pré sent un projet. II s'agit delever, sur rempla cement que nous venons d indiquer,une vaste colline rappelant l'Accropole. Au sommet de cette colline sera édifié un monument a peu prés semblable au Panthéon, mais en plus grand. Les dimensions seront doubles au lieu de 38 metres sur 6o, l'édifice en me- surera 76 sur 120. II y aura done deux fois autant de colonnes au péristyle. Evidement, ce ne sera point le temple de Pallas a Athéne. Le fronton antérieur, au lieu de représen- ter la naissance de Minerve, évoquera celle de saint Mercure, patron de l'Expansion beige. Et toute l'ornementation sera moder- nisée. C'est ainsi que les coursiers du soleil seront remplace's par des automobiles. Ge sera trés beau. Nous avons dit que ce projet grandiose est entré dans la voie de la réalisation,c'est-a dire que les expropriations sont,de fait, entamées. Mais le conseil communal de Bruxelles et le Parlement n'auront a s'occuper du projet qu'en 1930. Leur adhésion ne fait d'ailleurs aucun doute. Les différents rapports regus sur la terrible bataille navale dans les eaux du détroit de Corée paraissent contenir enfin 1 explication de l'énormité du désastre russe, II semble en ressortir que le sous-marin a été, avec une rebellion des équipages de l'amiral Neboga- toff, un des éle'ments principaux de la victoire de l'amiral Togo. Avec une suprème habile- té, la première attaque de l'amiral nippon a été dirigée de facon a rejeter, par un feu intenable,les grandes unites russes de la haute mer vers la coté japonaise.Un fois a distance relativement faible de cette coté, les batiments de l'Armada se trouvaient presque immobi- lisés et a la portee des torpilleurs et des sous-marins a minime rayon d'action. Cela explique que les blessures auxquelles ont succombé les grands cuirasses ou croiseurs moscovites aient été faites bien moins par les obus des canons a longue portee des grands vaisseaux japonais que par des torpilles et des engins explosifs lancés de prés sur les coques. On avait annoncé a maintes reprises que le gouvernement du Mikado avait, dès le début de la guerre, fait l'acquisition en Amérique probablement de batiments submersibles qui furent montés et exerce's pendant longtemps dans le détroit de Corée. Du même coup on comprend pourquoi les amiraux nippons se sont abstenus d'attaquer l'Armada en haute mer, oü ils n'auraient pas eu l'avantage des sous-marins. Ainsi,l'histoi- re pourra trés probablement établir ce phénomène saisissantquel'intelligent Empire jaune est le premier a employer le dernier engin imaginé par le génie naval des Euro- péens, et qu'il est employé victorieusement contre les Europe'ens eux-mêmes. Une nouvelle a laquelle on s'attendait bien un peu, mais qui n'en a pas moins provoqué l'indignation de toutes les nations civilisées a mis hier en branie les échos de la presse mon diale. Alphonse XIII. a peine depuis un jour a Paris, a été l'objet d'un odieux attentat de la part des anarchistes espagnols dont la haine antimonarchique l'avait poursuivi au-dela des Pyrénées. Dieu soit loué, le jeune roi d'Espagne a la vie sauve. Mais l'épouvantable geste de l'anarchisme international n'en prouve pas moins l'impitoyable ténacité de ses adhe'rents encore aggravée par leur redoutable folie. Car les anarchistes espagnols, s'ils vou- laient se venger de la répression de Mont- juich, auraient ainsi puni Alphonse XIII pour des rigueurs exercées par sa mère, a cette époque Reine régente, alors qu'il n'était qu'un irresponsable enfant. 5 Et si ces forcenés de l'anticléricalisme l arrivé a son dernier stade voulaient faire expier au jeune Roi l'ultramontanisme qu'ils imputent a son education, ils faisaient preuve d'imbécillité absolue, puisque leur bombe eüt atteint du même coup le Président de la République M. Loubet qui se trouve a la tête du gouvernement le plus férocement anticlé- rical qui soit au monde. De toutes facons done le crime insensé qui a trouble au premier moment l'effusion des sympathies franco- espagnole, mérite de pro voquer non seulement l'unanime et énergique réprobation des masses, mais encore les me- sures de répression les plus rigoureuses de la part des pouvoirs publics qui ont pour devoir de traquer impitoyablement les êtres malfai- sants, et féroces, les fauves altéres de sang que l'anarchisme international a déchalnés contre les trones et contre les empires. Un assasin de i3 ans. A Passchendaele, un enfant de i3 ans, Valère Nuytten, a tué d'un coup de couteau, au cours d'une rixe survenue mercredi, un autre enfant, Fernand Sunpeene, agé 4de 12 ans. Depuis quelques jours, les enfants de la paroisse se préparent a la Confirmation et assistent, au début de l'après midi, au caté- chisme qui se fait a l'église. Mercredi, les garcons qui setaient déja dispute's avant la legon de catéchisme, recommengaient de plus belle a la sortie de 1 églisc. IIs s etaient divisés en deux camps, se provoquant réciproque- ment. Une partie des adversaires s'était armée de batons l'autre camp se vantait de posse'der des couteaux. Mais enfin, tout se bornait, jusque la, a des injures et a des gros mots. A un moment donné, cependant, deux gamins en vinrent aux mains, tentant de s'arracher un baton. Fernand Sunpeene intervint pour prêter main forte a son com pagnon qui allait avoir le dessous. Valère Nuytten, prenant partie pour l'autre com battant, s elanga sur Fernand Sunpeene, un couteau ouvert a la main violemment il lui porta un coup de cette arme en pleine poi- trine. Fernand Sunpeene s'abattit comme une masse sur la chaussée. Tous les enfants, qui étaient bien une vingtaine, effrayés a ce spectacle, se dispersèrent de tous cote's. Valère Nuytten s'enfuit avec les autres. Des personnes qui, de loin, avaient vu tomber Fernand Sunpeene, mais n'avaient pas remarqué-le coup de couteau donne'par Nuytten, et ne s'attendaient a rien de grave, accoururent pour relever l'enfant. Quelle ne fut pas leur stupeur, quand ils se trouvèrent en face d'un cadavre. Le malheureux garcon- net avait regu un coup de couteau en plein coeur etétait mort sur-le-champ. Le corps de la victime fut transporté a la maison communale distante seulement de quelques metres. Le garde-champêtre, aussitöt prévenu, n'eut pas de peine a connaitre l'auteur du coup de couteau. II se rendit a la maison de Valère Nuytten, oü celui-ci était déja rentré. Le gamin ne se doutait pas qu'il avait tué Fernand Sunpeene. A la question du garde- champêtre qui lui demandait pourquoi il avait frappé Fernand Sunpeene, il répondit —V35*»

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1905 | | pagina 1