Les travaux d'Anvers Allemagne Viel oi re électorale du centre en Bavière. Ecrasement du parti libéral Les graeiés de la Haute-Cour Examens m La resolution du comité central de 1' Asso ciation catholique de G and ajetéune forte impression sur le pays conservateur. Sans doute, en ne tenant pas compte des resistan ces incontestables de l'opinion aux projets militaires, on risque fort de créer dans un parti dont l union fait la force,» des cou rants contraires qui doivent, pour ainsi dire mécaniquement aboutir a une desagrégation ou tout au moins a un dédoublement. Mais on ne peut oublier d atre part que, pour peu que ces divergences se prolougent et s'accentuent, il est a redouter qu'elles ne s'affirment au détriment d une homogénéité qui nous est plus nécessaire que jamais. Or, a en croire certains pronosties,la ma jorité de la Chambre semble vouloir rejeter le projet en bloc. Rejeter, c est bien. Mais les Anversois réclament une compensation. Et le minis tère qui remplacerait le cabinet actuel, la leur donnerait il? C est improbable puisqu'il en serait réduit a tourner dans un cercle vicieux. Entretemps, voila le chef du cabinet renié par ses propres électeurs. Or, que nos amis ne croient pas que pour peu que cette intenable situation perdure, le projet risque de se voir écarté pour tou- jours. Illusion Car nos dissensions en face de la concen tration des forces ennemies peuvent nous jouer des tours pendables. Supposons nos adversaires revenus au pouvoir, resteront ils logiques avec eux mémes, laisseront-ils les forts d'Anvers dans les cartons? Au contrai re. Nous voici charitablement prévenus par les intéressés eux-mêmes Ainsi, la Chronique croit opportun d'an- noncer a ses lecteurs que si la gauche vote contre le projet des fortifications d'Anvers c'est uniquement pour faire pièce au minis tère et nullement paree que le libéralisme renonce a ses anciens errements en fait de charges militaires. 11 doit être entendu, dit-elle, que le ser vice personnel, 1'aholition des privileges en matière de milice et tous les sacrifices né- cessaires pour ladéfense de notre neutra lité sont dans notre programme L'Etoile Beige formule une déclaration analogue. Elle va même jusqu'a dire que si le service général avait été décrété, le projet de réfection de la place d'Anvers rencontrerait moins d'opposition dans la gauche libérale et les socialistes auraient perdu la meilleure de leurs armes. Ces aveux de la presse libérale méritent d'être relevés et soulignés. Une des objections les plus accreditees contre les travaux d Anvers, c'est que le développement formidable des fortifications nécessistera un renforcement d'effectif, hors de proportion avec le róle modeste et les ressources de notre pays. A quoi les défenseurs du projet répon- dent.mais sans convaincrepersonne,surtout dans le monde militaire, qu'il ne faudra pas un homme de plus. Les libéraux, eux, ont trouvé mieux. Us décréteront le service universelaprès quoi il faudra bien construire les forts et même en construire de plus nombreux encore, ne füt-ce que pour loger tant de monde. Le problème sera alors non pas de trouver des hommes pour défendre les forts, mais de multiplier les forts pour y installer les hommes. Quoi qu'il en soit, le terrain sur lequel se meut le débat actuel semble insuffisamment apprêté le projet lui-même n'est pas mör, et la hate du ministère a le déposer et a le mettre en discussion, l'empressement de nos amis a l'écarter a priori et l'attitude dou- teuse des gauches sont des motifs plus que suffisants pour autoriser une remise. Les fètes que nous célébrons en ce mo ment même ou le monde civilisé a les yeux sur la petite Belgique indépendante, libre et prospère, auraient dü constituer dès l'abord un obstacle national a la precipi tation avec laquelle on semble avoir agi en haut lieu. Or, il n'est jamais trop tard pour bien faire. Beiges, unis, gardons religieusement la trève politique que commande le jubilé du 75c anniversaire refoulons au moins jus qu'a la session de novembre les noirs nuages qui obscurcissent l'horizon des partis. Le temps, ce grand médiateur, les aura peut- être volatilises pour lors et nous pourrons, sans peur,mais aussi sans reprocbe, aborder 1'examen dune question que quelques mois de recueillement auront fait müre pour les dóbats parlementaires. II y a cei tenement, dans cette affaire, des dessous/qui seront e'claircis. Mais, tout dabord, il en résulte, aux yeux du plus grand ryótnbre, que 1 amnistie a été l'objet de négöciations qui se poursuivent depuis de ltfngs mois. La rentree de M. De'roulède était la ran- con des de'lateurs. Tel est le cri général. Et ce qui le prouve surabondamment c'est la sortie de M. Berteaux, qui a pris feu au moment oü M. Lasies attaquait le généra André. C'est la fureur de Marcel Habert contre le depute du Gcrs, a cause de cela même. C'est la grace accordée a tous ceux qui sont vises par le projet d'amnistie, té- moignant ainsi le désir ardent d'amnistier les délateurs. Au point de vue politique, la situation semble devenue fort nette. L'affaire de dela tion, restée en suspens jusqu a présent ren- tre en scène et elle y entre par son cöté Ie plus irritant. Le coup de scène de jeudi met nettement aux prises les deux elements qui composent le cabinet. II révèle deplus que, dans la Chambre, le mépris du mouchar- dat maconnique est loin d'etre efface. On l'a bien vu aux applaudissements qui ont accueilli les paroles cinglantes de M. La sies et qui ont redoublé lorqu'il a dit, en parlantdu général Andre C'est lui qui a fait appel a toutes les mauvaises passions, a toutes les ambitions de'eues, a toutes les me'diocrite's, en organi- sant cette cohorte que la France n'avait jamais connue. II lui a dit Faites-vous, les uns et les autres, les amis de vos camarades, scrutez leur cons cience, écoutez leurs confidences. L'un d'eux vous invite t il a la première communion de sa fille, allez y. Puis, après avoir participé gaiement aux joies de la familie,rentrez chez vous, trempez votre plume dans le venin, rédigez la fiche. Que votre foyer soit d'au- tant plus cordial que plus grande doit être votre trahison. Epiez, écoutez aux portes, pour recueillir jusqu a la prière que mur- mure l'enfant. Dénoncez sans cesse, rédigez les fiches sans relache. Songez que votre besogne louche ira briser toute une carrière de longs services. M. Rouvier, en clöturant brusquement la session, s'est évidemment rendu compte de ce double danger. Quelle solution apportera-t-il a la division profonde qui existe dans le cabinet Nul ne le sait encore. Mais il a pu se convaincre,par l'attitude énergique de la droite et du centre, qu'aucune habileté ne saurait avoir raison du dégoöt profond qu'inspirent les délateurs. Un député disait a ce propos L'affaire aura un énorme retentissement dans le pays. On s'est flatté, dans les regions gouverne- mentales, d'effacer le souvenir des fiches. M. Rouvier et M. Berteaux, qui sont, l'un et l'autre, partis de cette conception, ont pu se convaincre de la fausseté de leur calcul, même établi sur la coupable faiblesse de certains nationalistes. L'accord étant établi sur la question de principe entre le parti du centre et le parti socialiste, conduit par M. de Vollmar, il fut convenu entre les deux partis que, en cas de ballotage entre un liberaladversaire de toute reforme électorale, et un partisan de la reforme, soit socialiste, soit catholique, on se prêterait aide et assistance. De ce fait trés simple, la presse libérale a tire la conclusion absolument fausse que le centre etles socialistes bavarois aient conclu une alliance. Pour aboutir a la reforme électorale, la Cbambre doit fournir une majorité des deux tiers. Le centre comptait dans l'ancienne Chambre 8o membres dans la nouvelle Chambre, il en comptera 102, a 4 membres prés il disposera done a lui seul des deux tiers de la Chambre. Les socialistes, qui comptaient dans l'an cienne Chambre 11 membres, n'en auront, dans la nouvelle Chambre, que 10. L.es deux partis, syndiqués éventuellement pour les ballotages, ont marché sépare'ment contre le parti libéral. Le cabinet bavarois se compose en ma jeure partie de ministres libéraux et protes tants. Comme l'avait prédit le docteur Schadler, le chef du centre bavarois, il devra déguerpir. Lundi dernier ont eu lieu en Bavière les élections générales pour la Chambre des députés. Celle-ci compte i5o membres, élus au suffrage a deux degrés. On a procédé lundi aux élections du premier degré et le résultat, qui sera seulement définitif après élection du second degré, consacre pour un terme de six ans la prédominance a une ma jorité des deux tiers environ du parti du cen tre. La dissolution de la Chambre bavaroise avait été prononcée a la suite des difficultés résultant de la réforme électorale dans le sens de l'cmpire allemand, réclamé par le centre et le parti socialiste. Le parti libéral s'obstinait a conserver l'ancien système qui se rapproche du systè- me prussien et lui permettait de maintenir sa prépondérance capitaliste dans les grands centres industriels. L'enjeu des élections actuelles était donc uniquement la réforme électorale. Les incidents qui se sont produits a la Chambre fran9aise Jeudi, a Toccasion de l'examen du projet de loi d'amnistie, dit l'«Etoile» nous imposaient le dévoir de faire i une nouvelle visite non plus aux «amnistiés», I mais aux «graeiés». En effet, a Tissue de la séance de la Chambre des députés, les minis tres se sont, parait-il, réunis en séance de cabinet et ils décidèrent de soummettre au président de la République un décret de grace au profit de tous ceux que devait atteindre Tamnistie. Ce décret fut signé par le chef d'Etat. Tout cela résulte de communications téié- graphiques et théléphoniques faites aux deux exilés de Bruxelles par leurs amis de Paris. Comment MM. André Buffet et le comte de Lur-Saluces allaient-ils accueillir cette me- 1 sure de clémence Le point d'interrogation j était intéressant. II était dix heures du soir lorsque nous j nous présentons chez M. André Buffet, rue Saint-Bernard a Saint-Gilles. Nous consta- tons de suite qu'il règne dans la maison du proscrit une animation inusitée, malgré Theure tardive. M. André Buffet est absent. Mais M. le comte de Lur-Saluces est chez son ami et compagnon d'exil avec lequel il est venu conférer. M. le comte de Lur Saluces apparait bienlöt dans ce même petit salon plein de souvenirs offerts par le due d'Orléans a son fidéle ami. Cette fois, le condamné de la Haute-Cour nous apparalt agité, nerveux. Et comme nous lui aemandons Acceptez- vous la grace qui vous est offerte il nous déclare J'ai la liberté de rentrer en France, je ne me donnerai pas le ridicule de rester a Tétranger. Cela c'est certain. Au surplus, si vous voulez connaitre mon sentiment sur les derniers incidents, lisez ce télégramme que je vais expédier au président de la Répu blique. Voici ce document, fidèlement transcrit Président de la République, Paris. Après avoir voulu nous infliger la honte de servir de rancon aux infames coquins dont la présence dans les rangs de 1 arme'e et de la Légion d honneur est un opprobre pour notre pays, le gouvernement que vous prétendez diriger, mais dont en re'alité, vous exécutez docilement les ordres, a voulu se venger de son échec en vous mettant en de- meure de signer notre grace. II ne vous en coütera pas plus d'apposer votre nom au bas de cette vilénie que de tant d'autres infamies sanctionne'es par vous depuis que vous êtes au pouvoir. J'accueillerai avec le mépris qu'elle mérite, cette mesure dont le ridicule rcjaillit sur ccux-la seuls qui l'ont décidée. Je me borne a constater que j'aurai sans doute la liberté de rentrer en France, et comme témoignage de ma gratitude, je vous prie, Monsieur, de trouver ici Texpres- sion d'une considération dont ce qui précède vous permet de juger la nature et le degré. (Signé) Comte de Lur-Saluces. Voila comment je veux rentrer en Fran ce, ajoute le comte de Lur-Saluces. II faut que Ton sache comment nous accueillons la mesure qui va être promulguée a notre pro- fit. Cependant, fort tard dans la soirée, M. le comte de Lur-Saluces s'est ravisé et il n'a pas envoyé téle'graphiquement cette dé claration a M. Loubet. II a craint que celle- ci ne soit intercepted en cours de route et n'arrive point a destination. C'est donc sous forme de lettre adressée au président de la République qu'il lui a transmis ce qui précè de. Et, par mesure de precaution, M. le comte de Lur-Saluces a expédié sa missive jeudi soir, sous enveloppe cachetée, a un ami de Paris, en le priant de la faire par- venir a son destinataire, dès la première heure ce matin. Tandis que nous nous entretenions ave: M. le comte de Lur-Saluces, survient M. An dré Buffet. Alors, disons-nous, vous voila non am- nistié, mais gracie' Vous allez donc pou voir rentrer en France tout de suite. Tout de suite Mais comment donc, et ce soir même encore bien. Vous plaisantez, interrompons-nous. Je ne plaisante pas du tout. J'ai même prévenu de mon arrivée le président de la République. Au surplus, lisez. Voici le télé gramme que je viens de lui expédier. Et M. Buffet nous tend une copie de ce document que nous transcrivons textuelle- ment Monsieur le président de la République francaise, Paris. Monsieur le président n L'amnistie qui nous confondait avec d'ignobles personnages ne pouvaitêtre humi- liante pour nous, faite par la Chambre. La grèce générale que Ton m annonce et qui nous confondrait par votre fait avec ces mê- mes personnages serait aussi humiliante pour vous que pour nous.Cette nuit même je serai en France, rentré arant votre grace. Je veux vous donner le moyen légal de m exclure de cette déconsidérante confusion de clémence. (Signé) André BUFFET. Mais, faisons-nous remarquer, vous allez vou»<kire arrêter. Que mimporte. Ce sera ma manière a moi de ne pas accepter la grace, puisque ainsi lonpourra m en exclure. Et vous partez ce soir Ce soir même je quitterai la Belgique. Je pars avec mon jeune fils. II a demandé de pouvoir accompagner son père. Jai consenti. Si Ton m'arrête, il partagera ma celluie. Ce sera la la seule grace que je demanderai. Et, tandis que nous causions avec M. Buffet, une dépêche il en est parvenu toute la soirée rue Saint-Bernard lui est remise. Elle vient encore de Paris et annon. ce 1 arrivée d amis politiques qui viennent conférer avec M. Buffet. lis ne se douteront pas, nous dit Ie proscrit, qu'ils me croiseront en route. A moins que l'on ne m'arrête la frontière. Qui sait? A minuit, M. Buffet prenait place avec son fils dans un coupé de Texpress de Paris quit- tant la gare du Midi a minuit. M. Buffet est parti sans le moindre bagage. Au moment 011 le train va s'ébranler, il nous tend la main. Je ne vous dis pas au revoir car qui sait quand nous nous reverrons. Que fera-t- on de moi, je 1 ignore. Mais peutêtre va-t-on m'emprisonner pour plusieurs années.» Le train était parti lorsque le comte de Lur Saluces est arrivé a la gare du Midi. II n'a pas eu la joie de serrer les mains de son compagnon d'exil au moment de la sé- paration. M. de Lur-Saluces nous déclare qu'a moins d incidents nouveaux, il repren- dra a son tour la route de France dimanche prochain. M. Léon Demeersseman deLanghemarck, ancien élève du collége St Vincent, a subi avec succes 1 examen de docteur en médecine ie« épreuve), M. Maurice van den Bulcke de Zonnebeke ancien élève du collége St Vincent, a subi avec succès l'examen de docteur en médecine (2« épreuve) M. Isidore Notteau de Dranoutre, ancien élève du collége St Vincent, a passé avec distinction l'examen de candidature en scien ces naturelles et en médecine (2e épreuve).

HISTORISCHE KRANTEN

Journal d’Ypres (1874-1913) | 1905 | | pagina 2