MONE VÜ' QQ1 Samedi BO Septembre I90d 10 centimes le N 40 A:^ N°B552 IYIT I Jj Aux Abois Les mauvaises raisons de YEloile Beige Sonner aux portes l TTS s'abonne rue au Beurre, 36, a Ypres, et k tous les bureaux de poste du rryaurae. Dans sa (Psychologiedu socialisme,) M. GustaveLe Bon a démontré d'une faijon saisissante que le socialisme est, on quelque sorte, a l'heure pré sente, une maiadie mentale des peuples latins, lis y innlioeot par la structure même de leur esprit et il est presque inévitable qu'un ou plusieurs pcup'es «latins» en fassent, un jour, !a terrible et désastreusö experience. Le pcuple francais, le plus hardi et le plus avancé des peuples latins, devait être le premier a se ressentir de cette ie pon expéri- mentale. L'autre jour, un fait cons'dérable s'est produit au Grand-Orient de France, ou se tenait le convent an nuel. Par 107 voix sur 181 présents, la solution sociale du collectivisme a été acclamée. La nouvelle est singuiièrement im portante. La France est, en effet, gou- vernée par des francs-masons, et dc- puis quelques années, l'action de la franc-maQonnerie sur la politique intérieure dece grand pays est indé- niable. On peut s'étonner de voir le Grand- Orient acclamer le collectivisme. C'est que d'abord, les loges francaises ont fait une place si large a i'élément radical que celui ci a flni par en prendre la direction. Ensuite, dans le domaine de la politique, le radica lisme des francs-magons a glissé, petit a petit, jusqu'au socialisme, lis y sont arrivés aujourd'hui et ils le procla- rnent ouvertement. D'autre part, le gouvernement francais a fatalement suivi {'impul sion que voulait lui donner la frac tion avancée de la maQinnerie etainsi il a travailié a précipiter les événements. La France marche a grands pas, sur la route des catastrophes et des crises anarchiques, vers l'établisse- ment du despotisme césarien. L'imminence du désastre a ouvert les yeux aux moins clairvoyants et on assiste aujourd'hui au lamentable spectacle de i'effarement des radicaux francaisdevant i'orientation nouvelle quoique logique el prévue des collectivistes révolutionnaires. Les plus chauds partisans du Com- bisme viennent a résipiscence et déploreni le mal qui a été commis, trop souvent a leur instigation, avec leur approbation toujours. Les notes du jour de l'Indépen- dance,un de nos organes anticléri- caux les plus sectaires, se font le curieux écho de cette mentalité nouvelle. Le correspondant parisien de la feuille libérale écrit Qu'on se soit montré trop complai sant cour les collectivistes, c'est in- discutable. Ce n'est pas en vain que pendant trois ans M. Gombes avait abdiqué son initiative de propaganda entre les mains de M. Jaurès, qui a été le naaitre, et commé c'est un habile homme, trèspratiq c, trés disposé a profiter des avantages qui se présen ten!, i! ii'eu garde de rien négliger durant cette période oü ii comman- dait en maitre a la majorité qui lui obéissait&u doigt et a l'ceil, le regar dant dociiernent pour savoir si elle devait ou non permettre a un membre de ropDOsitiojfi de pari r a la tribune. Rappelons la démarche faite par une dé'égation radicale de Sa Chambre, qui allait se plaindre a M, Gombes que des mesures refusées aux radicaux étaient er suite accordées a M. Jaurès. Ge sont de petits faits démontrant la grande influence qu'on a laissé pren dre a M. Jaurès, qui en a usé en fa veur de son partiqu'y a-t-il done d'étonnant a ce que nous assis'ions aujourd'hui aux résuitats inévitables d'une pareille politique? li est entendu que les collectivistes révolutionnaires vont Jutter contre les radicaux par tout ou lis espèrent la victoire. 11 y a longteinps que nous sommes fixés a eet égard et que plu sieurs de nos amis sont préparés a cette éventualité.Les révolutionnaires conquerront ainsi un certain nombre de s.èges. Le gros danger est de voir les an ciens boulangistes et les cléricaux se porter du cöté révolutionnaire dans le seui but d'écraser les républieains du bloc, de manière a rendre tout gouvernement de gauche anticlérical impossible et d'obligerla future Cham bre a faire machine en arrière Le plan n'est pas indigne de la tactique des Jésuites, qui se remuent beaucoup et qui exerccnt dans cette Chambre même une influence en dehors de leurs amisle fait n'est pas igooré C'est de ce cöté qu'il faut vei lier. Et c'est, ici que t'on se pose la question de savoir si pour livrer ce combat, qui ce sera pas sans danger et dont le résultat peut être pécisif, on n'au- rait pas besoia d'une direction éner- gique et ferme qui manque en ce moment Tel est l'état d'arne des mieux avisés parmi les radicaux qui naguère ne juraient que par le Gomlismeet nont l'aveuglement a mené ia France aux bordsde l'abimei! leur semble que leur dernier ioursoit ven i et ils re- Qoivent avec des airs contrits les con solations des républieains modérés, qui leur font des avances et des s gnes engageants. Or, nos libéraux beiges roulent sur Sa mème pente et sont incapabies de s'arrêter, quelque désir qu'ils en éprouveptles vicissitudes des luttes électorales et des manoeuvres de par tis finisseot toujours par les entrainer a la suite des s cialistcs. Ils maugréent, mais ils suivent. Ils s'arrètent un in stant, l'ifislant qui suit les voit re- prendre ieur marche a l'abime. Ils sont incapabies de rompro définitive- ment avec le socialisme et de le coc- sidérer comme un ennemi. Pour eux, le cléricalisme est Vennemiselon une formule céièbre; et pour le combattre ils n'hésitent pas a se livrer a un ennemi, véritablement dangereux celui-la, et a lui livrer du même coup l'avenir de ia soeiété oü ils vivent. Gependant, une chance nous reste que n'ont pius nos voisins. En effet, une fraction importante de la bourgeoisie fra-Qaise est enré- gimentée dans la franc-maponnerie ou se iaisse diriger par eiie, et celle- ci adbère officiell meniau socialisme comme l'atteste l'ordre du jour du Grand Oriënt. En Beigique, par bonheur, la bour geoisie conservatrice l'emporte de beaucoupsur la bourgeoisiedévoyée. Chez nos voisins du sud, le danger est done plus grand. Espérons que l'expérieïme du socialisme faite par la France aux abois, anéantiraparmi les dévoyés de chez nous la croyance au socialisme et ouvrira les yeux aux sectaires de tout ordre chez qui l'eau I venait a la bouche rien que de son- ger aux hienfaits du régime combisie dont ils brülaient d'instaurer l'ère en Beigique. (La Patrie). ivasamxaesrjsxm ■"fit ^jf/noTiai w T'.iStn VO i ,'n Le JOURNAL D'YPHES parait ie Mercredi et le Samedi. Le prix de rabormement, payable par anticipation, est do 5 fr. 50 c. par an pour tout le pays; pour l'étranger le port en sus. Les abonnement* sont d'uu an et se régularisent fin Dóeembre. Les articles et communications doivent ótre adressés franco do orta radresse ci-dessus. Les annonces coütent IS centimes la ligre Les réclames dans lo corps du journa content 30 centimes la ligne. Les insertions judiciaires, 13 franc !a ligne. Les tuméros supplémentaires coütent 10 fraais les cent exemplaires. Pour les annonces de France et de Beigique (excepté les deux Flandres) s'adresset a VAgence Eavas Bruxelles. rue d'Argent, n° 34 et a Paris,8. Place de la Bourse. L'«Etoile» pretend que dans la déclaration des gauches, qui sert de programme au parti, il n'y a rien qui soit contraire a la liberté comme en Beigique», et que pour taire du combisme le parti libéral devrait reviser la Constitution,ce qui est impossible, j Ah! le bon billet vraiment. La de'claration des gauches est un docu ment de peu d'importance en l'espèce. Tout y est vague, calculé pour entrainer l'adhésion de tous les membres de la gauche, malgré leurs profondes divergences. II s'agissait de de satisfaire le radicalisme de MM. Janson et Féron et ce qui peut rester de scrupules doctrinaires au groupe Huysmans, le secta- risme de M. Goblet d'Alviella et la modera tion relative de M. Dupont. Et pourtant cette de'claration est carrément hostile a la liberté de l'enseignement catholique. On y lit: L'enseignement public a tous les degrés doit être affranchie de toute influence confes- sionnelle. II doit relever exclusivement de l'autorité civile. II y a lieu de supprimer toutes mesures tendant a fovoriser l'enseigne ment confessionel. Notons bien cette dernière phrase. L'en- seignent libre pourrait done être subsidié, «pourvu qu'il ne soit pas confessionnel Cela montre le caractère nettement antireli- gieux que prend le parti libéral. Peu impor tent les services que rend l'enseignement libre, s'il est catholique.il doit être proscrit. Mais vous avez la liberté de l'enseignement riposte l'« Etoile et quand nous le vou- drions, il nous serait impossible de la supprimer. En droit, oui. En fait, non. En fait, les libéraux pourront violer la Constitution et ils la violeraient. Déja le 4 mars 1884, dans le rapport qu'il déposait au nom de commission d'enquête scolaire, M. Vanderkindere, représentant de Bruxelles en indiquait les moyens c'était d'attacher des privilèges a la fréquentation de l'école soumise a l'inspection de l'Etat tels que la reduction du service militaire, la préférence pour 1'admisBion aux emplois publics, etc. Voila comment les libéraux entendent respecter la liberté d'enseignement, Et qu'on ne vienne pas nous dire que ce sont la de vieilles histoires, M. Paul Janson a repris les mêmes idéés dansun article publié par le Ralliement le 34 février 1904. Les libéraux, s'ils avaient le pouvoir, épuiseraient tous les moyens de nuire a la liberté de l'enseignement. Ils n'ont cessé d'entraver dans la mesure de leurs moyens, le dévelop- pement de l'enseignement libre. II est bien évident que ces admirateurs de M. Combes chercheront a se rapprocher de leur idéal autant que le permet le malheur des temps, lequel empêche que l'on supprime l'enseigne ment libre. Nous n'avoas parlé jusqu'ici que de la liberté d'enseignement et nous n'avons pas dit un mot de l'influence qu'exerceraient nécessairement sur un gouvernement libéral ses allies socialistes. II nous resterait done beaucoup a dire. Mais ce que nous avons dit suffit a montrer la valeur des raisons de l'wEtoile Beige XX. Ne l'avez vous jamais fait pour votre part, allons, voyons, parlez franchement Ainsi nous pressait un interlocuteur dans un échan- ge de vues au sujet de cette palpitante question les uns estimant que le fait de sonner aux portes, par soi-disant farce, était chose indigne des meditations d'un esprit philosophique, les autres que c'était un acte malse'ant, indigne d'un être bien élevé. II nous fallut convenir qu'il nous était en effet arrivé, au cours de nos années juvéniles, de nous octroyer ce plaisir aussi peu coüteux que stupide, sous l'empire de eet alacrité, un des plus beaux apanages de la prime jeunesse, qui pousse a toutes sortes de manifestations tumultueuses, indifférentes ou coupables.

HISTORISCHE KRANTEN

Journal d’Ypres (1874-1913) | 1905 | | pagina 1