ORGANE CATHOLIQUE
DE L'ARRONDISSEMENT
Avis
TELEPHONE 52
GMMM/QVE YPROfSE
Mercredi 22 Novembre 1905
40 Aisnék N° 3365
CONCE B T-PROMENADE
Concert
i/exemple d'une
mort chrétienne
Souvenirs rétrospectifs
Aux écoles
Un ami de Combes
Garde Catholique
10 centimes le N
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d'Ypres pnur 1906 recevront le Jour
nal gratuiiemeut jusqu'au nouvel au.
DIMANCHE 28 NOVEMRRE
a 5 1/2 h. de relevée
par la FA JSFAIIE RO TA lE
Un attentat
Le Comte de Flandre anecclotique
JO
JOURNAL D'YPRES
Le JOURNAL D'YPRES parait le Mercredi et le Samedi.
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a la Salie Pauwels
PROGRAMME
i. Salvator-Marsch ARM. OMERS
a. Fidelio, fantaisie
Ludw. von Beethoven
3. Respectueux hommage L. CANIVEZ
4. Marche aux Flambeaux n° 1
G. Meyerbeer
5. Mignonne, valse L. CANIVEZ
F.ntrée par le Marché-bas.
A 7 heures du soir, a la Salie Iweins,
banquet de la Ste Cécile.
Le premier grand Concert de la Fanfare
sera donné a la Salie Iweins, le Dimanche
10 Décembre prochain a 7 1/2 h. du soir.
Pour ceite fête la Fanfare s'est assuré le
Concours d'artistes de tout premier ordre.
Nous donnerons le programme dans un
prochain numéro.
Un de nos amis qui a pu assister a la
mort de Mgr le Comte de Flandre, nous
en communique a 1 intention de nos lecteurs
le récit suivant qu'on ne lira pas sans
émotion
J'estime que tout a été dit sur S. A. R.
Mgr le Comte de Flandre. Les journaux
ont donné des notices biographiques, des
gestes anecdotiques. Tous ont additionné
les détails plus ou moins authentiques des
derniers moments de l'illustre défunt.
Je n'ai pas l intention de revenir sur tout
cela. Je tiens cependant a attirer l'attention
sur cette mort profondément chrétienne et
sur l'impression profonde et ineffacable qu'a
produite sur tous les témoins cette scène
tragique a la fois et patriarcale.
La nuit de mercredi a jeudi fut mauvaise.
Le matin, les médecins déclarèrent la
situation grave. Dans presque toutes les
families même chrétiennes c'est une
heure d'hésitation. Tout le monde songe au
prêtre et personne n'ose en parler. On a peur
d'effrayer le malade.
Ici l'esprit de Foi domine toute autre
preoccupation. La situation est reconnue
grave la première chose que l'on fera, c'est
de faire venir le ministre de Dieu.
Son Altesse Royale l'accueille avec sa
bonhomie habituelle. Le Comte a conscience
de son état et trouve tout naturel de se pré-
parer a la mort.D ailleurs,M. le curé Quirini
est son ami et son confident depuis de
longues années.
Le mal empirant toujours, vers le soir on
trouve que le moment est venu de faire
administrer le malade. La familie tout entière
est a genoux autour du lit la Comtesse de
Flandre, le Prince et la Princesse Albert,
le due et la duchesse de Vendöme. Les dames
d'honneur et tous les dignitaires cette
autre familie du Comte de Flandre - sont
la. Tout le monde prie a genoux, tout le
monde a les larmes aux yeux, pendant
1 auguste cérémonie. Une douleur immense
et sympathique règne dans cette vaste pièce
qui est un musée de souvenirs de familie.
Au-dessus du lit un grand Christ peint étend
ses bras misericordieux. Tout autour, les
portraits de Léopold Ier, de Marie-Louise,
de Baudouin, etc.
La voix du curé s'éteint dans une absolu
tion suprème. Les rites sont accomplis, la
mort peut venir. Le grand cbrétien a com-
battu le bon combat, il attend avec foi la
recompense. II déclare d'ailleurs a plusieurs
reprises qu'il n'a pas peur.
Le malade passera une longue et pénible
nuit. Toute la familie, princes et princesses,
restera autour du lit,sans prendre un moment
de repos, entourant leur cher malade de
mille soins, écoutant ses suprêmes conseils.
Le matin venu, un mieux se produit. Si
l'on se décide a prendre quelques instants
congé du malade, c'est pour aller a la messe
dans la chapelle privée du palais.
Mais bientot le mal reprend plus cruel.
C'est la crise finale. Vers 10 heures l'agonie
commence, M. le curé dit les prières des
agonisants. Des larmes coulent de tous les
yeux.Les princes et princesses sont a genoux,
appuyés sur le lit, la gorge étranglée par les
sanglots muets. Le prince Albert tient la
main de son père. A différentes reprises il
relève le crucifix tombé des mains du mori-
bond et le replace sur sa poitrine haletante.
M. Quirini achève les dernières prières et
donne le Christ a baiser au mourant. La
respiration devient de plus en plus pénible.
Madame la Comtesse de Flandre tient dans
ses bras, son mari, la tête appuyée contre la
sienne et recueille dans un dernier baiser,
son dernier soupir.
La mort a fait son oeuvre. Un sanglot
protond, immense, silencieux, plane dans
la salie. Les princes et Tes princesses em-
brassent le corps de leur père désormais
inanimé, et étreignent leur mère avec ten-
dresse. Leur douleur est pénible a voir. Les
larmes coulent silencieuses. A M. Quirini
qui lui dit des paroles d'espérance éternelle,
la Comiesse répond Je suis süre qu'il es^
dansleseinde Dieu.
Puis le visage baigné de larmes, calme et
résignée, elle recoit les compliments de con
doléance des dignitaires du palais, embrasse
les dames d'honneur et se retire dans ses
appartements pour pleurer et prier plus a
l'aise avec ses enfants.
Voilala mort chrétienne de eet homme
noble, simple et droit que fut le comte de
Flandre. 11 faut avoir assisté a ce spectacle
hautement chrétien pour s'en faire une idee.
Quel exemple pour nous tous Quel exam
ple pour le prince héritier de la Belgique
II faut que le public sache ces choses. II
faut que les Beiges sachent comment meu-
rent leurs Princes. II faut que l'on proclame
l'héroïsme de cette femme sublime chré
tienneet de tous ses enfants. II faut que
l'on redise comment mourut le père de notre
futur Roi, et combien chre'tiennement et
noblement ce dernier assista son père mou
rant.
Le comte de Flandre est étendu simple-
ment sur un lit tout blanc, dans la chambre
pleine de souvenirs oü il mourut. Une main
pieuse a serné sur sa couche des fleurs blan
ches. La mort a redressé la haute taille du
prince, courbe'e plus encore par les souftVan-
ces que par les années. II est beau dans son
riche uniforme de licutenant-général. Le
calme le plus grand règne sur son visage.
Dans ses mains jointes il tient le crucifix.
Dans un coin deux sceurs noires veillent.Sur
un prie Dieu la comtesse forte et résignée
prie plus loin on roit le prêtre et quelques
familiers. Sur le mur, les portraits de Bau
douin, de Léopold, de la douce Marie-Loui
se, semblent regarder le prince qui dort du
sommeil éternel, et au milieu du panneau,le
grapd Christ xnourant étend sur le défunt
ses bras miséricordieux...
Courrier de Bruxelles
Se rapelle.t-on l'incident dramatique qui
marqua un jour la promenade coutumière du
comte de Flandre
Le frére de notre Roi se promenait, au
cours d'un après midi sur les boulevards
extérieurs, quand, a son passage, retentirent
plusieurs coups de révolver. L'officier d'or-
donnance qui l'accompagnait ce jour-la,
comte Pierre van der Straeten - Waillet,
croyant la vie du prince menacée, tira son
sable et, se lancant sur un homme qui
tenait en main un revolver fumant, le blessa
d'un coup de pointe, alors que les agents
de police, attire's par le bruit des detona
tions, accoururent et arrêtèrent le quidam.
Tout s'expliqua alors le susdit quidam
qui avait eu a se plaindre du général de
cavalerie L'Olivier, décédé depuis, était a
la recherche de celui-ci et l'ayant croisé
sur les boulevards, au moment oü y passait
le comte de Flandre, avait décharge, sans
l'atteindre heureusement, plusieurs coups
du revolver dont il s'était armé dans cette
intention.
L'affaire se dénoua devant les tribunaux.
Le comte de Flandre, pour n'être pas un
Nemrod d'une ferveur outrée, fut un bon
chasseur. II aimait particulièrement ses
chasses de l'Hertogenwald, ce qui l'amenait
fréquemment a Verviers Mais il avait pris
en grippe si l'on peut dire le buffet de
première classe de la gare, oü les verres a
bière étaient trop petits selon son gré. II se
rendit done en 3e classe, oü le tenancier
avait eu l'idée d'acheter a l intention exclu
sive du prince Philippe un verre a bière d'un
demi litre. A l'aller comme au retour de ses
chasses le comte de Flandre ingurgitait ses
deux authentiques demis qu'il payait ré-
gulièrement 20 francs. II y ajoutait une pe
tite somme pour une régalade du personnel
de service des chemins de fer et de la doua
ne. C est alors qu'on le voyait allumer une
grosse pipe. Mais si au depart de Verviers,
Madame la comtesse de Flandre voyageait
avec lui, il mettait une grande coquetterie
a ne point paraitre devant elle en fumant.
II «trainait» volontiers sur le quai avant de
s'embarquer et il suffisait a la comtesse de
Handre de lui dire, presque a voix basse
(on sait que le comte avait I'oreiile dure)
II est temps, Monseigneur pour qu'il ré-
pondit aussitot(1 Oui, madame
M. deTrooz, ministre de l'intérieur vient
d'adresser aux inspecteurs principaux de l'en-
seignement primaire une circulaire engageant
d'urgence les administrations communales
et les directeurs des établissements adoptés
et subsidiés a fermer leurs écoles en signe
de deuil le jour des funérailles du Comte de
j Flandre.
I J
j Les journaux américains rapportent qu'un
riche Allemand des Etats-Unis, un certain
M. Herman Menz, vient d'élever une statue
a Satan, sur un monticule qui se dresse au
milieu de sa propriété de campagne, a peu
de distance de New-York.
Ce sataniste fait plus. Par des brochures
qu'il distribue gratuitement, il proclame
t urbi et orbi sa foi en un diable unique.
j C'est pour affirmer cette conviction, dit-il,
qu'il a fait élever a Satan, le monument qu'il
vient d'inaugurer en grande pompe,ces jours
derniers.
La statue, haute de cinq metres sans
compter le piédestal, représente Lucifer ac-
croupi comme un faune sur un rocher et pret
a bondir sur le monde; son front est orné des
deux cornes traditionnclles et l'une des
mains se cramponne au manche d'une four-
che.
Les habitants du district, furieux, ont me
nace de forcer les portes du domaine de M.
Menz et de démolir l'énorme symbole d'im-
piété et d'idoldtrie.
Dans cette ignoble histoire, une chose in
téresse surtout les Francais c'est que le sa
taniste Herman Menz, avait eu Lintention
d inviter M. Emile Combes, Landen ministre
a présider la cérémonie d'inauguration.
Dimanche soir, a 7 heures, a eu lieu au
Volkshuis le grand banquet annuel de
la Garde Catholique; 600 membres actifs et
90 membres d'honneur étaient présents.
Remarqués MM. Sobry, conseiller com
munal, président de la Garde Boone, pré
sident d'honneur baron de Vinck,sénateur;
Colaert, député et bourgmestre d'Ypres
Struye, ancien sénateur et échevin Fraeijs,
conseiller provincial Vandenboogaerde,
échevin Bouquet, conseiller communal et
vioe-président de la Gardechanoine De
Brouwer, curé-doyen les curés des diffé
rentes paroisses et un grand nombre d'autres
notabilités du parti catholique.
Vers la fin du banquet, le chanoine De
Brouwer prend la parole pour proposer la
santé du Saint-Père le Pape Pie X, un des
grands amis de la classe ouvrière en général
et de la Garde catholique en particulier. II
expo.-e la grande part que la Garde catho
lique prend daas le deuil qui frappe la
familie royale k cause de la mort du regretté
comte de Flandre.
Le chanoine De Brouwer propose ensuit#
la santé de l'honorable bourgmestre d'Ypres,
M. le député Colaert, qui, comme chef du
parti catholique, est l'objet de laches et
basses injures de la part de certains adver-
saires politiques envieux du bien qu'il fait
a la ville et a la cause catholique. Ce toast