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Mercredi 7 Mars 1906
L'hivasion noire
Ecoles d'ignomntins
Le prêtre a l'église
I
Un ancien eoffre polychromé
a la cathédrale St Martin
d'Ypres
10 centime? le iV0
m s'abonne rue au Beurre, 36, a Ypres, et tous les bureaux de poste du royaume.
A l'occasion du Cirême, des ser
mons francais sont prêcbés pan le
Révérend Père Hoffmann des Frères
Prêcheurs, tous les jeudis, jusqu'au
5 avril, en l'Eglife de Saint-Nicolas,
pendant le sal ut de 5 1/2 heures.
Inutile de faire l'éloge du pré ica-
teur si avantageusement counu déja
par Sa population Yproise.
Nul doute que ces exercices pieux
attireront autour de la chaire de
Saint-Nicolas un public nombrcux et
sympathique.
l|
iw >-fr,
Le JOURNAL D'YPRES parait le Mercredi et le Samedi.
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LaFlandrelibéralejetteles hauts cris :c'est
1'invasion noire qui nous menace Que
voyons-nous en réalité C est non seulement
dans divers pays de l'Europe, mais même en
Egypte, en Océanie,que les nouvelles fonda-
tions se sont ouvertes. Les espérances des
hypocrites de la Flandre libérale seront
trompées on comprend en effet, Vinfiuence
que les maisons fondées dans les pays pro
testants exerceronl sur la renaissance
catholique dans ces contrées eu Angleterre,
en Hollande, en Australië même ne faut-il
pas dire Digitus Dei est hie, le doigt de
Dieu est la 1
II y a la, sans doute, une demonstration
de plus de la vitalité des institutions de
l'Eglise, qui promènent a travers le monde
les bienfaits de son enseignement mais le
coeur de la France saigne, en voyant ces
talents et ces vertus perdus pour la mère-
patrie qu'ils enrichissaient, sans charges,
d'une telle somme de forces vives.
Les grandes congregations disposent de
ressources, re'sultant de leur sage gestion et
aussi deconomies lentement. patiemment
amassées elles font passer la frontière a
leurs religieuses, ou même elles les embar-
quent, a grands frais, pour des pays lointains
qu'elles régénèreront.
Mais les pctites congregations qui avaient
quelques essaims seulement et celles la
étaient nombreuses pour elles, l'arrêté
de fermeture est l'arrêt de mort ou la
misère. Les sectaires s'en réjouissent évidem-
ment, quand ils n'ont pas le cynisme d'en
ricaner. Nous avons toujours présente a
la mémoire, dit le Correspondantla solu
tion donnée par M. Combes a un évèque
qui lui demandait avec emotion ce qu'i!
pourrait faire de ses religieuses expulsées
«Mariez-les, Monsieur l'évèque 1
Catholiques beiges! n oublions pas que
nos libéraux aspirent au moment ou ils
pourront réaliser dans notre pays Tabomina-
ble régime qui désole la France; n oublions
pas que leur triomphe electoral menacerait
l'éducation chrétienne des jeunes filles de
toutes les classes de la population 1
Bien Public
Mais pourqoui alors ne les laisse-t on pas
s'éteindre sous le dicrédit public. Nous
avons ici comme en France des écoles franc-
maconnes en abondance at'nenées, écoles
moyennes, écoles communales, etc. Les
parents ont toutes les facilités. Ceux-ci ne
tarderont pas a constater l'infériorité des
écoles catholiques. Celles-ci tomberont
d'elles-mêmes. Si elles ne tombent pas c'est
que les libéraux ont tort. C'est que la con-
statation des parents est tout autre.
Or, c'est ce que nous voyons. En France
même, le succes des écoles catholiques était
tel que le gouvernement Franc-macon ne put
les faires disparaitre qu'en les faisant fermer
par les gendarmes
Les voila, ces partisans de la iumière. Ils
ont peur de la libre constatation.
A t-on assez crié le prêtre a l'église Le
prêtre a la sacristie
Eh bien, ils j sont, nos prêtres Ils sont
dans leurs églises, priant au milieu des fidè-
les. Ils sont dans leurs sacristies, veillant sur
le patrimoine sacré dont ils ont la garde.
Et c'est la que votre abominable politique
va les rrouver. C'est jusque la, dans ce der
nier réduit de la liberté de conscience, que
vous poursuivez ces fidèles c'est jusqu'au
pied du tabernacle que vous dépêchez de
malheureux fonctionnaires pour dire a ces
prêtres et a ces fidèles
Tout ce que vous avez la est a noils, a
nous les mécréants, a nous qui ha'issons et
combattons vos croyances, a nous qui
n'avons jamais mis un centime dans la parure
et les ornements de vos temples. Ces cruci
fix, ces chandeliers, ces autels, ces reliquai-
res, ces vases sacrés sont notre bien. Nous
allons compter, soupeser, évaluer tout cela
nous consentons a vous en laisser l'usage
provisoirement. Mais si quelque chose se
brise ou disparait, mais, si le jour ou nous
aurons donné un nouveau «tour de vis» a la
loiet oü vous nous reverrez, nous ne retrou
vons pas notre compte pour la rafle finale
gare a vous
Voila votre politique.
Et a cette politique sans Dieu et sans foi,
a cette politique tyrannique, pilarde et sacri-
lège, ne serait il pas naturel que les fidèles
opposent une politique de protestation et de
résistance
Et pourtant, ils ne le font pas.
Non, dans lame de ces prêtres, de ces
hommes,de ces jeunes gens, de ces vieillards,
de ces femmes, de ces jeunes filles, de tous
ces gentilshommes bourgeois, ouvriers et
commercants qui se pressent autour de leurs
autels menaces, non, il n'y a pas d'arrière-
pensée politique.
C'est leur foi, c'est leur conscience, ce sont
leurs convictions religieuses qui protestent
et qui s'insurgent.
Ah! non, il ne s agit point, dans leur pen-
sée, ni de république, ni de monarchie, ni
d empire. Le seul Souverain, le seul Roi
qu'ils acclament et autour duquel ils font
une garde si vaillante, c'est le roi des taber
nacles, le Roi immortel des siècles, le Dieu
qui s'est fait Hostie pour régner sur les
coeurs, le Dieu qu'ils adorent et qiCils aiment
endendez vous
C'est le Dieu de leur baptème, de leur
première communion, le Dieu qui a consolé
et soutenu leur vieille mère dans ses épreu-
ves, le Dieu qui a visité le vieux père a son
lit d'agonie et qui a mis sur ses lèvres mou-
rantes un sourire d'espérance immortelle
c'est le Dieu qui a béni les heures radieuses
oü ils ont fondé un foyer et l'a entouré de
vie, de joie et de vertus, le Dieu, enfin, de
leurs espoirs après la mort: c'est Lui.l'auteur,
le bienfaiteur et la Providence de leur vie
qu'ils voient offense, outrage par cette pre
mière main mise légale sur les sanctuaires
et les objets consacrés a son culte.
fextrait du Bulletin des métiers Wart,
déc. 1905-janv. 1906)
(SUITE)
Bornons-nous, pour le moment, a la des
cription du coffre.
Le dos du coffre, destine, sans doute, a
être apposé contre la muraille, accuse, sans
l'atténuation d'aucun ornement, la construc
tion massive dn meuble. II en est de même
du couvercle, dont le vantail est d'une pièce.
Les faces latérales de la caisse sont formées
d'un simple assemblage de quatre panneaux.
La face antérieure, au contraire, est d une
richesse relativement considérable. C'est a sa
description que nous allons particulièrement
nous attacher. Elle se compose de trois com-
partiments dont deux sont constitués par les
montants ou pieds droits du coffre. Celui
du milieu forme le panneau. La decoration
accuse fidèlement ces éléments de la con
struction (i)
La partie centrale représente saint Geor
ges terrassant le dragon. Derrière la bete se
tient, a genoux, la vierge que le guerrier
vient de sauver. Au-dessus du saint parait,
sortant des nues, en signe de protection, la
main bénissante de Dieu. Remarquez les
doigts de'mesurément longs. A i'arrière-plan,
derrière la vierge, la ville: maisons a pignon,
tours crénelées derrière saint Georges, en
guise de fond, des arbres.
Le saint porte le casque a visière sur-
montéd'un grand plumet, la cotte a larges
manches couvrant la cuirasse et le bouclier
en forme d'écusson portant la croix rouge
sur fond blanc. Ce sont les armoiries des
glides d arbalétriers de Saint-Georges. D'oü
tirent-elles leur origine? Rappellent-elles la
croix des croisades Une légende rapporle
que les chrétiens, conduits par Godefroid de
Bouillon, durent la victoire d'Antioche a
la protection et a l'aide de saint Georges,
qui leur apparut, que par la le culte du
saint devint plus florissant encore et que les
Turcs eux mêmes vénérèrent dès alors saint
Georges, sous le vocable de Dscherdschis.
La vierge, dont le nom serait Aja d'après
certains auteurs, porte les cheveux épars,
flottant au vent, le manteau a manches larges
et la couronne. Elle est, en effet, d'après
la légende, fille du roi de Sicha, en Lybie.
Prés de cette ville, dans un étang impur,
se cachait un dragon, terreur de la contrée.
Les habitants pour apaiser sa fureur lui ont
payé tributpour commencer chaquej jour
deux brebis enfin, les brebis venant a man-
(1). N. D. L. R.— Les lignes de force sont sans
ome ènt. A noter comment les memb.es sont
bien accentués par cette méthode. La manière
dontce coffre est construit, c'est-a-dire ave1, des
montants larges et peu épais, de simples plan
ches, est générale pour les meubles anciens.
Elle est parfaitement rationnelie et so défend
autant par l'écouomie des matériaux que par la
j fonction du membre et la résistance attendm
L du meuble.
quer, leurs propres enfants selon la designa
tion du sort. Un jour le sort tombe sur Aja-
On juge de la consternation du roi. II se
lamente, il se désole. II voudrait tout sacrifier
I pour sauver sa fille et unique héritière; mais
il doit céder devantles menaces du peuple.
II fait a sa fille des adieux touchants, l'em-
brasse, la bénit avec larmes et la laisse partir.
La pauvrette se dirige vers le lac.
Or saint Georges passait par hasard. II
s'enquiert du sort de la vierge. Aja lui
conseille de fuir s'il ne veut point mourir
avec elle. Saint Georges la rassure, lui inspire
du courage et de la confiance en Dieu. II
monte sur son cheval.et se fortifiant du signe
de la croix, il attaque le dragon qui s'avan-
cait sur lui, le frappe et l'abat.
II arrive de voir, sur d'autres reproduc
tions de la scène, la vierge suivant le saint
vers la ville et conduisant en laisse la mons-
tre, tandis que, du haut des murs, le roi et la
reine assistent au spectacle.
La légende, en effet apprend encore que
saint Georges ne tue pas le dragon sur place;
mais qu'il ordonne a Aja de jeter sa ceinture
au cou de la bete. De cette fa$on, le dragon
la suit comme la chienne la plus douce.
A cette vue, le peuple, pris de peur, s'enfuit.
Saint Georges le rappelle disant Le Sei
gneur m'a envoyé expres vers vous afin que
je vous délivre des malheurs que vous cau-
sait le dragon seulement, croyez en Jésus-
Christ, que chacun de vous reijoive le bap
tème et je tuerai le monstre.
Nous ne pouvons aborder ici une discus
sion touchant l'authenticité des principaux
faits conserves par cette légende, qui jouit,
au moyen age, d une vogue singuliere et fut
rédigée en une foule de langues de l'Orient
et de l'Occident.
Quoi qu'elle puisse se baser sur quelques
faits historiques, dont la version dénaturée
au cours des siècles, fut tellement mutilée
qu'on y retrouve a peine Taction véridique,
la légende elle-même n'est certainement pas
de Thistoire.
Ce serait tirer une simple note en lon
gueur inutile que de signaler, a ce propos, les
recherches et les études de savants hagio-
graphes qui se mirent a déchiffrer cette
légende ingrate d'abord, paree que ceux-ci
comprirent eux-mêmes toute la difficulté a
en dégager un noyau historique et n'abou-
tirent point, jusqu'ici, a des conclusions po
sitives et évidentes ensuite, paree que le
texte légendaire nous suffit, puisqu'il consti-
tue l'unique source ou par tous les ages, les
artistes allèrent puiser l idée exprimée dans
leurs oeuvres.
Revenons au coffre. Des deux cötés de la
i scène principale, sous des baldaquins d'ar-
chitecture, se trouvent deux personnages.
A droite un homme portant le chapperon a
chausses retombantes, a gauche une dame
portant la crepine a deux cornets et un
costume indentique a celui de la vierge.
Qui représentent-ils? Des donateurs C'est
possible. Nous n'avons aucune indication
certaine qui nous les fasse connaitre et qui
éclaircisse en même temps Torigine et la des
tination primitive de ce meuble intéressant.
A voir les costumes, Tarchitecture et la
facture générale, nous est avis que le coffre
doit dater de la seconde moitié du XV' siècle.
Ce qui intéresse encore, c'est qu'il porte
des vestiges importants de polychromie. Des
traces de couleur rouge sont visibles au cöté