ORGANS CATHOLIQUE
DE L'ARRONDISSEMENT
TELEPHONE 52
Sam «li 24 Mars 1906
5 centimes Ie N'
a#
SOUSCBIPTÏON
la Cataslrophe de Courrières
Pour le Pape
Lettre ouverte a M. Nolf
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A l'occasion du Carême, des ser
mons francais sont prêchés par le
Reverend Père Hoffmann des Frères
Prêcheurs, tous les jeudis, jusqu'au
5 avril, en i'E^li'e de Saint-Nicolas,
pendant le salut de 5 1/2 heures.
au profit des families sinistrées de
et des inondations en Relgique
Liste précédente fr. 280.5o
M. l'abbé George, Cure, Boesinghe 10.00
1234.30
Liste précédente
M. de Burggraaf Maurits du Pare,
Vlamertinghe
Dèputi radical de l'arrondissement
d'Ypres
Monsieur le Représentant,
Le Progrèsdans son numéro du 18 mars
j 906, écrit
Le Journal d'Ypres faisant allusion aux
émeutes qui se produisent en France k ('occa
sion de l'application de la loi sur la séparation
de l'Eglise et de 1'Etat, se demande ce que peut
bien en penser M. Nolf.
Nous retournons la question, car il serait bien
plus intéressant de savoir ce qu'en pensent
MM. Colaert et Van Merris, que le Journal
d'Ypres nous a toujours représentés comtnedes
hommes d'ordre.
Qu'on se souvienne, en effet, de cequ'écrivait
le Journal, en 1902, lors des émeutes qui se
produisireut en Belgique, lorsque le parti
ouvrier.recourant aux manifestations de la rue,
revendiquait la revision de la Constitution et
l'instauration du suffrage universel.
Notre confrère n'eut alors que des accents
d'indignation pour les émeutiers et des éloges
pour la fermeté du gouvernement, qui mil tin
k la révolte en laisant procéder k des fusillades,
qui ensanglantèrent les r ues de Louvain, oü une
dizained'ouvriers fureut tués pour avoir reven-
diqué l'égalité politique qui leur tenait tant k
cceur.
On se souvient, qu'a ce moment, M.Nolf, mis
en cause, exprimait, dans une lettre publiée
dans le Journal d'Ypres, sa réprobation pour
les moyens violents, ajoutant que e'est par les
voies légales seules qu'un parti doit faire
triompher ses idéés.
MM. Colaert et Van Merris auront-ils le même
courage Oseront-ils désavouer, eux qui se
piquent d'être des hommes d'ordre, ceux qui
s'insurgent contre des lois de leur pays, en
s'attaquant a des fonctionnaires qui ont pour
devoir et pour instructions de les faire respec
ter, en organisant Témeute, en elressant des
barricades, en plaqantdes bombes de dynamite,
en s'armant de fusils, etc., etc.
Allons, Journal d'Ypres, interrogez vos amis
et quand vous l'auiez fait, on vous répondra.
En attendant, nous appelons l'attention de
nos iecteurs sur le discours prononcé k la
Chambre frangaise par l'abbé Lernire, discours
que nous reproduisons in-exteuso.
Voici, Monsieur le Représentant, notre
réponse au Progrès.
Nous ne conseillerons jamais a personne
de placer des bombes de dynamiteet moins
encore d'en faire usagepour faire triom
pher nos droits ou nos idéés.
Jamais, entendez le bien, ni dans aucune
circonstance, füt ce même pour défendre nos
intéréts et nos droits les plus sacrés Ce
n est pas nous qui faisons usage de dynamite.
Nous ne recourrons jamais non plus a des
moyens violents pour arriver a faire prévaloir
un système electoral, comme le firent vos
alliés électoraux de Louvain, en 1902, pour
obtenir ce que le Progrès appelle l'égalité
politique.
Quand, sous le gouvernement libéral de
1878 a 1884, vos amis au pouvoiront tripa-
touillé, a plusieurs reprises, les lois électora-
les, pour enlever leur droit de vote a des
milliers de catholiques et a des centaines de
prêtres, nous n'avons pas usé de violence
pour les en empêcher. N'est-ce pas vrai
Nous avons attendu le mouvement de ce
qu'on appelle le Jeu régulier de nos institu
tions pour en obtenir le redressement de
nos griefset le corps électoral a chassé les
libéraux du pouvoir.
Nous agirons de même chaque fois que
vos amis abuseront de la loi pour méconnaitre
nos droits politiques.
Mais le jour oü,comme vos amis de France
que vous n'avez pas encore désavoués,
vous chasserez de leurs demeures et de leurs
écoles nos religieux et nos religieuses; le jour
oü vous enlèverez 1 image du Christ de nos
prétoires, de nos cimetières et de nos höpi-
taux le jour oü vous voudrez arracher a
lEglise lame de nos enfants, sous prétexte
de mieux former cette ame par l'enseigne-
ment soi-disant neutre le jour, enfin, oü
vous aiderez a introduire dans notre pays, si
calme et si heureux aujourd'hui, la politique
de l'Apostat Combes ce repugnant spéci-
men de la décadence francaise, comme on
l'a appelé justement, ce jour la, vous nous
trouverez sur votre chemin.
Car, ce n'est plus de la politique cela: c'est
de l'injustice et de l'impiété, et nous vous
empêcherons de marcher, en vous opposant
nos bulletins de vote et, au besoin, tous les
moyens de résistance passive que la loi nous
donne.
Irez-vous jusque-la Votre ami politique,
M. Dewandre, député radical de Charleroi,
que vous ne désavouez pas non plus, vient
de promettre, dans une réunion tenue a
Bruxelles, la séparation compléte et officielle
de l'Eglise et de l Etat.
Cela veut dire, n'est-ce pas que vous
supprimerez le budget des cultes que vous
ne subsidierez plus les écoles oü l'enseigne-
ment catholique est donné que vous réser-
verez le budget de l'Etat aux seules écoles
officielles.
Si ce n'est pas cela, la parole de M. De
wandre n'a pas de sens.
M, Dewandre, votre ami, a ditaussi, avec
une satanique audace, que les reproches du
Pape, a propos des mesures prises par la
France, que ces reproches, les libéraux
beiges les avaient déjaen partie, mérités
et que leur rêve était d'encourir un jour
semblable réprobation du vicaire de Rome.
Tout cela, a-t-il ajouté, sont des jalons
posés pour arriver a la séparaiion compléte
et officielle. De ces jalons nous en avions,
nous aussi, placé autrefois quelques uns.
lis ont été en partie renversés pendant ces
21 années de domination cléricale, mais
i) nons les aurons bien tot plantés a nouveau!»
Allez-vous, oui ou non, désavouer ces pa
roles de votre collègue et ami,M.Dewandre
Ah 1 vous voudriez que l'Etat ne paykt
plus sa dette au clergé spolié de ses biens par
la Révolution frangaise
Sa dette Oui, la dette de l'Etat. L'abbé
Lemire, dont le Progrès reproduit le dis
cours. 1 a dit a la Chambre francaise: C'est
une dette de l'Etat et les gens honnêtes
sont d'accord sur ce point.
Seulement, nous ne dirons pas, avec M
Lemire, que la dessus nous ne soulevonspas
d'objection irréductiblecomme les catholi-
ques de Boeschepe. Nous ferons rendre gorge
a l'Etat, s'il supprime ou réduit le budget
des cultes et ce jalon nous le briserons,
comme nous briserons tous vos jalons, sim
ples fe'tus de paille.
J usque la, toute-fois, résistance passive
nous protesterons par la parole et par la
plume, nous soulèverons l'indignation des
consciences chrétiennes, nous vous balaye-
rons.
Mais quand nous verrons passer des
policiers et puis des crocheteurs, gens par-
fois bien mal choisis et qui ne sont pas
ceux qu'on prend pour une besogne hon-
nête et propre, nous dirons comme nos
amis de Boechepe on inventorie, c'est
pour spolier. «(Discours de l'abbé Lemire).
Nous ne tuerons pas, mais nous ferons de
nos corps un rempart contre l'envahissement
de nos églises.
Nous n'aurons pas recours a la dynamite,
pas même en rodomontadenous laisserons
ce moyen a ceux qui en ont la spécialité.
Et si l'on passé au-dessus de nos corps,
nous défendrons les biens de nos églises
comme un patrimoine légué par nos pères
ou constitué par nous.
S'il faut résister, nous résisterons s'il y a
de la violence, nous opposerons la violence,
comme nous agirions vis-a-vis de voleurs qui
viennent, le jour, inspecter ce qu'ils pren.
dront la nuit.
Voila Monsieur le Représentant. Si vous
ne comprenez pas, nous vous plaignons.
C'est que vous raisonnez comme vos amis,
les socialistes, qui veulent faire entrer vos
biens, comme les nótres, dans le domaine de
la collectivité.
Ah 1 vous ne vous défendriez pas contre
eux 1 Ahvous vous laisseriez passer a tabac
Allons done Le jour oü l'on fracturera
votre porte, que vous avez le droit de fermer,
sous prétexte de faire l'inventaire de vos
biens, le jour oü une autorité quelconque
touchera a votre coffre-fort, direz-vous
encore C'est la loi, respect a la loi
Vous direz «Celui qui inventorie prétend
être propriétaire ou, tout au moins,créan-
cieret l'Etat n'est ni propriétaire ni
créancier chez moi, je ne lui dois rien
Vous vous révolterez contre l'inventaire
qui est une disposition ou une conséquence
de la loi, et un moyen de preparer la spo
liation. Vous aurez raison, et nous vous
soutiendrons contre l'organisation de la spo
liation
Si demain le gouvernement catholique
voulait faire pénétrer ses agents dans le local
des anciens Pompiers, pour inventorier vos
instruments et vos cahiers de musique, nous
crierons avec vous au voleur 1
Soyez francComme les Fidèles de
France, defendant leur patrimoine religieux,
vous vous mettriez en mesure de défendre
votre patrimoine musicalvotre porte serait
barrée, vos vieux fusils sortiraient tout seuls
de leur arsenal et vos sabres de bois de leurs
gaines. Au besoin, vous feriez comme cer
tains cathoiiques de France placer des ours
k l'entrée de votre local.
C'est la loi, dit le Progrès. La loi du plus
fort alors,ou la loi du vol et de la spoliation I
Personne ne doit obéissance a pareille loi
c'est un droit naturel de défendre sa liberté
et son bien, le bien et la liberté des siens.
Comprenez-vous maintenant la parole de
ce capitaine francais qui avait re$u l'ordre de
crocheter une église Je ne briserais pas la
porte de la maison de mon pèrea plus
forte raison ne briserai je pas celle de la
maison de mon Dieu f
Mais non, vous ne comprendrez pas. La
politique vous a fait, selon l'expression d'un
libéral de votre nuance, M. Vanderkindere,
un allié du diable.
Comme les libéraux modemes, vous êtes
de ceux dont Bismarck, allant k Canossa,
disait Celui qui ne donne pas satisfaction
aux consciences est incapable et indigne de
gouverner.
Le corps électoral vous dira la même
chose, le 27 mai prochain. Nous le souhai
tons pour vous comme pour nous Pour
vous, afin que vous ne soyez pas placé dans
la pénible nécessité de voter des lois persé
cutrices pour nous, afin que nous n'ayons
pas besoin de verser notre sang pour défen
dre nos biens d'église contre vos invento-
rieurs.
Agréez, Monsieur le Représentant, l'assu-
rance de notre consideration distinguée.
Le Journal d'Ypres.
P. S. Notre lettre était écrite quand nous
avons lu, dans les journaux,le compte-rendu
du congres progressiste tenu, dimanche
dernier, a Bruxelles, et auquel assistaient,
entre autres, vos amis MM. Janson et Buyl.
Les journaux ne disent pas si vous étiex
présent. Vous y étiez sans doute de cceur
Quoi qu'il en soit, les journaux nous
apprennent qu'un délégué de province a
demandé la parole pour engager le congres
a déclarer qu'il ne sera pris contre l'Eglise
aucune mesure dans le genre de celles que
prend la France en ce moment, SINON
IL N'Y AURA PAS MOYEN DE LUT-
TER AVEC SUCCES.
Des cris, des huées, des protestations
a la porte 1 a la porte 1 ont accueilli cette
abdication, qui a été immédiatement suivie
d'une contre-manifestation deM. Cambier,
votre collègue et ami de Gand, regrettant
que la Constitution ne permettepas d'instau-
rer immédiatement le régime en vigueur en
France. II espère que le jour n'est pas loin
oü il sera permis aux libéraux dc voter la
séparation des églises et de l'étatl
Le délégué de province est-ce vous, Mon
sieur le Représentant
Dans tous les cas, vous engagex-vous k dé
clarer qu'f/ ne sera pris contre l'Eglise
aucune mesure dans le genre de eelles que
prend la France en ce moment
Vous entendez ceque pensent de cela vos
•mis, MM. Dewandre, Cambier et consorts.
JOURNAL D TK
100.00
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