0R6ANE CATHOLÏQUE
DE L'ARRONDISSEMENT
M
en France qu'on sache bien, a-t-il
TÊLÉPHONE 52
Mercredi 28 Mars 1906
3 centimes Ie N
"V
S0USCR1PT10N
la Catastrophe de Courrières
Entre vieux amis
iMgr Gibier évèque de
Versailles, a ses diocésains
A l'oeii droit du Progrès
et... de JM. ISolf
Gaine vaincue
n s'abonne rue au Beurre, 36, a Ypres, et tous les bureaux de poste du royaurmt.
A l'occasion du Cirême, des ser
mons francais sont prêchés pan le
Reverend Père Hofficana des Frères
Prêcheurs, lous les jeudis, jusqu'au
5 avril, en l'E_li e de Saiul-Nicolas,
pendant le salut de 5 1/2 heures.
au profit des families sinistrées de
et des inondaiions en Belgique
JO
JOURNAL D'lY
I
Le JOURNAL D'YPRES parait le Mercredi e* le Samedi.
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M. l'abbé Soete, directeur, Ypres 10 00
Anonyme 2.00
Comma ils s'aiment entre eux, les vieux
amis du «Bloc» combiste 1 La fortune poli
tique a portó le citoyen Briand au ministère
da l'instruction publique en France. Cepen-
dant le compagnon Collier est détenu dans
la prison de Paris, d oü il adresse a son
ancien frère d'arine3 la suave requête que
voici
Prison de la Santé, 20 mars 1906. j
Camarade Briand, j
Nous vous offrons nos compliments pour j
votre avènement au pouvoir; c'est de l'excel- j
lente «propagande par le fait.
Nou» tous avons connu anarchiste sincere, j
quand vous manifestiez bur la place de la
Itévolution (Concorde) aux cotés du cama
rade Malato et nous savons que nous pou-
vons compter sur les compagnons, qui
composeront votre Cabinet.
Nous nous sommes fort égayés des belles
phrases que vous avez introduiteB dans j
votre declaration miuistérielle sur l'obeis- j
sance militaire, sur les devoirs envers la j
patrie, sur votre sollicitude pour l'armée. j
Nous avions fait, daus notre défense en
cour d assises, une place d'honneur a vos
anciens écrits sur la nécessité.de linsurrec- 1
tion et sur la légitimité des coups de fusils
aux galonnés
II est done vraimeut dróle, et il est exirê-
mement utile que vous soyez ministre. Vous
ne sauriez bafouer le «populo» avec trop de
brutalité car il importe de développer son
dégout de la bouifonnerie politique et sou
mépris pour les charlatans politicians.
Mais nous trouvous mauvais que les mê- j
mes causes aient eu pour nous et pour vous
des effets si différents, et que vous vous
prélassiez au gouvernement, tandis que les
camarades s etiolent dans les geóles de la
République.
Nous reconnaissons, d'ailleurs, que vous
avez des raisons païticulières pour nous
emprisonner au nom du patriotisme.
Vous êtes un antimiiitariste et un anti-
patriote résolu.
C est pourquoi vous êtes contraint de
multiplier les démocstrations patriotiques.
Lb bien 1 camarade Briand, il nous
déplait que ce soit Anos dépens.
Nous n avons commis qu un délit d'opi-
nion, et nous sommes en prison.
Vous avez commis cent fois lo même délit
et vous êtes libre 1
Vous avez été condamné en justice, rayé
du barreau de Nantes, pour un délit de droit
commun, et vous êtes ministre.
Celanous semble parfairement approprié
a la moralité du régime aux desseins de vos
commanditaires, a l'idée qu'on se fait de
la France en dehors.
Ohé seulement, pour prendre notre part
de la joie publique, nous avons besoin
d'être libres.
Excellence, lachez-nous
Après vous être abrité derrière nous
dans les années pétilleuses, après avoir
grimpé sur nos épaules pour décrocher le
portefeuille, il ne faut pas nous repousser
da pied. Vous êtes prudent, d'habitude
s.,yez-le cette fois encore. Et dépêchez-vous.
Recevez, citoyen ministre, nos salutations
respectueusement révolutionnaires
Urbain GOHIER,
détenu n° 5.
Pour un recours eu grace, celui-la est
adressé cn des termes originaux.
Sublime toujours, la mission de 1 évêque
est aujourd'hui particulièrement difficile et
délicate. Autrefois l'évêque trouvait autour
de lui des appuis humains, qui facilitdent
le succes de son ministère il se préseotait
devant les peuples avec le prestige de la
richesse et du pouvoir. Aujourd'hui l'union
de l'Eglise et de l'Etat n existe plus comme
jadis, et la dignité des représentants du
Christ s'estime non par Pélévation du rang,
mais par l'éclat des vertus, du savoir et
du zèle. Autrefois on pouvait croire que
la nation tout entière était chrétienne et
qu il suffisait de la conserver dans sa foi
et dans ses habitudes religieuses tradition-
nelles. Aujourd'hui les plus optimistes sont
obligés de voir et d'agir autrement.
Le monde contemporain est a peu prés
déchrislianisé, et le clergé n'a plus qu'un
moyen d y faire pénétrer les idéés chréiien-
nes, c est de les envelopper de sa valeur
personneile. Hommes de ce siècle et de
ce pays, qui voulez-vous voir a votre tête
comme directeurs de votre vie morale et
religieuse 1 Des prêtres sincères, c'est-è-dire
des hommes qui ont des convictions et qui
en vivent... des prêtres instruits, e'est a dire
des hommes qui ont la science religieuse et
le moyen de la mettre en valeur des
prêtres apostoliques, cest-a-dire des hommes
qui ont la brölante et exclusive passion
de Dieu et des ames, de la gloire de Dieu
et du salut des times. Vous voulez cela,
mes tres chers Frères, et vous avez raison
de le vouloir, car si vos prêtres n'avaient
pas de zèle, ils ne vous évangéliseraient pas
s'ils n'avaient pas la science, ils ne
seraient pas capables de vous évangéliser,
et si leur vie n'e'tait pas irréprochable
et sainte, ils n'auraient ni grace ni autorité
pour vous évangéliser.
O 1 combien graves sont les obligations
du clergé contemporain, de l'évêque du
viugtième siècle 1 II doit beaucoup prier,
beaucoup savoir et beaucoup travailler. 11
doit aimer son temps, l'étudier, le com-
prendre pour le diriger, pour l'sméliorer,
pour le christianiser. L'Eglise catholique
est un être vivant. Elle est faite pour
s'adapter a tous les siècles, a tous les pays,
a tous les régimes, et e'est a l'évêque de
susciter et de re'aliser cette adaptation oppor
tune et indispensable. II a le devoir d'y
travailler avec une énergie calme, avec un
esprit d'initiative sans cesse éveilléavec
une te'nacité inlassable, avec une souplesse
qui va jusqua transformer les obstacles en
moyens et les défaites momentanées en
victoires définitives.
On a dit de votre nouvel évêque, mes
trés chers Frères, qu'il était le curé moderne,
cherchant a rétablir le contact du prêtre
avec le paroissien, du clergé avec toutes les
misères et toutes les aspirations du peuple
chréiien. Plaise a Dieu que j'aie mérité eet
éloge dans ma vie pastorale 1 J'essaierai de
m'en rendre digne dans la situation nouvelle
que me fait 1 épiscopat, et demain comme
hier je pratiquerai la méthode instituéc par I
Jésus-ChristIte ad oves quae perieruntt j
allez aux brebis qui sont égarées la vieille
méthode apostolique, la méthode tant de
fois rappelée au clergé francais par le grand
Pape Léon XIII Allez au peuple Cette
parole n'est point une vaine formule. Elle
a été et restera la règle de route ma vie.
Telles sont les perspectives, mes trés chers
Frères, qui s'ouvrent devant les yeux de j
votre nouvel évêque. II aime son temps
et son pays. 11 entrevoit une belle oeuvre a
faire, et il veut s'y mettre avec joie, avec
élan, avec confiance.
Le Progrès nous reproche de faire oeuvre
deloyale en prédisant que, si les libéraux
reviennent au pouvoir, ils calqueront leur
politique sur la néfaste politique francaise.
A ce propos nous avons signalé déja la
déclaration catégorique de M. Dewandre,
député LIBÉRAL de Charleroi, ami de
M. Nolf, qui fait le voeu de voir accepter en
Belgique toutes les mesures du gouvernement
francais.
Aujourd'hui nous appeions l'attention du
Progrès sur ce qui s'est passé dimanche
au congrès progressiste. Cela peut servir
a l edification de ses lecteurs
Un délégué Brugeois a engage les mem
bres du congrès a declarer qu'il ne sera pris
en Belgique contre 1 Eglise aucune mesure
dans le genre de celles que prend la France
en ce moment.
Des cris, des huées, des protestations ont
accueillie cette proposition.
M. Cambier de Gand, un ami du Progrès,
a exprimé LE REGRET QUE LA CONSTITU
TION NE PERMETTE PAS D INSTAURER
IMMÉDIATEMENT LE RÉGIME EN VIGUEUR
ajouté, QUE NOUS SAURONS 1NTRODUIRE
UN JOUR UN RÉGIME SEMBLABLE.
Ceci, Progrès, est extrait de La Réfor-
me Nous accuserez vous encore de dé-
loyauté Aurez vous le courage de faire
cette communication a vos lecteurs? Ou bic-»
estimez-vous peut être que cette déclaration,
qui est une nouvelle aggravation du pro-
gramme libéral, ne les épouvante déja plus
j Nous croyons pour notre part qu'elle pour-
rait déplaire quelques-uns 1
Nous avons le droit de connaitre l'avis de
M. NOLF. De quel coté se compte-t-il
Partage t-il l'avis du délégué Brugeois ou
bien de celui de M. Cambier
Nous avons tout intérêt a le savoir et les
électeurs aussi. Allons, M. NOLF, de la
franchise et de la loyauté, s'il vous plait
Jeban Gouardec et Stephane Gorec étaient
deux voisins. Ils étaient bretons, done trés
naturellemeot têtus, et ils habitaient le vil
lage de Kerdrec.
Gouardec avait un fil's de vingt et quelques
années, qu il avait fait nommer Jehan comme
lui, Gorec avait une filledix neuf prin-
temps qui répondait au nom très-harmo-
nieux de Marjolaine.
Gouardec et Gorec étaient en dispute
depuis plus de vingt ans. Ils avaient hérité
a cette époque déja lointaine, d une vieille
cousine a la mode de Bretagne, d'un lopin
deterre ou il poussait des pommes de terre
quelquefois, des navets plus souvent et des
chardons toujours.
Suivant les clauses du testament, ils
devaient se partagcr cette terre en bons
cousins, car eux aussi, ils étaient cousins a
la mode de Bretagne.
C'est de la, que datait l'origine de leur
antagonisme.
Gouardec disait a que le voulait savoir que
Gorec voulait trop prendre et Gorec affirmait
absolument le contraire, de fagon qu ils se
traitèrent ainsi mutuellement de voleurs et
de volés.
Le tribunal fut saisi de l'affaire. Cela dura
trois ans et coüta beaucoup d'argent.
Enfin, un beau jour le bornage fut fait par
ordre de justice et une haie d aubépine fut
plantée, a frais communs, entre les deux
parts.
Dés lors les antogonistes s'invectivèrent
par dessus la haie et leur haine devint tous
les jours plus vive, plus profonde, plus fou-
geuse.
Or vers cette époque on têtait le patron de
la paroisse et a cette occasion un concours
nautique sur la rivière noire et profonde qui
baigne le village avait été organise.
Toute la population de Kerdrec assista a
ce tournoi jusque la inconnu dans les anna-
les de la commune.
Gouardec, malgré son grand age avait
voulu y prendre part, contrairement aux
avis de son fils qui avait prédit que la rivière
serait mauvaise.
Droit sur les hanches, les manches de sa
chemise roulés jusqu'au dela du coude, il se
tint assis sur sa frêle embarcation, ses mains
calleuses serrant a les faire gémir, les deux
avirons, attendant le signal du depart.
II vint ce signal.
Ce fut un départ fougeux, chaque con
current voulant dépasser 1 autre.
Bientot une immense clameur retentit.
Gouardec est a l'eau
Et de toute cette foule de spectateurs
accourus pour s'amuser, personne n'osa se
porter a son secours. 11 faut dire pour leur
excuse que la rivière roulait des flots de plus
en plus furieux.
Tout a coup les rangs de la foule s'ouvri-
rent pour laisser passage a un homme arri-
vant haletant, les cheveux gris dressés sur la
tête, tels des épines blanches.