ORGANE CATHOLiaUE DE L'ARRONDISSEMENT TELEPHONE 52 CffRON/QVErPftOfSE Mercredi 11 Avril 1906 Le canal de la Lys a l'Yperlée La reprise de ia Flandre La ligne Ypres-Bailleul Les ignorantins 10 centimes Ie N Un s'abonne rue au Beurre, 36, a Ypres, efc a tous les bureaux de poste du royaume. Voici la note que !e rapport tie la section centrale, cbargée de l'exatnen du budget des tra faux publics,cou -acre au canal de la Lys a l'Yperlée JOURNAL Le JOURNAL D'YPRES parait le Mercredi ef le Saraedi. Le prix de I'abonnement. payable par anticipation, est de 5 fr. 50 c. par an pour tout le pays pour l'étranger le port en sus. Les abonnement» sont d'un an et se régularisent fin Déeembre. Les articles et communications doivent étre adressés franco da ort a l'adresse ci-dessus. Les annonces coütent 15 centimes la ligre Les réclames dans le corps du joufna content30 centimes la ligne. Les inactions judiciaires, t franc 'a ligne. Les numéros supplémentaires coütent 10 franss les cent exemplaires. Pour les annonces de France at de Belgique (excepté les deux Flandres) s'adresser k VApence Havas Bruxelles. rue d'Argent, n° 34 et a Paris,8, Place de la Bourse. Ce travail d'art a fréquemment occupé la Chambre. Commence en 1864, le canal destine' a relier par une voie navigable le Hainaut et la Flandre occidentale, est loin d'etre achevé. On comprend que la seule évocation de la date lointainede 1864 soulèvele mécontente- ment des intéressés. lis attendent de la mise en exploitation du canal une reduction du prix de transport des charbons,des pierres de taille et des matières ponde'reuses en general, lis espèrent que les facilités du transport par eau amèneront dans la re'gion qu'ils habitent rindustrie qui, jusqu ici, parait rebelle a leurs désirs. Toutefois, il ne suffit pas d'évoquer la date déja ancienne de 1864 pour que les plaintes adressées au gouvernement au sujet de l'inachèvement des travaux se trouvent justi- fiées. II faut se souvenir des faits, et il ne sera pas inutile de rappeler ceux-ci aux membres de la Chambre. Ce nest pas l'Etat qui a concu 1 ide'e et pris l'initiative de l'établissement d'un canal d'Vpres a Comines. Lidée et l'initiative appartiennent a la Société anonyme du Canal de la Lys a l'Yperlée dont les membres, peu ou pas au courant des questions techniques, ne se sont préoccupés que des points extre mes a relier par une voie navigable, Ypres a Comines. Ces deux localités situées sensiblement au même niveau, c'est-a dire a la coté i5, sont sépare'es par la montagne d'Hollebeke, de 3 kilom. de largeur, et dont la crète se trouve a la cöté 49. Le canal doit done franchir entre ses deux extre'mite's une hauteur de 34 metres La société anonyme a commencé les travaux et a construit, des deux cótés de la montagne, quatorze écluses. Lorsqu'elle a entamé la montagne elle même avec 1 idéé dy établir le canal en tranchée, elle s'est trouvée en présence, a la partie intérieure du massif traverser, d'une couche d'argile yprésienne bleue, tandis que la partie supé rieure se compose d'argile sablonneuse et de sable. Des éboulements se sont produits, par suite de glissements dus k l'argile, malgré la faibla inclinaison donnée aux talus, et la société, après avoir inconsidérément entamé l'établissement du canal a travers la mon tagne, s'est adressée a l'Etat en vue d'obtenir de celui-ci la reprise et la continuation des travaux en cours. Pressé par les instances des mandatairei a la Chambre et au Sénat de 1'arrondissemcnt d pres et sollicité par les populations, le gouvernement a consenti a la reprise du canal et a confié les travaux d'achèvement i 1 administration des ponts et chaussées, des 1888. La convention finale entre l'Etat et la société anonyme ne date toutefois que du 3 avril 1894, Mais l'Etat n'a pas attendu ce moment pour remettre en état et renouveler même complètement certains travaux d'art. Les ponts-levis construits en bois ont été refaits en ferune écluse a été reconstruite les maisons éclusières ont été remises en état et, enfin, la tranchée de Hollebeke a été vigoureusement attaquée. Un tunnel de 3oo metres de longueur a été construit au point le plus élevé, oü la difference de niveau atteint 24 mètres. Malheureusement, les cent premiers mètres du tunnel, construits trop légèrement, se sont effondrés et, d autre part, des éboulements' importants et nom- breux sont venus paralyser les terrassements et interrompre le canal en plusieurs endroits, sur de grandes longueurs, malgré l'adoption de talus incline's, en certains endroits, de 10 pour 1. Depuis 1893 les travaux sont arrêtés. Et l'impression qu'emporte le visiteur au courant de Tart de 1 ingénieur est que l'on se trouve a Hoilébeke devant l'un desproblêmes les plus compliqués et les plus diffki'les qui puissent être soumis a des constructeurs. Aussi est il impossible d'attendre de la seule bonne volonte' d'un ministre que des travaux de l'espèce soient entrepris dans un délai déterminé. II faut, pour donner lordre de mettre la main a l'aeuvre, la certitude de réussir. Le gouvernement a chargé M.' Froidure, ingénieur principal des ponts et chaussées a Ypres, d'aller e'tudier en France les procédés qui y ont éfé utilises aux chemins de fer de l'Est, en vue de consolider les talus de certaines tranchées dans lesquelles des couches de glissement avaientétérencontrées. Ce fonctionnaire distingue a fait paraftre le résultat de ses études dans les Annales des travaux publics (avril 1897), et formulé des conclusions relatives a la tran chée d'Hollebeke et basées sur de longue» et patientes experiences, dans le même recueil (avril 1900). Nulle part en France, M. 1 ingénieur Froidure n'a rencontré de tranchée présèntant des difficultés aussi graves que celles ren- contrées a Hollebeke. II ae s'agit done pas de s'engager a la légere, et 1 on concoit que le ministre, moralement responsable du système que lui aura recom- mandé son administration,réfléchisse, hésite, et même qu'il ait attendu. Le travail a entreprendre est, en effet, de telle nature que, s'il eüt été moins avancé, il eüt peut-être mieux valu renon^er au canal et chercher a relier Ypres au Hainaut par une autre voie navigable d'un tracé plus rationnel. Toutefois, au point oü en sont lés choses, il n'est plus possible de renoncer a achever le canal. La section centrale estime que le ministre se trouvant maintenant en présence de propositions formelles, bien étudiées, et müries depuis plusieurs années, par un ingénieur de mérite, une solution s'impose désormais a bref délai. II lui parait que le système formulé par M. Ingénieur principal Froidure pourrait étre appiiqué, tout au moins a titre d essai, a une portion de la tranchée suffisamment étendue pour que Ton puisse apprécier les résultats du système mis en avant. La section centrale espère que M. le ministre des finances et des travaux publics partagera ce sentiment. Elle appelle sa bien- veillante attention sur Turgence qu'il y a a terminer un travail d'art dont les populations intéressées attendent de grands avantages. 11 nous revient de bonne source que M. le ministre Liebaert négocie la reprise du chemin de fer de la Flandre occidentale. Les nombreux intéressés Tapprendront avec plaisir et feront comme nous, des voeux ardents pour que les négociations entamées aboutissent a une prompte solution. Nous apprenons que, grlcé aux nombreu- ses et pressantes démarches de notre bourg- mestre et représentant, M. Colaert, la société nationale des chemins de fer vicinaux remettra a Tétude le projet de construction d une ligne de Poperinghe a Kemmel, sollicitée par la ville d'Ypres et par les autres communes intéressées, comme complément de celle d'Ypres a la frontière francaise, vers Bailleul, au lieu de la ligne complémentaire Poperinghe-Reninghelst. Déja l'intervention du ministère des finan ces est assurée et Taffaire va être réintroduite officiellement par la société nationale, au département des chemins de fer, dont le chef, M. Liebaert, a promis, de son coté, une décision favorable. e'est nous, comme dirait Tautre. Nous avons édifié, nous bltissons encore de nos propres ressources, d'innombrables écoles. Nous sommes des ignorantins. Les meilieurs de nos jeunes gens, les plus pures de nos jeunes filles abandonnent familie, amis, fortunes, plaisirs, et se retirent dans des couvents oü ils répandent sans compter a toutes les classes de la société, les trésors de leur intelligence et de leurs con- naissances. Qu'importe nous sommes des ignoran tins. II n'est aucune ville, aucun hameau qui ne possèdent, au moins, une école catholique. Qu'est-ce que cela faitnous sommes des ignorantins. Nor attentions vont, ardentes et généreu- ses, a toutes les branches de Tenseignement nous possédons a Louvain une université admirable nous avons des milliers de collé ges, d'écoles primaires, d'écoles gardiennes, oü gratuitement viennent s'instruire des foules innomblables d'enfants. Cela ne próuve rien nous sommes des ignorantins. Pour ne pas être ignorantins,nous devrions imiter la France voter l'instruction obliga toire et fermer 10 mille écoles. Ce n est pas dans notre nature je le sais. Nous sommés chrétiens et catholiques c'est dans notre coeur et dans notre sang, de fonder des écoles et de lesouvriraux pau vres comme aux riches aux misérables comme aux princes. Nous restons les dignes fils de ceux qui ont civilisé les barbares et sauvé TEurope de la corruption définitive que la Rome païenne, a son déclin, faisait germer sous ses pas. Cela ne prouve rien au contraire. Nous sommes des ignorantins et nous le sommes d'autant plus que nous suivons de plus prés et le plus fidèlement, les traditions et les règlements de TEglise. L'Eglise I La voila, la grande source de l'ignorance et de Tobscurantisme. Sans TEglise, le monde entier serait savant, et s'épanouirait splendide et régènéré au grand soleil de la Science (avec un grand S) une, pure, indefectible. Hélas, 1 Eglise persiste dans ses errements et ne veut pas changer. Aujourd'hui, comme par le passé, elle reste la grande ennemie, l'irréconciliable adversaire de l'instruction. Nous venons de voir, en comme^ant, comment elle apparaissait telle a l'heure présente. Voici comment Thistoire impartiale la juge telle dans le passé. Le savant M.Aulard dans son livre «l'Ias- truction primaire en France dit L'fiistoire de l'instruction a tou» les degrés dans le haut moyen-age est unique- ment celle des efforts tentés par TEglise pour conserver les sciences et sauver la civi lisation menacée. Du V« au XII' siècle, le clergés'occupe des choses de Tenseignement.» Les gueux parient souvent des Conciles pour prétendre faussement qu'ils ont pris telle ou telle décision concernant Time de la femme et autres balourdises. Or, les Conciles d Aix-la-Chapelle en 789, de Thionville en 808, Mayenne en 813, Rome en 826, Paris en 829, Valence en 853 ont préconisés des mesures en faveur de l'instruction populaire. Le Concile oecuménique de Latran en 1179 disait L'Eglise de Dieu comme une pieuse mère est tenue de veiller a ce que les pau- vres ne soient pas privés de la faculté d'ap- prendre et de faire des progrès dans les lettres et les sciences. C'est pourquoi nous ordonnons que dans toutes les églises cathé- drales on pourvoie d'un be'néfice convenable un mattre qui soit chargé d'enseigner gra tuitement les clercs de cette église et tous les écolicrs pauvres. Quanta 1' Allemagne, M. Rendu, inspec teur général de l'Universiré de France,écrit Le catholicisme avait peuplé l'Allemagne d'écoles populaires comme le reste de TEurope. II avait voulu que le clergé appellt k ces écoles les fils de serfs comme ceux des hommes libres, que le curé de chaque paroisse offrit aux pauvres Tenseignement gratuit. En même temps,' les monastères de femmes avaient donné aux jeunes filles du peupledes institutrices que la réforme devait leur enlever. Ainsi le catholicisme avait posé la pierre angulaire de Tenseignement pour le peuple comme pour les lettrés. Daniel Jousse, dans un écrit datant de 1709, dit En France, chaque paroisse possède ordinairement deux écoles de charité pour les enfants pauvres, une pour les gar^ons et une pour les filles. L'historien Tains, que les libéraux invo- quent si souvent, dit, dans les Origines de la France contemporaine (page 2i3 tome i«r): Avant la revolution, les petites écoles étaient innombrables Dans son chapitre IX, l'historien Albain écrit nQuiconque aura lu sans passion ces extraits de nos plus anciennes ordonnances synodales.sera convaincu du zèle avec lequel TEglise de France travailla I la diffusion de

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1906 | | pagina 1