ORGANE CATHÖLiüüE DE 1/ARRONDISSEMENT TELEPHONE 52 Mercredi 1 Mai 1906 10 centimes Ie N - a Le rêve des anticlérieaux beiges En vue du 1" raai Hon gouvernement, Portez... briques m n s'abonne rue au Beurre, 36, a Ypres, et a tous ies bureaux de poste du royaume. Le Jv ÜRNAL D'YPRES parait le Mereredi et le Samedi. Le prix de 1'abonnement, payable par anticipation, est de 5 fr. 50 c. par an pour tout le pays pour l'étranger le port en sus. Les abonneraents sont d'un an et se régularisent fin Déoembre. Le< articles et communications doivent étre adressés franco de ort a l'adresse ci-dessus. Les annonces coütent 15 centimes la ligra Les réclames dans le corps du journa coütent30 centimes ia Lgne. Les in»e"tions judieiaires, l franc ia ligne. Les numéros supplémentaires content 10 franss les cent exemplaires Pour les annonces de France et de Belgique (excepté les deux Flandres) s'adresser VApence Ravas Bruxelles. rue d'Argent, n° 34 et a Paris,8. Place de la Bourse. Les émeutes,que les socialistes organisent actuellement en France sous l'oeil bienveil- lant du gouvernement Sarrien-C ómenceau, ennuieut terriblement les anticlérieaux bei ges. Le plus grand rêve, en effet, denos adversaires, c'est de gouverner la Belgique k la fagon de Combes. N'est ce pas Vindépendance beige, un des journauxlibéraux les plus férus d'anticléri- calisme, qui écrivait le 30 juiilet '1902 Nous espérons bien que l'exemple donné par M. Combes sera suivi en d1 autres pays. Et elle ajoutait Nous félicitons encore M. Combes pour léuergie dont il a fait preuve dans l'application de la loisur les associations, et nous exprimons une fois de plus 1 espoir que ce n'est la que le début de faction anticléricale en France L'affirmation de Vindépendance était malheureusement plasvraie quelle ne pou- rait le supposer alors. L'action anticlérica'e n'en était qu'a ses débuts, et elle produit aujourd hui ses tristes effets. Les socialistes frangais, avec qui les par tisans de Combes ont dü compter pour accomplir leur oeuvre antireligieuse, sont peu a peu, devenus tout puissants. La fai- blesse des trois derniers gouvernements les a rendu plus audacieux que jamais et aujourd'hui,la France apprend a ses dépeus, combien il en coüte d'être dirigée par des individus qui ne viseut qu'a la destruction de la religion, et ne reculent devant rien pour assouvir leur baine contre les catholi- ques. Les Combistes, qui, de l'aveu du Temps, journal non catbolique, ont été plus occupés jusqua présent a manger du curé qu'a améliorer le sort des travailleurs, assistent maintenant, effrayés, a 1 épanouissement de leur oeuvre. La grève générale est déclarée a Lorieut, le pillage des boutiques a commencé. Les corporations s'agitent. On nous prépare, dit le Temps, un 1" mai formidable. Pour tromper le pays jusqu'au bout, et ne pas compromettre leur mauvaise causo aux yeux des électeurs, avec qui, bien entendu, il doivent compter, lesjournaux blocards beiges sont extrêmement sobres eu ce qui concerneles émautes, les pillages, les ineen- dies. lis amoindrissent le mouvement ils essaient de le dissimuler, en passant sous silence ou eu résumant outragement les faits de dépi édation et d'assassiuat. Cette tactique, h, ureusement.a été,dej)uis longtemps, percée a jour. Aussi, essaient-iis maintenant de dégager la responsabilité du gouvernement frangais et de le défendre contre ceux qui pourraient l'accuser d'avoir, par son incurie ou sa faiblesse, laissé s'orga- niser la révolution, sans prendre les mesu- res que la situation comportait. N'avons nous pas vu, s'écrient les feuilles gueu-es. des émeutes, des incendies, des morts d hommes et autres horreurs de la guerre civile sous le gouvernement eatholi- que en Belgique 11 est parfaitement exact qu'on a vu des émeutes sous tous les gouvernements, même les plus conservateurs nous en avons vu encore ici il y a 4 ans mais il est a remar- quer gueux 1° que ces émeutes ont été faites par vos amis et alliés d'aujourd'hui, figurant a vos cótés dans les cartels magon niques de la Westflandre, de Louvain et i d'ailleurs 2e que jamais on n'a vu un gouvernement catbolique comprenant des prêcbeurs d'insurrection comrae M. Briand, ministre actuel de France, quiil y a quatre ans a ]>eine se déclarait p; êt b mare!, er en tête d'une grève générale armée; 3equ'eolin on na jamais vu des pouvoirs publics catho- liques pactiser avec l'émeute et l'encourager de ses subsides comme oil le voit actuelle ment dans le Pas-de Ca'ais, oü les deniers des contribuables sont consacrés a donner du pain aux incendiaires et aux pillards de Denain, de Liévin, de Leus et autres lieux. D'ailleurs, le truc de nos adversaires est trop grossier, pour que les beiges, gens sensés, puissent eucore s'y laisser prendre. Le pays sait a qu'oi s'entenir au sujet du gouvernement catho ique qu'il a vu a l'ceu vre depuis plus de 20 ans. Les anticlérieaux auront beau ergoter peine perdue Leurs déclaratioos anté- rieures, qui n'out d'ailleurs jamais été désapprouvées,restent intactes, et le '27 mai procham.Ies électeurssaurent s'en souvenir. A Paris des affiches, émanant de la Confédération générale du travail et faisant appel au chömage général, surgissent de tous cótés. Elles s'adressent a toutes les catégories d'ouvriers et ouvrières. Le mouvement révolutionnaire setend, d'ail leurs, progressivement et l'inquiétude aussi. L'afi'olement se manifeste dans la popu lation. Dans les gares, les voyageurs qui fuient la capilale sont nombreux. Cbaque jour, les capitaux sont prudem- ment retirés des bunques et envoyés a l'étranger. Les giands hotels se dépeuplent. Les Barisiens qui restent daas la capitale font prudemment des provisions de bouche et entassent chez eux des conserves. I)es bouiangers, des patissiers, des mar- chands de comestibles avertissent leur clientèle de faire lundi des provisions, car, certainement, mardi et peut-être mercredi, ils ne pourront en fournir. Enfin, dans certuines grandes artères, telle la rue royale, les bureaux de tabac out été autorisés a fermer le let' mai. Ces événements ont, depuis quelques jours, une curieuse rép> rcussion en Belgi que. De même qu'après la suppression des Congrégations, on a vu affluer dans nos provinces les inoines et les réligieuses persécutés par le gouvernement blocard, de même aujourd bui notre pays sert de refuge encore a tous ceux qu'épouvantent les menaces des agitateurs et la perspective des troubles annoncés pour le ler mai. Les capitalistes frangais, pris de panique, se sont empres-és de mettre leur argent en lieu sur, et e'e-t ainsi que depuis quelques jours Bruxelles est devenu un lieu de pèlennage trés fréquente par les financiers aux abois. Voi'a oü aboutit la politique néfaste du gouvernemaut au pouvoir. Les citoyens se sentent si mal protégés dans leur propre pays, qu'ils se voient obligés de fuir a l'étranger pour assurer leur propre sauve- garde. Voilé le beau régime que nos adversaires rêveut d'instaurer chez nous... Entretemps les amis du gouvernement continuent impuuóment a dresser les pétro- leurs pour ie grand jour. Un ouvrier permet a 1' Eclair de publier la belle protesta tion suivaute Mardi soir, a la salie des grèves de la Bourse du travail, une conférence, frénéti- quement applaudie, a été faite sur la fagon d'employer le pétroie eu cas d emeute. J'y étais. Puisque les meneurs ont bien voulu me prévenir qu'il m'empêcheraient detravailler, qu'ils pronouceiaient di-s exécutions et qu'uu accident est vite arrivé, j'ai l'honneur d'avertir M. le préfet de police que j'assi- gnerai la Ville de Paris cn dommages et intéréts (remboursement de mon salaire), si, la sécurité n'étant pas assurée, il m'est impossible le l#r mai de me rendre au travail. Que chaque travailleur agisse ainsi et la situation changeia il ne faut pourtant pas que ce soit toujour® la canaille qui soit lil re dans la rue. Bt-seine, ouvrier peintre, des Jaunes 94, boulevard de la Vil lette. A Lourdes lajournemeut du pélérinage Beige n'a pa8 manqué de produire un grand émoi. Dès que la nouvelle futconnue, le crieur public parcourut la ville, prévenaut les maitres dhótel, logeurs et commergants que le pèlerinage national beige était ajourné. Tout en la regrettant, on comprend et on approuve la décisiou du comité du pèle rinage Les Beiges ont bien raison, disait on dans un groupe de notaries. Il n'y a plus de sécurité en France. Depuis quiuze jours, les Frangais cherchent, pour i) leurs capitaux, un refuge assuré dans les caves des banques de Londres, de Genève ou de Bruxelles. Pourquoi les Beiges seraient-ils moins soucieux de la sécurité personnelle que nous de notre argent sécurité et progrès de l'épargne Les peuples n'économisent que s'ils sont prospères et s'ils sont certains que leur épargne est en lieu sür. Aussi dans les nations troublées 1 épargne décroit elle rapi- dement. Cette incompatibilité de 1 insécurité sociale avec l'économie privée est un phènomène si souvent et si universellement constate que l'on peut poser en axiome Dites moi quelle est votre épargne et je vous dirai quel est votre gouvernement. Le fait est tellement vrai que la majorité combiste en France, a la veille des elections, a estimé nécessaire de faire afficher le dis cours oü M.Poincarré,ministre des finances, montre la progression des livrets et des sommes depuis 1885. M. Jules Roche qui n'est pas un clerical étudiait mardi dans le Petit Journal les cbiffres du ministre et, s'il reconnaissait l'exactitude de l'ensemble, ii scrutait de telle facon les détails qu'il est impossible de ne pas conclure avec lui a un abaissement prodigieux de l'épargne frangaise. De 2,365 millions en 1885, cette épargne est moutée a 4,375 millions en 1904, et ce chiffre est énorme. Mais.... Mais, dit M. Jules Roche, de 1885 k 1890, le momtant des dépots augmente en moyenne de 192 millions par an; de 1890 a 1895, de i65 millions par an de 1895 1899, de 47 millions par aus de 1899 a 1904, de 8 millions par au I Autant dire que, depuis 1899, 1'augmen- tation est a peu prés arrêtée. Nous verrons même tantót que la diminu tion est venue. I)ès 1899, l'effet de la loi de i8g5 qui, de 3,325 millions en 1890 avait porté le chiffre des dépots a 4,149 millions dès la première année, a cessé de se faire sentir. Bien plus, en 1900, la réduction sur les anciens livrets supérieurs a 2,000 fr., réduc tion qui aurait dü amener une progression nouvelle, n'a rien amené du tout. Depuis 1901, écrit M. Jules Roche, il n'y a pas progrès mais reeul de 54 millions, soit une diminution moyenne de 18 millions par an au lieu de 192 millions d'augmenta- tion comme autrefois. En 1901, en effet, l'épargne e'tait de 4,429 millions; elle est tombée a 4,376 millions en 1904. II est a remarquer que la chute a commence' a partir du moment oü le Bloc et le combisme ont fait florès en France. Les chiffres sont done 14, et contre les chiffres il n y a ni parole ni éloquence qui puissent prévaloir. Bien entendu, s'il s'agissait d'une situation générale en Europe, cela ne prouverait rien contre la situation particulière de la France. Mais il n'en est pas ainsi. En Angleterre, augmentation moyenne de 156 millions par an de 1885 a 1901, et de 208 millions par an de 1901 a aujourd'hui. En Allemagne, augmentation moyenne de 5oi millions par an de 1885 a 1901, et de 458 millions par an de 1901 a 1904. La Prusse, considérée isolément parmi les Etats de l'Allemagne, donne de i8I5 a 1901, augmentation moyenne de 331 mil lions par an,et de 1901 a 1904, augmen tation moyenne de 632 millions par an. En Belgiqueoü la population n est que de 7 millions dhabitants, alors qu'ily en a 3p millions en France,!augmentation est de 21 millions par an de i885 a 1901, de Si millions par an de igoi a 1904. La comparaison est significative. Dix-huit millions de diminution, chaque année, en France, depuis 1901. Cinquante et un millions d'augmentation, chaque année, en Belgique, depuis 1901. Pourquoi Parce que la France a des mattres de'testa- bles parce que la Belgique a un gouver nement excellent. Lens, passage a niveau n* 14. Chers parents, Je mets la main au crayon, a seule fin que vous ne soyassiez pas trop inquiets par rapport a moi. Vous avouerez que, pour un dragon qui n a pas de chance, je suis un dragon qui n'a pas de chance I.. JOUKHAL H, '4

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1906 | | pagina 1