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A peu prés heureux
Un intervieuw de M. Woeste
W.
'-.SU
-'•«« main-
s réor-
-:•> '-v 81 le Gouvernement
^*ins travaux réclamés
aes.
''-ütiité, et spécialement notre
président, M. Fraeijs, n'ont eu que
^v. tesmoispour semettre en mouvement,
£i*'z'r ou reeonstituer des comités locauxt
^'assembler nos iorces éparpillées et assuiei
ainsi la victoire compléte.
Admirable, sans doute, a été le travail de
la dernière heure. Nos candidats et nos chefs
se sont prodigués. Ils ont été aidés par une
foule d'orateurs et de travailleurs. Mais le
succès ne s'obtient pas a la dermèie heure,
quand il faut, pour l'assurer, gagner trois j
voix contre une. j
II faut pour cela un travail constant, actif,
persévérant et ce travail nous l'attendons, j
pour l'avenir, de notre Association et sur- j
tout de son Président, qui a donné des i
preuves remarquables d intelligence, dénei-
gie et de dévouement.
Bon nombre de nos amis ailleurs encoie
qu'a Ypres, peuvent faire leur profit de ce
mea culpa des catholiques yprois. Une forte
organisation électorale est indispensable
aux catholiques dans tous les arrondisse-
naents, mème dans ceux qui paraissent les
mieux capitonnés suivant l'expression de
feu Malou. II ne suffit pas, pour fixer la
victoire, de grouper quelques hommes de
bonne volonté et de baptiser ce groupement
•i Association catholique i). De ces associa
tions la, la France en possède par certaines,
et cela n'empêche pas les mécréants desy
faire élire ló. mênae oü ja foi est demeuiée
vive.
Ce qu'il faut, c'est une organisation com
pléte, sérieuse, ramifiée jusque dans les plus
petites communes et couvrant la circons-
cription dun réseau d'ceuvres politiques, de
faqon a relier entre elles toutes les forces
de la déiense sociale et de les faire converger
toutes vers le même but.
C'est a ce prix seulement qu'une revision
méticuleu8e et efficace des listes électorales
pourra être accomplie; c'est a ce prix, aussi,
que le zèle des propagandistes saura oü il
doit porter son principal effort. Et c'est a
ce prix, enfin, qu'on enlèvera aux indisci-
plinés tout prétexte pour rallier les voix
des électeurs catholiques a une liste dissi
dente.
Jusque ld, les hommes qui assument la
responsabilité de la lutte auront beau se
multiplier et redoubler de zèle; ils ne repré-
senteront pas,devant l'opinion, le parti tout
entier, car le premier brouillon venu
pourra s'arroger comme eux le droit de
parler au nom des catholiques et leur displi
ter les suffrages de l'arrondissement.
Eu vue des elections de 1908 et mème de
1910, il nest pas trop tot pour mettre jj
l'expérience d'Ypres a profit. L'occasion
s'offre de reconquérir, dans la seule Flandre
oriëntale plusieurs siéges occupés par l'en-
nemi. Indépendamment de celui de Gand, 1
ceux deSt-Nicolas et de Termonde, oü une 1
longue paix a endormi bien des initiatives,
pourront nous être rendus, pourvu que
l'activité et la générosité politique de nos
amis soient a la hauteur du but poursuivi j
Le siege perdu a Courtrai nous reviendra de
même si le zèle des travailleurs électoraux 1
n'attend pas pour se manifester les semaines j
qui précédent immédiatement le scrutin.
Nous avons suffisamment célébré la j
victoire d'hier voyons A preparer la lutte j
de demain,
s
II y avait une fois (c'est cent mille fois
qu'il faudrait dire) un Prince qui était mal-
heureux et qui, comme tout simple mortel, j
était A la recherche du bonheur.
A raconter ses maux, souvent on les 1
soulage Lui, les développait en les racon- i
tant.
II avait consulté en vain tous les philo- j
sophes, les sages de son pays. Leurs con- j
seils, la vertu médicinale de leurs paroles
consolatrices lui donnaient un moment l'Es-
pérance, mais, hélas peu de temps après,
il ne revoyait que des joursnoirs et sombres.
Ou avait beau lui dire que le Bonheur
conaiste a être ni heureux ni maïheureux,
qu'il se compose d espoir et de souvenir, que
l'homme heureux est lui qui croit 1 être,
qu'il n'y a pas d'homme ans chagrin et s il
y en a un, ce n'est pas un homme.
Si notre Prince eut été un chrétien, on lui
aurait dit encore Sursum corda, travaillez
au bonheur de vos sujets car le travail est,
après la religion, ce qu'il y a de rueilleur
pour rendre la vie agréable. Job était
heureux sur son matelas de fumier paree que
la patience était son opinion. Bref, notre
Prince restait maïheureux et avait toujours
1 air de porter une croix sur les épaules.
Lorsqu'un jour l'un de ses ministres(était-
ce un philosophe, était ce un renard?) lui
ditTachez, Prince, de renccntrer un
homme heureux, demandez lui une de ses
chemises et revêtez-vous en. Elle vous
portera bonheur.
Hélas II ignorait !e pauvre Prince que
tout le moude est pauvre en ce bas-monde.
L'un en santé, l'autre en biens, l'un eu hon-
neur,l'autre en esprit.Bref,il se met eu route
et questionne les principaux de sou royau-
me. L'un se plaignait de sa santé et aurait
donné toute sa fortune pour un bonestomac.
L'autre avait perdu sa jeune femme et son
enfant etdisait mon amour était sou bon
heur et mou bonheur était sa bonne Ame,
sa fidelité, son incomparable caractère.Nous
avions uu enfant qui venait comme un
chou, tous deux sont morts en quelques
jours.
Un troisième, au contraire, se plaignait
de sa femme qui, pourtaot, s'appelait Angér
lique et qui avait, disait-il, un air archan-
gélique et il ajoutaiton dit que la fem e
est le chef d'ceuvre de Dieu pour moi,
j'estime qu'il aurait pu faire mieux.
Un autre encore soupirait en disant
j'avais un fils, Amandus, il est mort a la
fleur de! age et j ai inscrit sur sa tombe
De quo pater nihil unquam doluit nisi
mortem. Oui, le seul chagrin qu'il m'ait
fait,c'est de mourir. Sou souvenir est ene me
présent A ma mémoire, quoique depuis, j'ai
un gendre et vous savez, Prince, que celui
qui trouve un bon gendre gagne un fils
comme celui qui en trouve un mauvais perd
une lille.
Enfin, il rencontre un politicien qui lui
ditmon rêve, mon bonheur serait d'être
ministre, maïs on mo répond toujoifrs que
le moment n'est pas venu, qu'on me nom-
mera quand il faudra sauver le capitole.
Bref, comme on dit vulgairement, tous
mangeaient du pain pain arrosé de
larmes, pain de l'exil, etc. etc,, c'est une loi
de la nature.
A la fin des fins, notre maïheureux prince
rencontra un menciiant connu dans fout le
pays sous le nom de Stillatus (est-il un
descendant dune vieille familie romaine
je ne saurais vous l'afflrmer.J Ah mon clier
Stillatus, lui dit r.otre l'rince. Je me crois
aussi maïheureux que vous Mais, pas du
tout, Prince, lui répond ceSage. Je ne suis
pas maïheureux. Pourquoi le serais je Je
n'ai aucune ressource, il est vrai, mais dans
votr bon royaume, personne ne me refuse
le pain qui mest nécessaire l'eau de vos
fontaines et quelque fois autre chose apaise
ma soit', je ne souffre dans aucune partie de
mon corps, je dors avcc le calme que donne
une conscience pure, j'ai hérité des qualités
de ma mere qui est morte en sainte a Page
de 96 ans, (l'auteur a écrit enceinte nous
croyons a une erreur, N. d. 1. R.) Bref, je
jouis de la vie qui est belle et je ne connais
pas cette vallée de larmes dont parle parfois
mon curé.
Ah, mou cher Stillatus, dit le Prince, vos
paroles me remplissent de joie et vous êtes
1 homme qui aliez me rendre heureux. Que
pourais je vous donner en échange Que
souhaitez vous Parlez.
Prince, répondit notre Sage. Jo désire j
peu de chose encoremais, si ce n'était
pas abuser de votre boaté. je voudrais avoir
une chemise
bk Groninghe. i
Un envoyé spécial de la Croix de Paris,
M. Janne, a eu un entretien avec M. Woeste,
au sujet de la signification des élections
beiges du 27 Mai. Nous reproduisons le
compte rendu de cette conservation. II nous
semble marqué au coin de l'exactitude et de
la sincérité et oflre un réel intérêt tant a
cause de l'importance du sujet que de la
légitime autorité qui s'sttache aux déclara-
tions de l'éminent ministre d'Etat
- Pourquoi, dit M. Woeste, ie pays
nous a t-il conservé sa confiance Mais eest
bien iacile a expliquer, me dit-il. Depuis
vingt-deux ans que nous tenons le pouvoir,
la Belgique a joui d une prospérité presque
sans exemple dans l'histoire.
Non seulement nous avons administié
sagement les finances, mais nous avons fait
un ensemble de lois économiques et sociales
qui font de notre petit pays le premier du
monde.
Nous nous sommes présentés devant les
électeurs les mains pleines.
Voulez-vous que je prenne un exemple
Dans tous les pays, les relations entre ie
capital et le travail sont de plus en plus
tendues. C'est un fait incontestable.
Qu'avons nous fait pour assurer notie
programme de pacification 1 Une legislation
spéciale a été créée de toutes pieces en vue
de la protection de la classe ouvrière.
Chez vous le code du travail est une sorte
de manteau d'arlequin auquel chaque legis
lature apporte sa pièce sans plan ni méthode.
Chez nous, il forme un example homogene
inspire par un idéal supérieur, réalisé avec
une unité de vue, une perséve'rance et une
prudence auxquelles nos adversaires les plus
acharnés ont rendu hommage.
Vouiez vous que j'énumère les principales
lois votées par la majorité catholique
Protection de l'ouvrier dans sa familie,
sa vie et sa santé loi du i3 décembre 1889
sur le travail des femmes et des enfants loi
du 2 juillet 1899, ayant pour but d'assurer
la sécurité et de protéger la santé des ouvriers
employés dans les entreprises industrielles et
commerciales loi du 24 mai 1898 sur la
police et la surveillance des carrières.
Protection de l'ouvrier dans sou salaire
loi du 16 aoüt 1887 sur payement des
salaires, et loi du 18 du même mois sur
1 incessibilité et l'insaisissabilité des salaires;
loi du 3o juillet 1901 sur le mesurage du
travail loi du 10 mars 1900 sur le contrat
de travail.
Protection de l'ouvrier dans ses intéréts
économiques loi du j6 aoüt 1887 instituant
les Conseils de l'industrie et du travail loi
du 3i mars 1889 sur les Unions profession-
nelles.
Enfin, protection de l'ouvrier dans l'emploi
de son épargne et les besoins de ses vieux
jours loi du 23 juin 1894 sur les Sociétés
mutualistes loi du 10 mai 1900 sur les
pensions de vieillesse.
La première loi sur les mutualités, la loi
de 1851a été i'ceuvre d'un gouvernement
libéral, mais cette loi avait singulièrement
besoin d'etre élargie.
Ce n'est que depuis la loi de 1894 que les
Sociétés mutualistes ont pris un réel essor
quelques cbiffres le démontreront ample-
ment.
En 1894, il n'existait dans tout le pays que
593 Sociétés mutualistes reconnues. En 1902
leur nombre total était monté a 6,447.
Et voici la progression en ce qui concerne
une des categories les plus intéressantes, les
Sociétés ayant pour objet l'affiliation de
leurs membres a la caisse de retraite en
1894, leur nombre s'élevait a 107 seulement,
aujourd'hui, il dépasse 5.000 1
Vous connaissez notre loi récente sur le
repos dominical qui sera appliquée a partir
du mois de juillet prochain.
Jusqu'en 1889, rien n'avait été fait en
faveur de le petite propriété.
II existait, il est vrai, une loi de 1862, due
a M. Erère Orban. Cette loi se bornait a
accorder aux Sociétés d'habitations ouvrières
ainsi qu'aux ouvriers qui se rendaient
acquéreurs de leur habitation, un délai de
dix années pour se libérer des droits liscaux.
Sans une organisation de crédit a i'usage des
ouvriers acquéreurs et sans re'duction d impot,
cette loi était condamnée a rester lettre
morte.
C'est la loi du 9 aoüt 1899 qui a permis
d'organiser un crédit foncier a la disposition
des ouvriers au moyen des avances de fonds
faites par la Caisse d'épargne.
Je citerai ensuite la loi du 21 mai 1897 sur
les acquisitions de petites propriétés rurales,
puis encore celle du 16 mai 1900 sur le
régime successoral des petits heritages,
laquelle a pour but de faciliter la conserva
tion du patrimoiue dans la familie.
Vouiez vous me permettre, Monsieur
le ministre, de vous poser une question
précise Le cartel a inscrit dans son pro-
gramme trois réformes le suffrage universel
pur et simple, l'enseignement obligatoire et
le service militaire personnel. Quelles objec.
tions faites-vous a ces trois réformes?
Est-il bien nécessaire que je vous
démontre tbe'oriquement la supériorité du
suffrage plural
Non, Monsieur le ministre. Je l'admets
en théorie. Mais pourquoi ne pas enlever
cette arme a vos adversaires
Peut-être y serons-nous acculés Un
jour. Mais, dans ce cas, nous irons jusqu'au
bout nous accorderons le droit de vote aux
femmes. Je suis adversaire en principe de
l'intrusion des femmes dans la politique
mais saluspopuli suprema lex. Si nous né
pouvons maintenir le suffiage plural, nous
terons un suffrage si universel qu'il submer-
gera nos adversaires.
Vouiez vous maintenant que nous parlions
de l'enseignement Pourquoi serait-il
obligatoire dans ce pays de 1 i bei té séculaire?
Dans ce pays oü 1 Etat encourage et subsidie
toutes les initiatives mais n'impose rien
Mais, qu'est-ce que nous n'avons pas fait
plus que vous autres Frangais pour l'ensei-
gnement
Le gouvernement a ferme' quelques écoles
sans élèves, mais le nombre des écoles
soumises a l'inspection de l'Etat et le nombre
des élèves ont augmenté de plus de moitié
depuis vingt-deux ans.
Voici les chiffres d'après la dernière staffs
tique, celle de 190$ parue en 1905
Ecoles primaires communales, adoptées et
privées, inspectées et subsidiées en 1884
4.810 écoles avec 346,012 élèves; en 1904
7,100 écoles avec 859,436 élèves, soit i5o°/o
d'augmentation.
La population s'est élevé dans les écoles
moyennes de 65,0008240,000, soit prés de
3oo°/0 d'augmentation.
La population des écoles gardiennes in
spectées a triple.
La population des écoles d'adultes a doublé.
Le nombre des professeurs a doublé e'gaie-
ment, ainsi que le nombre des écoles norma-
les, etc.. etc. Le personnel des seules écoles
primaires inspectées, qui s'élevait a 8,328
personnes en 1881, était de 17,976 en igo3
(plus que doublé).
Toutes ces statistiques se rapportent uni-
quement aux écoles inspectées par l'Etat en
exceptant les écoles et colléges fibres qui ne
demandent aucun subside a 1 Etat.
Si l'Etat devait instruire les 400 000 élèves
des écoles libres subsidiées et adoptées, il en
résulterait une dépense annuelle supplémen-
taire de 9 millions sans compter les frais de
construciion des locaux. Pour les écoles
gardiennes et d'adultes, la dépense serait
plus forte encore.
Les conséquences heureuses des mesures
prises par les catholiques n'ont pu encore se
faire sentir que partiellement en ce qui con
cerne la diminution du nombre des illettrés
lors de l'incorporation des miliciens, puisque
ce nombre ne se constate que lorsque les
élèves ont atteint l ége de 19 ans.
Mais cette diminution est constante et pro-
gresse d'année en année en 1880 il y avait
21,76% d'illettrés dans le contingent; en
1890, il n'y en avait plus que 15,92 °/0 en
1903, io,68 et en 1904, 10,19 (moitié
moins qu'en 1880).
Cette diminution est tellement constante
chaque année qu'on peut prévoir que, dans
six ans, c'est a dire lorsque les élèves actuels
de nos écoles auront lage de milice, le nom
bre de miliciens illettrés sera réduit a un
chiffre insignifiant
Le gouvernement catholique n'a pas borné
ses efforts a eet enseignement. II a presque
quintuple les dépenses pour l'enseignement
industriel, professionnel, commercial et mé-
nager, Les allocations budgétaires, qui
étaient en 1880 de 330,900 francs, se mon-
taient a 1,5 11,000 francs en igo3.
Une constatation analogue peut être faite
pour l enseignement agricole.
L enseignement public en Belgique a
obtenu les plus grands succès aux Expositions
alternation ales a letranger
A 1 Exposition universelle de Paris en 1900 1
Le grand prix, e'est-a-dire la plus haute ré
compense, pour son enseignement primaire
le grand prix pour son enseignement moyen;
le grand prix (Universités Liége et Louvain)
et la médaille d'or (Universites Gand et
Bruxelles) pour son enseignement supé
rieur.
Al Exposition de l'enfance de Saint-Peters-
bourg, en igo5 le prix d'honneur pour ses
écoles gardiennes le prix d'honneur pour
ses écoles primaires le prix d'honneur pour
ses oeuvres sociales.