ORGANE CATHOLIQUE DE L'ARRONDISSEMENT souris»"1 TELEPHONE 12 Mercredi 11 Juillet 1906 10 centimes Ie N Harmonie communale Malheur aux pauvres Encore le cas de M. Merghelynck Le christianisme et la Société - V.v T-* S- tin s'abonne rue au Beurre, 36, Ypres, et tous les bureaux de poste du royauine. It*;. rT KJ? xf JOURNAL #1 Le JOURNAL D'YPRBS parait le Mercredi et le Samedi. Le prix de l'abonnement, payable par anticipation, est de 5 fr. 50 c. par au pour tout le pays pour l'étranger le port en sus. I.es abonnements sont d'un an et se régularisent tin Décembre. Les articles et communications doivent étre adressés franco de port a l'adresse ci-dessus. Les annonces coütent 15'centimes la ligre, Les réclames dans le corps du journa content 30 centimes la ligne. Les mwtions judmiaires, 1 franc 'a ligne. Les numéros supplémentaires coütent 10 franss les cent exemplaires. Pour les annonces de France et de Belgique (excepté les deux Flandres) s'adresser a 1 'Agence Havas Bruxelles. rue d'Argent. n° 34 et a Paris,8, Place de la Bourse. Dimanche, 15 Juillet 1906, a 8 1/2 heures. sur le kiosque de la Grand'Place PROGRAMME i. Voila les Soldats, Allegro militaire ElLENBERG Marche Solennelle, A. NEUFCOUR 3. Javotte, Ballet SAINT SaËNS 4. Ségoviane, Danse Espagnole LACOME 5. Werther, drame lyrique MASSENET Dans la forge, morceau cara c- téristique ElLENBERG En matière de philanthophie, la franc- ma^onnerieetle socialisme ont fait leurs preu- ves. Ces prétendus de'mocrates se montrent en réalité trés dures aux petits et aux débiles. Ils rcnient le Beati pauperes 1 de l'Evangile ct font revivre le Vas victis 1 païen. Sous l'empire de ces sinistres comédiens qui parient sans cesse de leur dévouement aux prolétaires plus que jamais malheur aux humbles, aux timides, aux travailleurs, aux miséreux, a tous ceux qui ne sont pas parmi les foits dans la terrible lutte pour la vie 11 en était ainsi chez nous lors de la lutte scolaire. Qui nous dira jamais tout ce qu'ont souf- fert les pauvres pendant ces tristes années Nousne les avons pas oubliés ces comités scolaires, ces bureaux de bienfaisances, ces patrons et propriétaires libéraux qui s'en allaient dire l'ouvrier confiez nous vos enfants sinon nous vous enlevons votre pain». 11 en est de même aujourd'hui en France. Hier le journal officiel publiait la suppres sion d'une longue série d'écoles libres fré- quentées surtout par des enfants de pauvres ouvriers,de petits fermiers,de modestes com- mergants. Toute la législation scolaire sortiedes loges fran^aises a été échafaudée au détriment des pauvres. Aux personnes ai.sées il reste encore la faculté d'envoyer leurs enfants a des établis- sements maintenus au prix de grands sacri fices il leur reste la faculté de prendre chez eux des précepteurs de recourir, pour l'édu- cation de leur petite familie a des rcpe'titeurs libres. Mais pour les écoliers issus du peu- ple, il ne subsiste en beaucoup de localités que l'école la'ique, obligatoire, prétendue neutre. Cette situation qui empêche beaucoup de parents moins aisés d'élever leurs enfants selon leur conscience n'émeut point les législateurs sectaires. Les plus purs d'en- tre eux continuent d'envoyer leurs enfants dans les colléges ou pensionnats qui leur plaisent. Les modestes fonctionnaires qui ont l'audace de tenter l'usage de ces mêmes libertés sont vite rappelés a l'ordre et, s'ils s'obstinent, on les révoque. Ceux la en effet ce sont des petits, des faibles tout est permis a leur égard leurs sentiments les plus intimes n'obtiennent aucune conside'ration. En France on ne compte plus les malheu- reux parents qui, inscrits dans tel ou tel bureau de bienfaisance, ont dü envoyer leurs enfants a l'école la'ique devant la faim mena- $ante. L' commission administrative du bureau de bienfaisance de Croix (Nord) vient de decider par une deliberation formelle, ia suppression de tout secours aux families indigentes qui enverront leurs enfants dans des écoles libres. Dans un certain nombres de localités, les maires socialistes ont interdit aux ministres des cultes d'accompagner les convois funè- bres autrement qu'en voitures. Sur beaucoup de sectaires la vue d'un ecclésiastique en surplis produit le même effet qu'une loque rouge sur un taureau. Les families qui veu- lent voir un ecclésiastique accompagner leurs défunts au cimetière sont obligées de faire les frais d'une voiture. Cette dépense n'arrê- te pas les personnes aisées. Les pauvres, qui déja ressentent le plus vivement les coups de la mort, sont les seuls a souffrir de cette mesure sectaire. Qu'importe aux demagogues sectaires lis étalent leur devise liberté, égalité, fraternité dans les plus modestes commu nes. Cela ne les empêchera pas de commettre les pires attentats contre le droit, contre la misère, contre la faiblesse, contre tout ce qui est surtout digne de respect, de pitié et d egards. Vae victis Malheur aux pauvres Motus 1 M. Merghelynck ne nous répond plus. Nous lui avions demandé de répondre a la seule question soulevéeComment M. Merghelynck, fonctionnaire d un gouverne ment catholique, a-t-il pu engager ses fer- miers, leurs ouvriers et amis a voter, dans toute la province, pour des listes ou, a coté de libéraux, figuraient des socialistes republi cans et révolutionnaires,lui, le Représentant du Roi et du gouvernement dans notre arrondissement. M. Merghelynck ne répond plus, et pour cause que pourrait il bien répondre a cette question, passablement embarrassante, nous le reconnaissons. Le Progrès, au lieu de reproduire notre réponse a la lettre de M. Merghelynck qu'il publie en entier, croit habile de répéter, de facon peu heureuse, les considérations dont s'était servi M. le commissaire d'arrondisse- ment. De réponse a la question ci-dessus, pas un mot. Pas un mot non plus pour ex- pliquer l'intérêt général, het algemeen welpijn, au nom duquel M. Merghelynck a fait de la propogande electorale dans notre province. Est-ce peut être paree que M.Merghelynck se rappelle sa circulaire de 1879, qui le condamne Rappelons le passage le plus suggestif de cette circulaire, adressée aux bourgmestres, échevins etc. etc. de notre arrondissement Mandataire d'un gouvernement liberal, je considère comme un devoir de soutenir sa politique, que je crois avant tout natio- nale, et la plus conforme au texte et a l'esprit de notre constitution.» M. Merghelynck est, depuis vingt-deux ans, mandataire d'un gouvernement catho lique. Pour être logique il devrait soutenir la politique de son mandant, a moins qu'il ne considère cette politique comme antinationale et contraire au texte et a l'esprit de la constitution. Etait ce peut-être la sa pensee quand il engageait ses fermiers, leurs ouvriers et amis, a voter pour le cartel radical-socialiste Si oui, nous lui rappellerons une parole de Frère-Orban, son mandant de 1879, parlant des radicaux Ces gens conduiraient le pays aux abimes.» S'il considérait la politique du gouverne ment libéral de 1879, dont Frère-Orban était le chef, comme nationale et conforme au texte ct a l'esprit de notre constitution, peut- il de bonne foi en dire autant de la politique de M. M. Janson et consorts, condamnée par Frére-Orban lui-même Et s'il considère la politique catholique comme antinationale et contraire au texte et a l'esprit de la constitution, son devoir et sa dignité ne lui commandent-ils pas de ne plus servir le gouvernement qui dirige cette politique Le Progrès aura beau venir au secours de M. Merghelynck en qualifiant sa lettre de trés digne et très-péremptoire, l'opinion pu- blique tout entière jugera autrement la conduite du commissaire du gouvernement. Le Progrès, toujours adroit, nous dit Ainst, paree qu'on est fonctionnaire et propriétaire en même temps, on n'aurait pas le droit, en cette dernière qualité, d'agir par conseil et persuasion prés de ses n locataires, pour aider a l'élection des candidats de son parti t De son parti C'est a dire le parti du cartel 1 Comme si en faisant voter pour les libéraux, M. Merghelynck ne faisait pas voter en même temps pour les radicaux et les socialistes 1 Le Progrèscomme M. Merghelynck, distingue entre le commissaire d'arrondisse- et le propriétaire. Est ce que le gouvernement libéral de 1847 et celui de 1878 ont fait cette distinction, quand,avant de donner a leurs fonctionnaires l'occasion de soutenir ou de combattre leur politique, ils ont brutalement destitué tous les gouverneurs et commisaires, paree que catholïques Que le Progrès nous réponde a cette question. Est-ce que le gouvernement francais, dont le parti de M.Merghelynck rêvait d'instaurer la politique dans notre pays, ferait la distinc tion Si M. Merghelynck y consent, nous allons demander l'avis de M. Combes, et nous verrons après. Assez, n'est ce pas, de cette distinction qui fait sourire M. Merghelynck aussi bien que son défenseur du Progrès. Nous savons que M. Merghelynck a exercé son influence même sur des locataires qui dépendaient bien plus de propriétaires catholiques que de lui-même. A son tour, le Progrès nous reproche d'avoir fait usage de la lettre de M. Merghe lynck, qui était personnelle. Or, la lettre de M. Merghelynck a été envoyée a un grand nombre d'exemplaires. Elle a été lue publiquement dans des cafés. Et son auteur lui même la considère comme si peu confidentielle qu'il se vante presque de l'avoir envoyée, puisqu'il dit qu'il recom- mencera a chaque élection. De quoi se plaint- il alors Le Progrès possède, lui aussi dit-il, des lettres de cette nature a charge de catholi ques.Si elles émanentde fonctionnaires, qu'il i les publie sans se gêner. Le Progrès explique notre sotte dénoncia- tion par 1' ote toi de li, que je m'y mette.» Les fermiers qui nous ont envoyé sponta- nement des exemplaires de la lettre de M. Merghelynck auraient-ils par hasard la brutale poussée de eet égoïste et féroce mobile, éternelle raison des ambitieux sans scrupules Peut être mais nous n'en connaissons pas d'autres qui convoitent aprement, comme entrée dans la vie publique, le claque, l écharpe et fépée du commissariat. Nous avons même formé le vceu que M. Merghe lynck conserve sa place pendant cinquante ans pour nous permettre de célébrer avec lui un jubilé qui coincidera a peu prés avec le cinquantenaire du gouvernement catholique, que notre commissaire sert si bien en le combattant i chaque élection, comme propriétaire tout i fait distinct du commis saire qui ne voudrait pas même influencer un garde-champêtre I Les conservateurs francais, du genre libé ral et de l'espèce progressiste, mais pai du tout catholiques, pas du tout cléricaux, pour employer le jargon du jour, sont rassurés et ils vont reposer leurs têtes un moment stu- péfaites sur l'oreiller de la satisfaction. Ils sont remis de l'alarme si chaude ressentie le 1 mai. Tout est bien, le calme est reconquis, 1 avenir, pareil a 1 aurore d'un beau jour, est couleur de rose. Les capitaux, un moment émigrés a Londres, a Genève et a Bruxelles, vont rentrer dans la patrie et reprendre place aux coffres-forts familiaux. Qu'est-ce done qui est survenu, quel est l'astre bienfaisant qui a fait disparaitre la tempête Monsieur Clémenceau, le grand chef socialiste du ministère francais a parlé, il a bien parlé, il a admirablement parlé. D'après ces conservateurs, il est devenu, d'anarchiste, un grand homme d'Etat. Qu'y a-t-il done dans son discours A quelles fortes doses a-t il versé Yopium sur la tête de ces bons conservateurs Le nouveau grand homme d'Etat a blame les fabricants de barricades, les tombeurs d officiers blessés sabre au fourreau et d ouvriers paisibles, les incendiaires d usines et les pillards de chateaux. Voila, du coté positif, les blames réellement rassurants, dignes de la politique la plus élevée. Du coté philosophique, il ne croit pas qu'une société nouvelle, fondée sur le collectivisme par la suppression de la propriété privée, puisse être créée du jour au lendemain. II faudrait avant tout réformer les hommes. C'est tout. Vraiment, il y a de quoi dormir du sommeil de la plus absolue quiétude II faut être béats et stupides comme des ultramontains pour conserver l'inquiétude au coeur et 1 anxiété dans la tête. Ces affreux calotins croient en Dieu gouvernant le monde, en la force des dix commandcments de Dieu, en la puissance

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1906 | | pagina 1