TÊLÉPHOffE 52
m
til
Mereredi 18 Juin 1906
10 centimes Ie N°
EJarmonie communale
Le grand soir...
Pour plus tard
Funérailles de
M. Florimond Vande Voorde
'n s'abonne rue au Beurre, 36, a Ypres, et tous les bureaux de poste du royaume
j m
Dimancbe 17 Juin
A MIDI
au Kiosque de la Grand'Piaee.
Liau
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Programme au prochain numéro.
II y a de pauvres ames sentimentales qui
font parfois de» objections contre ce dogme
effrayant du catholicisme 1' enter
Hier, elles ont eu leur réponse.
Peut on imaginer quelque chose de plus
gracieux, de plus poétique, de plus désar-
mant qué ce jeune roi de 20 ans, eet enfant,
conduisant, au milieu de son peuple, sa
fiancee une autre enfant a i'autel...
Elle et lui n'ont fait que du bien.
Avant-hier encore, la princesse Ena s'avan
$ait au milieu de la rue pour relever une
pauvre femme, lui prenait sa requête, et
Alphonse XIII ajoutait une grèce de plus
i toutes celles qu'il a signées ces derniers
temps.
Chacun d'eux résumé, dans son genre
une somme de tendresse intelligentes et de
préoccupations sans limites. On les a élevés,
instruits, entraines, pour le bonheur de leur
peuple,...
Ils sont rois... C'est vrai Mais on nait
de qui l'on peut Ils n'ont pas intrigue
pour capter un tröne... Dans leur mariage,
l'amour a parlé bien plus haut que la
politique.
Et pendant que l'affection de tout un
peuple dispose les tentures dans les rues et
autour des places publiques... pendant qu'on
pique les fleurs... qu'on déroule les tapis...
qu'on illumine les églises.., des êtres k face
humaine, enfermes dans une chasibre, a
quelques mètres de la, versent l'acide sulfu.
rique dans l'éprouvette de verre, et ferment
une bombe auprès d'un bouquet....
Cela, sans un remords, sans un frisson
de pitié pour cette jeunesse et cette innocence
pour cette mere dont on va anéantir
1 oeuvre.pour ce pays qu'on va endeuiller...
pour cette foule dont le sang va gicler sur
les toilettes de fête....
Non... Ils ne pensent qu'a une chose
l'engin éclatera-t-il dans toute sa hideur
tenacc et hypocrite... L'anarchiste en est
imbibé comme une éponge trempée dans du
vitriol... Vous le pileriez eet homme... que
chacun de ses atomes crierait la haine... la
haine contre l'autorité... contre tout ce qui
brille... contre ce qui dépasse le niveau fixé
parson cerveau effarant
L'enfer, c'est cela...
C est l'irréductible, l'insatiable haine...
Rappelez-vous l'émouvante apostrophe de
Dieu k Satan dans le livre si curieux de
Catherine de Sienne M'as-tu jamais
demandépardon...
Et Satan, sans répondre au Maitre qui
mendie, méme ici, un peu d'amour, tourne
le dos et s'enfonce, farouche, dans la nuit
Tout, plutot que ne pas haïr
L'anarchie, c'est l'enler sur laterre... c'est
le mal pour le mal... le mal béte, idiot... qui
lue pour tuer, et qui, a certaines heures,
nous fait rougir d'etre homme et nous
force presque a regarderavec envie les bêtes,
meilleures que nous.
Etpourtant, il y a un être plus coupable,
plus re'pugnant que 1 anarchiste...
C'est le franc-macon qui, bien a l'abri au
fond de son arrière-Loge, crée le bouillon de
cultureVatmoSphère de haine,dont le com
pagnon n'est qu'un logique produit.
L'anarchiste est la main; le franc-ma^on
est le cerveau
Si Von navait pas ruiné la religion en
moi, disait l'anarchiste Henry au pied de
l'échafaud, je n'aurais pas commis Vacte
pour lequel je vais mourir...
Or, qui fait l'impossible pour anéantir la
foi dans les ames...?
Qui incarne rageusement, en sa per-
sonne, le type d'adversaire de Dieu...?
N'est ce pas le franc-macon...?
La conclusion est done rigoureuse.
D'ailleurs, la Franc-Mafonnerie a tou-
jours tué, sinon directeraent, du moins par
procuration.
C'est elle qui fit passer a Louis XVI la
fameuse voüte d'acter, en 1789... Depuis
elle a continué son geste... et n'arrête pas
d'inscire des souverains ou des souveraines
au tableau de chasse de ses Convents...
Comme ils profiteraient en le me'ditant,
ce tableau, tous ces souverains qui flirtent
avec la Franc Ma^onnerie, telle jadis la
princesse de Lamballe, et rêvent de devenir
tabous en passanti leur cou le ruban
bleu aux fleurs d'acacia
Tabou Personne ne l'est devant ceux
qui tirent les conclusions des principes des
Loges... Personnel... ni les bons, ni les
mauvais....
C'est l'incorruptible Garcia Moreno assas-
siné en 1875.
L'empereur de Russie assassiné en 188r
L'impératrice d'Autriche assassinée par
Luccheni en 1898, a Territet.
Canovas,premier ministre d'Alphonse XII,
assassiné en 1897 par Angiolillo,
Sadi Carnot assassiné en 1894 par Caserio.
Le roi Humbert assassiné en 1900 par
Bresci.
Mac Kinley assassiné en 1901
Etc..., etc..., sans compter les innombra-
bles tentatives, oü le bras ne fut pas a la
hauteur du cerveau... Ainsi.on essaya quinze
fois d'assassiner Louis Philippe..., deux fois
le vieux Guillaume, deux fois Edouard VII
et la reine Victoria....
C'est le triomphe terrestre du Non ser-
viam evise de la Maconnerie universelle
appliquée avec strategie tantot d'une
faijon brutale, tantöt avec un doigté mysté-
rieux Thiers Gambetta... Jules Ferry...
Reinach... Barrême... le colonel Hery.. le
commandant d'Attel... Richaud... Félix
Faure... Syveton...
Ah I si les morts pouvaient parler
Mais comme tout cela est triste
Bienheureux les simples... ceux qui ne
voient pas... ceux qui ne comprennent pas...
ceux qui croient encore aux iacades les
belles ames qui disent qu'on exagère I...
Les autres ont l'impression d'etre dans la
forêt de Bondy...
Et ils font leur route, l'ame imprégnée
de défiance et de mélancolie, humiliée d'ëtre
humaine, s'attendant a tout.
même quelquefois au bien I
Mais, surtout, ils sentent qu'en dehors
de la lumineuse religion d'amour apportée
par le Christ, il n'existe, sur la terre, aueun
remède contre la haine... aucune puissance
pour empêcher le «grand soir», dont on
salue déja l'apparition dans le monde ou-
vrier, et oü l'anarchie triomphante écrasera
la sociéte' sous les ruinss de toutes les
croyances....
PlERRE L ERMITE.
Du Ralliement, sous la signature de G.
Lorand
C'est la Flandre qui doit nous rendre la
majorité ce sont les campagnes qu'il faut
éclairer, pénétrer, détromper, convertir,
soulever contre la domination des seigneurs
et-des curés. Mais c'est la une tdche longue
délicate et difficile. II y faudra mettre BEAU-
COUP DE TEMPS, UN TRÉS LONG et tres
patient effort.
L'oeuvre est peine commence'e.
Ce ne sera pas dans deux ans, ni dans
quatre ans qu'elle sera achevée sans doute.
Un ami de M. Lorand qui semble vouloir
disputer a celui-ci le dou de la prophétie
electorale, est, d'ailleurs, plus précis a cet
égard que le Virtonnais national. L'Echo du
Luxembourgjournal libéral d'Arlon, écrit
Nous fixons a quatre ans la date
PROBLÉMATIQUE du renversement du mi
nistère paree que, en 1908, la consultation
electorale se portant sur la partie wallonne
du pays ne peut guère apporter de change
ment décisif.
Ainsi le? libéraux n'ont pas a espe'rer la
victoire d'ici a quatre ans, et encore dans
quatre ans sera-t-elle problématique 1
Mardi matin, a dix heures et demie, ont
été célébrées, en l'église paroissiale de Saint-
Pierre, les funérailles de M. Florimond
Vande Voorde, brasseur et cunseiller com
munal. La levée du corps a été faite et la
messe chantée par le curé de la paroisse, M.
Vandermeersch, assisté par M.\l. Denys,
yicaire a St Nicolas et Outtier, vicaire a
St-Martin. Les coins du poè'e étaient tenus
par MM. Colaert, membre de la Chambre
des représentants, bourgmestre d'Ypres
Fraeijs, conseiller provincial et président de
l'Association catholique de larrondissement
Boone, président d honneur du Volkshuis
Félix Struye,secrétaire du Cercle catholique;
Vandenberghe, président du Bureau de
Bienfaisance Sobry, conseiller communal,
président de la Jeune Garde Catho'^ue.
Dans le cortege, ouvert par lTJar- .onie
Communale et escorté par le corps des
sapeurs-pompiers communaux, on cniar-
quait le conseil communal au complet,
diflerente3 notabilités, plusieurs prêtres et
un public trés considérable.
Après la cérémonie religieuse, le cortège
se reforme pour se rendre au cimetière oü
le bourgmestre, M. Golaert, adresse, au nom
du Conseil communal, un suprème adieu au
collègue défunt. Fin un langage ému et qui
impressiotine vivement l'auditoiie, il s'ex-
prime aiusi
Messieurs,
Nous nous conformons a un pieux usage,
consacré par une touchante délibération du
Conseil communal, en venant, au nom de
la ville, dire une derrière parole k M. Flo
rimond Vandevoorde, notre collègue et ami.
Une parole d'adieu k un de nos derniers
élus, le plus robusle, presque le plus jeune,
dont la mort brise la carrière avant qu'il ait
pu donner toutes les preuves de son dévoue-
ment a la chose publique, toutes les marque
de son attachement a notre parti 1
i Né en 1861 d'une honorable familie de
Moorslede, Florimond Vandevoorde, après
ses études moyennes, devint apprenti bras
seur, et posa dès lors les jalons d une
profession, oü la pratique et l'expérience
conduisent au succes plus sürement que la
science spéculative et l'esprit du livre.
En 1886, il s'établit brasseur a Ypres
deux ans après, il s'uoit a une de nos conci-
toyennes qui lui assura, avec les moyens
d'étendre et de perfectionner son industrie,
une consideration basée sur Fhonneur et le
travail. C étaient deux êtres qui devaient
s'harmoniser et se compléter.
Vande Voorde avait hérité de ses parents
la franchise flamande, qui parait rude au
premier abord, paree qu'elle dédaigne l'éti-
quette, qu'elle ne connait ni les équivoques
ni les expédients et qu'elle ne recourt jamais
aux ambages ni aux subterfuges.
Tout d'une piece, il cachait, sous une
écorce dure, une ame sensible et un coeur
généreux, qui finissent toujours par conqué-
rir l'affection du prochain et la sympathie
publique.
Dès 1899, nous songeames a faire de
notre ami un candidat a l'élection commu
nale. Nous savions qu'il était aimé de ses
ouvriers qu'il affectionnait sincèrement, bien
vu des pauvres de S' Pierre qui trouvaient
une Providence danssacompagnechrétienne,
considéré par le public tout entier et spé-
cialement par les locataires et tous ceux qui,
a un titre quelconque, étaient ses obligés. II
avait du reste fait preuve de connaissances
techniques, qui 1 avaient fait entrer dans la
Commission chargée de l'examen de l impor-
tante question de l'éclairage public.
Mais Vandevoorde ne se croyait pas appelé
4 la vie politique il n'ambitionnait d'autre
role que celui de simple soldat de l'armée
catholique dont il était devenu un serviteur
militant. II fallait vaincre de longues résis-
tances dicte'es par un sentiment de modestie
que nous devions apprécier, mais que nous
trouvions exage'ré. II fallait surtout des cir-
constances exceptionnelles pour qu'enfin,
en 1903, il finlt par céder devant cette con
sideration, irrésistible pour un chrétien, le
devoir.
Cest le devoir qui le fit lutter a cóté de
nous, avec ce bel entrain que d'autres
s'elforcèrent d'imiter, avec celte tactique
parfaite qui n'est pas le fait du premier venu,
avec cette humeur enjouée qui, sans blesser
l'adversaire, enthousiasme les troupes pour
le combat.
II triompha avec nous a une belle majo
rité et, la lendemain de la victoire, son
premier souci fut de se rendre utile a sa
ville adoptive, en s'occupant des intéréts de
tous, mais surtout de ceux de Fouvrier et des
déshérités de la fortune.
Ceux qui Font vu l'ceuvre comme nous,
ont pu apprécier son zèle, son activiié, son
dévouement. A tous les problêmes il trouva
des réponses promptes, presque immédiates
il proposa même quelquefois de résoudre les
questions les plus épineuses comme un
personnage de l'antiquité trancha le noeud
gordien. Ce n'est certes pas toujours la vraie
manière, et il le comprit lui-même dès que les
lumières et l'expérience de ses ainés lui
signalaient la solution qui leur paraissait la