L n Mercredi 20 Juin 906 LA SEMAINE Les fouiiles du Forum et le tombeau de Trajan Paille et Poutre 10 centimes Ie N° s abonne Beurrt bureaux royaume. Le JOURNAL D'YPRES parait le Mercredi et le Samedi. Le prix de l'abonnement, payable par anticipation, est de 5 fr. 50 c. par an pour tout le pays pour l'étranger le port en sus. Les abonnements sont d'un an et se régularisent fln Décembre. Les articles et communications doivent étre adressés franco de ort a l'adresse ci-dessus. Les annonces ;Coütent 15' centimes la ligre. Les réclames dans le corps du journa coütent30 centimes la ligne. Les inssr>tions judiciaires, t franc ia ligne. Les numéros supplémentaires content 10 fraais les cent exemplaires. Pour les annonces de France et de Belgtque (excepté les deux Flandres) s'adresser a VAgence Havas Bruxelles. rue d'Argent, n° 34 et a Paris,8, Place de la Bourse. La Semaine commencée nous réserve-t- elle encore des débats parlementaires comme ceux engages a la Douma russe et a la Cham- bre francaise Des conflits sanglants de races et de religions comme ceux dont les rues de Bielostock viennent d'etre le theatre Des querelles internationales nouvelles comme celle qui a amend la rupture des relations diplomatiques entre la Grèce et la Roumanie? En fait de discussions parlementaires on attend avec curiosité la suite de celles qui sont entamées un peu partout, en France aussi bien qu'en Russie, a Rome aussi bien qu'a Vienne et qua Buda Pestb On suit mëme avec attention le débat engage a la Chambre des communes sur l'« Education bill car, k la tournure qu'il prend, il peut mettre le cabinet Campbell Bannerman en tres mauvaise posture devant le pays si le gouvernement anglais ne fait pas de nouvel les concessions aux partisans de l'enseigne- ment libre. En ce qui concerne les cocflits interna- tionaux, on ne s'attend pas, cette semaine, a de grosses surprises ni du coté de Vienne et de Buda-Pesth, ni du coté de Bucharest et d'Athènes. II faut, en effet, du temps et beaucoup de temps pour régler les multiples questions d'ordre économique qu'examinent en ce moment les cabinets Beck et Wekerlc. Quant a la nouvelle querelle gréco-roumaine, ce nest pas en vingt-quatre heures qu'on parvient a l'apaiser, d'autant plus que la surexcitation des esprits est tres grande chez les sujets du roi Georges et chez ceux du roi Karol. Une affaire internationale dont on ne peut non plus attendre le règlement final du jour au lendemain, c'est celle du Maroc. Voila des mois que l'acte d'Algésiras a été signé. Voila des semaines que le représentant des puissances, M. Malmusi, est arrivé a Fez, et le sultan Abdul-el-Aziz n'a pas encore donné formellement son adhesion a tous les projets élaborés pour rétablir l'ordre et la tranquil- lité dans ses Etats. Estce a dire que Sa Majesté chérifienne ne s'inclinera pas devant la volonté des qua- torze puissances réunies l hiver dernier en conférence Nuilement. Le Maroc, comme la Turquie est un pays oü Ton pratique la politique des lenteurs et des tergiversations. Avant d'approuver quoi que ce soit, le souverain de l'empire ultraméditerranéen éprouve toujours le besoin de consulter le Maghzen et celui ci a son tour a pour habi tude de prendre l'avis du Conseil des Nota bles. Tous ces conciliabules prenant du temps, S. M. Abdul-el-Aziz n'a pu encore donner sa réponse définitive a M. Malmusi, mais on ne doute plus que cette réponse ne soit favorable. En attendant la ratification définitive de l'acte d'Algésiras, on verra cette semaine s'accomplir uu événement heureux dans un pays du nord de l'Europe, qui était encore en pleine agitation et en pleine crise ii y a un an. II s'agit du couronnement d'HaakonVII, le nouveau roi de Norwège, dans la cathé drale deTrondhjem. Tout est bien qui finit bien. L'ordre est enfin rétabli a Bielostock, a en croire les depêches de lundi matin. L'en quête faite au sujet de ces troubles a démon- tre' que la responsabilité en remontait aux juifs. En Pologne, a Varsovie et a Lodz les juifssont pris d'inquiétude ils craignent de sanglantes représailles. Iin'estrien de comparable a l'imposante majesté des ruines du Forum romain, soit qu'on les considère du baut de l'escalier du Capitole, soit qu'on les contemple du som met de la Velia oü se profile élégamment l'arc de triomphe de Titus. Est-ce la magie des souvenirs classiques qui prédispose a l'admiration Est-ce l'effet prestigieux de la lumière méridionale qui souvent donne aux objets je ne sais quelle irréelle splendeur Nul doute que ce double élément ne con- coure a notre e'motion, puisque les jeux de la lumière et de l'ombre contribuent a l'intensité de la vision et qu'il se mêle toujours a cette vision une part de nous- mêmes, ce qui a fait dire justement qu'un paysage est un état dame. Le gouvernement italien, depuis son installation a Rome, c'est une justice a >ui rendre, n'a cessé de faire exécuter au Forum les fouiiles les plus intelligentes et les plus persévérantes. Elles ont remis a jour, sous un amas de débris, des monuments primi- tifs qui ont permis de fixer quelques points obscurs de la Rome républicaine l'empla- cement de la curie, des cornices, des rostres et les fouiiles se poursuivent précise'ment dans cette région nord qui est contigue au forum des Césars. Mais le commandeur Boni, préposé aux fouiiles, a résolu de porter ses investigations au forum de Trajan, afin d'essayer de retrouver le monument funéraire de eet empereur. Disons tout de suite que c'est le gouver nement francais qui exécuta les premières fouiiles dans ce forum durant l'occupation impériale c'est lui qui, de 1812 a 1814, fit démolir les constructions avoisinant la colonne pour dégager la basilique TJ1 pia et toute la partie de ce lorum aujourd'hui a découvert. On sait que l'empereur Trajan le fit ouvrir pour mettre le quartier du Champ-de-Mars en communication avec le forum d'Auguste et les autres forum. Pour cela, il fallut nive- ler le sol, car du coté nord selevaient les dernières pentes du Quirinal, sur ce vaste espace aplani, 1 architecte Apollodore de Damas édifia la basilique, les bibiiothèques, le temple, et la superbe colonne autour de laquelle se déroulent en spirale les admira- bles bas-reliefs commémorant la guerre de Trajan contre les Daces. G'était le plus somptueux monument de la Rome impériale, disent les historiens con temporains. Et Ammien, racontant la visite qu'y fit Constantin après sa victoire du pont Milvius, en 356, écrit que lorsqu'il fut arrivé au forum de Trajan, ouvrage d'une structure unique au monde, il s'arrêta stu- péfait, promenant ses regards sur ces con structions gigantcsques dont on ne saurait décrire la beauté et que des mortels ne pourraient refaire (Am. XVI, 10). Trajan étant mort en 117, a Sehmonte, en Cilicie, au retour d'une expédition contre les Paithes, son successeur Hadrien ramena sa de'pouille a Rome, et la déposa sous la colonne. C'est l'hypogée oü elle fut placée qua entrepris de retrouver M. Boni. Tous les Romains suivent avec intérêt les investigations de l'éminent archéologue. Et voici l'intervieuw qu'a eue ces jours derniers avec lui un rédacteur du Giornale di Roma Quelles raisons vous ont déterminé, maitre, a revenir sur l'importante question du sépulcre de Trajan Depuis quelque temps, je prépare une étude sur le Tribunal de Trajan Vous comprendrez facilement ainsi comme la question du tombeau de Trajan est devenue intéressante pour moi. J'ai dü m'occuper du bas relief antique qui a donné naissance It la légende médiévale dont parle Dante dans le chant X du Purgatoire Et c'est ainsi que j'ai été amené a une autre étude La Justice de Trajan qui comprendra vingt reproductions marquant le développement de la légende, du Moyen Age It la Renaissance. La Nuova Antologia va publier incessam- ment cette étude. Avéz-vous espoir que votre hypothèse au sujet du monument funéraire de Trajan se vérifiera Votre demande est quelque peu embar- rassante, mais voici tout ce que je puis vous dire pour donner satisfaction a tous ceux qui s'intéressent a mes fouiiles. Le fondement de mon hypothèse est trés sérieux, paree qu'il s'appuye sur le témoignage des historiens de l'antiquité. Sans doute, les archéologues mo- dernes qui sont le mieux au courant de la topographie de Rome, émettent des doutes sur ce point. Et leurs doutes paraissent d'au tant plus fondés qu'on n'apercoit pas les traces apparentes ni d'un caveau ou d'un hy- pogée, ni d'un escalier d'accès. Nous allons faire des fouiiles en nous conformant fidèlement a ce que di.sent les historiens. J'ai la le témoignage de Dion Cassius qui déclare que les os de Trajan reposent sous la colonne qui porteson nom II mentionne qu'en l'an 117 l'empereur Hadrien rapporta solennellement a Rome les restes de son magnanime prédécesseur et qu'il les placa enfermés dans une urne d'or, con- lata in urnam auream sous la colonne. II ne peut done plus y avoir de doute le grand empereur a reposé la. J'ai commencé exa miner les traces de l'antique porte elles ne sont pas faciles a découvrir, car celui qui fit la porte actuelle rie se préoccupa guèra de conserver les vestiges de l'antique porte a deux battants. Et puis la porte moderne, lorsqu'elle estouverte, masque le contour de marbre de l'antique porte donnant acces l'hypogée. Enfin je dois ajouter que les vestiges de l'antiquité sont recouvertes de crépissages modernes d'oü il faudra les déga ger. Les portes intérieures devraient être, elles aussi, ik double battant, de cette forme que nous lont connaitre les urnes sépulcrales et les sarcophages. Or, j'ai l'intention de proposer au ministre de l'Instruction publi- que de faire substituer une porte de forme antique a la porte actuelle La couronne de bronze sera placée sur l'antique muraille, au fond du vestibule de l'intérieur de la colonne. Je pense que dès les premières excavations nous trouverous l'escalier qui donnait accès a l'hypogée. Avez vous espoir de trouver en bon état encore aujourd hui eet hypogée Ce serait une grande illusion, une folie même, d'espérer trouver encore l'urne funé- aire en or massif si l'on a pris tous les objets de bronze, a plus forte raison tout ce qui était en or. II nous suffira de trouver la place qu'occupait cette urne funéraire, et ainsi nous aurons démontré queTrajanabien été depose sous la colonne et que ce n'est pas la une légende. II est ik souhaiter que les faits viennent confirmer les inductions de M. Boni. On comprendra mieux alors pourquoi, dans la première période du moyen age, le souvenir de Trajan se maintint vivant a Rome. Sans doute les monuments grandioses qu'il avait édifiés, les exemples de sa justice conservés par les historiens durent contribuer a garder sa me'moire mais si ses restes ont reposé sous la colonne qui immortalise ses victoires, au coeur de Rome, on s'explique alors les nombreuses légendes qu'a inspirées son sou venir. D'après l'une d'elles, Grégoire le Grand, dont la demeure patricienne était sur le Coe- lius, traversait fréquemment le forum de la république et le forum des empereurs. Un soir qu'il s'était srrêté prés de la colonne Trajane pour contempler la splendeur mélan colique du coucher du soleil parmi ces ruines encore merveilleuses, la pensee de Trajan vint a son esprit. Au souvenir de ses nobles qualités, de ses vertus, il fut pris d'une im mense tristesse en songeant qu'un souverain- si juste et si clément était peut être parmi les damnés,ou du moins parmi ceux quierraient dans d'éternelles limbes. II pria sur son tombeau et l'ame de l'Empereur fut aussitot délivrée. C'est une légende du septième siècle que Dante a insérée dans son «Purgatoire». Elle atteste l'antiquité et la perpétuité de la tra dition qui place sous la colonne majestueuse du forum la sepulture du grand empereur. {Temps). Nous reproduisons pour l'édification de nos lecteurs les lignes suivantes, extraites de La Patrie de Bruges, en les faisant suivre du post-criptum de la fameuse circulaire^ adressée par M. Merghelynck, commissaire d'arrondissement d'Ypres, a ses nom- breux fermiers, amis, connaissances et camarades, lequel post-criptum, par une erreur typographique, n'a pas été publié dans notre numéro de Samedi dernier. Ilien de plus curieux que le spectacle des journaux libéraux se livrant en chceur a d'interrninables variations sur l'air connu de la pression éhontée, scandaleuse exercée au nom de la religion prétendument mena- cée, sur l'esprit des paysans catholiques. Sans doute, nos amis ont employé tous inoyens honnêtes, loyaux, légaux et persu- asifs pour arriver a Qe beau résultat qu'est le triomphe éclatant du 27 mai. Mais le reconnaitre serait un trop gros chagrin pour nos adversaires. Ils préfèreut crier haro sur le baudet du cléricalisme, oubliant qu'ils perdent tantet de si précieuses occasions de se taire. Car si nous voulions parler de la pression exercée dans tel arrondissement flamand par les potentats libéraux qui sont les maitres de la région, il y aurait des pages entières du journal a remplir. Bornons-nous

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1906 | | pagina 1