D CONCERT Samedi 21 Juillet 1906 10 centimes ie N Fanfare Royale La manifestation Kurth Jean-Baptiste cl Jules Malou v-'-v •M On s'abonne rue au Ileurre, 36, a Ypres, et k tous les bureaux de poste du royaume. FETE NATIONALE par 1' HARMONIE COMNUNALE k *3?" Le JOURNAL D'YPRES parait le Mercredi et le Samedi. Le prix de l'abonnement, payable par anticipation, est de 5 fr. 50 c. par an pour tout le payspour l'étranger le port en sus. I,es abonnements sont d'un an et se régularisent flu Décembre. Les articles et communications doivent étre adressés franco de port a l'adresse ci-dessus. Les annonces fcoütent 15; centimes la ligra Les réclames dans le corps du journa coutent30 centimes la ligne. Les mixtions judiciaires, 1 franc 'a ligne. Les numéros supplémentaires content 10 fran»» les cent exemplaires. Pour les annonces de France et de Belgique (exceptó les deux Flandres) s'adresser 1 'Agence Havas Bruxelles. rue d'Argent, n°34 et a Paris,8, Place de la Bourse. Samedi, 21 Juillet 1906, a 8 1/2 h. du soir. 1. La Vivandière, Allegro militaire O. COQUELET 2. Matin, MidiSoir, a Vienne ouverture de SUPPÉ 3Die Fledermaus, fantaisie J. STRAUSS 4. Serenade a Colombine, NEUFCOUR 5. Werther, fantaisie de Massenet arr. par MAECK 6. Marche Grecque, GANNE Dimanche 22 Juillet, a 8 1/2 du soir, sur le kiosque de la Grand'Place PROGRAMME 1. Le cri du cceur, par redoublé ANT. HOSTELET 2. Marche aux Flambeaux 1 G. Meyerbeer 3. Cqardas N'1 G. MICHIELS 4. Fidelio, Fantaisie L. V. BEETHOVEN 5. Marche Indienne HENRI Van GAEL De tous les discours prononcés dimanche dernier k la manifestation organise'e en l'honneur de M.Godefroid Kurth a l'occasion de sa retraite de lUniversite' de Lie'ge, aucun ne retrace d'une facon plus saisissante la noble figure de notre éminent historiën que le brillant discours de M, Alexandre Braun. Nos lecteurs nous auront gré de leur en donner le texte publié par la Dépêche. Mon cher Kurth, Quelle page d'histoire que celle de votre vie Quel exemple pour la jeunesse, quel sujet de reconnaissance, d'orgueil et de méditation pour tous ceux a qui la religion, la patrie et la science sont chères. Veut-on évaluer, a leur mérite approxima- tif, les incomporables services que vous avez rendus a ces trois grandes causes soeurs Qu'on songe aux coups qui les auraient atteintes si vous aviez tourne' vos armes contre elles, par un renversement sacrilège des dons de la Providence 1 Nous sommes venus ici, nous les témoins de vos quarante années de labeur, saluer cette existence glorieuse de poète, d'artiste, d'orateur, decrivain sacré, d'éducateur d'hommes, de prophéte de la démocratie, et de bon sergent de Jésus-Christ A peine aviez-vous atteint lage adulte, que votre front se ceignait déja des lauriers académiques et que votre nom volait de bouche en bouche, par nos rangs de collé- giens, comme celui de l'élève prodige. Les Muses se disputaient l'enfant pré- destiné. Geile qui fit battre son coeur de seize ans et lui décerna ses premières palmes n'a pas cessé d'inspirer ses chants et d'exalter ses enthousiasmes. Mais c'est a Clio qu'il devait engager sa loi, une Clio chrétienne, dont personne n'embrassa le culte avec une ferveur plus ardente et, tout ensemble, un esprit critique plus large et plus pénétrant. De ce commerce est sortie cette lignée d'oeuvres apologétiques, louées par les docteurs de l'Eglise, applaudies par les maitres de l'érudition, re'pandues parmi le grand public du monde entier, et qui nous reportent aux confins de notre civilisation. Suppléant a l'insuffisance des documents 1 par l'effort intense de l'esprit pour arriver, )i selon vos expressions, a l intuition du passé vous reconstruisez de toutes pieces les époques et les figures dés premiers siècles, par une de ces heureuses audaces qui rap pellent celles de la paleontologie reconsti- tuant a l'aide d'un vertèbre les espèces disparues. II peut lui arriver, au naturaliste, de se tromper, mais l'effort reste toujours noble et fécond quel triomphe lorsque ses tatonnements aboutissent a une conquête definitive. Reculer les limites du champ de l'histoire,c'est encore une manière,assurément neuve et hardie, de servir la cause de Fexpension nationale en gaguant des terres fermes sur les alluvions et les marécages de la légende. D autres s'y sont essayés, non sans éclat, parmi vos contemporains, et l'ülustre Com pagnie des Bollandistes brille au premier rang des restaurateurs de 1 hagiographie. Mais ce qui vous assigne une place a part, ce qui caractérise votre manière, c'est la couleur qui relève votre dessin c'est la dose d'art mélangée a votre silence c'est une sorte de divination que vous mettez au service de la méthode la plus rigoureuse d'investigation et de controle c'est le souffle poétique qui circule a travers l'édifice recréé des mains du philologue, du palgographe, du chroniqueur c'est la puissance évocatrice qui ressuscite les morts Cette manière vous est bien propre vous ne l'avez apprise de personne elle a jailli des profondeurs de votre ame sensible, altérée d eternelle beauté en même temps que de vérité immuable. Elle a jailli de votre conscience d'artiste et de savant. L'historien ne parvient a donner a ses portraits l'illusion de la réalité qu a la condition d'avoir cohabité avec ses person- nages et, comme vous dites, d'être descendu dans leur tréfond religieux. Clovis, Clotilde, Boniface, Notger, voila les héros dont vous n'avez pas seulement relevé les statues, mais dont vous avez ranimé les cendres, paree que vous avez revécu leur vie. Ce qui me confond, mon cher Kurth, quand j'enveloppe d'un regard votre carrière, ce qui a permis, de vous appeler un homme étonnant, c'est qu'enfoncé jusqu'au cou dans ces fouilles, absorbé tout entier dans ce travail de béne'dictin, vous trouviez le moyen de vous livrer non moins totalement, de tout votre coeur, de toute votre ame.de toutes vos forces, aux autres formes de l'apostolat évangélique du temps présent, je n'en excepte pas même la predication. Ah I l'admirable prédicateur de la chaire universitaire 1 le prédicateur enflammé des assemblées ouvrières le prédicateur cordial des cercles d'étudiants le prédicateur inspire des congres eucharistiques Je voudrais, mon cher ami, pouvoir me laisser aller k mes souvenirs. Ne vous ai-je pas vu et entendu sous toutes ces formes de l'éloquence Mes yeux sont encore remplis de cette vision, mes oreilles tintent encore de cette voix savourense dans sorifapreté tudes- que, de ce verbe puissant, riche, original, coloré, docile a la volonté d'un maitre doux ij et fort, dont les prunelies ont des caresses et des éclairs. Assis a vos cótés,dans les cénacles officiels, n'ai-je pas goüté le prix de votre parole toujours droite et sagace, et le charme de votre esprit novateur, implacable a la routine et au pédantisme La haine que vous leur avez vouée n'a d'égale que votre tendresse pour la jeunesse et pour l'enfance, une tendresse inquiète et jalouse qui voudrait épargner aux élèves de demain les experien ces ingrates, les anonnements, les gaspillages de temps et de forces que des méthodes, des manuels et des programmes surannés coülèrent a leurs ainés. Oui, le plébéien fier et ombrageux, qui survit au fond de votre nature d'ardennais, rude et intraitable aux grands, fermé aux seductions de 1 ambition, inaccessible aux faveurs de la fortune, s'abaisse volontiers a la taille des faibles et des petits pour lesquels il trouve alors des accents d'une délicatesse et d'une douceur maternelles. A l'exemple du divin Maitre, après avoir enseigné aux uns leurs origines et leurs fins dernières, aux autres les lois de la fraternité chrétienne et de la justice sociale, vous avez dit Laissez venir a moi les petits enfants je leur apprendrai dans la simplicité de leur langue l histoire de leur pays au lieu d'une nourriture indigeste, je leur distribuerai un aliment sain et réconfortant.aussi substantiel que le lait, aussi doux que le miel je leur montrerai surtout que l'ame beige est foncièrement catholique et qu'elle voulut le demeurer, au cours des siècles, au XVI', au XVIiIe, au XIXe au prix des plus cruelles séparations. Voila done le terme et le couronnement de tant de recherches patientes, conduites d'une main toujours experte et süre a travers les dédales du moyen-age! voila les conclu sions de cette vaste enquête, non moins ras- surantes pour notre foi que pour notre patrio tisme, éclatant en un hymne a la gloire de Dieu 1 Vivat Christus qui Francos diligit Un mot encore, mon cher Kurth. Parlant au nom de 1 Eglise et vous adressant le plus magnifique hommage qu'un de ses fils puisse ambitionner, le Cardinal Vivès vous recommanda ces jours.ci de ne pas oublier qu'on attend de vous, même après votre retraite officielle, des travaux qui, unis aux precedents, ferqnt voir aux yeux de tous que le vrai savant chrétien est une apologie vivante de la religion de Notre Seigneur Jésus-Christ. Ne dirait on pas qu il y a, dans l'exhorta- tion de l'illustre Prélat, investi du haut patronage de la Bibliothèque Vaticane, une invitation a peine déguisée a venir vous retremper a cette source du savoir humain et divin, plus intarissable et plus rajeunissante que la fontaine mythologique Ne parlez pas de retraite, quand de tels horizons se lèvent et s'ouvrent devant vous. Repos ailleurs C'est la devise d'un autre grand soldat de la cause catholique que les acclamations de cette assemblée accueille- ront tout a 1 heure. Le chevalier du Christ ne connait pas le repos. Quand il tombe, c'est pour ne plus se relever et on le couche dans son armure, les mains jointes sur la lame de son épée. Que Ie bon Dieu, que le bon Dieu de la Cathédrale de Reims nous garde encore longtemps son fidéle serviteur. II ne refusera pas cette grace au premier historiën de Clovis (SUITE) II Rentré a Ypres,Jules Malou ne fut satisfait que lorsqu'il eut arraché a ses parents la promesse de pouvoir achever ses études littéraires a Fribourg, auprès de ces anciens maitres. L'opposition la plus vive fut sans doute celle de Mme Malou. Mère inquiète et tendre, elle craignait une separation prolongée les lettres se feraient plus rares et les nouvelles plus reculées. Mais Jules resta le maitre. Le i5 octobre 1828 une voiture de poste s'éloignait rapidement d'Ypres, emportant un collégien nanti d'un passeport du ministre des affaires étrangères, baron Verstolk et Soalen, oü il était enjoint aux amis et alliés de Sa Majesté le roi des Pays-Bas de laisser passer M. Jules Malou, natif d'Ypres. allant avec ses hardes et bagages en France et en Suisse. Plusieurs compatriotes, anciens élèves de Saint Acheul, se joignirenta Jules en cours de route. Nous ne le suivrons pas dans la narration compléte qu'il fit de son voyage, passant au galop des postiers par Lille, Cambrai, Compiègne, Paris oil il s'arrêta quelques heures a peine brölant des étapes de Dijon, Besancon, Portalier. Les beautés de la nature jurassique piongent dans l'admira- tion le collégien flamand. II en fait A ses parents des descriptions d'un enthousiasme peut être excessif, mais dans ces lieux, s excuse t il, 1 imagination est pcu maitresse d'elle-même. Jules Malou que son frère Jean-Baptiste appelle notre politicien en herbe nest pas a Fribourg'sans nouvelles des évènements qui préparent la revolution Beige de i83o. Le Courrier des Pays-Bas les lui apporta régulièrement. II s'intéresse vivement au vaste mouvement de petitions qui est le prélude du soulèvement. Presque toutes les villes et beaucoup de bourgs et grands villages, lui évrivait son père, adressent des petitions aux Ltats Géné- raux pour demander la liberte de la press* par l'abrogation des arrêtés de 1815,1a liberté de l'enseignement, l'abolition de l'impöt mouture et 1 insertion dans le nouveau Code du jugement par jury ces petitions se cou- vrent de signatures dans toutes les villes. Toutefois, a Ypres, on est peu protcsta- taire. Nous avons ici un grand nombre de gens sans énergie ni caractère, qui ne s'in- quiéteraient pas que le monde fut bouleversé, pourvu qu'il* n'en éprouvent aucune com motion il y a huit jours que la petition est déposée et il n'y a pas encore cinquante signatures. La France est pour les anciens élèves de Saint Acheul une seconde patrie.Jules Malou lui porte un vif intérêt il s'est abonné Ia Gazette de France et chaque jour lui parvient la nouvelle d une concession des royalistes aux libe'raux; prêts a tout entreprendre, a ne laisser au Roi du trés chrétien et tres

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1906 | | pagina 1