ORGANË TELEPHONE 52 Mercredi 29 A out 1906 centimes ie <0 Les missionnaires du Congo jugésparun libre-penseur Le Parti Social L'Acte de l'Episcopat La veillée des armes Contre Lourdes n s'abonne rue au llcurre, 36, a Ypres, et k tous les bureaux de poste du royaume. Nota JOURNAL A Le JOURNAL D'TlrRES parait le Mercredi et le Samedi. Le prix de 1'abonnement. payable par anticipation, est da 5 fr. 50 c. par an pour tout le pays pour l'étranger le port en sus. Les abonnements sont d'un an et se régularisent fin Déoembre. Les articles et communications doi vent ótre adressés franco de r ort a l'adresse ci-dessus. Le commandant Lemaire, qui a séjourné 18 ans au Congo, a fait une conférence jeudi soir, a l'Université de Liége, sur le Congo. A citer, a cause de l'impartialité de son jugement et de la grande valeur que lui confère l'autoritc du commandant Lemaire, son opinion sur l'oeuvre des missionnaires en Afrique. Void, la conclusion qu'il for- mulait aux applaudissements d'une assem ble de professeurs et d'instituteurs en ma- jorité officiels, après avoir montré les photo graphies de la cathe'drale et de la ferme- modèle des Pères Blancs Je suis incroyant, mais je suis heureux de dire et de répéter, car les faits sont la, que ce sont de pareils hommes qu'il nous faut la bas. Moi qui suis libre-penseur, je les admire avec enthousiasme et je les aime Les médecins et les missionnaires sont ce qu'il y a de meilleur comme agents de la civilisation, en Afrique. C'est avec émotion et gratitude que j'ai quitté leurs demeures d'une hospitalité si accueillanle. Et le jour oü nous aurons enfin en Belgiquc une école coloniale sérieusement organisée, les pre miers professeurs qu'il faut y appeler pour enseigner l'art de la civilisation en Afrique, ce sont les missionnaires et surtout, les admirables Pères blancs du Congo Ce témoignage compense beaucoup de violences qui ont cours parmi notre presse maconnique. M. Clémenceau écrivait un jour dans la Mêlée sociale Que tous les chrétiens de nom soient chrétiens de fait, et il n'y aura plus de question sociale C'est un mot pro fond qui éveille la meditation. La question sociale ne saurait disparattre du monde, car elle est posée par l invincible inégalité des conditions humaines. Mais si M. Clémenceau a voulu dire que le Christia- nisme, effectivement pratiqué, apporterait aux souffrances des travaiileurs, aux injus tices, trop souvent imméritées.qui les irritent le seul remède vraiment efficaceil a eu raison et j'accepte sa sentence. J'ose dire que je ne l'ai pas attendue pour prendre position sur ce terrain et y appeler mes amis. Etre chrétien de fait, dans ia vie publique, c'est donner au Christianisme toute sa porte'e sociale, c'est en étendre les lois a la vie raème de la société, surtout a sa vie économique, paree qu'elle soulève toutes les questions capables d'émouvoir les fitnes. «Le travail, dit l.acorduire n étant autre chose qued'activité humaine, tout sy rapporte nécessairement, et selon qu'il est bien ou maj distribue', bien ou mal ordonné, la société est heureuse ou malheureuse II y a trente ans que le groupe de catholi- ques auquel j'appartiens, pe'nétré de cette vérité, s'efforce d'opposer au désordre orga- nique de la société moderne deux idéés fon- damentales la notion d'un pouvoir souve. rain protecteur des faibles et défenseur de leurs droits moraux et matéiiels, la concep tion d'une socie'té, peu a pen ramenée a la loi providentielle par l'union, dans des corps spontanés et reconnus, de tous ceux que rapproche le lien d'une profession commune. C'était la pensee qui nous inspirait quand nous demandions, en 1883, pour les travaii leurs, le droit d'association syndicale comme le point de départ d'une organisation sociale substituant le régime corporatif au regime individualiste. C'était elle encore qui nous guidait en 1885 et dans les années suivantes, quand nous formulions, en projets de loi, tout un pro- gramme de legislation sociale reduction des heures du travail, interdiction du travail de nuit pour les femmes, établissement de l'assurance obligatoire contre les accidents, les maladies et la vieillesse, par le moyen des caisses corporatives et re'gionales, constitu tion de conseils permanents d'arbitrage et de conciliation destines a prévenir les grèves ou a les apaiser. Ce programme est toujours le notre. 11 a reiju du Pape Léon XIII une éclatante ap probation par la lettre qu'il a daigné m'a- dresser, en 1892, a la suite du résumé que j'en avais donné dans un discours prononcé a Saint-Etienne. II est encore, il. est plus que jamais d'actualité Albert de Mun. Toute la meute anticléricale donne. L'E- toile.la Chronique,\e Petit Bleu,la Réforme, le Peuple, 1'Express s'élèvent avec plus ou moins de violence, chacun suivant son tem pérament, contre la belle et noble manifes tation de l'Episcopat. La Réforme intitule son article Les enragés et y laisse passer eet aveu On est libre en Belgique, a dit Mgr Mercier, et il met cela sur le compte de la Providence, et bien, c'est vraiment heureux pour lui et ses acolytes que cette providence setraduise par un gouvernement, malheu- reusement, chez nous, tout a leur dévotion, sans cela, cette liberté serait pour eux de courte durée. Et après avoir dit qu'il faudrait recon- duire les Evêques francais a la frontière entre deux gendarmes, le journal progres- siste ajoute Quant aux nötres, il ne resterait qu'un moyen efficace pour les museier mais, hélas nous n'en sommes pas encore la ce serait d'agir avec eux et leurs boutiques comme le gouvernement francais a agi avec les siens. ij Espérons que nous y arriverons un jour. Doux agneaux Ces colères ne sauraient nous émouvoir, pas plus que les injures prodiguées aux Evêques ne sauraient diminuer la portée de l'acte qu'a posé notre Episcopat beige par son adresse a l'Episcopat francais. Cet acte I est grave et il répond au sentiment intime j des catholiques, non seulement des cat.ho- liques beiges, mais des catholiques du monde j entier. Cette sympathie manifestée a nos frères de France dans des termes si éleve's, si i touchants, si pleinement évangéliques est vive dans tous les coeurs. Tous nous Ia res- sentons. Contenue jusqu'ici par des lueurs d'espoir, des illusions de voir s'arrêter un gouvernement persécuteur, elle ne peut plus être compiimée. Elle éclate, elle va éclafer de plus en plus dans le monde. Les annonces coütent 15 centimes la ligre. Les réclames dans la corps da journa coütent30 centimes la ligne. Les i'm-tions judiciaires, i franc 'a ligne. Les numéros supplémentaires coütent 10 frams les cent exemplaires. Pour les annonces de France et de Belgique (excepté les deux Flandres) s'adresser a YAgence Havas Bruxelles. rue d'Argent, n° 34 et a Paris,8, Place de la Bourse. Qui peut voir sansémotion, sans une indi gnation profonde l'intolérable situation faite en France a l'Eglise Car ce n'est pas une Eglise francaise, une Eglise spéciale a la France qui est opprimée en ce temps, c'est l'Eglise catholique même, l'Eglise univer sale, notre Eglise. La solidarite' humaine qu'on invoque si souvent a tort et a travers, nous la sentons, nous chrétiens, a double titre comme hommes libres nous devons revendiquer notre droit de professer notre culte sur toute l'étendue de la terre, la surtout oü l'on pré- tend pratiquer la liberté comme chrétiens nous devons défendre l'existence intacte, de notre Eglise catholique la oü elle est atta- quée, odieusement attaquée. Cette persécution est un feu destructeur. Pouvons nous voir avec indifference cet in- cendie qui fait prés de nous tant de victimes, qui, de la maison voisine de la notre, pourra demain nous atteindre Ne devons-nous pas protester e'nergiquement, en tout occasion, en toute assemblee catholique contre les agissements de persécuteurs qui ont l'impu- dence de se prétendre apotres de la liberté, fils d un siècle de lumières Quelle ironie? Nos Evêques se sont adressés a leurs collègues de France avec une dignité et une onction vraiment épiscopales. Nous pouvons laisser parler plus librement notre indigna tion, car vraiment la coupe déborde. avance que les menaces de schisme forme'es par le gouvernement e'taient vaines absolu- ment, il ne pourrait en douter maintenant. Croyez bien qu'il n'y a aujVatican aucune tre'pidation. Pie X attend avec calmela deci sion du gouvernement francais. Par contre, celui ci laisse percevoir son embarras, en multipliant les démarches,les insinuations ou bien en inspirant la campagne jugée ici ridi cule du Siècle et du Temps. Du reste, l'on croit que dans l'assemblée plénière qu'ils vont tenir tres prochainement, les evêques arrêleront les termes d'une pro- fession de foi oü eux-mêmes mettront a ne'ant les mensonges de la presse officielle. On se rappelle que Pie X avait ordonné il y a un mois, la célébration d'un triduum solennel de prières aux intentions du Saint- Siège Les gens bien informés en conclurent que la décision du Pape touchant les affaires de France serait prise a l'expiration de ce délai. C'est, d'ailleurs, la seule précision a quoi il leur fut permis d'atteindre. Or, la nuit même oü se terminait le tri duum a l'heure oü toutes les communautés de Rome récitaient l'oraison Pro summo Pontijïce, un des Sanpietrini, de garde dans la basilique, vit ceci Le degré qui descend du Vatican s'était éclairé d'une faible lumière. Precede d'un garde-noble, un vieillard blanc apparut. II descendit seul vers l'immense nefet, gravis- sant les degrés de la Confession de Saint- Pierre, il y d*éposa un papier. Une heure s'écoula dans le silence. Pie X s'était agenouillé. A minuit précis, il se releva et, sur l'autel même, il signa l'Encyclique aux évêques de France. Le sort était jeté. Nous ignorons ce qu'il y a de vrai dans ce renseignement.mais il n'est certainement pas invraisemblable. Si l'incident s'est passé tel que le relate notre confrère, la solennité dont Pie X a voulu entourer la signature de l'Encyclique démontre a quel point le grand Pape a cons cience de sa haute responsabilité et de ses devoirs envers lui même et envers l'Eglise. La Pape ne cache pas sa satisfaction de l'accueil fait a l'Encyclique par l'épiscopat, par le clergé, par toute Ia France catholique. Depuis 1 5 jours, le flot des adresses des res- pectueuses adhésions ne cesse de monter au j Vatican. Si Pie X n'avait été certain par M. Combes lui même s'était arrêté d vant Lourdes. Non, certes, que l'envie lui en manquat, mais par crainte de l'opinion, il n'avait point osé fermer le sanctuaire, objet de la véné- ration de la France et du monde catholique. Certes des symptómes l'avaient inquiété; et 'es rapports des délégués lui faisaient re- douter d'autres révoltes que celle du senti ment public: n'avait-on pas été jusqu'a dire que les montagnards béarnais songeaient a exercer des représailles contre la prefecture de Tarbes si l'on touchait la Grotte Se peut-il que de tels dófis se perpétuent? que des femmes, des vieillards, des enfants continuent de s'agenouiller aux pieds d'une statue de la Vierge que des voix d'homme3 fassent diversion par des cantiques au chant de 1 'Internationale} que des malades, des infirmes, des désespérés aillent cliercher la- bas un remède a leurs maux, un soulage- ment a leurs souffrances, une consolation a leur peine3 Se peut-il, enfin, que tous les jours, sous lebeau ciel bleu pyrónéen, on saisisse la Providence en flagrant délit de miracle, sans que la police verbalise, que les substi tute réquièrent que les tribunaux condam- ncnt, que les crocheteurs crocliètent Les Loges se sont retournées vers le dic- tateur du jour, et tout en lui rendant le témoignage qu'il a su vaincre.lui reproohent de ne point savoir profiter de la victoire. Mais le «vieux carabïn» est fautasque, il faut le prendre par son faible. C'est au noin de la science, de l'hygiène, de la salubiité, de la santé publique qu'on mènera la campagne. Songez done 1 une eau de source qui se renouvelle d elle-même, sans canalisation sans désinfectant, saas drogue et des malades qui s'y baignent Un horame fut choisi pour provoquer la clameur. Le choix était bon. A qui se com- plalt dans la boue il est naturel que cette eau ne paraisse pas assez pure. Celui qui insulta Léon XIII mourant, qui quotidiennement déverse sur tout ce que nous aimons un jet de bave a peine addi- tionné d'encre, était tout désigné pour don ner Ie «la» aux indignations pudiques et manifester dejustes scrupules d'autisepsie. Faut-!l fermer Lourdes telle est la question qu'il posa dans un livre qu'on ou- vrit peu, a un juger par les assauts infruc- tueux dela réclame qui,en ce moment encore salit les murs de Paris d'une affiche ignoble. L'opinion ne mord pas. Doi c il faut la preparer, Tappater plutót. Pour confection-

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1906 | | pagina 1