Avis
A la Chambre
LA SEiAINE
Téléphone 52
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CMRQffllQ&E YPRQSSE
S'amedi 11 Mai 1907
10 centimes Ie N°
42 Annee N° 4424
La Situation
Une leftre de Monsieur
de Smet de Naeyer
Le Canal de la Lys
a l'Yperlée
Au Parlement
En France
Ost s'abonne rue au Beurre, 36, a Ypres, et tows les bureaux de poste du royaume.
Les annonces coütent 15 centimes la ligne. Les réclames dans le corps du journal 3o centimes
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Le Journal d'Ypres parait une fois par semaine.
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pour l'étranger le port en sus.
Les abonnements sont d'un an et se régularisent fin Décembre.
Toutes les communications doivent être adressées franco de port a 1 adresse ci-dessus.
Le bassin de natation sera ouvcrt au
public a partir dn 15 Mai prochaia.
Depuis que 1: parti catholique dé-
tient lo pouvoir en Belgique, notre
pays n'a fait que prospérer.
Et cepandant combien de fois, libé-
raux et socialistes, n'ont-ils pas an
noncé, décrélé entrevu la fin du regime
clerical, qui, selon eux, désbonore la
Belgiqne.
Tons leurs vceux, tons ieurs efforts,
toutes leurs coalitious tendaieut au
renversemeut de cet odieux, de ce
rnandat gouvernement qui leur avait
cause tous les maux dout ils sonlfreut.
Pauvres gensleurs espoirs sout
des barres teurs misères ne sout pas
encore si pres de finir.
Mais voila le ministère De Smet de
Naeyer reuversé, sur une question
qui divisait les membres des gauches,
comme ceux de la droite.
Ou se demandait si le motif de leur
demission, en valait bien la peine.
Avant de parlir, le ministère a fait
le retrait de la loi votée par la Cham-
bre.
En avait-il le droit Parfaitement.
Avait-il raison Cela se discute.
Mais aussitól grand brouhaha de
toutes les legions ennemies.
Dissolution dissolution criaient
d'aucuns libéraux et plusieurs de
leurs principaux organes.
Pourquoi cetle dissolution Le
vote de cette loi et l'éehec du ministère,
ont-ils change de quelque manière
l'équilibre des partis politiques. Ce
n etait pas une question de parti, mais
une question sociale de libre apprécia-
tion.
Outrage sanglant a, la Representa
tion Nationale, crient d'autres et ils
ne considèrent pas que cet acte a eu
ses precedents, de la part de leur pro-
pre parti.
Abus de pouvoirclament les socia
listes et leurs principaux énergumè-
nes s'attaquent a la personne du Roi,
et ne seraient pas loin de provoquer
une descente a la rue, si l'expérience
et l'energie du défunt ministère n'a-
vaient complètement démodé cet appel
a la nation.
Entretemps la démission du minis
tère est aeceptée par le Roi un mi
nistère de Trooz se forme, lenlement.
Tout le pays attend, dans le calme, la
fin de ces pourparlers et de ces agisse-
ments, qui aboutissent a nous donner.
un ministère, compose d'hommes émi
nents, représentant assez proportion-
nellement les classifications et les
principales idees des membres de la
droite.
Sur ces entrefaites, les gauches se
sont reünies en assemblee générale.
Des protestations indignées, des inler-
pellatiens bruyantes sont décidées
pour la rentrée des Chambres. Le
trombone-solo, M. Janson en sera le
le porte-voix.
Ainsi fut fait Mardi 7 mai et Mer-
credi 8 mai, au parlement de Rruxel-
les. Grand boucan, grand embarras
II semblait que le trombone-solo ne
put suffire. M. Hymans en recueillit
tous les échos pour les rrproduire
aussitót après, M. Vandevelde se mit
de la partie, et le grotesque M. Dem-
blon amusa ou étonna la galerie et
édifia le pays entier par ses incongrues
pantalonnades. Le ministère s'expli
qua l'ordre du jour de confiance fut
adopté.
Et voila le train ministériel en mar-
che. Nous lui souhaitons une marche
heureuse et prospère. Puisse le gou
vernement acfuel, peut-être un peu
moins personnel, mais plus largement
conciliant, s'appuyer toujours sur la
cohésion de toutes les forces de la droi
te parlementaire, et travailler aussi
efficacemenl que ses devanciers a la
prospérité de notre beau pays.
Les nouveaux ministres jugés
par un adversaire
Extrait d'un article que la Gazette
de Charleroi, organe libéral et violem-
ment anticlerical consacre au
nouveau cabinet
L'habileté ne manque pas a nos
neuf ministres, ni la valeur person
nels non plus.
M. de Trooz, s'il n'a pas conquis
le diplóme, a acquis une redoutable
expérience des assemblees publiques
et son audacieux manque de scrupules
le servira bien mieux qu'un doc-
lorat
M. Renkin est une preuve vivante
du chemin qu'un homme intelligent
et travailleur sans fortune peut par- S
courir dans notre soeiété démocrati- i
que. Sa carrière, tres intéressante, j
répond aux braillards qui parient I
toujours des privilèges de la richesse
et de la naissance. j
II serait puéril de nier la compéten-
ce de M. Descamps-David eu matière
de législation internationale.
M. Delbeke est aussi un self-made j
man, journaliste, sténographe,avoeat,
arrivé par son travail et son énergie
a nne grosse situation de forlune...
M. Davignon n'est pas le premier
venu et il a tenu sa place dans les
postes honorifiques qui lui furent
confiés.
M. Hubert,ancien magistrat devenu
industriel, n'est pas, comme on dit
familièrement, un imbécile.
M. Helleputle est un homme de
grande valeur. Ingénieur, professeur,
il devint ministre des Chemins de fer
après en avoir été fonctionnaire. On
a ri souvent de l'outrecuidanca des
avocats qui s'improvisent ministres de
n'importe quoi aux hasards de la poli
tique. Raison de plus pour reconnai-
tre que cette fois le département est
aux mains d'un bomme compétent.
Quant au géDéral Hellebaut, il n'y
a qu'une voix dans l'armée pour se
féliciter d'un choix qui, dans l'eusem-
ble des circonstances présentes, était
le moins malheureux de tous ceux
qu'on pouvait faire.
Voici la lettre recue par Monsieur E.
Fraeijs, Président de T Association Catholique
de l'arrondissement d'Ypres en réponse a
l'adresse de gratitude envoyée a Mr le Comte
de Smet de Naeyer, par !e Comité général de
l'arrondissement.
Bruxelles, le 5 mai 1907.
Monsieur le Président,
Nous sommes extrêmement sensibles, mes
collègues et moi, aux sentiments que veut
bien nous exprimer le comité de 1'Associa
tion Catholique et Conservatrice de l'arron
dissement d'Ypres, et nous vous prions d'etre
auprès de ses membres l'interprête de nos vifs
remerciments.
Rien ne pouvait nous être plus agréable
que de voir le comité, dont vous êtes le
Président, associer au trop éloquent hom
mage qu'il nous décerne les honorables man-
dataires de voire arrondissement qui n'ont
cesse' de nous prêter le plus loyal et le plus
fidéle concours.
Nous faisons des voeux pour que l'esprit
d'union, dont ils ont donné le constant
exemple, soit désormais la loi de la majorité
toute entière et pour qu'il assure encore au
parti catholique de longues et brillantes
destinées.
Veuiliez agréer, Monsieur le Président,
avec nos remerciments réitérés, les assuran
ces de notre haute considération.
Comte de Smet de Naeyer.
Le Progrès croit que, avec la chute de
M. le Comte de Smet de Naeyer, l'achève-
ment du Canal de la Lys a l'Yperlée fera...
la culbute aussi.
II n'en sera rien, et, comme preuve, voici
ce que Ie Ministre expirant a fait savoir a nos
Députe's Catholiques, qui n'ont cessé de
réclamer achèvement du canal
Bruxelles, le 3o Avril 1907.
Mon Cher Collègue,
J'ai l'honneur de vous faire savoir que j'ai
chargé le Service des Ponts et Chaussées de
la Flandre Occidentale de me soumettre
d'urgence des propositions en vue de l'exécu-
tion, a litre d'essai, d'un troncon du canal de
la Lys a l'Yperlée, situé dans la grande
tranchée.
Agréez, etc.
(Signé) Comte de Smet de Naeyer.
Voila qui est clair. Le Progrès en gagnera
lajaunisse; mais nous aurons bientót le
canal. Le crédit de 400 000 francs, que M.
Nolf n'a pas vote', sera done utilise' cette
année même.
La réouverture du Parlement a done eu
lieu Mardi. Disons en un mot que les deux
premières journées parlementaires ont con-
stituépour le cabinet une première victoire.
Déja le succès des démarches de M. de
Trooz pour la formation d'un cabinet de
concentration ont singulièrement fait baisser
le ton vainqueur de la presse libérale.
II restait aux libéraux-socialistes uae
dernière illusion les interpellations a la
rentrée du parlement devaient assommer les
anciens et les nouveaux ministres a la fois.
Chère illusion 1
Les doctrinaires, radicaux, socialistes,
tous ensemble en jouant les grauds enfants
ont détruit ce dernier espoir de l'opposition
et fait dégénérer en échec le succès quetoute
la presse libérale savourait déja.
Résumons brièvement les incidents de la
seance de Mardi.
M. FURNÉNONT a reprochéau président
et, a son bureau d'avoir laissé discuter
pendant toute une séance sur un projet de
loi qui n'existait plus et d'avoir ainsi exposé
la Chambre la risée du monde. (Rires a
droite).
Je m'étonne, continue l'orateur, que ceux
qui ont toujours sur les lèvres les mots
d'expansion mondiale se mettent a rire
quand on parle de l'impression causée a
l'étranger par le retrait de la loi sur les
mines.
Ou bien, le président savait que le projet
de loi était retire, et alors il s'est moqué de
nous ou bien, il n'en savait rien, et dans ce
cas, il doit s'unir a nous pour protester
contre l'attentat commis contre les preroga
tives du parlement.
L'orateur donne lecture d'une longue pro
testation de la gauche socialiste contro
l'arrêté de retrait de la loi minière.
Cette protestation se terminepar ces mots:
A bas le pouvoir absolu Vive la souve-
raineté populaire Vive la journée de 8 h.b>
(Applaudissements a l'extrême gauche).
M.LE PRÉSIDENT.On a mis le bureau
en cause ct cependant la situation est des
plus simples et. des plus claires.
Le 12 nous avons vote une loi. Le 13 un
arrêté royal a retiré cette loi.
En quoi le bureau peut-il être mis en
cause
J'ai transmis réglementairement le projet
de loi au Sénat. Que voulez-vous de plus
M. DEMBLON. On s'est done moqué de
vous comme de nous
M. FURNÉMONT.Le Président devrait
se mettre a notre tête, pour faire respecter
la dignité du Parlement.
M. LE PRÉSIDENT. Je vais donner la
parole au gouvernement.
M. de TROOZ se léve et déclare qu'il va
s'expliquer sur les intentions du gouverne
ment actuel.
II est interrompu par une tempête de
clameurs.a l'extrême gauche. On crie «Des
excuses Expliquez-vous comme ministre
d'hier
M. DEMBLON, lepoing tendu, prononce
des paroles qu'on n'entend pas, mais qui font
rire la gauche.
M. FURNÉMONT gesticule comme un
fou, en réclamant des excuses.
M. LE PRÉSIDENT fait marcher la son-
nette électrique et menace de suspendre la
séance.
M. de Trooz serassied.
M. DEMBLON crie II nous faut des
excuses et nous en aurons
M. Janson se léve ponr parler.
A droite II ne pariera pas
M. JANSON. Je parlerai...
A droite Non non
A gauche et a l'extrême gauche, on crie
Démission démission
M. VERHEYÉN crie A bas la calotteq
Des hurlements inhumains s'élèvent des
bancs de la gauche.
M. Janson descend de sa place, accompa-
gné de MM. Pepin et Vandervelde. 11 se
dirige vers la tribune avant d'y monter, il
dit un mot au directeur du compte rendu
analytique.
Le comte de Limburg-Stirum, questeur,
se précipite vers la table des rédacteurs du
Compte-rendu il est aussitot entouré par
des membres de l'extrême gauche, qui
hurlent des injures.
Le tumulte est a sod comble on croit que
1'on va en venir aux mains.
A ce moment, il est 2 h. 40, le Président
suspend la séance.
Pendant la suspension de la séance la
Chambre reste houleuse. Vers 3 heures
arrive la nouvelle, accueillie par un violant
éclat de rire, que M. de Trooz a profité de
ce moment de répit pour aller, le plus
paisiblement du monde, donner au Sénat
commnnication de la déclaration ministé-
rielle.
11 était 3 h. 20 lorque la séance reprit a la
Chambre.
Ce ne fut pas sans peine que M. de Trooz
obtint de l'opposition d'avoir assez de
libéralisme pour écouter les explications
qu'on ne cessait de lui demander sur
l'arrêté de retrait du projet de loi sur les
mines.
-M.de Trooz s'en tenant au droit incontes
table de retrait se demande comment un
ministre, usant de ce droit peut avoir com
mis un attentat.
Quant a l'objet même du retrait, le cabinet
de Smet de Naeyer, en provoquant le retrait
du projet de loi a voulu laisser a ses succes -
seurs le soin d'apprécier !a situation.
Cette situation le nouveau cabinet Ta
examinée et a déposé immédiatement au
Sénat le projet tel qu'il était sorti des déli-
bérations des Chambres.
II semblerait après cela que l'incident
devait être bientot clos, mais M. Janson
avait préparé uue interpellation a grand
effet et il devait bien placer son discours.
M. Janson done trouve l'arrêté de retrait
un abus de pouvoir vaiant aux ministres
Tapostrophe de courtisans et d'ambitieux.
II finit en déposant un ordre du jour
blamant les ministres signataires de l'arrêté
de retrait comme ayant offensé la représen-
tation nationale et porté atteinte aux
institutions parlementaires.
La séance de Mercredi, beaucoup plus
calme, a entendu des discours de MM.
Woeste, Vandervelde, de Smet de Naeyer et
Renkin. M.Woeste a fait remarquer comme
quoi le discours de M. Janson et son ordre
du jour avaient été concertés en vue d'un
autre état de choses que celui qui résulte de
la présentation du projet de loi sur les
mines-au Sénat et de l'admirable accord de
Ia droite.
Au fond nos adversaires sont déconcertés.
Finalement l'ordre du jour proposé par
M. Woeste est adopté par 47 voix contre 66.
II était concu comme suit
La Chambre, satisfaite des explications
du gouvernement et confiante dans ses
déclarations passe a l'ordre du jour.
Nous donnons d'autre part la déclaration
du gouvernement que M. de Trooz a lue au
Sénat.
Il n'y a rien a ajouter au programme qui
s'y trouve exposé il suffit abondammenta
justifier les sympathies qui ont accaeilli le
nouveau cabinet.
Les déclarations ministérielles ont été
s ïivies de discussions juridiques détaillées
oh l'arrêté de retrait a été tour a tour
défendu et attaqué. è3
La cloture de la discussion a été remise a
Vendredi avec le vote sur l'ordre du jour de
confiance au gouvernement.
Les fêtes de Jeanne d'Arc auront été ce
que M. Clémenceau a voulu.g
II ne s'en suit pas toutefois que ce résultat
soit une victoire pour le premier ministre.
L'effet de cette fête, purement laïque,a été
lamentable. Les orléanais comparent avec
vivacité la fête d'aujourd'hui aux solennités
antérieures dont le triple caractère, religieux,
civil et militaire, faisait quelque chose
d'unique en France.
Les appels pressants de la municipalité
ont été peu écoutés malgré le tapage fait
autour de la fête, de l'avis de tous les com-
mercants, les étrangers étaient considérable-
ment moins nombreux que les années
précédentes, e'est a peine si une maison sur
cinq était pavoisée, beaucoup de fenêtres
sont closes en guise de protestation.
Et les francs-macons,ridicules et grotesques
dans le cortege, inspirent manifestement la
pitié. Tous les agents de police d'Orléans
ont été mobilises pour leur servir d'escorte,
pour les protéger au besoin et cependant ils
suent la peur.
Les francs-macons avaient bien tort de
craindre les coups sur leur passage, c'est
un éclat de rire ininterrompu mêlé de
plaisanteries plus dröles que méchantes.
YPRES
©rgane Satholique
de l'Arrondissement
l