r Avis important LA SEMAINE Téléphone §2 Téléplione 52 Samedi 14 Septembre 1907 10 centimes le N° 42 Annee N° 4442 Ceux qui n'aiment pas les Curés En France En Italië En Russie Japonais et Canadiens L'Anlialcoolisme On s'abonue rue au Beurre, 36, Le Journal d'Ypres parait une fois par semaine. Le prix de l'abonnement, payable par anticipation, est de 3 fr. 50 C. par an pour tout le pays pour l'étranger le port en sus. Les abonnements sont d'un an et se régularisent fin Décembre. Toutes les communications doivent être adressées franco de port a l'adresse ci-dessus. A Ypres, et A tous les bureaux de poste du royaume. Les annonces coütent 15 centimes la ligne. Les réclames dans le corps du journal 3o centimes la ligne. Les insertions judicaires, 1 franc la ligne. Les numéros supplémentaires coütent 10 francs les cent exemplaires. Pour les annonces de France et de Belgique (excepté les deux Flandres) s'adresser a l'Agence Havas, .Bruxelles, rue d'Argent, 34, et a Paris, 8, Place de la Bourse. A p'irtir du 3 S 'ptembro prochain |lcs lisb s electorates provisoires pour 1908 1909 seront déposées a l'iuspec- lion du public au secretariat et au |e.)Brn:ssar'iat de police de chaque oom nutte, ainsi qu'au bureau du cora- [j|isvtrial de l'arrou lissement (rue jd'Eivcrdiughe k Ypres) Uri exera- jjilftire en sera aussi déposé au local de ji'Ass >ciali ju c ttholique, 16, rue de Meniu a Ypres. Tous nos amis sont instamment nriés de bien vouloir verifier leur inscription sur les listes éleelorales et [examiner s'il leur est atlribué Ie nom- bre de voles auquel ils out droit. Lps électeurs qui rcqoiveat uo avis 'de I'administration communale leur notiliunt la radiation de leur none des nou velles listes électorales ou la reduc tion du nombre de leurs voix, sont pries de s'adresser au local précité munis de leurs pièces justificatives. Laissez-moi le dire saus déiour, je necoanais rien au monde d'aussi bete <j te ia haine de certaines gens conlre leprêtres. Cette haine est vieille, Ir ais elle est si étonnaote, si fautasli- ique,si dróle que toujours l'on y trouve nwlière a d'utiles réflexions. Que dit-on en effet, ou plulót que uediton pas des curés Ecoulez ces vhSbieurs de cabaret, ces noceurs qui soat de toules les fêtes, ces éludiants si peu étudiaDts, etc., et vous serez surpris des moutagnes de crimes et de fortaits dont ils accablent ces pau- vres curés.Les malins n'y croienl rien; mais com me dans ce monde, les ma lins ne sont pas précisément les plus nombreux, il n'est pas rare de ren- contrer des badauds qui avalent béné- volement l'tine ou l'autre de ces ac cusations monstrueuses contre les prêtres. A ces naïfs, rien de mieux pour les inslruire, que de proposer le petit raisonnement que voici. Connaissez- vous particulièrement quelques prê tres Conuaissez-vous leur genre de vie, leurs études, leurs travaux, leurs ■SotrutS Non Et voila pourquoi vous les critiquez. D'autre pirt, les curés out des amis, des défenseurs dévoués. Les amis sont d'honnêtes gensils valent généralement mieux que les grossiers propagandistes de la librc- pensée. Regardez un tel, et encore uu 'el! Que diles vous de ces hommes? Le sont des hommes modèles, parfois. Üs conuaissent les curés, ils les fré- luentent et ils les aiment. Les détrac- leurs des curés, au contraire, ne les C!>nnaissent pas et souvent sont des Sens fort peu recommandables a tout l)0iot de vue... Est-ce vrai Done qui faobil croire? Autre remirque Ce n'est pas dans classe ouvrière, mais bien dans ia Aasse des gros bourgeois que l'ou ren- c^htre les ennemis les plus décidés du L ergé. Les grands financiers, les gens de bou'se sont pour la plupirt grauds mangeurs de curés preuve que, dans la haine anticUricale.il y a foute autre chose qu'une question de gros sous. Si les prêtres étaient les défenSeurs-nés des patrons, les représentanls attitrés des capifaüstes, on 11e verrait pss ceux-ci en si grand nombre villi pen - der ét cilomnier le clergé catholique, avec tant d'acharnement. Ilomme de Dien, le prêtre doit être rhornme de tout le monde. Cependant par sa naissance généralement pau- vre, par sa parenté et ses liaisons de familie, par la toi qu'il enseigne et les ceuvres de soa ministère, le prêtre est davantage l'homme des malheureux et des faibles. II est le grand, souvent l'unique éducaleur des euf-ints pau- vres le visiteur et le cousolateur pré- féré des malades et des moribonds le confident le plus sur daus toutes les catastrophes et les peines de familie. Tout cela est évident et se concilie fort peu avec les critiques de certains esprits inconsidérés. II y a quelque temps, nous faisions la remarque que, de tous les hommes ayant fait des études supérieures, le prêtre était de loin le moins bien ré- munéré. On nous cite a ce propos les paroles qu'un prêtre des environs a 'ressait a un houilleur, il y a peu de jours: «Vous aceusez les prêtres detre hommes dargent cela prouve tout simplement que vous parlez de choses que vous ne connaissez pas. J'ai deux frères, 1'ua est dans l'administration de l'Etat, l'autre est ajusteur tous deux n'ont presque rien coü'é a mes parents pour leurs études et tous deux ont une position financière beaueoup meilleure que la mienne. Et le houilleur étonné regardait, ne sachant quoi répliquer. Braves gens qui lisez ces ligues, re- tenez bien ces quelques mots: e'est toujours mauvais sigue quand on cri tique les gendarmes et lesjuges. Si les consciences étaient plus en règle avec Dicu, qu'elles ne le sont, on ne critiquerait pas autant les prêtres Jus. La France se dissout disait tout ré- cemment M. Rouvier. Jamais peut-être une situation aussi com plexe que celle de la France n'a e'té synthéti- sée plus nettement et en moins de mots. Des symptomes de dissolution dans tous les domaines. Nous laissons de coté la separation violen te entre l'Eglise et l'Etat. La grève des imprimeurs, des postiers, des électriciens et celle des mineurs du Nord et du Pas-de- Calais datent de hier. L'agitation du per sonnel des arsenaux, le mouvement antimi- litariste, les soulévements de fonctionnaires et d'instituteurs ne discontinuent pas. Reste encore le récent mouvement viticole avec l'arrêt de tousles services publics et la grève de l'impot. Pour peu qu'on se re- porte en arrière, on se rappelle que les mots d' Autonomie du midi étaient couram- ment a la bouche des viticulteurs du midi. Autonomie d'une partie de la France La dissolution eut été grande sans doute, mais il j en est une autre plus intime encore et qui se poursuit avec un acharnement sans relache. La familie, ce premier groupement social, s& dissout en France d'une fagon inquiétante, La presse immorale, le théatre malsain, les théories anti familiales trouvent ün auxi- liaire précieux dans la législation. La Cham- bre francaise a adopté le *4 janvier dernier une proposition de loi permettant a ceux qui sont séparés de corps depuis trois ans de faire transformer, sans formalités préalables, par les tribunaux, leur separation en divorce, notons que cette loi ne fait que consacrer une procédure adoptée en fait par la plupart des tribunaux de France. Prochainement le Palais Bourbon aura a discuter un projet de loi autorisant le divorce par consentement mutuel. Et si le projet passe ne croyez pas que les propagandistes du divorce se tiendront pour satisfaits. Le seul idéal qui pourra les satisfaire sera le divoice unilatéral. Dissolution dans la familie, dans la socié- té, dans les rapports de l'Eglise et de l'Etat, dissolution partout. C'est la situation des peuples qui touchent a leur fin. La campagne anti cléricale met le gouver nement italien mal a l'aise. II n'en faudrait d'autre preuve que la mu tilation qu'il a fait subir aux télégrammes de presse relatant les grossières insultes dont le cardinal Geunari a été l'objet. En voulant de cette facon se mettre a i'abri de la réprobation universelle le gouvernement italien, malgré lui, fait savoir au monde qu'a Rome il n'y a plus pour les catholiques de liberté de correspondance. L'innaction du gouvernement et la violen ce des anticléricaux n'empêchent pas les catholiques de se préparer a la défense avec les mêmes armes avec lesquelles ou les atta ques. Relevons seulement deux faits dans eet ordre d'idées la création de l'association internationale pour le progrès scientifique et la naissance d'un journal humorislique catholique Le Mulet A peine les journaux ont ils fait connaitre l'existence de la nouvelle association consti- tuée sous le patronage des cardinaux Ram- polla, Mercier et Maffi que déja les adver- saires dc l'Eglise dament partout leur colère et, inconsciemment soulignent toute ('impor tance de la nouvelle institution. L'organe socialiste l'«Aventi lui consacre une longue colonne d'invectives formule'es avec une rage j qu'il n'a même pas i'habileté de dissimuler. Dans une réunion a la Maison du peuple, l'avocat Romualdi a même inffligé aux trois cardinaux l'épitête de menteurs et, avec j tout le sérieux dont il était capable, a déclaié que toute la science catholique consistaitdans les tortures, la prison et le bücher.» Quant au nouveau journal humoristique il est destiné a laire campagne contre le i pornograpbique Asino A cette fin le journal catholique le plus répandu en Italië l'« Avenire d'Italia avait ouvert une sous- cription et demandait 70,000 frs. La somme j vient d'être atteinte non pas uniquement par de grosses souscriptions, mais en grande j partie par des souscriptions populaires en masse.Le nouveau journal paraitrai en douze pages des le ier novembre et le public, dégouté des inconvenances de l'« Alsino l'attend avec une sympathie marquée. Depuis que la deuxième Douma est défunle, la fermentation politique semble presque éteinte. A signaler cependant la décision du parli constitutionnel démocrate de ne conclure aucune alliance électorale avec un parti soit de droite soit de gauche. M. Milionkoff, un des chefs du parti, a déclaré que les cadets devront s'opposer a toute alliance avec descandidats modérés ou révolutionnaires. Ce calme est-il le résultat des vacances ou l'effet des douches calmantes prodiguées par M. Stolypine avec le concours du personnel administratif et policier Entretemps l'ad ministration a a peu prés terminé son travail préliminaire de statistique et de classement electoral. G'est au tour des électeurs a s'en- tendre et a se consulter. La nouvelle loi électorale aura reduit considérablement l'influence des électeurs appartenant a la classe des ouvriers, des petits propriétaires et des petitscommergants. On aura done a la Douma moins de socia- j listes et de révolutionnaires. Mais certains j partis n'en seront nullement diminués. On prévoit par exemple que le kolo polonais revienda tout aussi nombreux, si j non plus atteindu que dans les provinces de 1 ouest la classe des grands propriétaires se compose presqu'exclusivement de Polo nais. Ceci remettra a nouveau sur le tapis la question polonaise. Cette conséquence des futures élections ne peut avoir échappé au gouvernement et le Polnische Post assure qu'elle fit l'objet quasi-unique de la dernière entrevue de de Guillaume II et du Tsar. Guillaume II, dont le Tsar a fait son guide, désire que la nation polonaise soit aussi fortement com primée en Russie qu'en Prusse. Or la germanisaton de ia Pologne prus- sienne se fait sur une large échelle. A la fin de 1 année 1906, !a commission de colonisation avait établi un total de 246 vil lages allemands et poursuivait la formation de 85 autres villages. Sur les 246 villages constitués, quatre sont catholiques et *4» protestants. Sur les 85 villages en formation, 8 sont catholiques, 77 protestants. Et sur 11,957 families transplantées des territoires allemands en Pologne, 11,464 sont protes- tantes, 493 catholiques. En conséquence, il est bien évident que la commission d'émigration procédé a un choix systématique qui justifie pleinement la pa role.leM.de Schorlemer-Alstla germani- sation, c'est la protestantisation. Cette cons- tatation n'apprend du reste rien de nouveau a l'Autriche qui connait le secret du Los von Rom dont le but était de protestanti- ser l'Autriche, afin qu'elle se trouvat, au moment voulu, comme disait M. Lueger, mieux digérable pour la Prusse. On ne soupgonnait guère l'existence d'une question nyppone au Canada, dans l'une des grandes colonies autonomes de l'Empire Bri- tannique, l'allié du Japon. Et voila qu'a Vancouver eta Victoria des troubles viennent d'éclater, dont la gravité dépasse les incidents anti-japonais de San- Francisco. Les dégats causés par les aniiasiatiques a Victoria se chiffrent par plusieurs miliers de dollars. Les japonés se sont jétés sur leurs assaillants et se sont déclarés prêts a lancer des bombes sur la foule. Depuis quelque temps les Japonais pullu- lent dans la Colombie britannique oü aucun obstacle ni légal ni administratif ni fiscal ne vient arrêter leur expansion. Lors de la visite du prince Fushini, a Vancouver, dont la population comprend So,000 ames, pas moins de 4000 Japonais vinrent le saluer sur son passage. Ils se font mineurs, employés de chemin de fer, gargons de café, et font aux habitants de race blanche une forte concurrence. On les accuse d'accepter des salaires inférieurs au taux normal. Après avoir obtenu ainsi le monopole dans certaines branches de l'industrie, les Japonais, excellents ouvriers et habiles spéculateurs majorent le chiffre de leur pretentions. Grace a leurs sociétés, secrètes et autres, ils sont si bien organisés que au cas oü les ouvriers blancs voudraient travailler aux mêmes conditions, ils uniraient leur forces j dans l'espoir de se ratraper dans la suite. II y a done dans une partie du Dominion Canadien, un sentiment d'hostilité fort pro- noncé a l'égard de l'immigration asiatique. Jadis les habitants en voulaient aux immi grants cbinois. Aujourd'hui les Japonais sont l'objet de leurs antipathies. Cet état de choses ne con- tribue certainement pas a hater la solution pacifique de la question nippone dans Ie pays voisin aux Etats Unis. La chose est d'autant plus regrettable qu'on constatait une détente sérieuse dans les rapports entre Californiens et Nippons. On songe beaueoup a uotre époque a améliorer le sort de la classe ouvrière. Peut-être le zêle des réformateurs ne s'at- tache-t-il pas suffisamment a supprimer un des grands obstacles au progrès social, je veux dire l'alcoolisme. Vous revendiquez pour l'ouvrier la jour- née de 8 heures de travail. Vaine, bien plus, nuisible sera la réforme si elle permet aux boissons du cabaret de prolonger une intoxication plus rapide que celle causée par le su^menage du travail. Les amis de l'ouvrier désirent pour lui de hauts salaires. A quoi bon si l'augmentation du salaire aboutit a augmenter la note de ses consom- mations alcooliques a la cantine ou au cabaret. Ou réclame pour l'ouvrier l'instruction obligatoire, a quoi bon si l'instruction ne s'adresse qu'a des cerveaux épuisés ou abrutis par les vapeurs de l'alcool. On le voit, toute réforme sociale doit s'appuyer sur un mouvement antialcoolique qui lui prépare la voie. Et encore n'entrons-nous pas dans la question médicale, nous bornant a apporter le témoignage d'une haute autorité, du docteur Debove, doyen de la Faculté de Médecine de Paris. 1 J'ai lutté, dit-il, toute ma vie contre lalcooli8me. L'alcoolisme, croyez-moi, est le grand mal de notre époque. Allez dans n'importe quelle clinique ce sont les alcooli ques qui, sauf les cas d'accidents ou de catastrophes graves encombrent les lits. Tout ce qui est absinthe amer, bitter, alcoolature, alcoolat, est a mon point de vue aussi nocif. Ou va augmenter l'impot sur toutes ces mixtures, c'est évidemment une mesure bonne si on pouvait supprimer ces consommatioiis, ce serait meilieur encore Lorsque des habitudes si nocives se sont réparsdues partout, c'est le corps social tout entier qui est malade. On le voit facilement par i'affaissement entremêlé de sursauts de bestialité qui constitue a l'heure présente l'état ordinaire des esprits et des caractères. Sans doute bien des causes morales ont provoqué leur déchéance, toutefois la préco- cité et la brutalité dans le crime chez les adolescents, surtout fils d'alcooliques et alcooliques eux mêmes, l'aspect animal de certaines catégories d individus retombés dans une sauvagerie bien déterminée par le norn d'apaches ou de longues-pennes!a nervosité et le déséquilibre mental des classes plus élevée3 les misères noires de certaines autres oü Lioaptitude profession- nelle, la mortalité prématurée de chefs de familie rivalisent avec le3 maladies semées ou développées par l'alcoolisme pour tarir toutes les ressources,sont bien ses stigmates évidents. Songez que la classe ouvrière boit annuel- lement enBelgique pour plus de 100 millions d'alcool. Ajoutez-y les journées de chömage, les incapacités de travail définitives, les progrès de la tuberculose dus pour les trois quarts a l'alcoolisme, la charge énorme qu'impose ainsi a la société l'entretieu de tant de veuves, d'orphelins, d'infirmes, dans les hospices et höpitaux d'aliénés, dans les asiles et vous arriverez a une perte totale énorme pour le pays. Le remède h un mal si grand On est tenté de le demander a l'intervention de l'Etat, et sans doute il 11e fautpas la négliger, pour la limitation du nombre de cabarets, de leurs heures d'ouverture quelques-uns vont même jusqu'a la prohibition des boissons alcooli- JOURNAL D YPRES ©rgane Gatholique de l'Hrrondissement

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1907 | | pagina 1