r Avis important
LA SEMAINE
Téléphone §2
Téléplione 52
Samedi 14 Septembre 1907
10 centimes le N°
42 Annee N° 4442
Ceux qui n'aiment pas
les Curés
En France
En Italië
En Russie
Japonais et Canadiens
L'Anlialcoolisme
On s'abonue rue au Beurre, 36,
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A p'irtir du 3 S 'ptembro prochain
|lcs lisb s electorates provisoires pour
1908 1909 seront déposées a l'iuspec-
lion du public au secretariat et au
|e.)Brn:ssar'iat de police de chaque
oom nutte, ainsi qu'au bureau du cora-
[j|isvtrial de l'arrou lissement (rue
jd'Eivcrdiughe k Ypres) Uri exera-
jjilftire en sera aussi déposé au local de
ji'Ass >ciali ju c ttholique, 16, rue de
Meniu a Ypres.
Tous nos amis sont instamment
nriés de bien vouloir verifier leur
inscription sur les listes éleelorales et
[examiner s'il leur est atlribué Ie nom-
bre de voles auquel ils out droit.
Lps électeurs qui rcqoiveat uo avis
'de I'administration communale leur
notiliunt la radiation de leur none des
nou velles listes électorales ou la reduc
tion du nombre de leurs voix, sont
pries de s'adresser au local précité
munis de leurs pièces justificatives.
Laissez-moi le dire saus déiour, je
necoanais rien au monde d'aussi bete
<j te ia haine de certaines gens conlre
leprêtres. Cette haine est vieille,
Ir ais elle est si étonnaote, si fautasli-
ique,si dróle que toujours l'on y trouve
nwlière a d'utiles réflexions.
Que dit-on en effet, ou plulót que
uediton pas des curés Ecoulez ces
vhSbieurs de cabaret, ces noceurs qui
soat de toules les fêtes, ces éludiants
si peu étudiaDts, etc., et vous serez
surpris des moutagnes de crimes et
de fortaits dont ils accablent ces pau-
vres curés.Les malins n'y croienl rien;
mais com me dans ce monde, les ma
lins ne sont pas précisément les plus
nombreux, il n'est pas rare de ren-
contrer des badauds qui avalent béné-
volement l'tine ou l'autre de ces ac
cusations monstrueuses contre les
prêtres.
A ces naïfs, rien de mieux pour les
inslruire, que de proposer le petit
raisonnement que voici. Connaissez-
vous particulièrement quelques prê
tres Conuaissez-vous leur genre de
vie, leurs études, leurs travaux, leurs
■SotrutS Non Et voila pourquoi vous
les critiquez. D'autre pirt, les curés
out des amis, des défenseurs dévoués.
Les amis sont d'honnêtes gensils
valent généralement mieux que les
grossiers propagandistes de la librc-
pensée. Regardez un tel, et encore uu
'el! Que diles vous de ces hommes?
Le sont des hommes modèles, parfois.
Üs conuaissent les curés, ils les fré-
luentent et ils les aiment. Les détrac-
leurs des curés, au contraire, ne les
C!>nnaissent pas et souvent sont des
Sens fort peu recommandables a tout
l)0iot de vue... Est-ce vrai Done qui
faobil croire?
Autre remirque Ce n'est pas dans
classe ouvrière, mais bien dans ia
Aasse des gros bourgeois que l'ou ren-
c^htre les ennemis les plus décidés du
L ergé. Les grands financiers, les gens
de bou'se sont pour la plupirt grauds
mangeurs de curés preuve que, dans
la haine anticUricale.il y a foute autre
chose qu'une question de gros sous. Si
les prêtres étaient les défenSeurs-nés
des patrons, les représentanls attitrés
des capifaüstes, on 11e verrait pss
ceux-ci en si grand nombre villi pen -
der ét cilomnier le clergé catholique,
avec tant d'acharnement.
Ilomme de Dien, le prêtre doit être
rhornme de tout le monde. Cependant
par sa naissance généralement pau-
vre, par sa parenté et ses liaisons de
familie, par la toi qu'il enseigne et les
ceuvres de soa ministère, le prêtre est
davantage l'homme des malheureux
et des faibles. II est le grand, souvent
l'unique éducaleur des euf-ints pau-
vres le visiteur et le cousolateur pré-
féré des malades et des moribonds
le confident le plus sur daus toutes les
catastrophes et les peines de familie.
Tout cela est évident et se concilie
fort peu avec les critiques de certains
esprits inconsidérés.
II y a quelque temps, nous faisions
la remarque que, de tous les hommes
ayant fait des études supérieures, le
prêtre était de loin le moins bien ré-
munéré. On nous cite a ce propos les
paroles qu'un prêtre des environs
a 'ressait a un houilleur, il y a peu de
jours: «Vous aceusez les prêtres detre
hommes dargent cela prouve tout
simplement que vous parlez de choses
que vous ne connaissez pas. J'ai deux
frères, 1'ua est dans l'administration
de l'Etat, l'autre est ajusteur tous
deux n'ont presque rien coü'é a mes
parents pour leurs études et tous deux
ont une position financière beaueoup
meilleure que la mienne.
Et le houilleur étonné regardait, ne
sachant quoi répliquer.
Braves gens qui lisez ces ligues, re-
tenez bien ces quelques mots: e'est
toujours mauvais sigue quand on cri
tique les gendarmes et lesjuges. Si
les consciences étaient plus en règle
avec Dicu, qu'elles ne le sont, on ne
critiquerait pas autant les prêtres
Jus.
La France se dissout disait tout ré-
cemment M. Rouvier.
Jamais peut-être une situation aussi com
plexe que celle de la France n'a e'té synthéti-
sée plus nettement et en moins de mots.
Des symptomes de dissolution dans tous
les domaines.
Nous laissons de coté la separation violen
te entre l'Eglise et l'Etat. La grève des
imprimeurs, des postiers, des électriciens et
celle des mineurs du Nord et du Pas-de-
Calais datent de hier. L'agitation du per
sonnel des arsenaux, le mouvement antimi-
litariste, les soulévements de fonctionnaires
et d'instituteurs ne discontinuent pas.
Reste encore le récent mouvement viticole
avec l'arrêt de tousles services publics et
la grève de l'impot. Pour peu qu'on se re-
porte en arrière, on se rappelle que les mots
d' Autonomie du midi étaient couram-
ment a la bouche des viticulteurs du midi.
Autonomie d'une partie de la France La
dissolution eut été grande sans doute, mais il j
en est une autre plus intime encore et qui se
poursuit avec un acharnement sans relache.
La familie, ce premier groupement social,
s& dissout en France d'une fagon inquiétante,
La presse immorale, le théatre malsain,
les théories anti familiales trouvent ün auxi-
liaire précieux dans la législation. La Cham-
bre francaise a adopté le *4 janvier dernier
une proposition de loi permettant a ceux qui
sont séparés de corps depuis trois ans de
faire transformer, sans formalités préalables,
par les tribunaux, leur separation en divorce,
notons que cette loi ne fait que consacrer une
procédure adoptée en fait par la plupart des
tribunaux de France.
Prochainement le Palais Bourbon aura a
discuter un projet de loi autorisant le divorce
par consentement mutuel.
Et si le projet passe ne croyez pas que les
propagandistes du divorce se tiendront pour
satisfaits.
Le seul idéal qui pourra les satisfaire sera
le divoice unilatéral.
Dissolution dans la familie, dans la socié-
té, dans les rapports de l'Eglise et de l'Etat,
dissolution partout. C'est la situation des
peuples qui touchent a leur fin.
La campagne anti cléricale met le gouver
nement italien mal a l'aise.
II n'en faudrait d'autre preuve que la mu
tilation qu'il a fait subir aux télégrammes de
presse relatant les grossières insultes dont le
cardinal Geunari a été l'objet.
En voulant de cette facon se mettre a i'abri
de la réprobation universelle le gouvernement
italien, malgré lui, fait savoir au monde
qu'a Rome il n'y a plus pour les catholiques
de liberté de correspondance.
L'innaction du gouvernement et la violen
ce des anticléricaux n'empêchent pas les
catholiques de se préparer a la défense avec
les mêmes armes avec lesquelles ou les atta
ques. Relevons seulement deux faits dans
eet ordre d'idées la création de l'association
internationale pour le progrès scientifique et
la naissance d'un journal humorislique
catholique Le Mulet
A peine les journaux ont ils fait connaitre
l'existence de la nouvelle association consti-
tuée sous le patronage des cardinaux Ram-
polla, Mercier et Maffi que déja les adver-
saires dc l'Eglise dament partout leur colère
et, inconsciemment soulignent toute ('impor
tance de la nouvelle institution. L'organe
socialiste l'«Aventi lui consacre une longue
colonne d'invectives formule'es avec une rage j
qu'il n'a même pas i'habileté de dissimuler.
Dans une réunion a la Maison du peuple,
l'avocat Romualdi a même inffligé aux trois
cardinaux l'épitête de menteurs et, avec j
tout le sérieux dont il était capable, a déclaié
que toute la science catholique consistaitdans
les tortures, la prison et le bücher.»
Quant au nouveau journal humoristique
il est destiné a laire campagne contre le i
pornograpbique Asino A cette fin le
journal catholique le plus répandu en Italië
l'« Avenire d'Italia avait ouvert une sous-
cription et demandait 70,000 frs. La somme j
vient d'être atteinte non pas uniquement par
de grosses souscriptions, mais en grande j
partie par des souscriptions populaires en
masse.Le nouveau journal paraitrai en douze
pages des le ier novembre et le public,
dégouté des inconvenances de l'« Alsino
l'attend avec une sympathie marquée.
Depuis que la deuxième Douma est
défunle, la fermentation politique semble
presque éteinte. A signaler cependant la
décision du parli constitutionnel démocrate
de ne conclure aucune alliance électorale
avec un parti soit de droite soit de gauche.
M. Milionkoff, un des chefs du parti, a
déclaré que les cadets devront s'opposer a
toute alliance avec descandidats modérés ou
révolutionnaires.
Ce calme est-il le résultat des vacances ou
l'effet des douches calmantes prodiguées par
M. Stolypine avec le concours du personnel
administratif et policier Entretemps l'ad
ministration a a peu prés terminé son travail
préliminaire de statistique et de classement
electoral. G'est au tour des électeurs a s'en-
tendre et a se consulter.
La nouvelle loi électorale aura reduit
considérablement l'influence des électeurs
appartenant a la classe des ouvriers, des
petits propriétaires et des petitscommergants.
On aura done a la Douma moins de socia- j
listes et de révolutionnaires. Mais certains j
partis n'en seront nullement diminués.
On prévoit par exemple que le kolo
polonais revienda tout aussi nombreux, si j
non plus atteindu que dans les provinces
de 1 ouest la classe des grands propriétaires
se compose presqu'exclusivement de Polo
nais.
Ceci remettra a nouveau sur le tapis la
question polonaise.
Cette conséquence des futures élections ne
peut avoir échappé au gouvernement et le
Polnische Post assure qu'elle fit l'objet
quasi-unique de la dernière entrevue de
de Guillaume II et du Tsar. Guillaume II,
dont le Tsar a fait son guide, désire que la
nation polonaise soit aussi fortement com
primée en Russie qu'en Prusse.
Or la germanisaton de ia Pologne prus-
sienne se fait sur une large échelle.
A la fin de 1 année 1906, !a commission de
colonisation avait établi un total de 246 vil
lages allemands et poursuivait la formation
de 85 autres villages. Sur les 246 villages
constitués, quatre sont catholiques et *4»
protestants. Sur les 85 villages en formation,
8 sont catholiques, 77 protestants. Et sur
11,957 families transplantées des territoires
allemands en Pologne, 11,464 sont protes-
tantes, 493 catholiques.
En conséquence, il est bien évident que la
commission d'émigration procédé a un choix
systématique qui justifie pleinement la pa
role.leM.de Schorlemer-Alstla germani-
sation, c'est la protestantisation. Cette cons-
tatation n'apprend du reste rien de nouveau
a l'Autriche qui connait le secret du Los
von Rom dont le but était de protestanti-
ser l'Autriche, afin qu'elle se trouvat, au
moment voulu, comme disait M. Lueger,
mieux digérable pour la Prusse.
On ne soupgonnait guère l'existence d'une
question nyppone au Canada, dans l'une des
grandes colonies autonomes de l'Empire Bri-
tannique, l'allié du Japon.
Et voila qu'a Vancouver eta Victoria des
troubles viennent d'éclater, dont la gravité
dépasse les incidents anti-japonais de San-
Francisco.
Les dégats causés par les aniiasiatiques a
Victoria se chiffrent par plusieurs miliers de
dollars. Les japonés se sont jétés sur leurs
assaillants et se sont déclarés prêts a lancer
des bombes sur la foule.
Depuis quelque temps les Japonais pullu-
lent dans la Colombie britannique oü aucun
obstacle ni légal ni administratif ni fiscal ne
vient arrêter leur expansion.
Lors de la visite du prince Fushini, a
Vancouver, dont la population comprend
So,000 ames, pas moins de 4000 Japonais
vinrent le saluer sur son passage.
Ils se font mineurs, employés de chemin
de fer, gargons de café, et font aux habitants
de race blanche une forte concurrence. On
les accuse d'accepter des salaires inférieurs
au taux normal. Après avoir obtenu
ainsi le monopole dans certaines branches
de l'industrie, les Japonais, excellents
ouvriers et habiles spéculateurs majorent le
chiffre de leur pretentions.
Grace a leurs sociétés, secrètes et autres,
ils sont si bien organisés que au cas oü les
ouvriers blancs voudraient travailler aux
mêmes conditions, ils uniraient leur forces j
dans l'espoir de se ratraper dans la suite.
II y a done dans une partie du Dominion
Canadien, un sentiment d'hostilité fort pro-
noncé a l'égard de l'immigration asiatique.
Jadis les habitants en voulaient aux immi
grants cbinois.
Aujourd'hui les Japonais sont l'objet de
leurs antipathies. Cet état de choses ne con-
tribue certainement pas a hater la solution
pacifique de la question nippone dans Ie pays
voisin aux Etats Unis. La chose est d'autant
plus regrettable qu'on constatait une détente
sérieuse dans les rapports entre Californiens
et Nippons.
On songe beaueoup a uotre époque a
améliorer le sort de la classe ouvrière.
Peut-être le zêle des réformateurs ne s'at-
tache-t-il pas suffisamment a supprimer un
des grands obstacles au progrès social, je
veux dire l'alcoolisme.
Vous revendiquez pour l'ouvrier la jour-
née de 8 heures de travail. Vaine, bien plus,
nuisible sera la réforme si elle permet aux
boissons du cabaret de prolonger une
intoxication plus rapide que celle causée
par le su^menage du travail. Les amis de
l'ouvrier désirent pour lui de hauts salaires.
A quoi bon si l'augmentation du salaire
aboutit a augmenter la note de ses consom-
mations alcooliques a la cantine ou au
cabaret.
Ou réclame pour l'ouvrier l'instruction
obligatoire, a quoi bon si l'instruction ne
s'adresse qu'a des cerveaux épuisés ou
abrutis par les vapeurs de l'alcool.
On le voit, toute réforme sociale doit
s'appuyer sur un mouvement antialcoolique
qui lui prépare la voie.
Et encore n'entrons-nous pas dans la
question médicale, nous bornant a apporter
le témoignage d'une haute autorité, du
docteur Debove, doyen de la Faculté de
Médecine de Paris.
1 J'ai lutté, dit-il, toute ma vie contre
lalcooli8me. L'alcoolisme, croyez-moi, est le
grand mal de notre époque. Allez dans
n'importe quelle clinique ce sont les alcooli
ques qui, sauf les cas d'accidents ou de
catastrophes graves encombrent les lits.
Tout ce qui est absinthe amer, bitter,
alcoolature, alcoolat, est a mon point de vue
aussi nocif. Ou va augmenter l'impot sur
toutes ces mixtures, c'est évidemment une
mesure bonne si on pouvait supprimer ces
consommatioiis, ce serait meilieur encore
Lorsque des habitudes si nocives se sont
réparsdues partout, c'est le corps social tout
entier qui est malade. On le voit facilement
par i'affaissement entremêlé de sursauts de
bestialité qui constitue a l'heure présente
l'état ordinaire des esprits et des caractères.
Sans doute bien des causes morales ont
provoqué leur déchéance, toutefois la préco-
cité et la brutalité dans le crime chez les
adolescents, surtout fils d'alcooliques et
alcooliques eux mêmes, l'aspect animal de
certaines catégories d individus retombés
dans une sauvagerie bien déterminée par le
norn d'apaches ou de longues-pennes!a
nervosité et le déséquilibre mental des
classes plus élevée3 les misères noires de
certaines autres oü Lioaptitude profession-
nelle, la mortalité prématurée de chefs de
familie rivalisent avec le3 maladies semées
ou développées par l'alcoolisme pour tarir
toutes les ressources,sont bien ses stigmates
évidents.
Songez que la classe ouvrière boit annuel-
lement enBelgique pour plus de 100 millions
d'alcool. Ajoutez-y les journées de chömage,
les incapacités de travail définitives, les
progrès de la tuberculose dus pour les trois
quarts a l'alcoolisme, la charge énorme
qu'impose ainsi a la société l'entretieu de
tant de veuves, d'orphelins, d'infirmes, dans
les hospices et höpitaux d'aliénés, dans les
asiles et vous arriverez a une perte totale
énorme pour le pays.
Le remède h un mal si grand On est tenté
de le demander a l'intervention de l'Etat, et
sans doute il 11e fautpas la négliger, pour la
limitation du nombre de cabarets, de leurs
heures d'ouverture quelques-uns vont même
jusqu'a la prohibition des boissons alcooli-
JOURNAL D YPRES
©rgane Gatholique
de l'Hrrondissement