LA SEMAINE Causerie féminine Téléplione 52 Téléphone 52 Samedi 8 Novembre 1907 10 centimes le N° 42|Aiwëe N° 4452 En France Italië Bussie Au loup La mutualité a Ypres A Ypres On s'abonne rue au Beurre, 36, a Ypres, et k tous les bureaux de poste du royaume. 44 V ©rgane Gatholique de l'ftrrondissement Le Journal d'Ypres parait une fois par semaine. Le prix de l'abonnement, payable par anticipation, est de 3 fr. 50 C. par an pour tout le pays pour l'étranger le port en sus. Les abonnements sont d'un an et se régularisent fin Décembre. Toutes les communications doivent être adressées franco de port a l'adresse ci-dessus. Les annonces coütent i5 centimes la ligne. Les réclames dans le corps du journal 3o centimes la ligne. Les insertions judicaires, 1 franc la ligne. Les numéros suppléme.ntaires coütent 10 francs les cent exemplaires. Pour les annonces de France et de Belgique (excepté les deux Flandres) s'adresser 1 'Agence HavasBruxelles, rue d'Argent, 34, et a Paris, 8, Place de la Bourse. Les parlementaires blocards n'ayant de temps que pour le vote de lois destructives de la liberté des cathohques et attentoires a leur droit de propriété, la Chambre des deputes a peine rentree de vaeances a immé- diatement entamé la discussion d'une nou velle loi anticléricale. II s'agit de ce qu'on est convenu d'appeler par euphémisme le projet de loi sur la devolution des biens ecclésiasti- que. A l'appeler de sou vrai nom c'est une loi de spoliation, un acte de brigandage public. Lorsque vint en discussion la loi de séparation, M. Briand avait insisté sur le respect que le texte ministeriel affirmait pour la propriété privée, et visant spécialement les dons ou legs fails a titre onéreux, il déclarait formellement, un an plus tard, le 9 novem bre 1906, en répondant a une interpellation de M. Grousseau Nous n'en disposerons pas, Monsieur Grousseau, nous ne sommes pas de maihonnètes gens. Aujourd'hui le même M. Briand dispose de ces mêmes biens quelle épithète convient-il de lui appliquer La loi de igo5 avait en effet disposé que les héritiers et légataires universels de ceux qui avaient fondé des messes pourraient agir en revocation ou en résolution, pour inexé- cution de conditions, en vertu des articles g53, 1046 et 1184 du code civil. Beaucoup le firent et presque tous eurcnt gain de cause, puisque, d'après le texte et vu la defense faite par le ministre aux agents des domaines de faire célébrer les messes de fondation, il y avait bien inexécution des conditions. Ces donations devaient done faire retour aux légataires universels ou aux héritiers des défunts. Une part énorme du patrimoine de l'Eglise échapperait ainsi a l'Etat.Le gouver nement a voulu y mettre bon ordre. II propose, d'accord a vee la commission, de modifier le droit commun et de n accor- der le droit d'intenter Faction en reprise, revendication, révocation ou résolution, qu'aux seuls auteurs de dons ou de legs signataires de contrat a titre onéreux, et a leurs héritiers en ligne directe, a cette condi tion encore qu'ils aient agi dans les trois mois, a compter de la publication au Jour nal Officiel de la liste des biens a attribuer avec les charges auxquelles les attributions seront soumises. Rien de plus net, mais rien de plus odieux puisque les biens grevés de fondations reli- gieuses seront gardés par les attributaires, sans que les fondations soient acquittées, toutes les fois que le fondateur n'aura pas laissé d'héritiens en ligne droite. Ainsi tous les prêtres, tous les religieux, toutes les religieuses qui n'ont distrait quelque argent de leur succession que pour avoir des messes n'auront pas de messes, et paree qu ils nont pas eu d'enfants leur patrimoine appartien- dra en toute propriété a quelque oeuvre de bienfaisance laïque öu a quelque école non catholique. Un membre de l'extrême-gauche, le député socialiste Constans, ne s est pas mépris sur la portée réelle du projet qui est de confisquer purement et simplement des biens d'église. Mes amis socialistes et moi, a dit M. Constans, nous voterons le projet, non pas pour suivre la majorité dans la guerre au cléricalisme, mais pour établir UN PRÉCÉ DENT QUE NOUS INVOQUERONS PLUS TARD. Vous supprimez, messieurs les radicaux, par ce projet, le Code civil. Vous faites un premier essai d'EXPROPRIATION CAPI- TALISTE. Nous invoquerons cette expé- rience contre vous. Elle donne raison a la doctrine collectiviste. Nous en profiterons. La loi diminue le droit de tester elle est une expropriation partielled une propriété privée au profit d'une collectivité. On ne viendra plus nous dire que notre système est une utopie irréalisable, lorsque nous réclamerons l'expropriation de la pro» priété capitaliste au nom de la collectivité. i Les radicaux ont protesté avec véhémence, j mais ils ont beau protester, c'est M. Con stans qui a raison. Ceci prépare cela hier les religieux, au jourd'hui les catholiques, demain les bour geois, quels qu'ils soient 11 y a des combistes ailieurs qu'en France. II y en a en Belgique il y a en Belgique des bourgeois libres penseurs qui applaudissent, en attendant de pouvoir les imiter, les com bistes francais détrousseurs des congrégations et des églises. Les voila prévenus Des élections municipals auront lieu a Rome le 10 novembre. Le «Corriere d'Italia» annonce officiellement l'abstention des catholiques. Le controle vigilant de la presse quoti- dienne, dit-il, suppléera momentanément a celui que le nombre limité de nos représen- tants exercerait dans le conseil, jusqu'a ce que le sentiment des vrais intéréts de Rome ait prévalu de nouveau. Un autre journal catholique fait remar- quer qu'a bien réfléchir, l'intervention de 1' «Unione Romana» (association catholique) porterait dans le conseil municipal des élé- ments qui se trouveraient amenés a appuyer les éléments plus modérés du «bloc» contre les plus subversifs. II est nécessaire que les constitutionnels qui rougissent de l'alliance avec les catholi ques s'arrangent tout seuls avec les amis récents du «bloc». Se mettront-ils a la suite des subversifs 1 Ce serait un spectacle risible. Devront-ils rapidement rompre les conven tions et prendre position contre leurs alliés Ce ne s rait pas moins ridicule et intéressant. La troisième Douma composée de 33o députés est sortie du scrutin qui a commencé dimanche. Puisse-t elle avoir la vie plus longue que les précédentes et produire une oeuvre législative utile a la régénération de la Russie On connait jusqu'a present 327 résultats qui donnent une assemblée conservatrice pour les deux tiers de son personnel et pro- gressiste ou radicale pour un autre tiers. Sont élus membres de la droite et des partis monarchistes, 166 octobristes et mo dérés, 98 régénération pacifique, 3 consti tutionnels démocrates, 25 nationalistes et Polonais, 20 musulmans, 6 social-démo crates, 9 membres de la gauche, 19. La plupart des éléments subversifs de l'ancienne Douma sont éliminés. Ces élections constituent done une victoire pour le gouvernement et pour le parti de l'ordre. II y a des années que déja le pape Léon XIII a jeté le cri d'alarme prene{ garde au loup caché sous une peau de brebis. Avant lui, il a 19 siècles, le Christ avait dit gardez-vous des faux prophètes, qui viennent a vous revêtus de peaux de brebis, et qui au-dedans sont des loups rapaces. Qu'un loup rapace se présente tout fuit devant lui. Mais s'il a l'astuce de se munir soigneusement d'un revêtement de brebis, il fera facilement des victimes. Ah des loups, il en fut de tout temps et toujours ils ont fait des ravages dans le troupeau. Voyez l'évolution de la société moderne et si vous y constatez des désordres lamenta- bles dans le règne des idees et le monde des faits, il ne vous sera pas difficile de signaler les loups rapaces qui sont la franc- magonnerie, le libéralisme, le socialisme. La franc-magonnerie, c'est la haine de Dieu et de 1 Eglise, voilé sa raison d'être sa doctrine, c'est que l'homme doit être son propre maitre. Vous serez comme des dieux avait dit Satan la première femme. L'homme devenu son Dieuvoila l'idéal de la franc-maQonnerie. Et partant plus de dépendances d'un être supérieur, plus de Foi, plus de dognes c'était l'esclavage de l'espritplus de loi morale: oetait l'escla vage de la volonté. Guerre done sans trève ni repos a Dieu et a l'Eglise c'est le cri de ralliement. Et cepondant ses adeptes se proclament les plus grands amis de l'humanité qu'ils veulent émanciper mais ils ourdissent secrètement leurs noirs complots et puis, ils Sfont cboix des prosélytes, les premières victimes qu'ils 'atteignent surtout dans les rangs des bourgeois notables et des hauts fonctionnaires. La franc magonneriedonne le mot d'ordre: le libéralisme se fait le complice et l'exécu- teur. Au loup Que veut le libéralisme? S'il faut en croire le docteur Greuteu,un lihéral, jadis membre des chambres d'Autriche, qui définit le libéralisme en 1872 Le libéralisme est la libération de 1 homme par lui même. Nous libéraux, disait il, nous n'admettons de vé- rité que celle que nous avons trouvée nous- mêmes nous n'observons de loi.de comman- dements, que ceux que nous nous sommes donnés a nous mêmes. Qu'est ce done sinon l'indépendance com pléte vis-a-vis de Dieu et de l'Eglise, qu'ils préconisent. Et quelle étonnante confor- mité da la doctrine libérale, a celle de la franc magonnerie Mais les franc matsous se cachent les libéraux se montrent, et se pavanent. queiques vains mots les grisent ils sont les intellectuals,les initiés, leséman- cipés, les gens cultiés, les fils de la lu- mière. Ils proclament bien encore,d'ici dela, que la religion est bonne, voire même nécessaire, pour le bas peuplequ'eux mêmes estiment la religion et no lui en veulent guère qu'ils admirent le elergé qui administre les sacrements et confine son saint zèle dans son église mais ils étalent volontiers, tout en les déplorant, les rares scandales, ou réels ou inventés, qu'ils peu- vent mettre a charge de tel ou tel prêtre ou fidéle et s'empressent de jeter ces éclabous- sures sur la robe virginale de l'Eglise ou sur l'honneur du clergé. Ne vous étonnez pas si ces beaux mes sieurs, malgré toute leur estime pour Ia religion,ne sesoucient guère de la pratiquer. Lafaute en est a la religion catholique elle- même, qui, il faut l'avouer avec eux, n'est ce quelle était autrefois. L'Eglise ne com- prend plus la vraie doctrine du lésus Christ. Elle est intolérante ses dogmes sont trop raides le clergé est trop politique et domi- nateur. Le jong devient insupportable. Voila pourquoi ils joueront eux le role de libéra- teurs. II y a beaucoup d'orgueil dans ces libera- teurs et c est la principale raison de leur insoumission et de leur hostilité a l'Eglise mais une autre raison en est la prospérité matérielle qui, de ces gens ayant fait fortune ne fait le plus souvent que des dévoyés et ingrats. Le socialisme est un troisième ennemi qui attaque la société, un loup qui fait beaucoup de victimes. Un mot seulement. Bebel, l'un de ses leaders, le définit comme suit: «En politique nous tendons i la ré- publique en économie sociale,nous voulons la propiété commune ou l'Etat propriétaire; sur le terrain religieux, nous tendons a l'athéisme.» Ce sont des utopies dont on veut leurrer les masses. En réalité cette triple tendance ne peut aboutir qu'a l'anarchie, a la spoliation des uns et enrichissement des autres, a la ruiae de la sociiéte et la dégra- dation de l'humanité. Nous catholiques nous tenons a l'Eglise: elle est l'arche de Noé qui nous sauvegarde du déluge des erreurs et perversions moder- nes nous voulons Dieu qui restera notre roinous aimons le l'atrie que nous défen- drons jusqu'a notre dernier soupir. catholique en 1900, et qui permet a tout citoyen beige, riche, bourgeois ou ouvrier de s'assurer une pension dans ses vieux jours. La ville d'Ypres comprend actuellement seize sociétés de retraite qui ont recu de l'Etat les primes d'encouragement suivantes pour les versements de l'année 1906. 492 membres 41 Le Moniteur du 25 Octobre dernier con- tient une page intéressante pour nos conci- toyens. II s'agit des subsides accordés par l'Etat a nos sociétés mutualistes de pensions de vieillesse créées en notre ville a la suite de l'excellente loi élaborée par le gouvernement 1. Anciens élèves de l'Ecole Communale, 2. Katholieke Ziekentroost, 3. Ouderdomstroost (Orphelinat de garcons) 268 4. Oud en Vrij (Garde Catholique) 1J7 5. Société de retraite Ste Germaine (Ecole Lamotte) 86 6. Zorgen voor Morgen (anciens élèves du Collége épiscopal) 207 121 589 132 59 75 15g 80 48 563 Fr. 7: 8. 9 10. 11. 11. i3. '4- Société de retraite de la paroisse St-Jacques St-Pierre St-Nicolas St-Martin Société de retraite St-Michel (Ecole St-Michel Société: HelpuZelven Société de retraite de la Looye (école communale) Zaaien om te maaien (école communale pour filles) 15. Société de retraite de l'Ecole moyenne de l'Etat 16. Qui veut peut (Ecole de Bienfaisance) 3oqg.6o 313 80 i<45.8o léoi.5o 450.00 1878.80 1248.00 5169.60 1054.20 751.10 394.20 i554.3o 304 60 620.80 447.00 i8ï3.ao Vingt quatre mille trois cent soixante six francs 80 centimesc'est un joli denier accordé aux trois mille on\e sociétaires de Ia ville d'Ypres et si on y ajoute les subsides accordés par la province et la ville on arrive certainement a une somme considérable. Ce magnifique résultat est tout a l'honneur de nos concitoyens qui s'occupent de l'admi- nistration de nos sociétés de retraite et ren- dent ainsi un service signalé a la population Yproise. Pourtant, sur un chiffre de 18000 habi tants, il est a souhaiter que notre ville verra Total Fr. 14.366.80 encore augmenter le nombre des participants; car si tous comprenaient les grands avanta- ges de cette précieuse institution nationale, personne n'hésrterait a en profiter. Nous engageons surtout les parents a faire inscrire leurs enfants dans l'une de nos so ciétés de retraite le léger sacrifice d'un ver- sement minime assurers a leur progéniture une vieillesse honorable. C'est la une oeuvre de prévoyance que nous envient beaucoup de pays voisins, toute a l'honneur du gou vernement catholique de notre chère patrie. La portée des élections du 20 octobre et l'expérience qui en résulte pour notre pro vince, c est la consolidation du «cléricalisme» que nos adversaires se flattaient d'abattre. Des succès comme ceux de Bruges, Blanken- berghe, Dixmude, Thourout, Roulers, Co- mines, etc., sont notoires et méritent de fixer l'attention. Mais celui de la ville d'Ypres ne peut pas non plus passer inapergu paree que, tout comme a Bruges, plus même peut-être, il a une signification. La aussi, par une curieuse coincidence, se formait un groupe de mécon- tents qui, sans couleur politique,par sa seule entrée en lice, favorisait le groupe libéral, dont la liste formaitlecomplément de la leur. Or, qu'arriva-t-il la manoeuvre fut éven- tée, les Yprois reconnaissants se dirent qu'il serait injuste d'oublier les 10 années durant lesqueiles M. Colaert a présidé aux destinées de leur ville avec une activité et un dévoü- ment qu'il serait indigne d'oublier. Ils ne l'oublièrent pas coinme a Bruges, ils com- prirent qu'ils avaient pour devoir de voter pour les catholiques par principe, par récon- naissance et par devoir. Quant au succès, nous l'avons fait déja remarquer par les chiffres, il est superbe. De 23o6 voix de liste en 1902, nos amis sont montés a 2557 1 Nos adversaires, qui obtenaient a la même élection 2074 votes de parti, n'en ont au jourd'hui que »2»2, malgré une honteuse coalition Nos amis l'emportent done a 335 voix de majorité. Le parti libéral n'a recueilli que 1197 et le parti du gaz que 1025 voix Le travail, calme, méthodique et rationnel de nos amis a seul pu obtenir ce résultat auquel nous applaudissons de tout coeur et qui nous fait dire Vive Ypres catholique et la Westflandre La Toussaint I Les Morts Quelle oppor- tunité dans l'arrivée de ces fêtes au sortir d'une période électorale 1 Après 1 ardente dispute des honneurs périssables, la douce vision des gloires indé- fectibles Après les querelles et les divisions entre vivants, la paix retrouvée dans la communion avec les morts 1 Double et bien- faisant sursum corda La loussaint 1 Quel réconfort pour tous les blessés de la vie dans Ie retour dune fête instituée pour leur rappeler que la vie est un combat dont la palme est aux cieux 1 Les héros de la fête, si glorieux et si grands soient-ils maintenant, furent jadis des notres. Ls étaient pétris de la même argile ils connurent nos misères et nos souffrances ils les connurent même beau coup mieux que nous, et cela n'a pas peu contribué a les élever si haut dans la gloire. Les enfants ne s'émeuvent tellement des mqjndres contrariétés que paree qu'ils s'en exagèrent l'importance. Trop souvent nous restons enfants toute la vie. C est pourquoi il est bon de soutenir notre marche a travers les épres sentiers du monde en songeant h ceux qui nous y précédèrent et qui surent en faire la voie conduisant a la gloire. Leurs travaux et leurs dévoüments incessants, leurs sacrifices, leur martyre même, tout cela, considéré maintenant de lé haut, leur parait bien peu de chose en regard de la récompense obtenue.Et quel contraste pour tant entre leur héroïsme et notre lécheté 1 Mais voici que ma causerie semble vou- loir tourner au sermon... Non alors.Farlons plutot de nos chers défunts. Le culte des morts est commun, en effet, aux hommes de toute opinion philosophi- que. Il n est matérialiste même qui ne lobserve, malgré lui, sans se douter presque de 1 inconséquence de sa conduite. G est l'instinct qui intervient ici, et on ne supprime pas l'instinct. On voit même le sceptique se rejeter avec d'autant plus d'empressement sur ce culte- la qu'il s'est affranchi davantage du souci de tout autre culte tant il est vrai que la religion est un bosoin impèrieux de notre être. Mais, même ainsi dénaturé, le culte des morts reste encore bienfaisant.S'il ne profite plus aux défunts, il profite du moins aux vivants qui le gardent. C'est forcément

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1907 | | pagina 1