Téléphone §2 Téléphone 52 Samedi 22 Février 1908 10 centimes Ie N° 43 Annee 1N° 44^70 Hommage a Struye On s'abonne rue au Beurre, 36, a Ypres, et Le Journal d'Ypres parait une fois par semaine. Le prix de l'abonnement, payable par anticipation, est de 3 fr. 50 C. par an pour tout le pays pour l'étranger le port en sus. Les abonnements sont d'un an et se régularisent fin Décembre. Toutes les communications doivent être adressées franco de port a l'adresse ci-dessus. a tous les bureaux de poste du royaume. Les annonces coütent 15 centimes la ligne. Les réclames dans le corps du journal 3o centimes la ligne. Les insertions judicaires, 1 franc la ligne. Les numéros supplémentaires coütent 10 francs les cent exemplaires. Pour les annonces de France et de Be.lgique (excepté les deur Flandres) s'adresser a 1 'Agente Havas, Bruxelles, rue d'Argent, 34, et a Paris, 8, Place de la Bourse. 1 Vrv* Pour chanter dignement le héros de la fête II faudrait échanger la lyre du poète Contre le luth sacré des habitants du ciel Car nul ne s'y méprend c'est Ie ciel qui rayonne Dans toutes ces vertus dont l'éclat nous étonne Et qui le rendront immortel. II me faudrait surtout cette délicatesse Dont il sait couronner sa profonde sagesse, Pour le complimenter sans paraitre indiscret. L'art de Daguerre seul lui semble assez sincere Pour ne point échouer dans l'oeuvre téméraire De faire agréer son portrait. Mais pourquoi buriner cette noble figure Elle vit dans les coeurs plus fidéle et plus pure Que l'ceuvre d'un burin jaloux de vé'rité. Elley vivra toujours, et la reconnaissance Voudra, en la gravant dans le coeur de l'enfance, Assurer sa pérennité... Mais j'impose silence a ma lyre indiscrete Devant ses charités il faut qu'elle s'arrête. Le seul chant qui convienne a la festivité S'adresse au citoyen qui, jusqu'en sa vieillesse, Consacra, chaque jour, son zèle et sa sagesse Au bien de la société. A lui dont les pensers, en leur noble hantise, Fixés sur le labeur, n'aimaient d'autre devise Quecellequi soutient tous les grands travailleurs; Celle qui fait aimer fatigues et souffrances Et, nous montrant le ciel oü vont nos espérances, Redit toujours Repos ailleurs A lui qui, poursuivant le progrès véritable, Ne le concevait point sans ce fondement stable Qu'il ne saurait trouver qu'en la Religion Et qui, pour démontrer la valeur du système, Sesoucia surtout de parvenir lui même Au but de la perfection. Le succes couronna pleiuement sa tactique Nul ne monta plus haut dans l'estime publique En offrant du chrétien le rnodèle parfait. De la Religion vivante apologie, Sur ses mille travnux il laissait l'effigie Du Dieu qui les vivifiait. A la source divine empruntant sa sagesse, II sut, au Parlement, se souvenir sans cesse Que le Christ doit régner dans l'esprit de nos lois: Car tout peuple est soumis a son sceptre adorable Car II est la raison et la base immuable De nos devoirs et de nos droits Dans nos cornices même, au cours des apres luttes, Sa charité savait tempérer les disputes Sans rien abandonner des principes sacrés Sans cesser d'élever sa voix male et vibrante Pour faire anéantir, dans une lutte ardente, L'effort d ennemis coniurés. II sait trouver encor, lorsque le péril presse, Desardeurs de combat qu'envirait la jeunesse Car il entend garder a jamais triomphant Le drapeau glorieux de la foi de nos pères, Le drapeau qu'il portait aux croisades scolaires Pour S'auver l'ame de I'enfant. Si nous ne voulons point qu'il porte davantage Le fardeau scabinal, écrasant a son age, C'est afin de le voir guider longtemps encor Le destin glorieux du parti catholique Et rendre, parses mains toujours plus magnifique Et plus bienfaisant son essor. Aussi, lorsque viendra cette heure qu'il espère Oü, de Saint Siméon répétant la prière, II pourra contempler l'Idéal de son coeur, II tombera serrant dans ses mains défaillantes Le drapeau qu'il montrait a ses troupes vaillantes Et qu'il savait rendre vainqueur. Vive STRUYE La Manifestation Struye La manifestation de dimaoche dernier fut digne a la fois du grand citoyen qu'elle voulait honorer et du grand parti qui lui offrait ses hommages. Nous avocs eu parfois des lêtes plus fas- tueuses.plus bruyantes,plus mouvementées mais celle-ci détient certainement le record de l'unanimité et de la sincérité dans l'ex- pression cordiale, enthousiaste et digne des sentiments. C'est qu'ils sont rares les hommes de la trempe d'un Struye, réunissant en leur personae les plus belles qualités de l'homme privé et de l'homme public, jointes aux plus éminentes vertus du chrétien. Telle est pourfant la condition nécessaire pour qu'uD bomme public, un chef de parti surtout, ne soulève autour de lui, jusque dans le cercle même cle ses amis politiques, des hostilités nombreuses, justifiées ou non. La fête ayant un caractère politique, ne pouvait évidemment réunir que des amis politiques du Président du comité électoral yprois mais quel admirable élan de parti cipation dans tous les rangs de la société 1 Tenant compte et du grand hge de M. Struye et de son extréme modestie,il a fallu renoncer a toute glorification publique et s'en tenir a une fête intime et plus discrète de la familie cat :olique. Elle u'en a été que plus significative par les proportions qu'elle a prises dans ces conditions de stricte limitation. C est pourquoi, si revêche aux honneurs que soit M. Struye, le général de l'armée catholique a forcément dü jouir avec fierté du coup d oeil de ces troupes compactes si étroiternent unies a leur chef,qui n'ont cessé del'acclamer et de lui prodiguer des marques d'estimp et de reconnaissance. Au Volkshuis A midi, aux sons joyeux du carillon, Ié" comité orgaoisateur de la fête se rend chez M. Struye et, après lui avoir présenté ses félicitations, le conduit... nous allions écrireau supplice a cette salie du Volkshuis oh il a été si souvent a la peine, oü d doit être maintenant a l'honneur au Volkshuis transformé eu un volcan dont la lave débordante menace de faire éclater les 1 parois; un volcan aux grondements puissants ij mais nullement sinistres, ne langant d'ail- v leurs, en fait de projectiles que des fleurs, f des compliments, des notes triomphales et j des acclamations. Aux sons de la Ihabangonne, exécutée par la Fanfare Royale, le Comité conduit M. Struye sur l'estrade brillamment décorée pour la circonstance. La, autour du héros de la fête,sp rangent: MM. Colaert, bourgmestre, M. le chanoine De Brouwer, curé-doyen de St Martin, MM. les échevins Fraeijs, Vandenbogaerde et quantité de notabilités ainsi que M. Félix Struye avec sa familie. M. Colaert, vice-président du comité élec toral, prend alors la parole, et dans un discours maintes f'ois interrompu par les acclamations, il retrace l'admirable carrière politique du jubilaire dont on fête le demi- siècle de labeur infatigable. II rappelle l'activité inépuisable du député et du séüateur qui fut toujours un orateur écouté et estimé. II rappel'e les services rendus a la cause publique, dans sa ville natale et au nom des électeurs de harrondissement repré- sentés par un millier de personnes qui l'acclament, M. Colaert remet, a M. Struye, en témoignage de reconnaissance, un magni fique portrait, don de prés de cinq cents souscripteurs. Puis tour a tour défilent devant M.Struye, les délégués de toutes les sociétés et de toutes les écoles catholiques d'Ypres qui répètent de mille fagons toujours les mêmes éloges mérités. Des bouquets et des gerbes de fleurs sont offerts a Monsieur Struye, par MM. Fraeijs, au nom de l'Association Catholique et Con servatrice Charles Baus, au nom du Cercle Catholique Baron de Vinck, au nom des Fanfares Royales Philippe Vandenberghe, au nom de la conférence de Saint Vincent de PaulSobry, au nom de la Jeune Garde Catholique Jules Baus, Katholieke Zieken troostJulien Antony, Gilde Notre-Dame de Thuyne Albert Biebuyck, Cercle Excel sior par une délégation de la Gilde Saint Michel du Collége Saint Vincent de Paul éco'es libres, écoles Notre Dame de Thuyne, Saint-Joseph. Saint-Marie. Remarquable surtout l'adresse bieu écrite et fort bien présentée par M. Maurice De Jaeghere, élève de Rhétoriqueau collége St-Vincent. Touché de tant de preuves de symphatie, de tant d'hommagesde gratitude,le héros de ja fête se léve et remercie tous ceux qüi l'acclament et leur dit Mes amis, que dois-je dire devant ces multiples fémoigoages de gratitude que vous me donnez,siaon qu'ils sont excessifs et que d'autres, plus que moi, en sont dignes. Cependant, je suis bien heureux de me trou ver avec vous, car ici sont réunis tous ceux qui ont au coeur une même foi, un même idéal, un même souoi l'avenir du parti catholique de la Belgique. C'est par l'union de toutes nos forces que nous devons nous rnaintenir et continuer a lutter pour la bonne cause. Plus que jamais il faut que nous travaillions de concert, afin d'achever et de rnaintenir l'ceuvre commencée. Je suis heureux de voir parmi vous représentées toutes les classes sociales, car c'est par leur étroite union que nous pourrons pouisuivre la lutte en faveur de la liberté. Et de même que nous voulons être respectueux de tous les droits, nous voulons aussi que nos droits soient saufs. Nous voulons avoir le droit d'aimer Dieu, l'Eglise et notre Patrie et continuer a mériter le titre jadis décerné a la Belgique de pays le plus catholique du monde, titre qu'on ne peut plus nous enlever. Une ovation interminable,salue ces paroles et l'assemblée se sépare pour se rendre de la a la salle Iweins oh est servi le banquet. Le Banquet Toute blanche, avec au fond le décor des drapeaux de soie des diverses sociétés et au milieu le portrait du jubilaire, la salle offre le plus coquet aspect. Toute une partie est réservée a la table d'honneur oh prennent place piés de 50 convives. Au milieu est un décor de plantes omementales entouré des bouquets dont les fleurs embaument et dont l'arrangement esc du plus gracieux effet. M. Colaert, bourgmestre préside a sa droite M. Eugene Struye, MM. de Vinck, sénateur, Van Merris, député, Verhaeghe, Bruneel de Moutpellier, Thevelin, Iweins d'Eeckhoutte, conseiller provinciaux, E. de: Thibaut de Boesinghe, Valere Gyselen, Boone, Vander. Ghote a'si gauche MM. le chanoine de Brouwer, curé-doyen de St Martin le sénateur P. Vanden Peere- boom le président du tribunal E. Fraeijs, échevin, M. Félix Struye et quantité de bourgmestres et de conseillers communaux et d'autres notabilités. Dés le commencement du diner règne le plus vif entrain eta l'heure des toasts M. Colaert prend la parole. Cher Monsieur Struye, Lorsque, au lendemain du hO octobre, nous enregistrhmes, dans nos anDales yproi- ses, une nouvelle victoire catholique, due avant tout, comme toujours, a vos efforts, l'idée nous viut de célébrer notre succès par une manifestation en votre honueur. Nous étionsloin depenser alors qu'une fête, que nous voulions proportionner non a vos mérites mais a votre modestie, deviendi ait presque un événement. Pour vous obliger, nous pensions la limiter a la ville d'Ypres, dont vous étiez encore le premier échevin, etvous donner, a l'occasion de votre retraite, une marque durable de notre reconnaissance et de notre affection. Ne pouvant échapper a la manifestation de nos sentiments saosvous montrer revêche a notre amitié.vous avez enfin accepté d'être le héros d'une fête qui se passerait en familie, et presque a, huis-clos. Mais voici que, justement jaloux, un grand nombre de nos amis de l'arrondissement et de la pro vince ont réclamé l'honneur de se joindre a nous pour fêter l'ancien membre de la Chambre des représentants et l'ancien séna teur provincial. Comment le leur refuser lis n'ont pas eu l'occasion de célébrer votre jubilé, soit paree que vous vous soustrayiez a des manifestations de ce genre, soit paree que votre carrière parlementaire, qui commenga en 1876, finissaiten 1900 et qu'il manquait f done une .année au quart de siècle régle mentaire. Permettez leur done qu'ils viennent aussi vous dire combien ils sont heureux de pou- voir célébrer un homme qui, pendant de longues années, a bien mérité de la cause catholique qui est la leur, de leurs intéréts qu'il avait tant a cseur, et du pays dont il est toujours un des plus dignes citoyens. Ils me permettront, a leur tour, de rappeler que si vous nous avez représentés daus les premières assemblées délibérantes du pays, vous avez pris aussi une large part a l'administration communale de notre ville, et qu'il n'y a pas, a Ypres, une oeuvre politique, religieuse ou sociale qui 11e vous compte parmi ses membres les plus géné- reux et les plus dévoués. Lhonneur m'écbqit de vous parler au nom de tous nos amis, moins sans doute en ma qualité de vice président de l'association catholique locale que cotrime ancien colla borateur et compagnon d'armes, témoin, depuis plus de trente ans, des services que vous avez reudus a votre parti. Nous étions collègues a la Chambre des représentants dès février 1884 mais dója vous y siégiez depuis prés de huit ans, jouissant de reflection de vos amis et de l'estime de vos adversaires. Ceux qui vous connaissaient de pres vantaient votre courtoisie et votre amabilité ils vous ren- daient déja ce témoignage que, parmi vos collègues, vous étiez, a l'endroit de vos commettants, !'un des plus serviables et des plus dévoués. Chez vos adversaires, je ne constatais aucune inimitie, malgré l'ardeur et la sincérité de vos convictions. C'est que tous vos collègues avaient appiis a vous apprécier. lis n'avaient pas rencontré en vous le personnage farouche et fanatique que quelques politiciens locauxleur avaient annoncé, mais l'homme de bien, érudit, réfiéchi, tolérant, modéré, que vos amis et vos électeurs avaient depuis longtemps découvert. A ces qualités iis en voyaient. jointe une autre, moins nécessaire peut être a l'homme politique, mais qui impose la sympathie. Je veux parler dé la modestie, cette vertu chrétienne que vous avez toujours possédée a une degré éminent. Mais ici, Messieurs, la vérité m'oblige a exprimer un regret que vous partagerez avec moi. Limprovisateur éloquent, le tribun claironnant de nos réunions électorales et de nos meetings contre la loi de malheur, n'a pas donné a la Chambre la mesure de son talent. La modestie allait de pair avec une timidité et une défiance de soi qui éner- vaient l'orateur et le forgaient a lire ce qu'il aurait dit bien mieux. Je ne cheicherai pas, mon cher ancien collègue, la cause de ce phénomène qui me faisait, pour ainsi dire, voir en vous deux hommes. Aussi bien si vous aviez connu vous-même cette cause, vous eussiez eu vite fait de l'enlever. Mais je me héte de le dire, ce défaut, qui n'était que le défaut d'une qualité, ne vous empêcha pas de dé- lendre avec énergie les causes qui vous étaient chères. Qui ne rappelle les paroles élevées prononcées dans la discussion mé- morable qui surgit a la Chambre, a propos de Ia loi scolaire de 1879 d'odieuse mémoire et du congé signifié par un gouvernement sectaire au représentant du St Siège en Belgique? Votre discours fut jugé l'un des meilleurs par vos amis et par la presse catholique, qui en firent le plus grand éloge. Mais il n'y avait pas que la cause de l'Eglise qui vous intéressat. L'extension du droit de suffrage, Padoption de la represen tation proportionnelle, l'emploi de la langue flamande en matière repressive et législative, questions délicates et brülantes, fixèrent votre attention et vous amenèrent a émettre des considérations ou a présenter des for mules qui eurent les honneurs de la discus sion a la Chambre et au Sénat, et qui se distinguèrent par leur esprit de modération et de juste milieu, caractéristique de la nation beige. C'étaient 'cependant les questions d'intérêt local qui vous préoccupèrent plus spéciale- ment, entre autres la reprise du canal de la Lysa l'Yperlée et la réduction des droits d'accises sur les tabacs. La première fut résolue par le gouvernement catholique, grace surtout a vos efforts énergiques la seconde le fut par étapes, jusqu'a ce que la loi de 1893 vint donner une satisfaction presque compléte a nos planteurs de tabac. Vous pouvez vous rendre ce témoignage que vous avez eu une large part dans tous les résultats obtenus. Mais quittons le terrain parlementaire pour vous suivre sur le domaine communal, qui a occupé plus récemment votre activité. lei j'ai été mieux a même encore qu'ailleurs d'apprécier votre dévoument. Conseiller depuis 1891, doyen d'hge, vous occupez, parmi nous, une place considérable, acquise par votre bonté accueillante, par votre esprit d'équité et d'impartialité, et pat' le souvenir des services éminents que vous avez rendus a vos concitoyens. Ce modeste mandat, renouvelé deux fois. vous le remplissiez avec uue assiduité, un zèle et une intelligence digne de notre admi ration, lorsque, en 1903, les circonstances exigèrent de vous un sacrifice nouveau. Votre age vous donnait droit au repos. Nous le savions, et, quoique convaincus que JOURNAL D'YPRES ©rgane Satholique de ['Arrondissement

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1908 | | pagina 1