Téléplione 52
Sam*di 9 Oclobre 1909
10 centimes le v°
(lotigrès de Vialines
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[liscours de M. HEN K IN
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Interview avec S. Em.
le Cardinal Mercier
M. Passeleeq, du Journal de Bruxelr
les, est allé prendre une interview a
l'arcbevêché, au sujet du Gongrès de
Malines.
On lira avec le plus vif intérêt le
compte-rendu de cette conversation, oü
Son Em. le cardinal Mercier a note, les
impressions que llassembléb de Malines
a laissées en lui, et les espérances qu'elle
luLfait concevoir:
II est incontestable, nous dit avec
force Pémiiienf Primal, que jamais, en
Belgique, on 11'a assisté fi une manifesta
tion d.e foi catholique comme celle qui
s'est produite dimaiiclie. Elle a réelle-
ment dépassé toutes les previsions, je
dirai même toutes les espérances. Pour
ma part, j'en suis restc non pas dans
('admiration, mais dans l'éinerveille-
ment, et; pour parlor plus exactement,
dans la slupeur.
Cette stupefaction était d'ailleurs uni-
verselle autour de inoi. Pas un de ceux
qui ïn'entouraient on avec qui j'ai pu
m'entretenir après la cérémonie ou de-
puis dimanche qui ne m'ait exprimé
ce même sentiment et presque dans les
mêanes termes: Que c'étnit grand!.. On
n'a jamais vu cela!... Nous ne verrons
plus jamais pareille scène!
Et, en effet, cola dépassait les forces
du sentiment, ce spectacle de 30 a 40,000
iiommes, presque tous de la classe po
pulaire, délégation enthousiaste et vrai-
rnent le résumé de not re peuple croyanL
de Belgique, rassemblés an pied de la
majestueuse tour de St-Rombaut, enlou-
rés d'une i'oule innonibrab.le, ayant avec
cux l'élite des autorités intellectuelles,
sociales, politiques et religieuses de la
natron et les restes vénérables des saints
iondateurs de l'Eglise en Belgique, évan-
gélisateurs et martyrs, réellemenl leurs
Pères dans la foi», et tons chantant
d'une voix et d'un coeur: Le Christ
est vainqueurle Christ est notre rol!
Lei Christ a droit de comrnandement sur
nous! entonnant le choeur triomphal
et reconnaissanl du «Te Deum»; et
puis, tout d'un coup, sans que personne
y ait. pensé a l'avance, les hravos qui
éclatant spontanénient parlout, cettc fan
fare qui en tame la Brahanconne el
de toute cette multitude, ex lil tante, tré-
pignante, battanl des mains, agitant cha-
peaux; mouchoirs, drapeaux!..
A ce moment-la, jel'avoue, jemesentis
frémir; je perdis conscience de 1x10x1 être;
il me semblait que le sang arrêtail de
couler dans mes vei 11 es; j'élais vainou,
terrassé par le sublime de la foi religieu-
se et de la foi patriotique.
Cela dura un temps que je 11c sau-
rais dire, car, en de pareils instants,
la durée des événements cchappe a la
mesure. Et cette impression 11e m'était
point particuliere; plusieurs, autour de
inoi, m'ont dit l'avoir éprouvée. Je me
appelle qu'au plein de racclamation qui
se multipliait, se prolongeait, et recom-
iuencait sans trève, 1111 de mes voisins
ine saisit tout a coup le bras avec vio
lence el me dit: Mais regardez-donc,
1 egardez-donc par ici... A-t-011 jamais
vu cela!Cette nier humaine fourmil-
lante et criante, agitée par la lioule des
f bapeaux, des mouchoirs, des bannières
Gait, en effet, quelque chose d'inouï et
d indescriptible
Non! Nous ne reverrons plus cela. Cet
instapt fut unique!...
Vprès coup, quand j'y repense a tête
3 eposee, savoz-vous ce qui m'en reste do
plus net? Vous allez sourire, sans
boute; eest 1 ancien professeur de phi
losophic qui reprend ses droits. Eli
bien, jamais encore je 11 avais compris,
comme je l'ai saisi alors, la différence
qu'il v a entre le Beau et le Sublime.
Les métaphysiciens discutent sur cette
question: Y-a-t-il entre le Beau et le
Sublime une différence d'espèoe?» J'ai
parfois hésité la-dessus; quand je me
reconstitue mon état d'ame de di-
manche dernier, je n'hésite pas. II y a
une différence, mais ce nest pas une
différence d'espèce. Le Beau et le Subli
me ont un content) positif de même
ordre: mais, le Beau, pur el simple,
c'est-a-dire ce dont la connaissauce me
charme; nous pouvons l'analyser en le
goütant, ou plutöt nous le goütons en
l'analysant; au contraire, en presence
du Sublime, nous sentons que l'objet
de notre admiration nous dépasse, que
sa supériorité nous écrase: nous nous
sentons vaincus, terrassés, impuissants
a l'épuiser par la connaissauce, davan-
tage impuissants a jamais le traduire.
Nous nous sentons en-dessous de lui
comme 1 étymologie du mot l'indique; ce
que, nous sentons est beau, mais e'est
le Beau arrivé au-dela de la limite que
le sentiment bumain peut attcindre.
Le sentiment du Sublime, 011 i'éprou-
ve dans la Nature en presence d'un
océan illimité ou boulerersé par la furie
d'une tempête, ou par exomple lorsqu'on
a la fortune d'assister a 1111 orage gron-
dant dans les Alpes. Eb bien, dans le
domaine religieux nous avons éprouvé,
dimanche, ce sentiment prodigieux el
analysable, le. sentiment du Stiblime. Et
c'esl ce que lout le monde voulait ex-
primer en s'écriant: C'esl imdicible!
C'esl indescriptible! Nous 11c verrons
plus jamais cela! ou... en se laisant,
de stupeur, tout, sImplement..
Mais aussi de quelle vérité de
quelle sincérité n'est-ce-pas, 011 sen
tail loute cette manifestation imprégnée,
comme d'ailleurs tout le Congres! II n'y
avail la rien de préparé, de truqué, d'ar-
tificiel. Personne ne s-attendail a la de
monstration subite qui suivil.le «Te
Deum Ce quetcette foute, presque tont
du peuple, était venue manifester a Ma
lines, c'est réellement ce qu'elle croit,
.ce. (pvelle sent, ce qu'elle pense, ce
qu'elle aime5 ce qu'elle vent, ce qu'elle
pratique, ce qu'elle vit.
A ce propos, Eminence, laissez-moi
dire que c'était vraimenl une idéé de
'grandiose poësie que cello de rassembler
•avec les catholiques vivants, les osse-
imentsde nos premiers catholiques morts
jchez nous et en vue- de nous, pour la
Foi,.. Comment Votre Eminence a-l-elle
jété amenée a rendre sensible, par ce
moyen si vrai, si simple, et si profond,
la correspondance e't 1'unioii intimes
de nos ames avec celles de nos saints?
C'est a Reims, lors des fêtes de
Jeanne d'Arc, auxquelles j'assistai, que
la première pensee m'en esl venue. Vous
savez qu'il y a a Reims un trésor trés
riche; quelqu'un ieüt la t'idée de faire,
dans la cathedral,e, a la cloture des fê
tes, u 11e procession dans laquelle se-
iaient portées les reliques du Trésor.
Jijen, que tous-.les saints aiusi représen-
tés n'eussent, hisloriquement, pas de tien
avec la sainte nouvellement canonisée,
cette procession n'en fit pas moins une
'trés grande impression. Je me dis alors:
Nous allons avoir Malines un grand
Congres do nos oeuvres catholiques.
l'ourq.uoi 11e pas y faire partieiper nos
saints a nous, les Iondateurs des pre
mières oeuvres catholiques qu'il y ait
leu ent Belgique, 110s Pères dans la
Foi? Le clerg'é beige eomprit l'idée
et en favorisa l'exéeution avec empres-
sement. C'esl airisi que nous eümes a
Malines 3(5 chasses. Pendanl toute la
durée du Congrès, il y eut a St-Rombaut
un pélérinage ininterrompu de congres-
sistes, d'habitants de la ville et d'étran-
gers qui vinrent vénérer ces reliques.
Que pense Votre Eminence des
effets généraux que peut avoir le Con
grès?
Pour ne point sortir du domaine re-
ligieux, it en est un que je m'en voudrais
de 11e pas signaler, surtout a l iiitention
du clergé. Depuis deux ou trois ans,
j'ai travaillé a réinstaurer le chant po
pulaire a l'Eglise, a réhabiluer les fidè-
les a chanter les offices religieux.
Des objections ont été élevées, surtout
par ceux qui ont le plus a coeur les
exigences de l'esthélique dans l'exercice
du culte. Pfusieurs- parmi eux crovaient
impossible d'arriver a faire chanter ar-
tislement le peuple. Or, au téinoignage
de juges compétents, le chant collectif
exécuté, a 1'occasion du Congrès de Ma
lines, a été vraimenl artistique. A la
messc pontificale de dimanche notam-
ment, les chants' lilurgiques ont été exé-
cutés par 2 ou 3,000 person nes, du peu
ple en grande partie: jeunes filles du pa
tronages, membres des cercles ouvriers,
enfants des écoles, plus un certain
nombre de séininaristes ei de membres
du clergé. Tons ceux cpii furenl présents
a la Métropole de St-Romliaut peuvent
at tester que 11011 seulement, il y eut en
semble parfait, mais encore rythme et
vie dans le chant collectif. O11 sentait
vrai ment vibrer l'ame religicuse du
Peuple.
De même le Te Deum» de l'après-
midi. II avail été declare, par plusieurs,
impraticable. En fait, il a été chanté
triomphalement par 1111 clioeur colossai
de 30 a 40 millè voix qui ont réalisé
1111 concert harmonieux, aulant qiéim-
posant, de chant liturgique.
II est même vraisemblable que si, aun
moment donné, cette immense assem
blee populaire a la Grand'Place, ne sc
contenait plus, c'esl que le chant collec-
lif, la prière clïantée ensemble avail pré-
alablement développó en elle l'émotion
religie use qui a fini par éclater, en une
véritable explosion d'enthousiasme. Oui,
exjilosion, c'esl le mot; il y a eu explo
sion du sentiment religieux; sous la pro
tection de nos saints nationaux, présents
et visibles, nous nous sentions unis entre
nous et avec eux. C'était toute l'Eglise
de Belgique, triomphante el militante,
du passé el du présent qui chantait les
louanges de Dieu!
Cette nouvelle et décisive experience
de la possibilité d'un chant populaire ar
tistique, dans les cérémonies religieuses
portera ses fruits, j'en suis persuade
et contribuera a généraliser la réforme
musieale-liturgique qui tient a coeur au
St-Père Pie X.
Et les effets positifs du Congrès sur
l'avenir du catholicisme en Belgique,
Éminence?
Décidément, monsieur le journalis
te, vous voulez m'entrainer un peu en
dehors du domaine religieux!... Ce ter-
rain-ci n'est plus de ma compétence,
et je préférerais...
Votre Eminence, interrompis-je un
peu hardiment, est cependant élec-
teur comme le dernier des congressis-
tes, et comme tel, elle ne peut s'empê-
cher, ui même s'abstenir, n'est-ce pas,
d'avoir aussi quelque sentiment sur les
destinées du parti qui esl hisloriquement
le rempart politique des oeuvres récem-
menl reünies en Congrès a Malines.
Soil, mais alors, soulignez bien la
distinction entre l'archcvêque et le
ciloven. Celui qui va vous répondre,
c'esl l'homme a qui la loi fait 1111 devoir
de s intéresser a l'avenir politique de
son (lays, puisqu'elle lui prescrit, sous
peine d'ainende, de remplir une fonction
electorale.
II semble done, au simple citoven
catholique que je suis, que le Congrès
de Malines doit avoir laissé a tons les
travailleurs de notre cause, un senti
ment de force et de puissance qu'il était
bon pour nous tons d'éprouver. De-ei
de-ia, dans 110s rangs, on pouvait crain-
dre une tendance au découragement.
Quelques-uns semblaient s'être laissé in-
fluencer par les vantardises artificielles
de nos adversaires. Certains de nos mili
tants se demandaient:' Est-ce que réel
lement nous ne sommes pas usés? Nolre
prépondérance ne va-t-elle pas diminuer
jusqu'a l'effacement? Ne sommes-noös
pas au bord du précipice? L'uii des ré-
sultats, 11011 cherohé, du Congrès aura
été de répondre a cette inquietude soun-
de par la minifdstation langible non pas
de noire force électoralemais de
notre force morale et sociale, par la révé-
lation des racines innombrablesy profon-
des et puissantes que nos oeuvres catho
liques ont poussées dans la reconnais
sance populaire. Cortes nous n'avons ja
mais été absolument garaiitis et ne le
serous jamais contre les retours de la
fortune électorale. Mais ce qu it y a de
rassurant, de réconfortant dans notre
situation, c'est le nombre, ta diversité
et l'efficacité de nos oeuvres, c'esl leur
sincérité sociale, c'est la réalité des bien-
faits que nous, catholiques, gardiens a-
vant lont des traditions religieuses de
notre pays, nous 11e cessons de procurer
par surcroit au peuple dans le domaine
des intéréts moraux el économiques, aus
si bien que par notre action gouverne
mentele. Quelle vitalité dens ces oeuvres!
Et par suite, dans leur inventaire et le
spectacle simultané de leurs activités
au Congrès, quel reconforl, quel regain
d'espérance ou plutöt de confiance pour
l'avenir!...
Faut-il pour cela s'endormir dans une
trompeuse sécurité? Non certes. Nous
avons tons emporté du Congrès des im
pressions trés vives d'enthousiasme.
Mais rimpression n'est pas encore fac
tion; elle est, pour parler le langage
lhéologi(]ue ,une motion un principe
(faction. II y faut correspondre, comme
aux motions de la grace. Et la correspon
dance se produit par des resolutions
de la volonté par des actes.
Done, il faut que, nous tons qui avons
pris a Malines un bain spiriluelnous
rentrions cliez nous avec ia volonté de
reprendre notre tache; chaeun dans sa
sphère, avec une vigueur plus fraicbe,
prêts a passer demain partout a faction.
Les iftipressions préparenl les détcr-
iiiinations de la volonté agissante. Tl était
heureux et salutaire pour nous de rece-
voir quelques bonnes impressions. Le
Congrès de Malines nous en a procure
a l'oison. Bénissons-en la Pi-ovidence
Mais se borner a s'y complaire serait
du dilettantisme. Sacbons-en faire tons,
sans exception, des sources d''énergie in-
dividuelle, principes de nouveaux suc
ces, si Dieu le veut, gages anticipés de
rélèvement si des cpreuves nous étaient
réservées.
Un dernier mol, Eminence. Y au-
ra-t-il encore procbainemenl un Congrès
national des oeuvres catholiques?
- La IVe section a voté un vceu en ce
sens. II m'a paru, au banquet de clo
ture, que funanimité y était ralliée. II
y aura done, selon loute apparence 1111
congres sans trop tarder. Dans l inler-
valle, le comité permanent qui aura a
pourvoir a la convocation de cettc nou
velle reunion veillera sans doule a 1 ex-
écution des voeux adoptés. II faut (jue le
Congrès soit, dans notre patrie, tons
les catholiques le veulent un sceau
d'union, un levain d'énergie el (faction
catholiques.
L'entretien prit fin sur ces mots carac-
téristiques.
Le retentissement du Congrès catholique
de Malines a lait quelque tort alt discours
prononce' par M. Renkin, au banquet offert
a l'ho.iorable ministre.par le <rCercleafricain»
de Bruxelles
Ce discours de rentrée mérite, cependant,
de fixer l'attention publique, car il contient
une réponse victorieuse auX attaques acri-
monieuses dirigées, soit a l'étranger, soit
en Belgique même, contre FEtat du
Congo, et il se compléte par uil exposé
général des principes et des réförmes
que le chef du département des Colonies
se propose d'appliquer dans notre immense
et nouveau domaine.
Les paroles de M. Renkin ont été bien
accueilbes dans un auditoire oü les'opinions
les plus diverses étaient representees; Un
adversaire notoire du gouvernement actuel,
M. De Mot, membre du Sénat et bourg-
mestrede Bruxelles,'s'est fait l'organé de la
satisfaction générale et a offert a forateur
les plus chaleureuses félicitations
Souhaitons que le discours-programme du
ministre des colonies trouve Ie même accueil
sympathique dans le pays entier et que la
question coloniale, résolue en fait après de
longs et difficiles débats, puisse enfin nous
apparaitre comme un terrain d'entente patri
otique et suseiter parmi les Beiges un géné-
reux élan de commune activité.' Ce n'est
qua ce prix, l'histoire de toutes les colonies
l'at'este en méme temps que la raison le
proclame, que nous parviendrons a mettre
sur pied une entreprise prospère ,ct durable
et a nous maintenir a la hauteur des vastes
destinées ouvertes a notre pays.
Rien ne serait plus funeste a l'avenir de
notre politique coloniale que de la laisser
pénétrer par I'esprit de parti en dédaignant
les conseils du patriotisme et en méeonnais-
sant les intéréts les plus évidents de notre
pays. Gambetta lui même proclamait que
l'anticléricalisme nést pas un article d'ex-
portation. Pouvons-nous attendre que nos
anticléricaux de Belgique se pénétreront de
cette maxime, dont 1 auteur ne. saurait ltur
être suspect?...
NouS Rommes loin dé méconnaftre fin-
tluence que de bonnes institutions, un régi
me économique bien établi, déveioppement
rationnel de i agriculture, du commerce et
de findustrie peuvent exercer sur l'avenir
de notre coionie africaine. Rien ne doit être
négligé pour stimuler et pour encourager
cet essor. Mais il n'est que trop évident que
cette expansion d'ordre purement niatériel
ne saurait être le terme final d'une oeuvre
vraiment civi 1 isatrice et durable. L'action
colonisutrice ne se limite pas au terrain des
affaires et, sur le terrain des affaires lui même
elle doit obéir a un mobile supérieur sous
peine de dégénérer en une entreprise peu
honorable d'exploitation et de déprédation.
En d'autres termes, l'action colonisatrice ne
doit pas être exclusivement commerciale, elle
doit être en outre et avant tout civilisatrice.
Or, corarneil est imposible d'en douter et
c»mme on I a lort justement proclamé au
Congrès catholique de Malines, nous ne
parviendrons jamais a civiliser J'Afrique que
comme nos pères ont été civilisés, il y a des
siècles, par la vertu vivifiante de l'Evangile.
Par la Croix et pur la charrue, CRUCE ET
ARATRO, c'est la devise traditionnelle de
la colonisation chrétienne.
Partout oü elle a été appliquóe elle a pro
duit des merveilles et son efficacité n'est
poiut épuisée. Le christianisme est toujours
vivant et on n aper^oit nulle part de succes-
seur capable de le remplacer.
C'est ce que les catholiques comprennent
et comprendrout toujours mieux que per
sonne et c'est pourquoi, dans notre pays, ils
se son consacrés, dès l'origine, a l'évangé-
lisation du Congo avec une abnegation et un
dévouement qui donaent déja des fruits dont
peuvent se réjouir ensemble le patriotisms
et la foi.
JOURNAL D'YPRES
©rgane Catholique
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de l'Arrondissement
A PROPOS Dll
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