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Samedi 25 Juin P10
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45 Année W 4635
Vive le Congo
La
serie monslrueuse
La ville aux Diogènes
Pcnsées diverses
Vieux Souvenirs
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Toutes les communications doivent être adressées franco de port a l'adresse ci-dessus. I I Havas, Bruxelles, rue d'Argent, 34, et k Paris, 8, Place de la Bourse.
Dans sa séance du 14 mars 1885, notre
iConseil communal, sur la proposition de
M. l'échevin Bossaert, vota a l'unani-
mité une aldresse de Félicitations au Roi
a l'occasion,de la ïondation de l'Etat du
Congo, fruit Ide s es longs efforts et de $es
immenses sacrifices.
Cet Etat, a peine explore 5 cette épo
que, sans organisation intérieure et sans
vie extérieure, est devenu la colonie en
plein essor dè vitalité, de civilisation
et d'expansion qui a fait de la petite
Belgique une des premières puissances
coloniales.
II célèbrera Vendredi prochain, 1 juil-
let, ses noces d'argent avec la civilisa
tion; battant certainement le record de
tous les jubilés de l'espèce, sous le rap
port de la rapidité et de l'intensité jde
son mouvement de transformation.
Ce vaste empire equatorial, grand
comme quatre-vingt fois la Belgique;
possède aujpurd'hui le système d'orga-
nis'ation des pays civilfSés. Topte une-
armée, dont les cadres sont e 11 r op éns,
y fait régner lordre et y assure Eman
cipation de la race noire.
400 ouvriers bpostoliques s'y dévouent
au relèvement de cette race par les ce.u-
vres de charité, cl'évangélisation, d'in-
struction et d'enseignement prófession-
nel. Le nombre des chrétiens et des
catéchumènes s'élève déja '5 130,000.
L'expansion commerciale et le déver-
loppement de l'outillage économique y
suivent une marche non moins rapide.
Bref, si importante et si brillante que
soit la participation rétrangère a notre
Exposition nniverselle, le clou de cette
sorte de championnat de l'activité |des
peuples; én est certainement l'oeuvre cö-
loniale des Beiges au Congo.
Le Congo a grandi considérablement
la Belgique k la face du monde. II a
fait mieux que cëla. II a transformé no
tre esprit national, 'trop timide, et ajou-
té a notre grandeur morale. B nous a
fojurni l'occasion d'af firmer et de déve-
lopper notre esprit de dévouement hu
manitaire et nos sentiments patrioti-
ques jusqu'au plus pur heroïsme.
C'est toute une légion déja de saints
U de héros1 qui remplit le Livre d'oir
c'e l'Etat jubilaire.
Et, saus sóirtir de notre Westflandre,
est-il <les gloires plus pures, des figu
res plus nobles que ce petit sergent De
Eruyiij de Blaokenberghe, que cette pe-
hte soeur Godeliève, de Poperinghe, qui
brillent déja avec j>lus d'éclat dans les
fastes de notre jeune colonie que l'étoile
^°r dans les plis de sou drapeau
Ee 11 juillet prochain, nous sortirons
no« couleur s national es, en souvenir d'
une déroute de l'armée francaise jrempn-
lunt 5 plus de six siècles.
Serait-ce vraiment attenter a la gloire
des héros de Groeninghe que d'émettre
^espoir qu'il y aura le 1 juillet quel-
cIUes drapeaux de plus a nös facades,
eu rhonneur des héros congolais, qu'il
u y en a habituellement au Groenin-
ëhedag
Nous n'osons évidemment pas préten-
dre a une animation de rues et 5 une
exaltation patriotique comparables 5 cel
les dont on honores par exemple, nos hé
ros.^. noirs du Tour de Belgique
if' ff ff
ff
Une véritable épidémie d'atteutats
monstrueux, souvent doublés de meur-
tre, sévit depuis quelque temps dans
no|s Flandres. Aussi n'est-il plus permis
a Ia presse de garder 5 ce sujet la dis-
crétion qu'elle s'impose volontiers, dans
la mesure compatible avec les exigen
ces légitimes de l'information, quand 'jl
s'agit de crimes isolés.
II importe, en effet, d'avcrtir et de
prémunir le public et de tirer d une la
mentable situation de 'fait les ènseigne-
ments qu'elle compörte. II s'agit d'un
véritable danger public qui s'en va gran-
dissant il faut y remédier. Comment;?
Par une repression plus sévère le
rétablissement de la peine capitale, par
exemple ou la création d'une colonie
de for ca Is au Congo Vains palliatifs.
Le criminel pèse bien rarement la peine
qui 1'attend et la sévérité plus grande
de la justice n'a que cela de bon qu'elle
débarrasse pour plus longtemps la so-
ciété des êtres qui constituent un dan
ger pour elle.
Par le renforcement du personnel
chargé de garantir la sécurité, la cam
pagne non moins qu'a la ville Excel
lente chose assurément, et pour laquelle
il faut savoir 'faire de nouveaux sacri
fices. Et c'est la déjfi une mesure quel
que pen préventive.
Une mesure plus nécessaire encore,
c'est de rappeler sans cesse 'k une vi
gilance plus1 grande 'tous ceux qui orit
autorité sur les enfants parents, mai-
tres, etc. II faudrait que jamais de jeu-
nes enfants ne soient autorisés a aller
seuls, k la campagne surtout.
Mais tout cela ne pourra que rendre
plus malaisées, mais non pas empêcher
les entreprises des satyres.
C'est dans sa source qu'il faut com-
battre le mal, en enrayant la démora-
lisation croissante des masses.
II n'y a pas se le dissimuler la
fréquence des attentats de ce genre est
un symptóme révélateur de cette de
moralisation. Jadis, quand pareil cri
me élait signalé, de loin en loin, dans
l'un on 1'autre pays, on parlait volon
tiers de criminels anormaux on en Tai-
sait plutöt des cas pathologiques.
II faut bien en rabattre. Pour être ab-
solument inhumains et contre nature,
ces crimes se cominettent ou sont ten-
lés trop souvent pour qu'on rfait les
redouter que de la part d'une catego
rie extrêmement réduite d'anormaux.
La vérité, c'est que l'obliteration de
la conscience par la perte des princi
pes et rhabitude du mal, fait la partie
belle aux mauvais instincts. Une fois
que l,a raison n'a plus d'appui et la vo-
lonté plus de ressort, l'homme n'est plus
qu'un être impulsif dont l'intelligence
ne servira le plus souvent qu'a favori-
ser le libre déchainement des instincts
bestiaux.
Les excitations de la boisson (le plus
grand nombre de ces attentats ont été
commis le dimanche et le lundi), join-
tes a celles de la température et aux
suggestions de l'oisiveté, c'en est assez
pour influencer dangereusement ces
natures1 brutes et perverses. Et le meur-
tre a commettre ne les arrêtera pas plus
qu*,aucune autre considération.
Une seulé chose peut enrayer lente-'
ment mais1 efficacement l'extension de
cette épidémie, c'est le retour a une édu-
cation et a des mceurs plus chrétiennes.
La Religion, voila le seul frein sérieux
des passions, chez les natures inférieu-
res surtout.
L'empêcher d'imprégner profondé-
ment toute l'éducation de la jèunesse
populaire, c'est vouloir délibérément la
demoralisation des masses. 'Cela peut
être d'excellente tactique politique, nous
le voulons bien mais hionte ceux
qui spéculent sur les bénéfices de cette
tactique
Mais en attendant que les ennemis
de réducation chrétienne reconnaisseint
qu'ils1 ont fait fausse route et revien-
nent demander au catéchisme une pro
tection plus efficace que celle de toute
une armée de gendarmes, notre devoir, èt
nous catholiques, est d'abandonner une
timidité dans le bien qui Frise la compli-
cité avec ceux qui veulent le mal.
II nous faut résolument favoriser Ide
tout notre pouvoir l'éducation chrétien
ne, les oeuvres de préservation et de
moralisation en général.
II nous faut aussi soutenir la propagan-
de antialcoolique, favoriser les ligues de
tempérance, faire aimer le foyer et la
vie familiale, abandonner enfin cette
crainte du cabaretier, qui est peut-être
le commencement de la sagesse politi
que, mais qui n'en est pas moins la
source de bien des concessions néfastes
faites a la démoralisation du peuple.
Si. «i Dt «i. «x ix,
Ou connait ce trait de la vie du phi-
Joisophe grec un jour 011 rencontre Diö-
gène dans les rues d'Athènes, une lan-
terne allumée la main, en plein midi.
(Et a ceux qui lui demandent la raison
Ide cette exentricité1, le philosöphe Re
répondre je cherche un homme
A1 Ypres, on peut voir tous les jours
des centaines d'imitateurs de Diogène:
,fcyclistes, chauffeurs, conducteurs de vé-
hicules quelconques. Et leur réponse k
jceux qui les trouvent légèrement ina-
boul^ n'est qu'une variante de celle de
Diogène je cherche un bourgmestre.»,
C'est pour faire plaisir, en effet, no
tre maïeur vélophobe que tous les soirs
les lanternes des véhicules s'allument
une heure avant la tombée du jour.
Le règlement spécial porte que les lan
ternes des véhicules doivent être lallu-
m'ées dès le coucher du soleil. Or, l'ab-
.surdité de cette prescription se mani-
feste surtout a cette époque de l'année.
i Nousl voici, en effet, en solstice d'étê.
j A notre latitude, la nuit astronomique
n'existe plus. Si nous n'avons pas le
soleil de minui t, nous 'avons cependant le
j jour de minuit. Le soleil ne s'abaissant
pas 18° sous rhorizon, le crépuscule
du soir ne s'achève pas avant que le cré1-
puscule du matin ne commence.
Mais laissons de cóté le jour astronö-
inique pour ne inous occuper que du
j jour civil. Celui-ci ne se limite par l'a-
baissement du soleil k 6« seulement sous
rhorizon. Ainsi réiduit, le crépuscule a|
encore, k cette époque de Tannée, une
durée de 46 minutes. De fait, le jour ne
tombe qu'au bout de ce laps de temps.
Allumer sa lanterne plus tot c'est don-
;ner a croire qu'on a laissê s'éteindre
son autre LANTERNE1.
Et c'est pourquoi nous félicitons M. le
conseiller Begerem d'avoir empiché, sa
medi dernier, qu'une nouvelle consécra-
tion ne füt donné, sans examen sérieux,
a ides prescriptions aussi absurdes et
aussi vexatoires de même que nous fé
licitons M. le conseiller Sobry d'avoir
rappelé cette sage maxime le moins
de réglementation possible.
Cette réédition d'un mauvais règle
ment local était au surplus Fort inoppor
tune. Le 15 juillet prochain entrera en
vigueur un règlement général .qui ren-
dra parfaitement superflues et même
illégales certaines dispositions du rè
glement local qu'on a failli rééditer dare
ttare, l'aveuglette.
Ce règlement général, oeuvre d'esprits
largeS et compétents, porte notamment,
en ce qui concerne Téclairage, que les
véhicules devront être 'éclairés par leur
lanterne dès la chute du jour jusqu'
au matin.
C'est tout ce qu'il y a1 de raisonnable.
Cela] satisfait aux exigences de l ordre
sans tomber dans le ridicule et Üans
la sévérité tracassière.
Aussi bien, aucune loi humaine u'é-
tant parfaite, il 'faut toujours craindre
d'ajouter 5 son imperfection par l'ex-
óès de réglementation même.
La sagesse d'un règlement lui vient
beaucoup moins de sa conception que de
la raison de ceux qui doivent l'obser-
ver ou veiller a son application.
Les juges sont toujours 15 pour mettre
a la raison ceux qui abusent manifes-
temeut.
'F.:
La morale est le Fruit de la religion:
vouloir celle-15 sans celle-ci, c'est vou
loir une orange sans un oranger.
Joseph Roux.
L'instruction sans education est un
torrent sans digue, et l'éducation sans
religion un foyer sans feu.
Augustin Cochin
J'aime mieux 'élever 1'hOmme que le
chatier. Le remords me rassure plus
que le bourreau. Ce n'est pas un bour-
reau qu'il faut donner k l'humanité
'pour la| guérir c'est une conscience.
Jules' Simon
L'affaiblissement des croyances rell-
gieuses amène forcément la décadence
morale. La valeur morale d'un peuple
vaut ce que vaut sa Foi religieuse. Seul
le peuple qui croit en une vie éternelle
se conduit ici-bas suivant les régies de
s:a conscience. Le peuple qui ne croit
pas ne connait que les besoins de ja
jouissance.
Paul Ide Cassagnac
Si vé,
Je me suis renidu mardi matin 5 une
réunion d'enfants.
C'était la fête des miocbes com me de
tous les jeunes gens, gargons et fllles ;i
C'était la Saint Louis.
A buit heures, en I'église Saint-Jac-
ques, se célébrait une grand'messe 5
l'intention de toute la jeunesse de nos
éooies.
Je m'y étais Senti poussé et j'y vécus
des instants de douce émotion. Mes an-
bées de collége se représentèrent 5 mon
'souvenir, et moi, que le tourbillon du
monde et l'affairement de notre exis
tence, tumultueuse a, depuis de jrom-
breuses années, oouvaincu du néant des
soucis comme des bonheurs de cette ter-
re, je revécus des instants vraiment jheu-
reux.
Combien elle était grandiose, la céré
monie du divin sacrifice. L5-bas, 5 l'au-
tel, dominant la foule des enfants, le
digne curé officiaitles chants liturgi-
ques s'élevaient vers le Dieu de bonté;:
laissez venir 5 mod les petits enfants.
Et tous ces 'êtres chers k ce Dieu, étaient
15 au pied de ses autels, Lui disant qu'ils
l'aimaient de tout leur coeur comme
Saint-Louis de Gonzague l'avait aimé.
Au moment bü Jésus, lors de la Con-
sécration, descendait du ciel sur l'au-
tel, j'avais une pensée des plus conso-
lante que seule la foi peut inspirer Je
5'is 15-haut, au ciel, les Frères, les sceurs
de tous ces enfants réunis dans les vas-
tes nefs j'y vis des pères et des mè-
res qui les avaient quittés, hélas trop
tót. Et tous ensemble suppliaient Jésus
cl'aceorder ses bénédictions abondantes
5 tous ces petits 'êtres chers, leurs en
fants, leurs frères, leurs sceurs qu un
jour ils reverront 15-hlaut 1
O combien douce et consotante, 'com
bien fortifiante aussi cette foi du chré-
tien au pied de son Dieu
Puissent les 5mes de toute cette jeu
nesse s'en pénétrer et s'en armer, afin
que toutes, le jour venu, et cbacune
dans sa pphère, elles soient des 5mes
d'apötres et de vaillants.
Que tous ces jeunes s'unissent alors
pour le bien, comme ils l'étaient, ce
matin-15, dans la prière et qu'ils gravent
dans leur mémoire ces pensées d'uiïiön
que reflètent si bien "ces quelques vers
que nous légua, il y a quelques trenté
années, un de mes professeurs bénis en-
tre tous 1
JOURNAL
©rgane Gatholique
YPRES
de l'Arrondissement
LE JUB1LE du CONGO
1885-191»
fu» 1 <ca na (b 1 iu 1 ifa c lu
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