au Journal dYpres
La fumiire en juin
Alimentation du Bètail
C'était prévu!
du Samedi 27 Mai 1911
La Vache laitière
Avant de parler de la fumure
en juinqu'il nous soit permis
d'appeler encore une fois l'atten-
tion de nos lecteurs sur l'état actuel
de nos céréales d'hiver. lis y trou-
veront une lecon pour l'avenir.
Dans notre Supplement de mai,
nous avons écrit Les céréales se
sont développées trés fort en au-
tomne. Pendant l'hiver, les jours
de fortes gelees ont été rares en
outre, le sol étant protégé par suite
du tallage et du développement
abondant, la nitrification n'a pres-
que pas été interrompue. Conse
quences de cette situation i° perte
d'azote nitrifié durant tout l'hiver
2° développement vigoureux a la
reprise de la végétation, grace a
l'azoteabsorbéenautornne; 3°man
que d'azote pour développer les
chaumes et former les graines.
De tous les cötés on nous con-
firme que ces constatations et ces
prévisions sont exactes, et dés
maintenant nous pouvons prédire
que la récolte des céréales d'hiver
ne sera pas aussi brillante qu'on
l'avait espéré. Ceci est unique ment
attribuable au manque d'azote
dans nos terres. Le cultivateur
aurait dü employer l'engrais azoté,
sous forme de nitrate,après l'hiver,
il ne peut raisonnablement pas
employer en automne plus d'en-
grais azoté qu'il ne faut l'argent
que coüte eet engrais est beaucoup
mieux gardé, pendant l'hiver, dans
le cofFre on la garde-robe, que
dans une terre exposée a toutes
les intempéries. Mieux vaudrait
encore faire fructifier eet argent
durant ces cinq ou six mois.
Ce sont la des avantages indis-
cutables de l'emploi du nitrate sur
celui du sulfate pour les céréales
d'hiver.
Ce n'est que depuis l'invention
des engrais chimiques a action
rapide qu'on peut parler de fu
mure en plein été. Actuellement
on peut et l'on doit en parler, car
la culture intensive réclame des
engrais en abondance a toutes les
époques de l'année c'est celui qui
utilise la plus grande quantité
d'engrais qui réalise les plus gros
bénéfices. Nous disons utiliser,
e'est-a-dire employer d'une facon
raisonnable, utile, et non pas gas-
piller.
A cette époque-ci de l'année il
ne peut être question que d'engrais
azoté, excepté pour les aspergeries
qui ont fini de produire et qui
doivent recevoir maintenant une
lumure compléte. Tout cultivateur
aussi bien que tout horticulteur doit
avoir constamment du nitrate a sa
disposition. Quand on a fourni a
la terre, en temps utile, les élé-
ments minéraux, acide phospho-
rique et potasse, on peut atteindre
des résulfats merveilleux par l'em
ploi judicieux du nitrate.
Voyez vos pommes de terre, vos
betteraves suerières et fourragères;
voyez les rutabagas, la chicorée,
le tabac, l'oignon; leur aspect vous
dira si l'azote fait défaut. Si la
croissance et le développement ne
sont pas vigoureux, employez ré-
solument du nitrate, il n'est pas
encore trop tard vous vous pro-
curerez une récolte abondante au
lieu d'un produit médiocre.
Le même conseil doit être
adressé aux maraichers. Dernière-
ment,un horticulteur expérimenté,
en même temps que conférencier
trés apprécié, nous affirmait qu'il
ne peut rester un jour sans avoir
du nitrate a sa disposition la
culture des primeurs et la culture
de légumes de choix ne peuvent se
passer de cet engrais précieux.
Actuellement, dans presque
toutes les contrées de la Belgique,
les vergers promettent une récolte
abondante de fruits 11 y aura
cependant, même avec le temps le
plus favorable, beaucoup de dés-
illusion. Les arbres devraient
donner des fruits et ils n'ont pas
recu de nourriture. Les fleurs se
montraient superbes, les fruits se
nouaient, mais les éléments néces
saires au développement des fruits
font défaut. Bientöt nous verrons
la terre jonchée de petites poires
et de petites pommes.
II est trop tard actuellement
pour réparer le mal c'est avant
l'hiver, au plus tard pendant
l'hiver, que les arbres fruitiers
doivent recevoir en abondance de
l'acide phosphorique, de la potasse
et de l'azote.
A ceux qui ont le bonheur
d'avoir des arbres qui portent des
fruits en abondance, nous donnons
le conseil de ne pas négliger un
arrosage abondant et fréquent en
dessous de la couronne de l'arbre.
Faites dissoudre dans l'eau du
nitrate a raison de 3 ou 4 grammes
par litre d'eau.
Ara.
Les cultivateurs éviteront beau
coup de mécomptes et de désagré-
ments en exigeant toujours une
quittance pour tous les payements
qu'ils font. Ce n'est pas dans les
habitudes, il faut qu'ils l'y intro-
duisent. Même entre les connais-
sances et entre les membres de la
familie les quittances doivent être
demandées et elles doivent être
conservées. II est arrivé souvent
que les relations les plus amicales
ont été rompues paree que l'un
croyait avoir effectué le payement
et que l'autre prétendait n'avoir
rien regu
Tous les éleveurs et beaucoup de
paysans savent que les Anglais sont
trés expérimentés dans l'élevage du
bétail. lis liront done avec beaucoup
d'intérêt un résumé de toutes les qua-
litésrequises d'une bonne vache laitière,
rédigé, a la demande du Ministère
de l'agriculture de l'Angleterre, par
Wallace, professeur a l'Université
d'Édimbourg. Voici ce résumé
Chez les vaches laitières, les fonc-
tions d'activité sont au nombre de qua-
tre, a savoir la digestion, la circula
tion, la sécrétion du lait et le système
nerveux. C'est leur développement
extréme qui produit la meilleure vache
laitière.
Aspect général. La bonne vache
laitière doit paraïtre féminine et maigre,
ce qui, tout en caractérisant une bonne
organisation nerveuse, démontre que
sa nourriture favorise la production du
lait, et non la production de la chair.
La peau doit être douce et onc-
tueuse, fine sans être trop mince. L'in-
térieur de l'oreille et les orifices natu
rels sont d'une couleur jaunatre chez
les meilleures varhes, ce qui fait
présager une teneur élevée du lait en
beurre. Le poil doitêtredoux et soyeux,
surtout sur le pis la queue mince et
longue, tombant jusqu'a la pointe des
jarrets.
La tête est longue et mince, aux traits
distinctement féminins les cornes,
petites et fines les yeux, grands et
brillantsles naseaux, dilatésla tra-
chée-artère, proéminente l'oreille,
moyenne et de tissu fin le cou, mince
et dégagé a la gorgeles épaules,
minces aussi, s'harmonisant avec le
cou le garrot, tranchant mais large.
La colonne vertébrale doit être proé
minente; les cótes,longues et trés arron-
dies pour permettre un libre et éner-
gique fonctionnement des organes
respiratoires et digestifs. L'arrière-train
ne doit pas être trés charnu, et beaucoup
de bonnes laitières ont une bosse trés
prononcée entre les reins et la queue.
Cette bosse est connue en Amérique
sous le nom de Bosse du Gouverneur
Hoard. Cependant une ligne du dos
droite estconsidérée comme essentielle
par beaucoup de gens. Cette particu-
larité indique, dit-on, la vigueur, mais
elle fournit aussi plus de place pour la
gestation.
Ceux qui acceptent la théorie de
M. Guenon croient que l'étendue et la
forme de l'écusson, situé sur la région
située entre la vulve et le pis, indique
les aptitudes laitières. Si la partie infé
rieure de cet écusson est large, c'est,
dit-on, l'indice d'une grande abondance
de lait au commencement de la saison,
et si la partie supérieure est également
large, c'est que la vache est bonne
laitière jusqu'a la fin.
La mamelle se compose de deux
glandes symétriqueselle doit être
longue d'environ 75 centimètres, de
l'arrière a l'attache de l'abdomen, car,
en plus de la sécrétion du lait, elle doit
servirde réservoir entre les traites. Les
trayons, au nombre de quatre, doivent
être bien espacés et de même grosseur,
laissant couler le lait facilement sous la
pression de la main, mais ne le laissant
pas échapper avant la traite.
Des veines mammaires grosses, tor-
tueuses, noueuses, indiquent géné-
ralement une grande abondance de lait.
Elles sont au nombre de deux et sont
placées une de chaque cóté de la
mamelle sous l'abdomen elles trans
portent le sang qui n'a pas été employé
a la sécrétion lactée. Chez les vaches
sèches on juge de la grosseur des
veines mammaires par la dimension des
réservoirs a travers lesquels passent les
veines pour aller dans l'abdomen.
Quand on choisit un taureau pour un
troupeau de vaches laitières, une gé
néalogie montrant que le taureau
descend d'une familie de bonnes vaches
laitières est, après la pureté de la race,
de la première importance.
Faisons la guerre aux insectes. Les
arbustessurtout les rosiers, sont
attaqués par les pucerons. Faites
bouillir pendant un quart d'heure
trente grammes de savon, une cuille-
rée a café de quassia en poudre, dans
un litre d'eau, et lavez les plantes
envahies au moyen d'une éponge.
Quand on sait ou se trouve un
guêpier, on verse dans le trou, a la
tombée de la nuit, un mélange de
2/3 d'eau et de 1/3 de sulfure de cdr-
bone pour un litre. La destruction est
compléte.
Une décoction de feuilles de noyer
versée sur une fourmilière détruit
celle-ci.
Pour chasser les fourmisdes armoi-
res, il suffit de couvrir les rayons de
feuilles d'absinthe ou de placer quel-
ques morceaux de camphre envelop-
pés dans un linge humide.
Dans le Supplément agricole de mai
nous avons terminé notre article Sin-
cérité par les termes suivants
Vérifiez toujours les chiffres. De-
main nous retrouverons les mêrnes
erreurs sous une forme nouvelle. On
compte encore toujours sur la crédu-
lité des cultivateurs.
Et après avoir donné les prix com-
paratifs de l'azote dans le nitrate et
dans le sulfate, durant une année
entière, nous ajoutions
Cela n'empêchera pas que demain
on trouvera dans les journaux que le
sulfate est également l'engrais azoté
le moins clier
Nos prévisions se sont réalisées.
Savez-vous, ami lecteur, quelle a été
la réponse des propagateurs du sulfate
a notre article
Cette fois-ci ils ne comptent plus
sur la crédulité du cultivateur, ils
paraissent avoir foi dans sa naïveté
ils donnent les soi-disantprix-moyens
du sulfate pendant les dix ans qui pré
cédent, et affirment que ces prix sont
inférieurs aux prix du nitrate, ils omet-
tent de faire la comparaison des prix
actuels et concluent qu'il faut donner
la préfórence au sulfate.
Voyez-vous le cultivateur qui va
acheterun pantalon etle paie 20francs
paree que durant les dix ans qui pré
cédent le même pantalon n'a coüté que
10 francs
Elle est forte, cette réclame
Si nous comparons la composi
tion des plantes a celle des ani-
maux au point de vue chimique,
nous nous apercevonsqu'elles sont
identiques. En effet, a l'analyse,
la plante se montre composée
d'eau et de matières sèches; le
corps de l'animal décélera les
mêmes éléments. Dans les ma
tières sèches, qu'elles proviennent
du règne animal ou du règne
végétal, nous rencontrons toujours
des substances grasses, azotées,
minérales et carbonées.
On voit done par la que les
matières alimentaires, les four-
rages, doivent renfermer tous les
éléments clans les meilleures pro
portions possibles, afin deconvenir
aux animaux qui les consomment,
si l'on veut retirer de ceux-ci tous
les produits que l'on désire.
Si nous allons plus loin encore,
nous voyons qu'en réalité tout ce
qui est nécessaire a la vie de l'ani
mal provient de la planteor,
celle-ci a pris ces éléments au sol
et nous pouvons dire que le bétail
appauvrit le sol en éléments nu-
tritifs.
II est vrai qu'il produit du fil
mier qui restituera a la terre une
partie des principes pris par la
plante; mais nous devons bien
nous convaincre que cette restitu
tion n'est pas compléte et qu'en
traversant le corps des animaux,
les aliments ont subi des pertes
importantes en principes nutritifs.
C'est pourquoi Boussingault a
dit, avec raison, que le bétail
n'était pasunproditcteur,maïsbien
un destructeur d'engrais. Ceci est
un fait indéniable, et il ne peut y
avoir de doute a ce sujet.
En résumé, les plantes et les
animaux épuisent le sol et le fer-
mier intelligent doit veiller a la
restitufion des éléments disparus.
Or, puisque les animaux ren-
dent moins au sol qu'ils n'absor-
bent, c'est hors de la ferme qu'il
faut aller chercher les matières de
restitution. Vouloir améliorer la
terre en tenant un fort bétail
nourri sur l'exploitation même est
une chose impossible et chimé-
rique; car prendre beaucoup et
remettre peu n'est pas un moyen
de s'enrichir.
Le cultivateur peut atteindre le
but en employant les engrais arti-
ficiels et en nourrissant son bétail
au moyen de matières concentrées
du commerce. Ce dernier mode
offre le double avantage d'enrichir
le fermier et de favoriser la pro
duction animale.
Généralement, les animaux sont
nourrisavec des fourrages consom-
més soit sur pied, soit après fau-
chage; on doit done savoir appré-
cier si cette nourriture est assez
riche pour produire tout l'effet
utile; souvent elle conviendra bien
pour entretenir les animaux en
bonne santé et én bon état, mais
la aussi peut s'arrêter son effet.
Ainsi, un animal a l'engrais
pourra trés bien se contenter du
fourrage pris au champ, au point
de vue de l'entretien, c'est-a-dire
qu'il ne maigrira pasmais il
n'engraissera pas non plus.
On sait bien que parfois le patu-
rage suffit pour l'engraissement
lorsque l'herbe est trés riche, mais
ce fait ne se rencontre que dans
quelques endroits privilégiés.
D'ailleurs, quand on arrive clans
les derniers temps de l'engraisse
ment, le fourrage seul ne peut plus
suffire, il faut avoir recours aux
aliments concentrés, tels que tour-
teaux, grains et farines diverses.
Les Anglais comprennent, d'ail
leurs, trés bien la chose. Ce peu-
ple, grand producteur de viande,
possède de grands paturages, car
toute leur culture se réd-u it près-
que a l'entretien de ceux-ci, et les
animaux a l'engrais passent pres
que toute i'année a l'extérieur,
Mais on ne se contente pas de'
l'herbe pour la nourriture du
bétail, on sème encore sur les
paturages des tourteaux, concassés
ou réduits en poudre grossière.
SUPPLEME