Journal d Ypres -samedi, 30Déc. 1911 La Belgique tient la tele. Les Prairies. au Aux nombreux Ieeteurs du Supplément Agrieole» nous sou- haitons une année heureuse et fertile. Nous remercions tous eeux qui nous ont témoigné de l'intérêt et nous tacherons de eonserver leur confiance durantl'année 1912, par des articles intéressants et utiles. LA RÉDACTION. Comment sous les apparen- ces de science on cherche a trompér ie cultivateur. Toute médaille a son revers on pourrait en dire de même de la question des engrais, qui se pré sente sous deux aspects biendiffé rents si on l'envisage comme cul tivateur ou comme commer§ant. Le premier désire une matière riche, pure, produisant un effet certain et il doit pour en faire l'ac- quisition se baser sur les données de la science, sur l'expérience directe et sur les connaissances acquises par la pratique journaliè- re. Le commergant cherche le plus grand bénéfice possible, il s'occu- pe généralement peu des intéréts de son cliënt et comme le cultiva teur utilise les travaux scientifi- ques pour faire ses achats en con- naissance de cause, le marchand les utilise pour faire ses ventes, pour tailler sa réclame et faire son boniment. La chose ne donnerait pas lieu h critique, si l'on ne tirait pas par- fois le bon sens par les cheveux et l'on ne faisait pas dire aux chif- fres et aux expériences parfois le contraire de ce qu'ils démontrent. Si l'on n'utilisait pas les recher ches et découvertes de la science au profit des bourdes les plus colossales. Certaines réclames ont parfois un tel semblant de vérité, elles s'appuyent sur de tellesdonnées qu'ilfaut que le cultivateur appor- te une bien grande attention pour y discerner l'unique souci du ven deur, c'est a dire dans tous les cas le placement du produit. II est regrettable de voir la science agronomique mise a pro- fit pour exploiter l'ignorance du cultivateur en jouant sur les mots de fatjon a lui faire perdre de l'ar- gent. Ainsi, par exemple, sachant que la silice est un des éléments nécessaires aux plantes, certains marchands en vantent l'emploi comme matière active dans leur réclame et se basant sur une ana lyse quelconque ils font valoir que leurs engrais sont des pana cees universelles paree qu'ils ren- ferment 50-60 d'acide silicique, alors que le sable renfermant jus- que 100 pour cent de silice est considéré comme matière inerte. D'autres fois sachant que cer tains éléments appliqués en 10 infimes quantités ont donné dans certains cas des résultats positifs, on s'empresse de généraliser et d'offrir au cultivateur, comme engrais, des matières dont les effets culturaux sont problémati- ques.On profite parfois aussi de ce qu'un élément est en quantité un peu plus forte que d'habitude dans une certaine matière, pour vendre celle-ci a un prix exagéré alors même que jusque la cette substan ce n'était pas considérée comme engrais et que la restitution du principe nutritif qu'elle renferme n'est généralement pas indispen sable. II y a même actuellement jusqu'è l'insolubilité des éléments qui en- tre en ligne de compte pour éta blir la valeur d'un engrais. On avait toujours admis jusqu'au- jourd'hui qu'un élément soluble dans l'eau avait plus de valeur, qu'un élément soluble dans les acides forts. Cela n'empèche pas que l'on rencontre parfois l'asser tion contraire sous prétexte qu'un engrais en partie insoluble a une plus grande valeur paree que la plante peut en tirer parti pendant une plus longue période de temps! On lit dans tous les traités de chimie agrieole que les engrais solubles seuls peuvent être misen couverture et que souvent même il y a avantage a les enfouir. Aujourd'hui on dira au cultivateur qu'un engrais insoluble doit être mis en couverture paree la pre sence de l'air est indispensable pour le délitation de certaines matières. Nous trouvons que le cultivateur pourrait placer son argent plus efficacement qu'en achetant des substances minérales dont il doit attendre la désagréga- tion par les agents atmosphéri- ques pour en tirer profit. L'agriculteur doit rentrer dans ses avances le plus rapidemerrt possible il doit utiliser les engrais qu'il connait par expé- rience,ou ceux dont l'emploi s'ap- puie sur des bases sérieuses, en donnant la préférence a ceux qui étant appropriés aux.cultures en vue sont les plus rapidement uti- lisés par la plante. II doit se défier des réclames outrancières et des articles se terminant tou jours par une formule invariable d'engrais quelque soit le sujet traité. II doit aussi se rendre comp te de la valeur argent des matières mises en vente et a égalité de valeur culturale il doit donner la préférence a celui qui coüte le moins cher. Enfin le cultivateur ne doit rien acheter sur simple assertion de richesse. Alors même qu'on lui présente une analyse trés détaillée du produit offert, il doit deman- der la garantie, prendre échantil- lon et faire analyser conformément au règlement de controle. Terminons en disant que les mêmes remarques peuvent parfois s'appliquer aux matières alimen- taires pour le bétail, paree que la aussi la réclame est quelquefois en raison inverse de la valeur du produit. Bes cultivateurs sans instruction niais qui ont de I'experience vous diront que les cèrèales d'hiver vien- nent bien et donnent une bonne rècolte sur un champ qui a portè du tréfle ou de la luzerne. Nous savons que c'est la, l'effet de I'azote que ces plantes ont emmagasinè. L'application du nitrate de soude peut produire le fiême effet ei c'est pour ce motif que eet engrais ne sera jamais dètrónè dans la culture des cèrèales d'hiver. A une époque oü on pourrait croire que toute vegetation est encore arrêtéf le seigle reprend déja sa croissance et c'est alors qu'il doit trouver d sa disposition de 1'azote absorbableni I'azote organique, ni I'azote amidique, ni I'azote ammonia- cal ne peuvent convenir, car les con ditions requises pour la nitrification font dèfaut la plante ne peut utiliser que I'azote nitrique, c'est la I'explica tion de la vogue toujours grandissante du nitrate dans la culture des cèrèales. Nous insistons pour qu'onfasse l'èpan- dage tres tót au printemps. Suède Plus que jamais il est a conseiller cette annêe-ci de bêcher le lègumier avant ou pendant l'hiver, a moins qu'il ne soit trop humide. L'eau du sous-sol est tellement èpuisèe que les pluies de l'hiver ne parviendront pas a former une réserve suffisante pour l'ètè prochain, si l'on ne songe pas a capter toutes les eaux de pluie en ren- dant le sol tres permeable. 11 est du reste toujours utile d'expo- ser le mieux possible d I'action bien- faisante cle la gelee, la terre riche en humus de nos jar dins. SUPPLEMENT AGRICOLE F. PlRARD. (Ingénieur agrieole). Au Congrès nationale d'agriculture de Namur, en 1901, nous avons pour la pre mière fois en Belgique signalél'existence et expliqué le fonctionnemen t des associa tions de controle au Danemark (Section IV. - Laiterie). Depuis cette époque laBel gique a fait peu de progrès sur le terrain de ces associations, tandis que nous voy- ons ces institutions se répandre et se mul tiplier dans tous les autres pays de l'Eu rope. Le Boerenbond a fait un essai d'orga- nisation trés louable sans aucun doute, mais trop peu pratique. II est presque certain que le peu de faveur dont jouis- sent en Belgique les associations de con trole doit être attribué a une organisation défectueuse. En 1909 le nombre de ces institutions atteignait dans le Danemark 530, en Allemagne 207, en Suède 662, en Nor- vège 146, en Finlande 99, en Hollande, 98, en Russie 52, en Ecosse 12. D'autres pays de l'Europe, dont le nombre des associations n'est pas connu, ont suivi l'exemple du Danemark et même dans les Etats-Unis, a Fremont, la première association de controle fut déja fondée ep 1905, avec 31 membres, qui possèdaient ensemble 239 vaches aitières. En 1910 il existait déja 52 asso ciations de controle, dans les Etats-Unis. Ce qu'il faut avant tout pour assurer le succès d'une association de controle, c'est un controleur qui non seulement a oui d'une bonne formation, mais qui possède également de l'expérience. Le Statskonsulent Axel-Appel, émet dans son rapport sur les associations danoises en 1898 les idéés suivantes concernant le controleur ou Kontrolassistent «II est indispensable, dit il, que le Kon- trolassistent possède des connaissances approfondies et pratiques du travail technique qu'il doit fournir pesage du lait, prise des echantillons, dosage, maniement de l'appaieil Gerber, etc. II doit être a la hauteur de tout ce qui regar- de l'entretien et la nutrition des animaux de la ferme. Pour se mettre au courant de sa tache, il su-ivra un cours spécial pour Kontro- lassistent pendant six mois a une école d'agriculture et pendant six mois au moins il aura des exercices pratiques sur l'emploi de l'appareil Gerber, sur la fapon de calculer la valeur des rations,sur la manièie de dresser les comptes, le rapport annuel, etc. II est inutile de former une asso ciation si l'on ne dispose pas d'un Kontrolassistent capable et sérieux. C'est de lui que tout depend.» En Schleswig-Holstein la fonction de controleur est confiée a des jeunes gens qui ont fréquenté une école agrieole ou une école de laiterie et qui, pour leur formation immédiate, ont suivi pendant un mois un cours spécial a l'Institut de Kiel et ont fait ensuite un stage d'un mois dans un association existante. A Kiel le programme de ce cours spé cial comprend six heures de travail par jour, de 9 a 12 et de 3 a 6 hs. L'enseigne- ment comprend 1» La nutrition 36 heu res, le matin pendant les-deux premières semaines 2° la laiterie bacteriologie 36 heures, le matin des deux dernières semaines 3° la tenue des livresl'après- midi des deux premières semaines 4° Examen et analyse du lait la traite, l'api ès- midi des deux dernières semaines. Quand on considère la formation sérieuse des controleurs dans ces pays ou l'on dit tant de bien de ces associations de controle, quand on entend des hom mes d'expérience declarer que le succès des associations dépend uniquement de la formation des controleurs,on compren dra aisément, pourquoi ces associations dans notre pays ne jouissent pas de cette vogue générale. II est incontestable que le meilleur professeur ne saurait faire ce prodige de former convenablement un Kontrolassistent en quelques lecons. Aussi iongtemps que la formation des conti öleurs ne sera pas entreprise sérieu sement avec l'aide des pouvoirs publics, aussi Iongtemps la Belgique restera frus- trée des bienfaits que procurent les asso ciations de controle. Jusqu'a ce jour aussi nous dirons que les concours de vaches laitières manquent leur but. La race ou la variété a certainement de l'importance, l'extérieur de l'animal doit être pris en considération, mais décerner un prix ou une médaille a une belle vache laitière qui en réalité n'est peut-être qu'une mauvaise laitière, c'est ...disons de Venfantillage, pour ne pas employer un autre terme. Pour remporter des prix, l'animal devrait figurer au régistre de l'association de controle avec des chiffres élevés de production, il devrait être bien conform et appartenir a une familie de bons re- producteurs. L'appréciation du bétail au concours devrait être basée 1° sur la conforma tion de la béte, 2° sur la valeur inscrite au régistre de l'association de controle, 3° sur les renseignements fournis par le herdbook. Paul Pipers prof. Des savants mexicains viennent d'an- noncer qu'ils ont découvert a Chapulte- pec le plus vieil arbre du monde. C'est- un Cypres Montezuma le tronc de ce géant mesure 118 pieds de circonférence et par des preuves scientifiques les savants démontrent que son age est d'environ 6150 années. Voila sans aucun doute le plus agé des êtres vivant sur la terre. Dans une revue allemande «Die Erncih- rung der Pflanze publiée a Berlin, nous trouvons lastatistique des récoltes moyen nes a l'hectare (1910) pour la plupart des pays civilisés. Nous ne pouvons résister au désir de mettre sous les yeux de nos lecteurs un extrait de cette liste PAYS Froment Seigle Orge Avoine Pommes de terre 100 k 100 k 100 k 100 k 100kg. Belgique 25.2 22.8 28.1 25.1 175.5 Bosnië 7.9 6.9 5.8 7.2 Bulgarie 8.4 8.7 8.4 6.9 33.7 Allemagne 19.9 17.0 18.5 18.4 131.9 Angleterre 20.4 18.3 17.6 161.7 Finlande 13.9 15.4 8.1 10.2 80.9 France 14.8 11.5 14.2 14.2 107.8 Hollande 20.7 18.7 24.8 20.3 183.9 Hongrie 9.2 10.9 13.1 11.8 79.9 Irlande 24.2 19.0 21.9 22.0 121.6 Italië 8.8 11.8 8.3 8.2 60.6 Luxembourg 12.7 14.6 15.8 15.8 95.1 Norvège 15.9 15.1 18.5 16.7 138.1 Autriche 13.4 14.0 1.5.3 13.5 105.8 Roumanie 15.5 11.2 11.7 9.9 101.8 Russie 7.3 7.7 8.6 8.6 80.5 Servie 11.7 9.0 12.1 7.8 35.8 Espagne 9.8 8.5 12.3 8.3 76.7 Turquie 11.4 12.8 13.0 8.5 12.0 22.6 15.6 16.3 13.9 94.3 Suisse 16.0 17.0 16.5 18.0 150.0 A coté de ces pays d'Europe figurent encore dans la liste les pays suivants Argentine, Chili, Canada, Uruguay, Etats-Unis, Japon, Australië du Sud, Australië d'ouest, Algérie, Tunisie et a la tête du monde entier se trouve l'agriculture beige avec les rendements les plus élevés en grain. Le cultivateur beige a le droit d'en être fier. Actuellement, l'agriculteur doit faire de la culture trés intensive. II doit, sur un petit espace de terrain labourable, produire le maximum de récolte et culti- ver avec le moins de frais possible. Cet état de choses provient de la baisse con stante des céréales et des exigences tou jours plus grandes de la main d'oeuvre. D'autre part le bétail se vendant géné ralement a un prix assez rénumérateur, il s'en suit que l'on réduit le plus possible la surface des terres labourables et que l'on donne une place toujours plus gran de aux prairies naturelles et auxfourrages. Mais, si d'un cóté le praticien doit cul- tiver intensivement les sols qu'il laboure, ce serait une grave erreur de sa part. d'abondonner a elles-mêmes les terres qui doivent produire le fourrage néces saire a l'entretien du bétail. En effet, les prairies jouent un röle capital dans l'exploitation et ce n'est qu'en leur donnant tous les soins voulus qu'on arrivera a faire de la culture tout a fait intensive et rationnelle.

HISTORISCHE KRANTEN

Journal d’Ypres (1874-1913) | 1911 | | pagina 5