Dieu Roi Patrie
La question royale. Le fait et le droit. La question des charbons.
MIETTES
Chronique Politique
Intérieur
f ay? d'horizon
HEBDOMADAIRE DE L'ARRONDISSEMENT D' 'r PRES
Ire ANNEE N« 2.
PRIX: 2 FRANCS.
9 FEVRIER 1947.
Rédaction Comines. 60. rue de Wervicq.
Abonnements
jusqu'au 30 juin 1947 40 fr.
jusqu'au 31 décembre 1947 90 fr.
verser au C. C. P. n* 512.76
de Aug. BEAGUE COMINES
Pour êtr* insérées aussitôt, les correspondances
doivent parvenir le MARDI au plus tard.
LIBERTE
Nous publierons sous ce titre une
série d'articles donnant un aperçu gé
néral sur cet angoissant problème de
notre vie nationale.
11 sera sans doute utile de réétudier
Avec le recul nécessaire et tête repo
sée les causes profondes qui ont donné
naissance et tiennent en haleine cette
crise politique aiguë, qui envenime no
tre vie nationale, et qu'on appelle com
munément d'une façon erronnée la
question royale
11 nous semble en effet que, si le
pays se trouve divisé aujourd'hui en
deux camps hostiles, ce n'est pas tant
la question du roi qui les tient retran
chés derrière leurs barricades infran
chissables que la divergence idéologi
que des antagonistes, laquelle divergen
ce se traduit dans une interprétation
diamétralement opposée dans les pro
blèmes constitutionnels qui ont surgi
depuis plus d un an-
Le roi n'a jamais été accusé de tra
hison. Les griefs formulés contre lui,
tantôt fictifs, tantôt dérisoires, ont été
abandonnés les uns après les autres.
Les seuls retenus jusqu'à ce jour,
aussi bien ceux se rapportant la vie
privée du Roi que ceux se rapportant
sa vie publique, sont d'ordre idéolo
gique et religieux, tels qu'on peut les
formuler contre tout honnête homme,
qui ne partage pas les idées morales et
religieuses de celui qui les formule. La
question du roi n'existe plus.
Et cependant la question de la mo
narchie, de la monarchie constitution
nelle et parlementaire, continue d'exis
ter. Ce qui prouve, soit dit entre pa
renthèses, que les protagonistes du
camp antiroyaliste, quoi qu'ils en di
sent, n'ont pas tant poursuivi l'efface
ment du roi que l'abolition d'un ré
gime contre lequel en principe ils se
•ont toujours érigés en adversaires fa
rouches.
Le drame constitutionnel qui a dé
buté la séance mémorable du Sénat
du mercredi 18 juillet 1945 pourrait
un jour prendre les aspects d'une tra
gédie combien douloureuse et néfaste
notre peuple. M. Spaak, qui dans les
débats épineux ne se gêne pas de jouer
le faux prophète pour faire vaincre son
point de vue, déclara au moment précis
où il plaida la continuation de la Ré-
Ïence malgré la possibilité pour le roi
e reprendre sa fonction constitution
nelle Si vous n'avez pas le courage
fle trancher cette question et si vous
n'apportez pas une clarté pleine et en
tière cela, le pays va continuer vivre
dans l'équivoque la plus complète, et
an jour, le régime sous lequel nous vi
vons sera contesté jusque dans ses fon
dements La majorité du Sénat se
rallia eux arguments produits par le
Ministre des Affaires Etrangères. Mais
est-ce que le pays n'a pas vécu depuis
ce 1 8 juillet 1 945 dans unie équivoque
terrible, une équivique laquelle nous
ne vopons pas aussitôt apporter une
iasue
Il nous semble d'ailleurs que c'est pré
cisément cette équivoque, qui empêche
toute collaboration sérieuse et générale
entre les dirigeants de la vie publique,
qui constitue une entrave au relèvement
matériel et moral, dont le pays a tant
besoin après une guerre dévastatrice
et une occupation pernicieuse.
On peut regretter première vue
cet état d'esprit, ce refus formel /te
collaboration même sur le plan le plus
purement matériel. Mais on doit con
venir qu'il est une réalité indéniable.
Et, qui plus est, on peut se demander
si les adversaires en cause n'ont pas rai
son d'être intransigeants, s'il n'est pas
préférable qu'une lutte idéologique
outrance soit livrée qui donne gain de
cause l'un des groupes antagonistes,
plutôt que de voir aboutir le pays par
des compromis malsains l'abcès ré
volutionnaire.
Il est assez paradoxal de constater
que tous ceux qui s'intéressent au pro
blème monarchique, aussi bien ceux qui
désirent ardemment le retour du Roi
que ceux qui exigenit l'abdication, pour
faire admettre leur point de vue et
leurs exigences, invoquent la lettre et
l'esprit de notre constitution.
11 ne sera dès lors pas inutile de
jeter uni regard attentif sur les ouvra
ges de droit constitutionnel et les tra
vaux du Congrès, qui une époque où
l'on ne pouvait prévoir les événements
d'aujourd'hui, ont traduit et interprété
d une façon fidèle le but poursuivi par
nos constituants-
Puisque tous les partis, tous les
clans, invoquent la constitution, ils de
vraient pour être logiques, se rallier
la thèse, qui après mûr examen paraît
être celle qui aurait été défendue par
ceux qui sont les véritables fondateurs
de la monarchie constitutionnelle et
parlementaire en Belgique.
Voilà toute l'importance d'une étude
de droit constitutionnel propos de la
crise politique, que le pays connaît de
puis la fin des hostilités en Europe.
(A suivre.)
Liberté vient de naître.
Autour de son berceau, grimaces et
sourires.
Sourires épanouis des Cominois, lar
gement servis...
Grimaces désappointées des déshérités
réduits la portion congrue.
Quelqu'un qui n'est pas content, mais
là pas du tout, c'est le Correspondant
des Mountches De toute sa longue
chronique, les ciseaux impitoyables de
l'imprimeur n'ont laissé subsister que tar-
ticulet du football... Alors vous voyez
d'ici les rouspétances, les grincements
de dents et tout et tout...
Ploegsteert non plus n'est pas fcon-
tent. Dame C est bien la peine de se
triturer les méninges I On n'imprime
quand même rien I
Le pauvre Rédac-chef submergé
de copies, s'est arraché les cheveux et
ses prodiges d'ingéniosité n'ont pas ré
solu le problème... Alors, il a fallu
faire appel au pharmacien et... l'huile
de foie de morue.et Liberté s'est
adjugé un peu d'espace vital...i
Encore un peu de patience, on les
aura... les six pages... Mais sapristi!
Lin nouveau-né ne peut pas courir avant
de savoir marcher 1...
En attendant, ài l'on offrait un peu
de Sylvycrine au rédac-chef... Ne
croyez-vous pas qu'il aura encore besoin
de s'arracher les cheveux de temps en
temps
SEMO
Une des questions les plus brûlantes
est, certes, la question des charbons.
Depuis le temps où le Ministère
chante sur tous les tons que la bataille
du charbon, entreprise ngauère par Van
Acker et continuée par Huysmans est
gagnée, nous devrions déjà en avoir en
réserve pour nous permettre d'envisa
ger l'avenir avec confiance, et au moins
assez pour distribuer les maigres rations
prévues.
Le service du rationnement nous al
loue peu de chose près deux ,-kilos
par jour et par personne et cela unique
ment durant la saison froide de l'année.
Puisque la Belgique compte environ
huit millions d'habitants cela fait un
total de seize millions de kilos, ou seize
mille tonnes par jour.
L'extraction quotidienne d'après les
derniers chiffres connus atteint actuel
lement quatre vingt cinq mille tonnes.
Si l'on prend, sur cette quantité extraite,
le charbon nécessaire au rationnement
de la population, il reste soixante neuf-
mille tonnes pour les besoins de l'élec
tricité, du gaz, de l'industrie en géné
ral et pour les bureaux, ministériels et
autres.
Or, que voyons-nous Tout le mon
de se plaint que la ration allouée n'est
pas délivrée nombreux sont les mé
nages qui n'ont pas encore reçu leur
contingent pour le mois de décembre,
.et on parle déjà du mois de février.
Dans les restaurants, dans les cafés,
c'est peine si les salles sont chauf
fées chez les coiffeurs, le feu est éteint
et partout il m'est qu'une conversation
le froid intense et le mtanque de com
bustible.
Il est vrai qu'il y a un revers la*
médaille. Ici ce sont les cinémas qui
profi en de la situation les gens s'en
gouèrent dans les salles de spectacte
pouf échapper au froid de leur foyer
et partout les cinémas font salle comble.
On se demande si toutes les provin
ces du pays sont également mal par
tagées, ou si d'autres sont mieux loties
Sur cette question de pénurie dé
combustible vient se greffer celle du
prix. Sait-on
que les charbons étaient vendus
au consommateur, avant la guerre de
19-18, en d essor s de 40 fr. la tonne
çu'actuelleiv ent le prix est d'en
viron r -511e francs
que l'Etat est forcé de suppléer
200 fr. la tonne au producteur
Or, ces deux cents frs. la tonne
représentent une dépense journalière
de dix-sept millions cinq cent mille frs.,
soit un peu plus de cinq milliards par
an On croit rêver en entendant citer
pareils chiffres. Aussi, cette situation
ne peut durer
11 faut des charbons pour la popu
lation.
11 faut supprimer le supplément
payer par l'Etat. Et pour cela, il est
nécessaire et urgent de rendre la li
berté au commerce .il faut que la
concurrence joue son rôle.
Les ministères ont prouvé qu'ils sont
incapables de solutionner la question
qu'ils abandonnent la place d'autres.
Où irions-nous, mon Dieu, si nous
réussissions gagner encore quelques
batailles comme celle-là Nous fini
rions par ne plus rien avoir perdre I
La mission économique belge établie
en Amérique a réussi faire inscrire
une quantité de deux cent mille tonnes
de charbons qui seront fournis dans le
courant de février. Tout cela est fort
bien, mais si ces charbons doivent être
expédiés par la voie ordinaire, ils ne
parviendront pas au consommateur a-
vant le début du printemps entre
temps les Belges pourront se leurrer
d'espoir et se chauffer de papier de
journal.
La manifestation inaugurée par les
Classes Moyennes de la Flandre Occi
dentale contre les taxes arbitraires éta
blies par le Gouvernement "menace cj®
s'étendre aux autres provinces du pays.
La Fédération nationale aes Commer
çants a, en effet, engagé les autres pro
vinces suivre le mouvement inauguré
la semaine dernière. Il est temps, en
effet, que les classes moyennes bougent
si elles ne veulent pas être cemplète-
ment supprimées avant longtemps.
Les billets rouges et les billets mauves
de mille francs seront retirés de la cir
culation partir du 15 courant. L'é
change se fera aux guichets de la Ban
que Nationale sans aucun frais et sans
limitation de quantité jusqu'au 30 a-
vril- Passé cette date, l'échange ne se
fera plus qu'aur guichets de la Banque
Nationale de Bruxelles. Il ne restera en
circulation que les billets bleus.
(Suite en 4me page)'.
Si les élections françaises se sont clé*
roulées dans un calme inouï, dû sur*
tout un absentéisme toujours crois
sant, il n'en fut pas de même ea
Pologne.
En 1945, les «Trois Grands» pro
clamèrent l'issue de la Conférence de;
Yalta (Crimée) que des élections gé*
nérales s'imposaient d'urgence en Po
logne. Afin de tranquilliser les plus
sceptiques, l'on ajouta que ces élec
tions seraient libres et secrètes Les
événements nous ont malheureusement
appris que même le plus élémentaire
fair-play n'a pas été observé- En effet,
dans n'importe quelle- communauté
saine, le parti paysan de M. Miko*
lajczyk (oii parti de 1'oppositjor») et
le bloc gouvernemental auraient dis*
posé de chances égales, mais... n'ou
blions pas l'empire exercé par l'U.R.
S.S. sur la Pologne. Depuis des mois
M. Mikolajczyk n'a cessé de lutter avec
une foi inébranlable afin de voir triom
pher la vérité et la justice de son
côté, le gouvernement ne recula devant
rien pour arriver ses fins environ
250 candidats du parti paysan furent
écartés et l'on cite même le cas de
circonscriptions électorales où la liste
du parti paysan n'a pu être déposée;
les manœuvres d'intimidation et l'ar
restation d'indésirables étaient fré
quentes. Le gouvernement a cependant
veillé sauver la façade en observa»*
(Suite en 4me page).