Diau - Roi Patrie La question royale. Le fait et le droit. MIETTES Chronique Intérieure HEBDOMADAIRE DE L'ARRONDISSEMENT D'YPRES Tour d'horizon Les ex»prisonniers de geurre manifestent Bruxelles. Ire ANNEE N* 5 PRIX» 2 FRANCS. 2 MARS 1947. Rédaction Cominea, 60. rue de Werviaq Abonnements jusqu'au 31 juin 1947 37 fr. jusqu'au 31 décembre 1947 87 fr. verser au C. C. P. n* 512.76 de Aug. BEAGUE COMINES Pour être insérées aussitôt, les correspondances doivent parvenir le MARDI au plus tard. LIBERTE Le gouvernement aurait faire con stater cet état de démence par les gens de l'art. Certainement pas par le Parle ment, qui pas plus que le gouvernement n'est censé être composé d'un corps de psychiatres. Il est retenir que le gou vernement seul est compétent pour vé rifier si le roi se trouve dans l'impos sibilité de régner. Une fois cette con statation faite, le gouvernement a com me mission d en avertir le Parlement, qui aura pourvoir la Régence. Mais quand il s'agissait comme en septembre 1944 de l'impossibilité de régner par le fait de l'ennemi, connu par tout le monde, le gouvernement n'avait plus faire constater ce fait par des gens de l'art. Le gouvernement l'a constaté lui-même et il a demandé en conséquence au Parlement de pourvoir la Régence. Il n'y a aucun membre de l'assemblée des Chambres réunies qui a Objecté en septembre 1944 que le par lement avait comme mission de consta ter ou de faire constater que le roi se trouvait d - s 1 mpossibilité de régner du fait de l'ennemi. De même une fois que l'impossibilité de régner du fait de l'ennemi avait pris fin au vu et au su de tout le monde, était-il superflu pour le gouvernement de faire constater la chose par n im porte qui. voire par le Parlement. Notons cependant que le projet de loi. voté le 18 juillet 1945. ne visa pus seulement l'impossibilité de régner du fait de l'ennemi, mais l'impossibilité de régner en général. Désormais le Roi ne reprendra l'exercice de ses pouvoirs con_ stitutionnels qu'après une délibération des Chambres réunies constatant que l'impossibilité de régner a pris fin. On se demande en vain au lendemain du vote de cette loi inconstitutionnelle comment dans la pratique législative on parviendrait soutenir encore les pou voirs du Régent la tête de 1 exécutif. On imagina une fiction en prétendant que le Roi se trouvait toujours dans l'im possibilité de régner par le fait de l'en nemi. Mais enfin de quelle impossibilité s'agit-il alors De rien d'autre que de l'impossibilité politique de régner, ni plus ni moins. On aurait pu avoir le cotyage de le dire bien nettement au lendemain du 18 juillet 1945. Désormais le Roi ne reprendra l'exer cice de ses pouvoirs constitutionnels qu'après une délibération des Chambres réunies constatant que l'impossibilité politique de régner a pris fin. C'est dire en d'autres termes que la monarchie constitutionnelle est abolie et qu'elle ne pourra être rétablie que le jour où la majorité du parlement aura le courage d'abandonner ses convictions républicaines, qu'elle sait ne pas être partagées oar ses'propres électeurs. Mais voilà que, en dehors de toute discussion de textes, nous touchons au fond du problème constitutionnel qui se pose. Une fois que le Parlement a le droit d'écarter le roi du pouvoir parce que le roi est discuté, on se trouve devant la fin de la monarchie constitutionnelle. Tout le monde est d'accord pour dé clarer que la nation aurait le droit de faire prononcer la déchéance d'un roi insensé ou coupable. Celà fut même pré vu par nos constituants lors de la dis cussion de l'article 63 de la Constitu tion, qui a consacré l'inviolabilité de la personne du roi. Le projet de la section centrale du Congrès National portait le chef de l'Etat est inviolable Un membre du Congrès ayant fait obser ver, que par suite de cette rédaction, cm ne pourrait jamais prononcer la dé chéance d un roi insensé ou coupable, on convint de substituer aux mots le chef de l'Etat ceux ci la personne du chef de l'Etat Et M. TUONISSEN qui en 1879 commente ce texte dans la constitution belge annotée (p. 147, No 267) d'ajou ter aussitôt Il ne faut pas en conclure que le Congrès national entendait attri buer aux chambres le droit exorbitant de proclamer la déchéance du roi. La déchéance du chef de l'Etat sous quel que face qu'on l'envisage, est la révo lution. L'assemblée constitutionnelle de 1830 n'a pas voulu se prononcer sur cette- question brûlante, et elle a bien fait. Il est des circonstances où il faut imiter la réserve de ce législateur de l'antiquité, qui refusait de porter des peines contre le parricide (Suite page 4) Allons bon, nous voilà en mars Encore un nouveau mois. C'est du gaspillage. Février n'était pas usé du tout. En on le jette la poubelle après vingt-huit jours comme une vulgaire vieille lune. Après tout, on ne le regrettera pas trop, le vieux Bonhomme fé vrier. Bonhomme Eh, eh, pas si bonhomme que cela, cette an née!... Sauf peut-être pour les skieurs, les pharmaciens et les doc-' teurs. Février aura été surtout le mois des baisses. Nouvelle baisse des prix (qu'on dit I) histoire de compenser un peu sans doute les augmentations mi nistérielles. Baisse de la température ce dont on avait justement besoin Baisse de notre ration de char bon résultat d une arithmétique aussi judicieuse que gouverne mentale, février étant sans con teste le mois le plus court de 'année. Ajoutons aussi que le gouver nement actuel n 'aura pas non plus monté beaucoup dans notre estime. Il paraîtrait que notre Camille na tional n 'a pas fçté le dernier Car naval. Son déguisement de premier mi nistre est en effet un peu usé. Sa tenue de bourgmestre n'est plus mettable... et il n'a pas encore osé sortir son costume de président de la république. La vie parlementaire de la semaine écoulée a été influencée par la propo sition de loi du député Lahaye, auto risant les combats de coqs. Quoique Mr. Lahaye ait défendu son projet avec -acharnement, prétextant, entre autres, que puisque on tolérait les matches de boxe, on devait, pour être logique, tolé rer également les combats de coqs, la majorité a refusé de prendre ce projet en considération. Le traitement des ministres a été por té fr. 375.000 et l'indemnité parlemen taire a été exonérée des charges fiscales. La Chambre pourra reprendre main tenant ses travaux s'occuper de la révision du barème des instituteurs s'intéresser aux sinistrés de la guerre faire droit aux exigences des combat tants et des anciens prisonniers de guerre établir une loi en faveur des prisonniers politiques étudier la situation financière remédier la situation économique etcetc Entretemps les classes moyennes se rebiffent contre les taxes excessives et arbitraires et également contre les nou veaux arrêtés du ministre Liebaert. Dans toutes les provinces, des réu nions sont organisées, des ordres du jour envoyés au Gouvernement, protes tant avec énergie contre les mesures qui sont prises contre les classes moyennes et menaçant de passer l'action par des grèves, par le retrait massif des sommes déposées aux Comptes chèques pos taux, et autres moyens encore. Les com battants de '14-'18 et de '40-'45 orga nisent une grandiose manifestation, di manche prochain Bruxelles, afin de protester contre le retard apporté par le gouvernement prendre leurs reven dications en considération. Cette manifestation, qui groupera au moins 70.000 participants, se réunira Place de l'Yser et se rendra par les grands boulevards la Place Poelaert où plusieurs discours seront prononcés. En résumé tout le monde réclame les sinistrés, les prisonniers de guerre, les combattants, les instituteurs, les classes moyennes, les contribuables, même les coqueleux Il n'y a vrai ment que les ministres et les parlemen taires de gauche qui soient heureux. Il faudrait une tête plus solide que elle de Huysmans pour mettre de l'or dre dans le ménage et pour tenir le coup. Et c'est ce moment qu'Achille Van Acker, ex-premier ministre et qui désire prendre les rênes du gouvernement, choisit pour aller discourir Gilly et y attaquer le gouvernement. Vbici le plus beau passage de son La Chambre des Communes connut une séance plutôt mouvementée lors que M. Attlee, Premier britannique, fit une déclaration au sujet de l'Inde. De puis plusieurs jours déjà le bruit cou rait que Lord Wavell, vice-roi des Indes, serait rappelé en Angleterre et remplacé par Lord MOUNTBATTEN: M. Attlee n'a fait que confirmer offi ciellement cette décision de son gou vernement. Cette nouvelle a profondé ment ému les membres de l'opposition qui ont csiimé avoir droit certaines explications. M. Winston Churchill, se faisant leur interprète, a littéralement accablé M. Attlee de Pourquoi... Pourquoi... auxquels ce dernier s'est borné répliquer qu'il n'avait pas mo tiver ses actes. M. Churchill mit fin la discussion en lui lançant cette bou tade Vous ne vous êtes tout de même pas levé un beau matin, ayant décidé de rappeler Lord Wavell Le chef du Gouvernement a ensuite fait part de l'intention de confier dans lui bref délai l'administration de l'Inde un gouvernement indien autonome. M. Paul Ramadier, président du Con seil français, a commenté les récentes mesures relatives la baisse générale des prix et au déblocage des stocks. Il a insisté sur leur caractère indispen sable et n'a pas caché que la nouvelle baisse serait plus difficile réaliser que la première. Dans certaines branches de l'industrie le producteur ou l'inter médiaire devra supporter avec bonne grâce de n'enregistrer aucun bénéfice et même de travailler avec perte. Puis que le salut de la France est en jeu, chacun doit y mettre un peu du sien, mais dans de pareilles conditions il est vraisemblable que même les sanctions draconiennes ne pourront empêcher une recrudescence du marché noir. MIRADOR. discours La Belgique, fait actuelle ment des dépenses qu'elle ne peut sup porter. Nous ne pouvons indéfiniment augmenter le taux des impôts. Aussi faut-il faire des économies. Nous avons beaucoup trop de fonctionnaires. Leur nombre a augmenté par suite de la guerre, c'est entendu. Mais on parle toujours de créer de nouveaux services et jamais d'en supprimer. Il y a un trop grand nombre de nominations politiques. Il faut qu'un fonctionnaire puisse faire carrière sur sa propre valeur et non sur son affiliation un parti Très bien, très bien Décidément, le gouvernement est bien malade. Le P.S.C. aurait bien tort de s'engager dans cette galère, surtout s'il doit prendre en charge la responsabi lité du gâchis créé par la majorité ac tuelle. Répondant l'appel des dirigeants de la F.N.M.P.G. les ex-prisonniers de guerre Cominois et des environs, se sont rendus le 26 février Bruxelles. Ce fut une manifestation grandiose où l'on vit les ex-P.G. auxquels s'étaient jointes des délégations des An ciens de 14-18 accourus de tous les coins du pays, s unir en une masse com pacte et imposante pour montrer publi quement leur indignation devant la ca rence inconcevable du gouvernement. On ne peut dire quel fut exactement leur nombre, mais certainement des di zaines de milliers.' Sans oublier les dra peaux. de nombreux calicots de tous genres donnaient une note pittoresque cette belle masse d'hommes. Nul doute que devant une telle union, bien-digne de-la camaraderie née der rière les barbelés, Mrs DEFRAITEUR et consorts réfléchiront mûrement et accorderont aux ex-P.G. le statut qu'ils ont dignement mérité.

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