JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
YPRES, Dimanche.
PREMIÈRE ARtNÈE. 4» 5.
24 mai 1861.
Le Journal paratt le dimanche de chaque semaine. Laissez dire, laissez-vous blamer, mais publiez votrc pensee.
YPRES, 2* hï«S S9«3.
ELECTION DU 9 JUIN 1863.
Candidats proposés par le comité de 1'Association
libérale de 1'arrondissement d'Ypres.
MM. Vandenpeereboom, Alphonse, ministre del'in-
térieurDe Florisonne, Lëon, membre sortant
Vanden Boogaerde, notaire a Poperinghc.
L'Association libéraledans sa réunion de
mardi derniera décidé de présenter k l'assemblée
générale, a cöté des deux représentants sortants,
M. Désiré Vandenboogaerde, notaire k Poperinghe,
comrae troisième candidat libéral pour l'élection du
9 juin. Au moment de mettre sous presse, nous ap-
prenons que l'assemblée a approuvé la conduite
tenue par son comité.
Cette résolution est de la plus haute importance.
Elle met fin k un système funeste que tout le monde
déplorait; elle inaugure une ère nouvelle pour ie li
béralisme dans notre arrondissement. Les honora-
bles membres qui siégent au bureau de l'Association
ont compris que leur dignité ne leur permettait pas
de maintenir plus longtemps le statu quo en pré-
sence de l'attitude agressive de nos adversaires et
qu'opposer deux candidats libéraux a trois cléri-
caux, c'était laisser la porte ouverte k Fennemi,
s'exposer k une surprise, en un mot, jouer un jeu
de dupe. lis n'ont pas voulu, par un excès de pru
dence et une modération inopportune, compromettre
même la réélection de nos deux représentants; ils
ont eu foi 'dans Fardeur et l'énergie du sentiment
libéral a Ypres, k Poperinghe et dans toutes les lo-
calités de l'arrondissement. Nous sommespersuadés
que ce sentiment ne leur fera pas défaut.
Nous fëlicitons sincèrement la commission de
l'Association de sa courageuse initiative. Le prin
cipe qui vient de triompher a été toujours le nötre.
Dès l'apparition de sou premier numéro, Opinion
indiquait eatégoriquement le hut qu'elle poursui-
vait. Nous disions que la lutte était utile, néces
saire, indispensable. Après avoir démontré que
l'abstention, en énervant nos forces, paralysait nos
moyens d'action, nous prouvions, par des exemples
pris dans les précédents scrutins, que, loin de ga-
gner par nos condescendances envers nos adver-
saires, nous ne faisions que nous amoindrir et qu'au
lieu de nous savoir gré de notre modération, ceux-ci
l'envisageaient plutot comme une faiblesse. Nous
ajoutions que la lutte était dans les vceux du corps
électoral.
Voilk ce que nous avons toujours soutenu et l'é-
vénement vient aujourd'hui conflrmer notre appré-
ciation.
Ainsi tombent d'un seul coup toutes les rumeurs,
tous les bruits, toutes les accusations d'intérêt per
sonnel, ainsi s'évanouissent toutes les méfiances,
tous les soupQons, toutes les craintes de discorde
qui avaient accueilli l'apparition de notre journal.
L'idéedeluttea rallié autour d'elle toutes les forces,
effacé toutes les divergences, etdevant l'urne,les li-
béraux ne forment plus qu'un seul qorps uni, com
pacte, homogène.
Certes.il faut rendre k César ce qui appartient k
César et convenir que c'est avant tout a la puissance
de l'opinion publique que nous devons eet heureux
résultat, c'est elle qui, en vraie souveraine, a dicté
sa volonte; mais il serait injuste de ne pas reconnai-
tre aussi que le comité, de son cöté, en acceptant
loyalement cette volonté, a fait preuve de sagesse.
En ratifiant le choix de son "bureau, l'Association li
bérale a prouvé une fois de plus qu'elle est digne
de sa mission qui consiste, non a contrecarrer les
désirs du corps électoral, mais a marcher résolu-
ment k sa tête.
Encore une fois, nous accueillons avec une joie
sincère ce salutaire dénoüment; nous y voyons le
triomphe de la cause libérale dans le présent et dans
l'avenir.
Quant a nous, si notre röle a été modeste, nous
pensons qu'il n'a pas été dumoins inutile. L'Opinion
a eu le bonheur de traduire, dans un langage calme
et modéré, les aspirations de tous et d'etre en cette
circonstance l'épho du sentiment public. Cela lui
suffit; elle ne demande pas d'autre recompense pour
ses efforts.
Le Manifeste électoral de Mgr laloti.
Ceux qui ont osé dire ou écrire que la liberté de
la ehaire est baillonnée en Belgique, viennent de re-
cevoir de M. Malouun sainglant démenti. Car le pré
lat a su élevercette liberté k la hauteur d'une licence
inconnue jusqu'a nos jours.
Lorsqu'k l'avenir on nous dira quele souffle into
lérant de ce singulier apötre fait vivre les colonnes
de la Patrie de Bruges et même du Journal de Cour-
trai, nous y croirons sans peine, car celui qui ne
craint pas de mettre le signe de la rédemption au
pied de ce qu'on a lu dimanche dernier dans nos
cglises, n'a rien k désavouer de toutes les extrava
gances de nos feuilles ultramontaines.
Encore si le factum avait paru sous la forme d'un
article de journal, c'eut été sa place peut-être ilne
serait pas venu du moinsprofaner lasainteté de nos
églises, souiller nos chaires de vérité, troubler
enfin la fervente piété de nos populations paisibles,
dont k peine la centième partie est appelée k con-
courir auxéiections.Le christ qui, par respect pour
les lieux sacrés chassa du temple les simples mar-
cliands, n'y eut certes pas toléré les journalistes, ni
les colporteurs de manifestes électoraux
Si Saint-Pierre ou Saint-Jean qui, de leur temps,
écrivaient aussi aux lidèles des lettres pastorales oü
l'on respire la plus tendre piété pour le Messie, les
aspirations les plus vives vers le royaume du ciel,
le plus sincère amour du prochain et le mépris des
choses de ce monde, lisaient le mandement que
nous avons sous les yeux, ils n'y rencontreraient ni
leur style ni leurs doctrines. Ces vrais apötres du
Christ n'ont pas laissé d'écrits sur les élections, ils
n'avaient jamais entendu le divin maitre, dans ses
sublimes prédications discourir sur les scrutins
électoraux, mais ils avaient appris de sa bouche ces
mots Mon royaume n'est pas de ce monde.
St-Jean répétait après lui n'ayez point l'amour du
monde, ni des choses qui sont de ce monde et si
on l'avait consulté sur des questions électorales,
déclinant sa compétence, il aurait répondu que le
droit de voter constitue un droit purement politi
quene rentrant pas dans les attributions d'un mi
nistre de Dieu. Oh! s'ils revenaient sur la terre
comme ils seraient surpris d'apprendre que leur
successeur de Bruges a fait d'un scrutin électoral
la pierre sur laquelle repose en Belgique l'Eglise,
ses doctrines et ses liberiesEux qui,en quittant ce
monde, ont laissé l'Eglise batie sur la foi, l'espé-
rance et la charité, seraient affligés de voir qua ces
bases placées par la main du Christ, l'on cherche k
substituer la politique, que les Deconinck, les Du-
parcq, les Van Reninghe et tutti quanti sont devenus
les colonnes de l'Eglise moderne
Aussi beaucoup de bons et véritables prêtres,
dont le coeur sincèrement chbétien a saigné de dou-
leur k la lecture qui leur futimposée dimanche der
nier, déplorent-ils les violences de leur évêque; et
nos excellentes populations vivement blessées dans
leurs sentiments de piété et de charité, par la lec
ture du manifeste électoral en face du tabernacle oü
repose le Dieu de paix, reprochent k M. Malou de
compromettre la foi en Belgique par son excès de
zèle. Qui, nous connaissons plus d'un digne ecclé-
siastique qui eut volontiers déchiré la feuille épis-
copale, pour en jeter les mille morceaux au vent;
mais nous en pourrons citer aussi un petit nombre
qui en paraphrasant la pièce, font enrichie de com-
mentaires de leur cru, relevée par des gestes et des
cris d'une^ extréme violence. Pour ceux-ci l'évêque
était resté en-dessous de son sujetc'était bien
d'avoir prêché du haut de la ehaire de vérité
que pour réussir dans les élections, le choix
des moyens légaux et honnètes est une affaire
tout k fait accessoire les mensonges,
la corruption, les trabisons et les calomnies, Tout
cela est sagement recommandé a la conscience des
catholiques mais au lieu de dire aux libéraux cor-
rupteurs que votre argent périsse avec vous le
pasteur aurait du leur faire percer la langue comme
aux anciens blasphémateurs, ordonner de les brüler
vifs comme autrefois lesj hérétiques. Voilk qui eut
répondu exactement au zèle évangélique de quel-
ques-uns de nos jeunes mais fort pieux ecclésiasti-
ques.
En résumé, pour ne juger le mandement que par
les paroles du mandement lui-même, nous dirons
les scandales descendent de haut.
En lisant le mandement de l'évêque de Bruges,
nos lecteurs ont dü se dire que les attaques du pré
lat, étaient dirigées d'une manière toute spéciale
contre M. Alphonse Vandenperreboom, qui doit se
representee le 9 juin, devant les électeurs de 1ar
rondissement d'Ypres. En dénongant des libéraux
aimables et bons, en parlant du dédain des bien-
faits octroyés au pays par la voie du budget,
Mgr Malou, chercliait évidemment a exciter les es
prits contre un des hommes les plus obligeants, les
plus impartiaux et les plus généreux que le parti
libéral puisse s'honorcr de compter dans son sein.
Comme nous l'avons déjk fait remarquer, la fou-
dre episcopale dépasserk le but qu'elle devait at-
teindre.
La violence nuit k toutes les causes, même aux
bonnes. Elle nuit surtout quand elle est aux mains
d'un ministre de Dieu qui devrait prêcher la man-
suétude et la justice.
Les électeurs d'Ypres, nous en sommes convain-
cus, n'oublieront pas ce qu'ils doivent a leur ancien
bourgmestre, k leur représentant, et nous avons
trop de confiance dans le bon sens des populations
flamandes, pour ne pas être persuadés qu'elles se
souviendront des services de leurs mandataires.Les
électeurs d'Ypres tiendront k honneur de protester
contre les attaques de l'évêque de Bruges, et ren-
veront leurs députés k la Chambre, en maintenant
l'honneur du drapeau qu'ils portent si honorable-
ment depuis 1859. (Etoile beige.)
Le clcrgé dans les élections.
En présence de l'agitation politico-religieuse pro-
duite parmi nos paisibles populations par le clergé
catholique, et par les mandements de M. Malou,
nous rappellerons k nos lecteurs certaines autorités,
qui mieux que nous démontreront tout ce qu'il y a
de dangers pour la religion dans les écrits de notre
fougueux évêque, et dans les faits et gestes de notre
clergé. Nous laissons la parole k M. l'archevêque
L OPINION,
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