SUPPLEMENT
JOURNAL D'YPRES.
M. L'EVÊQUE DE BRUGES
CONDAMNÉ PAR L'ÉPISCOPAT.
Après avoir la le mandement de l'évêque de Bru
ges et entendu les anathèmes fulminés par le fanati-
qne prélat, il est curieux d'écouter les opinions
qu'ont émises h différentes époques sur les ques
tions soulevées par M. Malou, des pères de l'Eglise,
des casuistes célèbres, dés éyêques de France et de
Belgique, hommes aussi recommandables par leurs
'capacités que par leurs vertus.
Pas une des assertions de M. Malou qui ne soit
rencontrée, contredite, pas un de ses préceptes qui
ne soit combattu. Le mandement de Bruges declare
le vote un devoir de conscience, l'abstention sera
sans doute un péché et, au nom de la religion
menacée, les prêtres dudiocèse sontaussitót trans-
formés en courtiers électoraux. On verra comment
les évêques entendent la mission du prêtre sur la
tèrre et ce que commande d'après eux l'intérêt bien
entendu de la religion.
Au surplus, nous seronssobres de reflexions. Les
extraits textuels que nous donnonsvalentmieuxque
tous les commentaires; nous leslivrons a l'apprécia-
tion de nos lecteurs.
Mandement de
M(' l'évêque de
Bruges.
Aplusieurs re
prises déja, nous
avons eu l'occa-
sion devousrap-
peler un devoir
important de
conscience, ce
lui d'exercer vos
droits électo -
raux,danslescir-
constancespéril-
leuses oil nous
nous trouvons.
Nous venons
encore aujour-
d'hui, a la veilie
des élections du
mois de juin
vous rappeier ce
devoirqui est
deyenu, par une
suite d'événe -
ïnents, hélas trop
connus, plus im-
Réponse de Mp Charles, évêque de
Montpellier,
Les luttes électorales, vous le
savez sans doute, monsieur le
curé.vont recommencer au milieu
de nouselles seront ardentes,
archarnées peut-être.
Dans cette prévision, nous avons
cru qu'il était de notre devoir de
vous tracer d'avance la ligne de
conduite que vous avez a suivre,
et de laquelle nous désirons que
vous ne sortiez pas.
Quelles que soient les opinions
qui divisent le pays, les hommes
qui les professent sont nos frères.
Nous avons la charge de leurs
Smesnous les ehérissons tous
dans les entrailles du Sauveur.
Comme l'apötre, nous n'oublions
pas que nous sommes les débiteurs
de tous, et que, comme lui encore,
nous sommes tous k tous pour les
gagner tous k J.-C. Ce que nous
attendons de vous, M. le curé, ce
que nous vous reeommandons ex-
përieux et plus
pressant que ja
mais.
pressëment dans cette circons-
tance, c'est une stride et sévère
neutralité cette neutralité, h la
sagesse de laquelle tous les par
tis, après le moment de la lutte et
de la colère, sont obligés de ren-
dre hommage, et que vous pres-
crivent également les saints inté
réts de notre ministère, l'opinion
de tons les hommes graves, et
nous pourrions le dire, la cons
cience chrétïenne en général. Ce
nest jamais sans danger que le
prêtre descend dans l'arène de la
politique la charité en souffre,
la dignité du sacerdoce y per cl, la
sainteté de la parole divine est
compromise. Une partie de son
troupeau s'éloigne du pasteur, et
pleine centre lui de colère, elle re
pousse son ministère sacré; elle ne
cesse de le poursuivre de ses ac
cusations et de ses vengeances.
Combien parmi vos collègues,
M. le curë, qui ne peuvent attri-
buer qua une cause pareille les
ennuis dont ils se plaignent, les
embarras de toute espèce qu'on
leur crée a chaque instantDe ld
des maux incalculables la reli
gion rendue solidaire de l'impru-
Sence de quelques-uns de ses mi-
nistres, notre mission divine mé-
connue, et les dmes se perdant,
paree qu'elles ne voient plus en
nous les représentants seulement
de J.-C.
Ah! ne soyons jamais des hom
ines de partirestons dans notre
sanctuaire au pied de la croix,
c'est ld qu'il faut attendee nos frè
res, les appeler autour du divin
maitre, pour les apaiser, les ré-
concilier entre eux leur parler
de Dieu et de leurs dmes, des des-
tinées de ces ames auprès des-
quelles les plus grandes choses
d'ici-bas et Usdestinées même des
empires, sont si peu de chose en
réalité.
Vous voudrez done, M. le curé,
pendant la lutte qui s'engagera
bientot, vous placer au-dessus de
toutes les insinuations de quelque
part qu'elles vous viennent, et de-
mcurer entièrement neutre.
Nous ne vous laisserons pas
ignorer que tout ce qui serait fait
par vous contrairement aux pres-
criptions de notre présente circu-
j laire, eneourrait de notre part un
Mandement de
Mgr l'évêque de
Bruges.
Ce qui est mis
en question au-
jourd'huidans
les élections gé
nérales,... eest
la liberie de cons
cience, c'est Y ex
istence du culte
catholiquece
sont les droits
inaliénables de
notre Eglise.
Mandement de
Mgr l'évêque de
Bruges.
Vous savez,N.
T. C. F., ce que
la libertéde con
science et d'opi-
nion est devenue
pour les catholi-
ques en Beigi-
que. On exclut
systématique-
ment des fonc-
tions publiques
les catholiques,
paree qu'ils sont
catholiques, on
leur fait un grief
de leur opinion,
un crime de leur
croyauce, et on
blame d'autant plus sévère qué
nous ne saurions jamais compren-
dre autrement nos devoirs envers
l'Eglise et envers le Rot, aux-
quels nous lient d'augustes et solen-
nels serments, que nous devons et
que nous voulons garder.
Réponse de M. Ernest, membre
d'un ministère preside par M. de
Theux, mort professeur a l'uni
versité catholique de Louvain.
II yen a qui croient, ou qui af
fectent de croire que les libcraux
en veulentd la religion, rien nest
plus faux. II n'y a aucune oppo
sition entre la religion et le libé
ralisme. Les lïbéraux catholiques
ou non, sont ceux qui veulent
sincèrement toutes les libertés
constitutionelles pour tous les ci-
toyens. Le libéralisme n'est pas
une profession de foi 'religieust;
loin d'etre offensive aux croyan-
ces, aux cultes, ou k leurs minis-
tres, sa mission et de les pro-
téger, s'il était porté la moindre
atteinte a leur liberté. II veut que
la religion soit honorée, que ses
ministres soient respectésmais
en même temps il s'oppose a l'in-
tervention de la religion dans les af
faires de l'Etat; il repousse ceux,
quisous un masqué religieux,
cachent des vues intéressées ou
ambitieuses.
Réponse de Ms' Englebert, cardi
nal archevêque de Malines.
Sire, nous sommes heureux de
proclamer, au nom du clergé et
de tous les catholiques, que V. M.
a accordé au culte qu'ils profes
sent la protection la plus constante
et la plus efficaee.
Votre Maiesté a voulu que
les écoles de l'Etat et des com
munes offrissent toüjours k la jeu-
nesse beige FocCasion de se pro
curer non-seulement une instruc
tion solide, mais surtout cette
éducation chrétienne d'oü dépend
le bonheur public et privé.
Le libre exercicedu culte catho
lique est garanti par la Constitu-
i tion; ses ministres sont librement
sommes et installés par ietirs
L OPINION