JOURNAL D'YPBES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
YPRES, &i«Mui£fee,
PHË)I!KB£ AKSÉe. X» 9,
14 jüin ièét.
Le Journal paraft le dimanche de chaque semaine.
Laissez dire, laissez-vous burner, mais publiez votre pensé®.
VPBES, 14 juin 1963,
ARRONDISSEMENT D'YPRES.
Êlectiom pour la Chambre des Représentants du 9 juin 1863.
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Les éiectioas du 9 juin-
Si nous n'avions envisager la lutte électorale du
9 juin dernier qu'au point de vue particulier de notre
arrondissement, nous trouverions, dans les résul-
tats de cette lutte, dans sa signification morale et
politique, de justes motifs de nous réjouir, peut-être
même de nous glorifier. Le parti libéral n'est pas
parvenu, il est vrai, a secouer entièrement le joug
qui, depuis trente ans, pèse sur notre arrondisse
ment. Ypres continuera, comme par le passé, k
compter a la Chambre deux représentants de son
choix et un représentant du choix de M. l'évêque de
Bruges. Mais si rien n'est change sous le rapport
numérique, le résultat moral, qui nous tient surtout
coeur, est immense et nous permet d'affirmer, dès
aujourd'hui, la ruine prochaine et compléte du
parti clerical dans notre ville.
Nous avions devant nous, qu'on ne l'oublie pas,
des adversaires qu'une longue habitude nous avait
appr.is a regarder comme invincibles. Tout au plus
nous nvaient-ils accordé, dans ces derniers temps,
une sorte de neutralité hautaine en faveur de notre
bourgm^stre, M. Vandenpeereboom. Quant k M. de
Florisonne', député de huscivd, on le tolerail, quitte
k le mettre dehors k la première occasion. Cette at
titude superbe du parti catholique en imposait tel—
lement a la plupart de nos amis politiques,que lors-
que 1 'Opinion paria, pour la première fois, de la
nécessité d'une lutte franche et sérieuse, d'un com
bat h outrance, il n'v eutpour ainsi^ dire, qu'une
voix pour condamner l'miprudent, le téméraire qui,
dans un intérêt d'ambition personnelle peut-être,
songeait aprécipiter son parti dans unevoie funeste
et sans autre issue possible qu'une honteuse dé-
faite. Le lion dormaitn'était-ce pas folie que de le
xéveilier?
N'insistons pas sur cette revue rétrospective oü
l'on pourrait voir le secret désir de nous décerner
nous-mêmes une large part dans le triomphe. Ce
qu'il importe de faire remarquer, c'estque, dès sa
première lutte contre ces adversaires si terribles,
si redoutables, l'opinion libérale a rem por té une
trande victoire des trois candidats de Mer Malou,
eux sont restés sur le champ de bataille et le troi-
sième n'a dü son salut qu'a des cireonstances parti-
culières, qui n'enlèvent rien h la signification poli
tique du scrutiii. C'en est done fait désormais du
prestige de MM. les cléricaux dans notre arrondis
sement, le charme qui les protégeait est rompu et
leurs airs dematamore netromperontpluspersonne.
Viénne un nouvel appel aux électeurs, viennecette
dissolution des Chambres dont le pays est menacé
et le dernier vestige de la domination clóricale dans
notre arrondissement aura disparu pour jamais.
Maisacöté de cette victoire et de quelques autres
dont l'opinion libérale a le droit d'etre fiére, que de
sujets d'amertume et de douleur! A Anvers, la liste
du meeting, c'est-a-dire la liste catholique, passant
tout entière a une énorme majorité; M. Rogier, l'un
de nos chefs les plus cousidérables et par sa valeur
personnelle et par les souvenirs attachés a son nom,
vaincu a Dinant par un M. Thibaut; h Bruges,
M. Devaux, l'illustre et vénérable M. Devaux, éli-
miné par un avocat-marguillier de sa paroissea
Dixmude, a Bastogne, MM. d'Hoffschmidt et De-
breyne, deux dc nos plus dévoués, remplacés par
des cléricaux pur sangla majorité libérale ren-
foreée de quelques voix au Sénat, mais affaiblie a la
Chambre, telle est la situation qui s'offre a nos re
gards attristés.
II ne faut pas craindre de le dire et, quant a nous,
nous le proclamons bien haut Le parti libéral a
subi un échec et eet échec est grave. Laissons de
cöté de vaines récriminations et des accusations
plus vaines encore. Le clergé a exercé sur les élec
teurs une infame pression, soit, mais cette pres-
sion était-elle moins forte, en 4857, quand nous
avons renversé la majorité parlementaire et culbulé
le ministère de M. Nothomb? Ce que nous avons
fait alors, pourquoi ne sommes-nous pas parvenus
h le faire aujourd'hui? N'entendons nous pas dire
déja que le ministère, en présentant la loi sur les
fondations de bourses, a fourni un élément actif et
funeste aux accusations du clergé? Bonnes gens
qui s'imaginent que ce prétexte lui manquant, le
parti clerical n'en aurait pas trouvé d autresMais
qu'on relise done le mandement de Mgr de Bruges:
la grande affaire, dit-il, c'est de sauver la liberté de
conscience et la religion catholique et c'est a peine
si, dans son acte d'aceusation, ilconsacre quatre li-
gnes au projet de loi sur les bourses d'étude.
Le clergé est intervenu. Mais n'est-il pas inter-
venu de la même manière dans toutes nos luttes
électorales depuis vingt ans? Et s'il faut nous con
damner a subir de semblables défaites aussi long-
temps qu'il ne consentira pas a déposer les armes
qu'il tourne contre nous avec tant d'avantage, n'est-
il pas vrai que nous courons le risque d'attendre
longtemps et que nous ferions mieux, tout d'un
coup, de renoncer b combattre?
N'accusons que nous-mêmes, car nous sommes
les seules coupables. Quand un parti qui a, comme
le notre, la pretention de résumer en lui, toutes les
forces vives de la nation, permet que ses chefs les
plus illustres, des hommes tels que MM. Rogier et
Devaux, succombent, il est mal venu a n'alléguer
pour excuse que la ruse et l'infamie de ses adver
saires. Comment? l'opinion libérale avait étéportëe
au pouvoir par un mouvement immense, par un élan
d'une spontanéité et d'une énergie sans exemple
dans notre bistoire parlementairependant six ans,
un ministère libéral a dirigé les affaires du pays,
soutenu par une majorité fidéle et dévouée. Duranl
le cours de ces six années, il a posé des actes tels
que l'abolition des octrois, '('organisation de la dé-
fense nationale, l'affranchissement de l'Escaut, ia
sécularisation de la bienfaisance publique et
du patrimoine de l'enseignement libre, et quand
le ministère qui a fait toutes ces choses vient de-
mander k la nation assemblée dans ses cornices la
confirmation de sa politique, il suffira de la coali
tion de quelques évêques madrés et astucieux pour
obscurcir tout cela et pour comprometrre la majo
rité parlementaire qui a pris part a tous ces actes?
Non, mille fois non, cela n'est pas possible!
N'aceordons pas k MM. les évêques l'honneur de
l'échec que nous venons de subir. Cet échec tient k
d'autres causes, qu'il faut signaler si l'on veut qu'il
en sorte un ensejgnement pour l'avenir. Ne nous
faisons pas illusion. Le parti libéral n'est plus au
jourd'hui ce qu'il était en 4857, lors de l'avènement
au ministère de MM. Frère et Rogier. Les événe-
ments au milieu desquels ce ministère s'est
constitué, en surexcitant vivement l'opinion pu
blique, avaient fait concevoir des espérances que
nous n'avons pas k apprécier pour le moment,
mais dont la realisation a été vainement réclamé®
depuis par un grand nombre de nosamis politiques.
Qu'on veuille remarquer que nous ne faisons ici au-
cun reproche au ministère libéral; nous ne l'accu-
sons pas d'avoir trompé les espérances de certains
libéraux, mais il nous sera bien permis de consta-,
ter, ce qui n'est du reste nié par personne, quebien
des espérances que son avènement avait fait naitre
ne se sont pas réaiisées;de lb,mécontentementchéz
les uns, découragement ou indifférence chez les
autres. Les premiers veulent forcer la main du pou
voir, le contraindre a marcher au gréde leurs désirs;
ils forment ainsi les éléments d'une opposition nou
velle; les seconds dégus dans leur attente, dédai-
gnent la lutte et se renferment dans une compléte
inaction. A quoi bon combattre! Libéraux et ca-
tholiques, n'est-ce pas tout un? -4- En 4857, on ne
raisonnait pas ainsi; nous n'avions alors qu'une seule
ame, qu'uneseulepensée; noustrouvionsdevant nous
un ennemi d'autant plus redoutable qu'il disposait
pour se défendre de toutes les forces du pouvoir;
on s'armait contre nous des mêmes accusations,
des mêmes calomnies nous triomphions cepen-
dant alors avec une écrasante majorité. Pourquoi
Paree que nous étions unis. Aujourd'hui nous som
mes battusparee qu'avec l'unionnous avons
perdu notre force. Lb est le secret de notre
échec de mardi dernier, et si nous n'y prenons
garde, cet échec deviendra désastre. }Jn grand pas
a été fait dans la voie de la reconciliation k
Bruxelles, a Nivelle, b Namur et dans d'autres
villes encore, les libéraux de toutes les nuances se
sont rapproehés et ne forment plus qu'un seul parti.
Ce n'est pas assez il reste b rallier les découra-
gés, a ranimer les inditférents qui doutent et qui
disent a quoi bon? A ceux-la, i? faut des actes et
c'est au ministère a les ramener a nous.
Nous avons confiance dans ministère. Les libé
raux réconeiliés sauront faire leur devoir. - Ï1 ne
manquera pas au sien.
Influence du clergé dans Télectioii du 9 join,
II n'est pas sans intérêt, après une lutte aussi
ënergique que celle dont nous yenons detre té-
moins, de recherchcr dans le fond du scrutin, quel
est le sentiment intime de nos populations. Trop
souvent on reprocha aux flamands de se laisser
conduire comme des moutons par les membres du
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