L'OPINION, Journal d'Ypres. clergé, et de rester indifférents aux conquètes du xix° siècle; nos concitoyens, écrivait-on, étaient des cagotset nos communes des bourgs-pourris. Nous sommes heureux aujourd'hui de pouvoir prouver au pays que nos populations savent allier le respect pour la religion de leurs pères, au culte des libertés modernes, que les Flamands sont des ci- toyêns indépendants autant que de fervents catho liques, qu'ils n'obéissent b leurs pasteurs que dans les affaires spirituelles, et qu'ils ne se laissent point ébranler par les anathèmes de quelque prêtre, aveuglé par les passions poliliques. Puisse notre clergé eomprendré qu'il a fait faussè route, et a l'avenir laisser aux Beiges le soin de leurs affaires temporeliesLe jeu auquel il s'est livré avec délire, pendant plus de deux mois est des plus dangereux et ne saurait aboutir qu'b jeter la décon- sidération sur les ministres du culte. De deux choses l'une ou l'on soutiendra que le clergé en faisant, un appel a la conscience des élec- teurs au nomde la religion catholique menaces, était dans le vraidans ce cas le scrutin a prouvé que sur 1,997 électeurs inscrits, 1,083, qui ont voté pour les candidats libéraux sontdes ennemisavoués de la religion et ont voté contre elle; ou bien l'on devra reconnaitre que le clergé a eu tort de placer les élections sur le terrain religieux et que nos po pulations plus sages que lui-même, ont prouvé qu'elles n'ajoutent plus aucune foi aux réclames passionnées, faitespar les prêtres au profit descan- didats de leur choix. Cette dernière partie du di- Jemme est la seule vraie croyons-nous et l'attitude du Corps électoral renferme pour le clergé catholi que, toujours disposé a sortir du cer.cle de ses at tributions, un enseignement qu'il fera bien de ne pas oublier. La religion n'a rien a gagner aux luttes electora tes oü on l'expose a subir d'aussi graves échecs et les pasteurs ae nos paisibles communes gagneraient b se rappeler, au moment des élections, ces sages paroles de Mgr l'évêque du Puy-de-Dóme Hom- mes de Dleu, vous n'êtes pas les hommes d'un k parti... Vous n'ètes pas les agents d'affaires des a aspirants aux honneurs de ce monde. Nous les engageons également a méditer le ta bleau ci-dessous. "Nous y classons comme libérales ou comme cléricales toutes les voix portant soit le nom des trois candidats de l'une ou de l'autre liste, soit celui de deux seulement d'entre euxl'on ren contre toujours des personnes qui font dépendre de vaisons étrangères a leur opinion, l'inscription de l Lun ou de l'autre candidat mais a moins de faire inii Ge au bon sens de l'électeür, l'on doit admettre „u'ïjT gpnartient a l'opinion dont les candidats se renc ontreet en majorité sur les bulletins. Nous ne te no,ns aucun cornpte des bulletins ne portant qu'un sen.1 nom' 011 bien deux noms seulement, pris sur l'une et sul> l'autre liste de pareils voles ne poftent pas Fen?'3re*nte b'UIlc opinion bien arrêtée Succes de la lutte. La lutte posée sur le terrain des principes a pro- cfuit parmi nos populations les meilleurs résultats. Aiutrefois il est a peine quinze ans de cela un liberal ne valait guère mieux qu'Antechrist et que Lucifer i ui-même aujourd'hui nos plus simples campao-nar.ds se familiarisent avec les libéraux, et «spmhlcnf teur porter le même intérêt qu'aux per sonnes les p.'us honorables, l'on a beau leur dire que les libérauJV sont des francs-masons, des héré- iiques, des voleui'S, cela n effraie plus personne et lorsqu'on se penned de les qualifier de 1 ignoble épi- thète de bakzwvns 51 cela revolte tout le monde S ne fait qu'augmente" ie crédit dont ils jouissent parmi leurs concitoyens. En présence de la lutte GU1 devait s engager nous avons remarqué avec la p grande satisfaction, Tattitude courageuse de la pi.upart des membres des administrations" communales de notre arrondisse ment. Les bourgmestres, les échevms et les con- .seillers, a peu d'exception prés, avoubflent trancne- ment leurs opinions libérales, sans s im/'Jjctet des insii nations malveillantes, oudes paroles biessantes qui to 'mbaient de la chaire de vérité ou de la bfiuche des dé votes ils afficniaierit hautement l'indépen- dance du pouvoir civil, et, tout en respectant i'au- tel, ils se constituaient les fidèles delenseurs du t-pönc L'attitude des magistrals produisit immédiatement les meilleurs elfetsdans chaque village l'on compte aujourd'hui hon nombre de citoyens,et des plus ho- - norables, avouant sans crainte ieur dévouement au libéralisme. Or, cette franchise dans les idéés est la meilleure garantie de leurtriomphe dans les campa gnes c'est le plus beau fruit de la lutte que nous venons de soutenir. La ville d'Ypres s'est admirabiement montrée. C'est a peine que sur 503 volants nos adversaires sont parvenus a rallier autour d'eux 131 voix et Dependant quels efforts ont-ils épargnés, et quels moyens n'ont-i!s pas mis en oeuvre? Nous félicilons les électeurs d'Ypres non-seulement d'avoir su se montrer reconnaissants pour leur concitoyen qui siége avec tant de distinction dans les conseils de la Couronne, mais surtout d'avoir affirmé aussi éner- giquement leur dévouement sincère aux idéés libé rales Le résultat du 2° bureau est moins accentué il a cependant sa grande valeur, lorsqu'on songe que le libéralisme y combattit lereprésentant-bourg- mestre de Poperinghe. Bien des gens portent le res pect des vieilles choses jusqu' bfexcès il leur suf- tit qu'un homme soit en place n'eüt-il jamais fait preuve d'aptilude ni de zèle pour qu'iïs veuillent it tout prix le maintenir. Touteföis il est incontes table que Poperinghe a fait de sérieux progrès dans la vie politique puisque sur 230 électeurs, plus de 100 ont voté pour la liste libérale. Dans le troisième bureau nous avons remporté un beau succès sur nos adversaires, nonobstant la dé- fection d'un ancien libéral qui a imité de la fagon la plus regrettable le triste röle joué a Dixmude par le sénateur Van Woumen. Nous attentions que nos renseignements soientcomplets, pour les soumettre b l'appréciation de nos lecteurs. Enfin dans le quatrième bureau nos adversaires ont a peine obtenu une majorité de 49 voix Tel est le brillant succès remporté sur ses ouailles par M. le curé Samyn au prix de trois années de luttes d'excitation, de sermons, et de manoeuvres de tout genre succès éphémère du reste, auquel le bon sens desélecteursdeWervicqne tardera pas demet- tre fin. En résumé le'triomphe de notre opinion est re- marquable clans l'arrondissement d'Ypres, et nous y puisons pour l'avenir les plus belles espérances. Résultat des électieiss. Le résultat des élections n'a pas été favorable a l'opinion libérale, elle a gagné des victoires im- portantes, mais ses défaites sont plus nombrèuses. L'agitation anversoise, coalisée avec le parti clé- rical, a gagné ci'nq représentants et un sénateur. Les libéraux perdent en outre M. de Breyne, a Dix mude. M. d'Hoffsmidt, a Bastogne et a Bruges,1 en fin, M. Devaux. D'un autre cöté, l'opinion libérale gagne a Gand trois sénateurs et un représentant, et un représen tant a Nivelles. A Charleroi le parti libéral gagne un sénateur. Pour le Sénat, les libéraux gagnent les 3 voix de Gand; la nomination de Charleroi compense laperte du sénateur libéral d'Anvers. Lot's du vote de la loi sur les bourses, les voix se sont répariies ainsilibéraux, 67, et catholiques 49. En ajoutant a ces 49 voix, les 6 que les catholiques ont gagnées, les représentants de ce parti sont 55.' Les libéraux après defalcation, de ces six voix, sont réduitsa 61. La majorité libérale se réduit done b 6 voix. La situation est par conséquent difficile-c'est au parti blérical qui l'a faite a tirer le pays de eet embarras. Voict quelques passages d'un 'arlicle oü la Meuse apprécie le caractère et le résultat des élections du 9 juin Nos partis poliliques se sont livrés hier une des luttes les plusvives et les plus énergiquement dis- putées dont le pays ait été témóin depuis long- temps. Le résultat matériel de l'éleclion peut se résumer en deux mots La majorité libérale est affaiblie de six voix a la Chambreelle est augmentée de quatre voix au Sé nat. Est-ee la ce que nous devions espérer? Est-ce 1b ce qu'espérait le parti catholique? Certes, nos adversaires n'avaient pas engagé la lutte dans la plupart des arrondissements pour at- teindre un pareil résultatce qu'ils voulaient, c'était reeonquérir la majorité parlementaire. Tel était le but des elforts suprêmes qu'ils ont faits partout pour l'emporter, Eh bien, malgré toutes les influences qu'il a fait mouvoir, malgré tous les moyens d'action qu'il pos- sède, malgré Ia guerre acbarnée qu'il fait depuis plusièurs années au cabinet libéral, malgré l'inter- vention la plus énergique du clergé dans les élec tions, ce parti n'est parvenu si nous laissons k l'écart Félection d'Anvers dont le résultat était prévu et oü la politique n'a joué qu'un röle secon daire ce parti n'est parvenu, disons-nous, qu'b enlever une seule voix b ia majorité Voilb ce qu'il a gagné nümériquement dans l'élec- tion de mardi. De son cöté, l'opinion libérale a remporté trois victoires importantes et signifleatives. L'arrondis sement de Gand est reconquis a notre opinion; b Nivelles et b Charleroi, nous regagnons une partie du terrain que nous avions perdu. Cependant, a cöté de ces succès, nous ne devons pas dissimuler nos pertes.Nous en avons fait, deux surtout, qui affligeront profondément tous cettx qui placent le patriotisme et l'honneur national au- dessus des questions de parti. MM. Rogier et De vaux, deux fondateurs de notre nationalité, deux hommes d'État qui ont rendu depuis trente-trois ans les services les plus éminents au pays, succombent dans la mêlée électorale devant MM. Tbibaut et Soenens Que le parti catholique s'enorgueillise de ce suc cès; qu'il se console ainsi de l'échec subi par M.Mer- cier b Nivelles, nous le voulons bien. Mais de telles victoires, en montrant jusqu'oü un parti pousse l'in- gratitude et la passion politique, ne manqueront de produire une reaction profonde dans l'opinion pu- blique. MM. Rogier et Devaux ne sont, du reste, que momentanémenl abattusils seront bientöt et dignement relevés, nous n'en doutons pas, par les grands colléges électoraux du pays, qui tiendront a honneur de faire rentrer a la Chambre deux hom mes qui, depuis 483Ó, font ia gloire du Parlement beige. En résumé, b part les échecs de MM. Rogier, De vaux et d'Hoffschmidt, a Rastogne, le parti libéral ne pouvait guère, en présence de la situation d'An vers, compter sur un autre résultat dans Félection de mardi. Le ministère conserve la majorité b la Chambre et au Sénatb eet égard, les espérances de nos adversaires sont complément dégues. L'opi nion libérale est aujourd'hui maitresse du corps électoral dans les trots grands arrondissements du pays, b Bruxelles, a Gand et a Liége. Avec un tel point d'appui, elle ne doit ni douter de sa force, hi craindre pour son avenir. Nous soupqonnons M. le doven Vandeputte de Poperinghe de regretter quelque peu d'avoir si lé- gèrement renoncé aux rapports anciens déjb, et tou jours agréables que M. Alphonse Vandenpeereboom avait bienvoulu précédemment entretenir avec lui. L'on comprend b peine qu'après avoir si avidement recherché l'amitié des libéraux du calibre du minis-- tre del'intérieur, l'on se sente tout a coup et soos prétexte de devoir, appelé a combattre ses an ciens amis, en se cachant derrière le blason d'un vicomte nouvellement débarqué, nous est avis, que M. le doven a peu gagné b F£chan<>e, et nous eussions vu avec plaisir at'fil füt °au moins fidéle a son nouvel ami, ai;, "moment de l'infortune. Mais M. Duparc que l'o;a avait promenó par tout l'arrondissement dans ujae belle calèche at- telóe de deux chevaux friganbs (et non sans èprou- ver un leger brtn daristo;cratique satisfaction) a du quitter seu) le lieu de sa défaite ceux qui Font \u s esqtuvernous assurentqu'it avait Fair de grorn- meler tatérieurement qu'on ne l'y prendrait plus. Elimination de M. De Brejne Qn écrit de Dixmude b 1'Indépendan ce Permettez-moi de vous adresser quelo- ues _10ts rphtivp. ment a 1 election qui envoie M. de Coah lC'k a i^chïmbro en remplacement de M. De Brevne. L'élir,,' 'a a.' en rable représentant, dont nèrsonne r( °n f nt°f h0t"0" en doute ni la loyauté, ni le dé^Z* lisme, a eausé dans notre ville êïïlT™, f douloureusc. Ou s'est d'autam, ™n f n P'US élection qu'il n'est dü, en r éh if „„ff m t eatite, qu i la défection d un homme qu on s était habitue b r^garder comme un libéra, d M j c'est q e3 Zr 7 Et' a indigné's davanthge, boninion dans Ume" paS Seulemcnt fait défection k mais au il n fa't Jan.^s la(IueHe cm l'avait compté jusqu'ici, a vf m T» p pns s relations anciennes qu'il avait eues avec r«. De Breyne. f-1, res'e.' \l 3 pus® faire une idéé des sentiments que sa conduite avait inspires, et de l'efffet que l'élection de M. de Co- •Ier bur. 2e h. 3e b. 4e b. Nombre des volants. "Votes donnés a toute la liste liljéraltr- Votes donnés k 2 candidats libéraux. Votes donnés ii toute la liste cattiol. Votes donnés a 2 candid, catholiques. 303 833 31 -19 393 140 41 193 18 846 236 80 239 18 883 232 tot. des voix 19 I liberal.,1082 2S1 tot. des voix 49 j cal hol., 896

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L’Opinion (1863-1873) | 1863 | | pagina 2