L'OPINION, Journal d'Ypres.
Intolérance cléricalc.
Une affaire d'inhumationvient encore de produire
un grand scandaledans lacommunede Ruysbroeck,
prés de Bruxelles.Un ancien habitant de cette com
mune, domicilié a Ixelles, protestant ayant épousé
une catholique, désirait faire enterrer une fille de
8 ans prés de sa soeur, décédée il y a quelques an-
nées. Arrivé au cimetière, le curé a suscité des dif-
ficultés telles que ie père, avant de les avoir apla-
nies avec le concours du commissaire d'arrondisse-
ment, a dü rester prés du cercueil de son enfant,
déposé sur le sol du cimetière, pendant 48 heures.
L'Indépendance publieunelettre du curé et du père,
contradictoires en quelques détails, mais d'oü il ré-
sulte, comme elle le fait remarquer
Quun prêtre a cru devoir,au nomdela religion,
repousser impitoyablement, comme un objet de re
probation, la dépouille mortelle dun enfant de buit
ans; que le cercueil et le cadavrc qu'il renfer-
mait on dü rester pendant quarante-huit heures ex
posés dans Je cimetière, sousla sauvegarde du père
ét des amis de la familie; que ce père, a bout de
démarches et d'intercessions, brisé de fatigues et
d'emotions, n'est parvenu a mettre fin au triste con-
flit survenu entre lui et l'Eglise qu'en creusant de
ses propres mains la fosse dé sa fille-; qu'enfin il
s'est trouvé, aux portes mêmes de la capitale,
une administration communale assez peu soucieuse
de ses droits et de ses devoirs pourignorer, ou fein-
dre d'ignorer, qua l'autorité civile seule appartient
ia police des cimetières, et pour laisser prolonger
pendant deux jours un scandale sans exemple et
fait pour révolte;' tons les coeurs et toutes les cons
ciences.
Le ministère liberal, qui au dire du clergé politi
que de la Belgique tout entière, et de notre arron
dissement en particulier ne vise qu'au renversement
de la religion et a la destruction du culte, vient
d'obtenir de S. M. des arrêtés royaux en date du
4 juin 1863, allouant a diverses fabriques d'église
des subsides s'élevant a un total de fr. 124,118-31
destinés a la restauration des temples. Le conseil de
labriquc de Féglise de Notre-Dame a Poperinghe,
recevra pour sa part 13,800 francs.
Refusant de rendre justice a de parcils actes
posés en faveur de la religion, on calomnie le pou-
voir auprès des ignorants et onne craint pas de dire
avec certain pamphlet que nous publierons, que tous
ees subsides ne sont qu'une faible part de 1'argent
que les libérauxont voléaux églises et auxcouvents.
(Valschaers, volksbedriegers zyn de liberalen die
gebaren milde te zyn in hunne subsidién om ker-
ken en pastoryën te herbouwen daer zy zich zel-
ven vooren uit zegenen en dan uit bunnen zak
halen eenige stuivers van het gestolen geld van
kerken en kloosters, dat zy ingeslokt hebben
men weet wel wanneer
S. M. le Roi a sanctionné, le 31 mai dernier, la
loi relative a la concession de divers chemins de fer
qui fut successivement votée par la Chambre et le
Sénat suivant l'article 2 de cette loi, le gouverne
ment est autorisé a concéder aux clauses et condi
tions ordinaires.
B. Un chemin de fer de Poperinghe a la frontière
francaise dans la direction de Haezebrouck ou d un
point intermédiaire entre cette ville et Dunkerque.
Nous espérons que les administrateurs des loca-
ütés intéressées et tous les hommes influents sau-
ronfc unir leurs efforts pour rencontrer un conces-
sionnaire qui veuille se charger de l'exécution de
cette vote destinée a donner un nouvel essor au
commerce'et a l'industrie de notre arrondissement.
Le commerce de dentelles, de houblons, de grams,
de charkms ne peut que gagner en importance par
l'exécution de travaux publics qui rapprochent les
distances entre les pays voisins, tout en facilitant le
mode et en reduisant le prix des transports.
Nous ne sommes plus au lm temps nu desper-
sonnes a vues étroites contestaient jusqu a l utilite
même des chemins de fer et des routes empierrées.
Les sommes considérables portées annuellernent
au budget de nos communes, de nos provinces et
de l'Etat, rempressementavec lequel tous noseorps
eonstitués yotent ces subsides, dispensent de toute
démonstration ultérieure nous ne pouvonspas ce-
pendant nous rappeler sans rire de leur naïveté cer
tain compagnard de notre arrondissement qui ou-
bliant que la construction d'une route pavée donne-
rait accès de sa ferme vers le centre de la commune
et vers la ville voisine, se plaignait de cette con
struction par le motif qu'il aurait dorénavant h se
eonformer aux règlements de police sur le roulage
et certain dél'unt curé-doyen qui laissait tomber
parmi son fidéle troupeau des planf.es amères, de ce
que la création d'un chemin de fer amènerait une
quantité considérable de vices et depéchés jusques
la inconnus (ou peu s'en fallait) dans le bercail. De
pareilles conséquences n'etïraient plus nos popula
tions.
Le Journal de l'Enregistrement et du Notarial,
dans son numéro du 7 juin dernier, reproduit une
Etude sur le travail des notaires beiges, par M. Bou-
ten-Angillis, notaire a Gourtrai. Nous y trouvons
adjoint un tableau du nombre d'actes passés paries
notaires des divers cantons et arrondissements ju-
diciaires de la Belgique.
Nous croyons faire plaisir a nos lecteurs en re-
produisant la partie du tableau ayant trait a l'arron-
dissement d'Ypres.
La moyenne générale de la Belgique pour Jes no
taires de 3° classe et de 170 4/7. Aueun canton de
notre arrondissement ne présente cette moyenne.
Dans l'arrondissement de Courtrai aucun canton
n'atteint la moyenne de celui de Messines; dans deux
seulement, ceux de Roulers et de Menin elle est su
périeure celle de Wervicq. La moyenne pour la
ville de Courtrai n'est que de 120.
Cemspondamce pafücuKère de L'OPINION.
ninck avait produit, car jamais suite d'élection no fut plus
morne ni plus lamentable,jamais candidat élu ne fut plus aban-
donné que celui qu'il avail aidé de son influence. C'est a peine
si, le soir, quelques électeurs campagnards entouraient le nou-
vel élu. La ville protcstait par un silence significatif.
Voila quelle a éténotre élection. La bonnerenommée libé
rale de M. De Breynereste intacte, et nos sympathies luisont
toujours acquises. Quanta M. VanWoumen, ila inspiréh toute
notre population les sentiments que peut faire naitre la volte-
face la plus honteuse. Je ne dirai rien de M. De Coninck il
n'y a rien b en dire. C'elst un instrument et rien de plus.
t
ARRONDISSEMENT D'YPRES.
Notaires de 3e classe.
Chef-lieu de canton.
Norobre
d'actes.
Nombre
de notaires.
Nombre
d'actes par
notaire,
(moyenne.)
780
7
111
llooghlede
342
q
414
7?. 8
S
452
Passchendaele
434
3
134
Poperinghe
660
4
463
Wervicq
493
4
424
Ypres.
203
Notaires de 2e classe.
1021 3
Bruxelles, 12 juin.
En vain voudrait-on se le dissimuler, le résultat général des
élections legislatives est défavorable b l'opinion libérale. Un
des fondateurs de notre indépendance nationale.. M. Rogier,
ministre des affaires' étrangères, échouant devant un des col
léges électoraux du royauine, b la veille du jour oil, pour cou-
ronner sa carrière politique, il signera l'acte d'affranchisse-
ment de l'Escaut, l'acte le plus important qui ait été négocié
par notre diplomatieun ancien membre du Congrès national
qui a représenté i'arrondis°ement de Bruges a la Chambre de-
puis le jour de la eonsliluéon du rovaume, M. Devaux, renversé
par un inconnu au sein de sa ville nataleun autre ministre
d'Etat récemment nommé, ancien ministro des affaires -étran-
gèresetdes travaux publics,Ni. d'Hoffschmidt, succombanta
Bastogne devant un candidat du petit séminaire, ce sont lb
évidemment des échecs que ne oeuvent compenser ni l'élimi-
nation de M. Vande \7oestyne: ii Gand, queique importante
qu'elle soit au point de vue de l'avenir du libéralisme, ni
même la ehüte, a NiveUes, de M. Mercier, ministre d'Etat et
ancien ministre des finances.
Tout eompte fait, la majorité parlementaire est réduite de
six voix a la Chambre des représentants ei renforcée de trois
au Sénat, de sorte que le ministère peut encore compter sur
une majorité de six voix dans chacune des deux Chambres.
Je dis que la majorité se trouve réduite de sixvoix a la Cham
bre, paree que les cinq nouveaux députés d'Anvers ont pris
l'engagement de voter contre le ministère, quel qu'il soit, sur
toutes les questions politiques, aussi longtemps que le gouver-'
nement n'aura point fait droit aux reclamations de notre mé-
tropole commerciale qui component, 1° l'abolition des servi
tudes intérieures; 2° l'indemnité préalable prescrite par l'arti
cle 11 de la Constitution pour les servitudes établies a l'exté-
rieur; 3° la demolition des citadclles.De ces cinq députés, trois
sont libéraux MM. d'Hane-Steenhuysc, le comte Dubois-Vi-
lain X1HI et Hayez; mais il est inutile de compter sur eux,
même pour faire adopter une grande réforme politique quei
que importante qu'elle soit, du moment que le sort du cabinet
y est attaché, la nouvelle deputation d'Anvers votera le rejet.
La question est done de savoir s'il est possible de gouverner
avec une majorité de sixvoix b la Chambre, et le résultat des
elections de Bruxelles me porte b lecroire.car, de deux choses
Tune: ou le compromis signéa XHotel des Brasseurs n'est pas
une réconciliation loyale, ou bien MM. Goblet, Van Humbeek
et Guillery ont dépouillé le vieil homme.etil n'y aura, désor-
mais, pas plus dé coalition-possible avec eux, qu'avec MM. Oris,
Hvmans et Prévinaire. dr, la première proposition de ee di-
lemme n'est pas admissible, car ni M. Goblet, ni M. Van Hum
beek, ni M. Guillery n'aunient accepté le patronnage de VEch»
du Parlement s'ils n'avaient pu promettre leur appui au
ministère. A ce propos je dois constater que je m'étais
fait illusion en e tpposant, dans ma eorrespondance de
la semaine passéeque les mécontents coalisés de la
Louve et de VUnion commerciale pussent faire passer deux
de leurs candidats, grbce b l'appui des catholiques. li ne s'en
est l'allu, a la vérité, que de 300 voix, car M. Dartevelle en a
obtenu 3,862 sur 4,166 données a M. Van Volxem; mais le
triomphe de VAssociation libérale n'en est que plus éclatant
il prouve, en effet que tous les mécontents réunis aux adver-
saires de l'opinion libérale ne peuvent prévaloir contre elle.
Le ministère peut done compter sur une majorité effective
de six voix dans la Chambre, et sa force ne se trouve guère
amoindrie, car, sur la majorité de douze voix qu'il avait aupa-
ravant, cinq au moins étaient fort indéóises et se tournaient
souvent contre lui celles de deux députés de Nivelles,
MM. Nélis et de Chentines, et celles de MM. Goblet, Van Ilum-
beke et Guillery. Or, je vous ai dit pour quelles raisons ces
trois derniers mettront désormais beaucoup d'eau dans leur
vin, et si MM. de Chentines et Nélis ont accepté, avant de se
représenter devant le corps electoral, la décoration de che
valier de l'ordre de Léopold, ce n'est pas, b coup srtr, avec
l'intention arrêtée de prêter a l'opposition l'appui de leurs votes
pour faire échec au cabinet.
On se demande, maintenant, si M. Rogier consentira b con-
server le portefeuille des affaires étrangères sans avoir son
siége au Parlement. D'abord iln'y aurait b cela rien de bien sur-
prenant, car ce ne serait pas la première fois que nous verrions
un ministre hors de la Chambre. Mais il est plus que probable
que la session législative de cette année ne s'ouvrira pas sans
que l'honorable M. Rogier ait un mandat de dóputé. 11 est im
possible, en effet, que queique grand collége électoral du pays
ne prenne pas b coeur de le venger de l'humiliation qui lui a été
inflïgée par les noires cohortes enregimentées sous la bannière
seigneuriale de M. le comte de Liedekerke et portée par son
écuyer, M. Thibaut. On prévoit qu'un siége de représentant
pourrait bien être vacant dans un arrondissement oü le triom
phe d'un candidat liberal est assuré, et du reste ii est tel repré
sentant tout récemment élu, qui, m'assure-t-on, aurait déjb of
fert k M. Rogier de renoncer b son mandat pour lui faire place.
Quoi qu'il cn soit, M. Rogior restera ministre des affaires
étrangères. et il aura prochainement l'honneur decontresigner
Tarrêté royal proctamantl'affranchissement de l'Escaut qui était,
comme le constate avec une haute raison la chambre de com
merce de Mons, la dernière consécratlc desa nationalité que
la Belgique eüt b demandor au droit pub'c international. Ainsi
les mêmes ho nmes qu>, en 1830, dévouaient intrépidement
leur jeunesse b soutenir ses premier pas, qui, plus tard, guidés
parun prince encore ignoré, la faisaientlaborieusement accep
ter par les grandes puissances, ont aujourd'hui la glorieus©
satisfaction de voir leur oeuvre sortir achevée de leurs mains,
sous les yeux de ce même chef devenu l'objet d'admiration et de
respect universels.
Rien ne sera done change b la composition du ministère.
Mais que pourra-t-il faire désormais, dira-t-on, avec une majo
rité de six voix? II va sans doute s'appliquer b louvoyer habi-
lement sur la lisière des deux partis, et s'efforcer de concilier
le centre droit et le centre gauche en prenant soin do ne cho-
quer ni l'extrême droite, ni l'extrême gauche C'est une er-
reur. D'abord vous pouvez être certain qu'il n'y aura plus d'ex-
Uême gauche, que i'entente est faite sur les bancs de la majo
rité parlementaire. Ecoutez d'abord 1 'Indépendance, quia cri
tique avec beaucoup d'énergie, jusqa'au jour des elections, le
comDromis sigoé a Xhotel des Brasseurs
L'événement du 9, dit-elle. nous convie b l'union de toutes
les forces du libéralisme, et, pour y parvemr süremenl, b l'em-
p'oi de moyens auxqueis nous puissions tous nous rallier. Loiit
de nous les quesf.jns de personnes et d'amour-propre b ce
prix seulement, no is serons forts.
De son coté, XEcho du Parlement, organe du ministère,
prévieni, la ma'orité parlementaire que la situation va lui ira-
poser de gram i devoirs qu'eüe saura remplir.
Cela veut dire queleministère est fermementrésolu b exécuter
jusqu'aa bout le programme qu'il a exposé en 1861 dans le dis
cours de)aCouronne,etqu'ila la conviction qu'onpeut compter,
pour l'exécution de ce programme, sur toutes les voix de la ma
jorité. Or, le projet de loi sar les fabriques d'église est prêt,
et je vous donne comme positif que sa presentation b la Cham
bre renouveiée ea partie sera un des premiers actes du cabi
net. Ce qui l'avait fait hésiter jusqu'ici, c'était le Sénat, oü la
majorité était fort indécise depuis la rentrée au pouvoir d©
fopinion libérale. Cela se eonpoit, du reste, si l'on se souyient
qu'en 18S7 le ministère n'a pas cru devoir dissoudre le Sénat
comme la Chambre.lt n'y avait pourtant pas lemoindre douteque.
si la loi des couvents avait pu passer b laChambre des représen
tants elle eüt été adoptée bien plus facilementpar le Sénat.'Mais
le prince de Ligne,qui est l'homme do la conciliation par excel
lence, s'engagea vis-a-vis du cabinet a lui assurer leconcours de
quelques voix flottantcs pou- t'uiderb reviserl'artic'e 84 de la loi
communale dans le sens de l'opinion soutenue en 18S7 par la
minorité de la Chambre, et M. le prince de Ligne a tenu
sa promesse en -<839. Mais le Sénat n'avait guère été moditié
depuis 1857, et il s'agissait, pour le cabinet, de savoir s'ilcon-
sentirait a vote" la loi concernant les fondations de bourses.
C'était lb, je orois, une question fort douteuse, et qui
donnait assez d'inquiétudes au ministère. Au fait il était
si peu certain du concours du Sénattel qu'il était
composé avant les dernières élections, qu'il se serait bien
gardé de lui soumettre la loi concernant les bourses d'étude!
C'est-la la véritable raison pour laquelle ce projet de loi a été
présenté a la Chambre assez tard pour qu'il ne put être adopté
qu'a la fin de la sessior. Or les dernières élections ont donné
au ministère, dans le Sénat, une majorité de 6 voix comme
dans la Chambre. et aujourd'hui qu'il est sür de son affaire, je
vous garantis, encore une fois, qu'il ne se fera plus tirer l'o-
reille. Ii a, du restq, des engagements b tenir il peut compter
sur le dévouement absolu de toutes les forces de sa majorité
dans les deux Chambres, mais b condition qu'il realise toutes
les promesses de son programme de manière a rallier autour
de lui les diverses nuances du libéralisme.— Ces engagements
on été pris au nom du cabinet dans un conseil de familie dont a
parléM. Orts, etceci nous explique la volte-facs exécutée a ua
certain moment par la gauche avaneée et qui n'a pas peu
étonné le monde politique.