L'OPINION, Journal d'Ypres. les ridicules menaces et les incroyables sottises prêchées par quelques écervelés que l'on regrette de trouver sous l'habit ecclésiastique, tout cela est commenté dans les reunions, chacun sait qu'un blame universel couvre aujourd'hui ces extravagan ces Mais Hiistoire de l'Èglise toute entière est la pour prouver les aspirations aveugles du clergé vers la puissance temporede et vers l'asservisse- ment de l'Etat a l'Èglise; aussi sommes nous cer tain d'avance que la reprobation universelle sera insufflsante pour corriger nos adversaires. Qu'une élection se présente demain, et nous retrouverons les mêmes calomnies, les mêmes mensonges, les mêmes pamphlets, pëut-être de plus repoussants encore! La marche progressive imprimée au genre-hu- main par le doigt de Dieu même, voila la barrière aux aspirations des éternels ennemis de la souve- raineté laïque, le profond dégout du public, voila le chatiment a leurs coupables manoeuvres. Avec non moins de sévérité la conscience publi- que fait aujourd'hui la part des traitres, dontla pro- bité politique na pas su résister a de misérables réssentiments avant l'élection, cachant sournoise- ment leurs projets, ils se défendaient contre les soupcons qui planaient sur euxet lorsque depuis ils furent surpris la main dans le sac, ils ont a peine balbutié quelque piteuse excuse. Triomphateurs hypocrites dun moment, aujour d'hui repousés de tous ils dévorent leurhonte dans un affreux isolement; leur regard trouble s'abaisse devant celui de tout homme honnête et loyaldans les reunions publiques, ils osent a peine prendre part aux conversations, certains que leur parole ne rencontrera plus qu'indifférence et mépris qu'une question d'honnêteté soit soulevée et l'on verra le le rouge leur monter au front, ils se sentent blessés, ils entendent comme un terrible bourdonnement de leurpropre nom. Oh! s'ils pouvaient aujourd'hui la- ver leur honte et reprendre place parmi les hommes qui se respectent. Mais non cela devientimpossible; autoür de M. Van Woumen et de ses imitateurs il s'est creusé un abime, abime d'humiliation et de mé pris Puissela tache qu'ilsportent au front détour- ner ceux qui seraient tentés désormais de suivre leur exemple. Par la dernière lutte électorale nous avons pu mesurer les forces du parti libéral dans l'arrondis- sement d'Ypres. Ces forces sont grandes, vives et actives aussi peu s'en est fallu que le succès des libéraux ne fut complet. Ce n'est qu'avec beaucoup de peine, et encore grace a la défection et a la per- fidiedequelqueslibérauxdemauvaisaloi,queM. Van Renynghe, ce docile instrument de M®* Malou et de M. Vandeputte parvint a obtenir sept. voix au-dessus de la majorité,voix salutaires pour les cléricaux. Nous affirmons même que malgré les trahisons, M. Vanden Boogaerde cut été élu si le parti libéral plus compact et plus serré cut agi et travaillé dans tout l'arrondissement avec autant d'entente, d'or- dre et d'union qu'il l'a fait a Ypres et a Poperinghe. Certes, nous ne voulons pas blamer la conduite de nos amis de la campagne, car ils méritent tous nos applaudissements; ils ont amené au parti un nombreux contingent d electeurs et nous les en re- mercions. Settlement nous croyons quechez eux le travail des élections a manqué de cette unite si nécessaire dans les luttes. Répondanta l'appelde l'Association libé rale, ils ont mis tous leurs efforts a combattre les mille préjugés que colportaient nos adversaires; mais ces efforts individuels, faute d'entente et d'u nion n'ont pas produit toute l'efficacité qu'on pou- vait en attendre. Et cependant ne fallait-il pas en petits comités dénombrer les forces de l'ennemi, compter ses soldats et enroler les nötres. N'était-il pas nécessaire de s'entendre sur les moyens honnê- tes d'influence que l'on pouvait exercer sur les élec- teurs Encore une fais, a défaut de bonne organisation tout cela n'a pu se faire a notre pleine satisfaction. C'est une faute que nous avons commise de n'avoir pas eoncentré nos forces éparpillées hatons-nous de la réparer. Prouvons que nous nous sommes ins- truits au combat et que nous savons profiter de no tre expérience. Nous engageons les libéraux des campagnes a or ganiser dans les localités les plus importantes des centres d'action oü se rencontreront les électeurs les plus influents qui au moment des luttes augmen- teront ainsi nos forces en leur donnant plus d'unité.' C'est au libéralisme tout entier qu'incombe le de voir de réglementer son action a la campagne; qu'il le fasse au plus tótNe sommeillons pas, ne tempo risons jamais; notre ennemi est toujours devant nous. Dès aujourd'hui ayons toujours nos forces sous la main. Ce n'est pas au moment du combat qu'on exerce le soldat, oh nonil faut le former longtemps d'avance. Afin d'être toujours prêts, soyons toujours dis posés au combat. L'on sait que le nouveau conseil communal d'An- vers, enthousiasmé sans doute par les succès élec- toraux qu'il a remportés sur ses prédécesseurs, vient d'adresser aux conseils communaux du pays, une circulaire par laquelle il sollicite la condam- nation du ministère libéral et la glorification des actes posés par les meetings sous la haute in fluence du parti catholique. A en juger par les premières délibérations inter- venues sur la eirculwp, le pays s'exprimant par l'organe de ses communes, semble tout disposé a rappeler une fois de plus aux édiles d'Anvers, la legon d'obéissance aux lois, qui leur fut déja a di- verses reprises donnée en haut lieu. En effet,le con seil communal d'Huy a passé a l'ordre du jour pur et simplele conseil communal d'Ostende dans sa réunion du 16 juin adopta l'ordre du jour a l'unani- mité, moins line abstention, celle de M. Boninge qui a déclaré n'avoir pas eu le temps d'examiner la question en séance du 20 juin, le conseil commu nal d'Ypres donna également tort a {'opposition an- versoise, mais cette fois l'ordre du jour fut motivé sur l'obéissance due a la loi, et sur ce que la circu laire, si elle était accueillie, aurait pour effet de mettre les communes beiges en rébellion ouverte contre le pouvoir législatif, et de créer ainsi un vé- ritable état d'anarchie. Dans l'intérêt de la légalité nous espérons que les autres conseils communaux imiteront l'exempla donné par Huy, Ostende et Ypres. Nous trouvons dans le Volksvriend, journal libé ral de cette ville, l'étrange entre-filet qu'on va lire Wat verschil tusschen d'heer Bryckx van Veurne, en Louis Groensteen, distributeur van den brievenpost, tot Alverin- ghem? Geene, dan dat Bryckx met handen en voeten ge- vogt heeft voor den liberalen kandidaet GustaVe De Smedt, en dat Groensteen den dag der kiezing,, om voor De Smedt niet te stemmen, in zyn frak is gaen Wandelen; in weerwil is Bryckx tot vrederegter van Nieuport benoemd en Groensteen riskeert naer de Ardennen verplaetst te zyn. Waere dat ijiet loon naer werken? Nous avons été quelque peu surpris de voir le Volksvriend se faire l'écho des déclamations - cléri- cales. Heureusement nos adversaires ont la recon naissance du coeur et nous ne doutons pas que la charmante naïveté de notre confrère lui vaille au moins quelques jours d'indulgence. Correspondence particulier,e de L'OPINION. Je vous ai expliqué dans ma correspondance précédente comment le Roi avait parfaitement pu complimenter l'Empereur k l'occasion de la prise de Puebla, sans que nous eussions, nous autres beiges, rien k y voir. Ce sont lk, vous disais-je, des compliments de cour qui entretionnent les bonnes relations entrelessouverains.et du reste lefait était trop surprenantpour que le roi Léopold pütseborner aun simple accuse de reception. Du moment que Napoléon se donnaitla peine de le lui notifier, c'était bienle moins que notre Roi le félicitat. Ce qui prouve bien qu'il nc s'agissait, comme je vous l'ai écrit, que de compliments de cour, c'est que notre Moniteur, qui est l'organe du gouvernement, non celui de la cour, n'en a pas soufflé mot. Aussi était-ce lk une affaire réglée, et l'on ne s'en occupait déjk plus, lorsque le Moniteur universel nous apporta la nou velle que le ministre des affaires étrangères de Belgique et plusieurs de ses eollègucs avaient adressé au ministre de l'Empereur leurs félicitations au sujet du récent succès des armes frangaises devant Puebla. C'était pour le coup une autre affaire «II nous est impossi ble de comprendre, dit YEscaut, par quelle aberration de l'intelligence ou par quel excès de llagornerie des ministres beiges ont pu en venir a faire une démarche semblable et votre confrère espère bien, avec YEcho de Liége, que le cabi net sera interpelé, dès la prochaine réunion des Chambres, sur l'acte de courtisanerie dont le Moniteur frangais l'ac- cuse. II est k supposerque dans cinq mois, c'est-k-dire au mois de novembre, quand les Chambres se réuniront, on ne songera plus aux compliments dont on s'occupe tarit aujourd'hui. Mais en tout cas je ne vois pas la nécessité d'attendre jusque-lk pour savoir ce que le chef du cabinet pourrait répondre k une inter pellation. II dirait tout simplement qu'il n'a aucune espèce d'explication k donner au sujet du fait qu'on lui reproche, at- tendu que le cabinet n'a fait aucune démarche auprès de la cour des Tuileries. Quois'écrierait-on, le Moniteur' univer sel A cela évidemment il n'y aurait qu'une chose a répondre, c'est Moniteur beige, Oü se publient les actes officiels du gou vernement? Au Moniteur. Peut-on trouver, dans la partie offr cielle de ce journal,soit que le cabinetpiteu k délibérer sur des compliments k adresser au gouvernement frangais, soit qu'il lui en ait envoyé? Toute la question est lk. Or, non-seulement on ne trouvera rien de semblable dans la partie offlcielle du Moniteur, mais c'est même en vain que l'on chercherait, dans sa partie non-officielle, la reproduction du fait incriminé. Au fond,il n'y a pas vraiment de quoi fouetter un chat. Au lendemain des élections, le gouvernement frangais a pensé qu'il serait dans son intérêt de faire croire k la France qu'il en- tretient d'cxcellentes relations avec les gouvernements consti- tulionnels, et il a eu la malice de faire notifier k notre gouver nement, par lc ministre d'Etat, la prise de Puebla. Le Roi, de son cóté, en avait été informé directement par l'Empereur. Quant a ce dernier, on sait comment il s'est tiré d'affaire, et l'on est maintenant d'accord pour dire qu'il a agi, comme tou jours, en fin diplomate on s'adressait a lui, non au pays; c'est lui qui a répondu, non le peuple beige. Restait le cabinet, avec sa notification sur les bras.Pouvait- R décemment prononcer l'ordre du jour, comme s'il s'était agi d'une petition banale k la Chambre des représentants Évidem ment non. Au moins eut-il été convenable de la déposer au bu reau des renseignements, c'est-k-dire de faire semblant de nen? Vous comprenez que le procédé eut fort blessé le mi nistre d'Etatdo l'Empereur et qu'il eüt pu nous en faire repcnlir. Le plus prudent, en pareil cas, était de payer, non d'audace, mais de malice, et je crois pour ma part, qu'en adressant a leur collègue du ministère d'Etat de petits compliments banals, dans des l«ttres particulières, nos ministres, du moins ceux qui ont écrit k Paris ont parfaitement laissé intacts l'hon- neur et la dignité du peuple beige. On avait tendu un doublo piege k notre gouvernement en le mettant en demeure lui li béral, lui représentant d'un peuple libre, de se prononcer en faveur d'une expédition ultra-cléricale dirigëe contre la liberté d un autre peuple libre; lui constitutionnel, intimement lié avec le gouvernement constitutionnel de Sa Majesté britannique et approuvant en tous points sa politique, de coadamner cette po litique k la face de l'Europe.Je m'en rapporte a yos lecteurs du soin de juger la conduite des membres de notre cabinet. J'ai k vous entretenir maintenant de deux faits qui me pa- raissent avoir une certaine importance au point de vue politi que la vente du Journal de Bruxelles—ou plutót l'achat, car la vente n'a été qu'une opération financière, tandis que l'achat est une manoeuvre politique,—et la suppression du collége epis copal de Pitzembourg. Nos évêchés avaient chacun leur organea Bruges la Patrie, k Gand le Bien public, k Namur VAmi de l'Ordre, et k Liége la Gazette; mais oü était l'organe de l'archevêché de Malines pour donner le mot d'ordre k la presse catholique de province Le Journal de Bruxelles ajoué, autrefois, ce róle de caporal de poste,mais il est depuis longtemps livré k ses propres inspira tions, et cela fait qu'il ne peut plus donner le mot d'ordre kper- sonne. Aussi l'a-t-on vu plus d'une fois renier par la droite a la Chambre des représentants,et ce n'est guère qu'k la fin de la der nière session,c'est-k-dire k laveilledes élections, que l'on atenu quelque eomptedesa politique.Mais on avait reconnu l'impossi- bilité de discipliner M. Paul Nève,et Ton a compris que la droite, avant de rentrer aux affaires, devait avoir son organe dans la presse,et c'est dans ce but que M. Gondry, directeur actuel da YEcho beige,a été chargé d'acquérir lejournaldeM. Nève.qui re- cevra désormais'ses inspirations de l'archevêché de Malines et représentera l'opposition en dehors du parlement. La presse libérale saura done désormais, comme la majorité parlementaire, a qui répondre, et nous n'aurons plus besoin de demander, soit k la Patrie, soit au Bien public, au nom de qui ils prennent la parole. Tout cela va se discipliner comme un troupeau de moutons sous la houlettedu Journal de Bruxelles, et il est vraisemblable que le nouveau berger se fera bon pas teur, car nous aurons désormais affaire kdes gensqui aspirent décidément a l'honneur de reconquérir le gouvernement du pays. Ilsdirontau moins ce qu'ils veulent. L'autre affaire, celle de Pitzembourg, est plus curieuse. Ce fameux collége ecclésiastique était absolument aux mains dc l'archiépiscopatl'administration communale n'intervenait dans l'instruction moyenne que pour en payer les dépenses,quoi- qu'elle n'eut point lieu d'être satisfaite de la manière dont cette instruction était donnée.Elle fournissait les locauxun des plus beaux hótels de Malines etpayait en moyenne IS,000 fr. de subsides par an. Et elle n'avait rienaredire, vu qu'elle était liée par une convention jusqu'k|la fin del'année scolaire de 1862-1863. Aujourd'hui, k la suite d'un vote du conseil communal, l'admi nistration reprend ses locaux, la gestion des subsides; de plus elle veut nommer et róvoquer les professeurs et adm'inis- trer l'établissement d'après les prescriptions de la loi de 1850. Naturellement cela ne fait en aucune fagon l'affaire du car dinal archevêque, et Pitzembourg ditC'est bien, nous nous procurerons un local ot neus nous passerons de vos subsides.» Mais pour cela il faut de l'argent, et l'archevêché a fait répan- dre dans toutes les families des listes de souscriptions. I! s'a- girait, comme vous voyez, de frapper la commune d'un double impótun impót direct pour le collége communal, et un impót indirect pour le collége archiépiscopal. Malheureusement l'es- prit libéral a fait tant dc progrès k Malines que jusqu'ici les listes de souscriptions sont nues comme le platdela main, nues comme un plat d'argent, et que Tautorité ecclésiastique en est a se demander s'il serait bien prudent d'acheter l'hótel destine k l'installation du nouveau collége... On a annoncé que l'hótel était déjk acquis, mais c'est uneerreuron attend pour signer facte que les souscripteurs mordent k l'hamegon; il n'y a pas a craindre que l'archevêché s'émbarque jamais sans boussole ou se mette en voyage sans livreAprès tout, peu importe qu'il parvienne k ses fins l'enseignement public sera dirigé désor mais, k Malines même, siége de l'archiépiscopat, par l'autorité civile. Si, k cóté de cela, l'autorité spirituelle parvient k orga niser un enseignement ecclésiastique, c'estbien le moins qu'elle le dirige aussi Le gouvernement espère pouvoir proclamer prochainement 1'affranchissement de I'Escaut. Presque tous les Etats maritimes ont aujourd'hui accédé au rachat, et Ton a lieu de croire que la conférence des représentants de tous ces Etats pourra se réunir versie -15 juillet au plus tard. Or, commeilnes'agitplus guère que de signer, vu que tout le monde est d'accord avec nous, ce sera bientót fait, il n'y aura pas k conférer longtemps. II se pourrait, toutefois.que le gouvernement attendit jusqu'aux fêtes de septembre pour proclamer l'aflranehissement de l'Es« Bruxelles, 27 juin.

HISTORISCHE KRANTEN

L’Opinion (1863-1873) | 1863 | | pagina 2