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JOURNAL Ds¥PaES ET BE L'ARRONDISSEMENT.
YPRES, Dimanche.
2 aoüt 1868.
Le Journal paratt le dimanche de chaque semaine.
Laissez dire, laissez-vous biamer, mais publiez votre pensée.
YPlïES, aoiit S 80S.
Li. LIBERTÉ MM L'ASSEIBLÉE GÉNÉRALE
CATHOLIQUES A MALINES.
C'est le 18 aoüt prochain que se réunira a Malines
l'assemblée générale des catholiques, sous la prési-
dence de M. de Gerlache, premier président de la
cour de cassation de Belgique.
S'il faut en croire la circulaire publiée par le co
mité d'organisation, cette assemblée n'aura k s'oc-
euper que de matières explusivement sociales et re-
ligieuses Etrangère a la politique proprement
dite, aux luttes d'élections et de partis, aux
préoccupations et aux intéréts éphémères qui
naissent et qui disparaissent avec chaque jour,
l'assemblée générale des catholiques en Belgique,
se plaqant dans une sphere supérieure, aspire
avant tout a unir les forces et les volontés pour la
défense et le triomphe des intéréts et des liber-
tés catholiquesa eet effet, elle étudie tous les
grands problèmes sociaux et religieux et réunit les
matériaux qui peuvent aider d leur solutionelle
se rend compte de la situation des oeuvres pieuses,
charitables, éducatrices, qui ont leur source et
puisent leur aliment dans le catholïcisme et avise
aux moyens de les protéger, de les développer et
d'étendre leurs bienfaits. Elle se propose d'en-
courager et de répandre la culture des arts et
des lettres dans leurs rapports avec le christia-
nisme. C'est la un champ en quelque sorte illi-
mité ouvert aux discussions et aux resolutions les
plus sérieuses et les plus fécondes.
On peut s'étonner du ton dédaigneux avec lequel
la circulaire catholique parle de nas luttes d'<?7ec->
tions et de partis. Ce n'est pas quand on a combattu
tout récemment ses adversaires au nom de ce qu'il
y a de plus sacré au monde, au nom des libertés re-
ligieuses en péril, ce n'est pas quand on a fastueu-
sement arboré sur son drapeau Ia défense de ces
mêmes libertés, qu'il peut être décemment permis,
quelques jours plus tard,deravaler la lutte aux pro
portions d'intéréts éphémères naissant et dispgrais-
sant avec chaque jour. Intérêt éphémère, la défense
défense de la religion, quel blasphème!
L'assemblée, dit la circulaire, restera étrangère
aux luttes d'élections et de partis elle aspire, avant
tout, a unir les forces et les volontés pour la dé
fense et le triomphe des libertés catholiques. Mais
voici venir Mgr Malou qui proclame hautement que
le triomphe de ces libertés ne peut être assure que
par les élections. Les électeurs, écrit-il dans son
célèbre mandement, qui voteront pour les candi
date catholiques ou conservateurs, voteront pour
l'Eglise catholique, ses droits SA LIBERÏÉ.
Ceux qui voteront contre ces Candidats, voteront
contre l'Eglise catholique et repousseront virtuelle-
naent ses droits et SA LIBERTÉ. Comment, en pré-
sence d'une affirmation aussi catégorique, l'assem
blée des catholiques pourrait-elle se dispenser de
s'occuper des lut-tes a élections
Peut-on, d'ailleurs, considérer comme sérieuse
la déclaration par laquelle le comité d'organisation
exclut de la discussion les questions politiques,
alors que, dans la suite de sa circulaire, il porte
lui-même l'ordre du jour de l'assemblée les ques
tions les plus brülantes de notre politique intérieure,
la question de l'enseignemeut et celle de la charité?
Pour ne parler que de cette dernière, voici les ter
mes dans lesquels elle sera soumise a l'assemblée
de Malines Situation générale des oeuvres libres
de charité, obstacles qu'elles rencontrentmoyens
de consolider et de développer les institutions
charitables catholiques. Eh bien, nous le de-
mandons a tous les hommes de bonnefoi, est-ilpos-
sible de traiter une pareille question sans toucher
au fondement même de nos divisions politiques et
n'est-il pas ridicule, après cela, de venir aliirmer
que la politique sera banqie de la réunion?
Nous ne trouvons pas mauvais que les catholi
ques se réunissent pour se conccrter sur leurs in
téréts, politiques ou religieux; ils se trouvent très-
mal de leur position de minorité dans les Chambres,
ils aiment le pouvoir et songent h le ressaisir. Rien
de plus legitime, mais pourquoi ne pas l'avouer tout
franchement? Pourquoi dissimuler et masquer sous
de faux prétextes le but auquel ils aspirent? Quand
les libéraux, en 1846, ont formé leur csngrès, ils
ont dit clairement, ouvertement, ce qu'ils voulaient.
Ils voulajent lerenversement du ministère de MM. de
Theux, Dechamps et Malou, qui leur déplaisaitpour
une foule de raisons qu'ils ont dites touthaut, et ils
l'ont renversé. Pourquoi le parti clérical n'en use-t-
il pas de même? Dans un pays comme le nötre, la
suDrême franchise est en même temps la suprème
adresse. On n'est jamais aussi sur d'arriver a son
but qu'en marchant droit son chemin. Demandez
aujourd'hui a notre ex-représentant M. Malou, ce
qu'ii pense du travail de la taupe dont i! était si
grand partisan, il y a quelques années
Que le Congres catholique s'occupe ou ne s'oc-
cupe pas de questions politiques, cela nous inté
resse, du reste, fort médiocrement. Ce qui est plus
grave, ce qui donne a cette réunion le caractère
d'un .yéritable événement, c'est le fait, inouï depuis
des siècles, d'un appel adressé par le clergé catho
lique aux fidèles laïcs ii I'effet de délibérer en com-
mun sur des matières réservées jusqu'aujourd'hui a
'l'autorité ecclésjastique seule, c'est l'admission vo
lontaire de l'élément laïc dans la discussion des
questions religieuses. Dans les premiers temps de
l'Eglise, de telles assemblées n'étaient pas rares; il
'est certain qu'a l'origine du christianisme, les fidè
les prenaient part a l'organisation de la sociéié re-
ligieuse;c'est ainsi, par exemple, qu'ils élisaient
leurs évêques. Le système presbytérien, c'est-a-dire
le gouvernement de l'Eglise par ses chefs spirituels
assistés des plus considérablés d'entre les fidèles,
tel a été le régime primitifde la société chrétienne.
Mais a mesure que Ie clergé grandit en savoir, en
autorité rïiorale etintellectuelle, l'élément laïc, resté
stationnaire, tend de plus en plus a disparaitre et,
dès le v° siècle, nous le voyons entièrement exclu
de toute participation au gouvernement des affaires
religieuses. A partir de cette-époque, la séparation
des gouvernants et des göuvernés est compléte, ab-
solue et devient le fondement même de l'organisa
tion de l'Eglise catholique.
L'idée qui a donné naissance au congrès de Mali
nes marque, selon nous, un premier pas de retour
vers les tendances libérales de l'Eglise primitive.
Sans doute, cette assemblée n'aura h s'occuper ni
de questions de dogme nide questions de discipline
ecclésiastique,mais il est incontestable, et la circu
laire du comité en fait elle-même l'aveu, que, parmi
celles qui lui seront soumises, il en est plusieurs
qui touchent de très-près aux matières religieuses
proprement dites et qui constituent, pour nous ser-
vir dulangage du comité, de véritablesproblèmes re
ligieux. C'est la première fois, depuis bien des siè
cles, pensoas-hous, que des laïcs sont conviés par
l'autorité ecclésiastiqne a exprimer leur opinion sur
des questions de cette nature. Jadis ceux qui s'en
mêlaientavaient affaire avec lebourreau et plus tard,
quand on n'a plus eu le bourreau a sa disposition, on a
nié leur compétence. Aujourd'hui, on fait appel k tous
les catholiques et, sous la présidence d'un laïc, s'ou-
vre un congrès appelé a discuter et a résoudre des
problèmes religieux d'une importance considérable.
Spectacle inouï et qui fera frémir Bossuet dans sa
tombe! Dans cette assemblée, mi-congrès, mi-con-
cile, nulle distinction de rang ou d'autorité entre le
clergé et les fidèles les princes de l'Eglise, des
cardinaux, des archevêques, des évêques y siégent
cóte a cóte et pêle-même, avec des hommes sans ti-
tres ni dignités ecclésiastiques, avec de simples laï-
ques on dispute, on délibère en commun M. un
tel, petit avocat de province, prendra la parole
après Msr Dupanloup, évêque d'Orléans, et sera ad-
mis ii prouver a Sa Grandeur, .une des lumières de
l'Eglise, qu'el'e a tort sur fun ou l'autre point de
doctrine religieuse et, pour mettre le comble a l'é-
trangeté d'un pareil tableau, c'est un laïc, M. de
Gerlache, qui est appelé a présider une réunion qui
prend pour titre assejiblée générale des catholi
ques N'est-ce pas a croire, vraiment, qu'on en est
revenu aux premiers temps de l'Eglise?
Que eet appel fait aux lumières laïques soit sin-
cère de la part de notre haut clergé, nous ne som
mes pas assez neufs pour le croire. Pour nous, eet
appel a la libre discussion ne prouve qu'une chose,
c'est que l'épiscopat, réduit a ses seules forces, se
sent trop faible pour résister plus longtemps a l'en-
vahissementdes idéés libérales.Le dévouementaveu-
gle du clergé inférieur n'est plus un obstacle assez
puissant, a ses yeux, il lui faut des auxiliaires nou-
veaux et il les cherche parmi les fidèles laïcs, der
nier espoir de sa domination politique expirante.
Organiser tous les fidèles en une immense associa
tion, religieuse en apparence, mais toute politique
en réahté; h cöté de la sainte milice sortant des sé-
minaires, créer une sainte milice laïque, recrutée
dans tous les. rangs de la société, donner heette
nouvelle armée la défense des libertés religieuses
pour drapeau, Fassocier ainsi, a soninsu, aux in
téréts d'une ambition toute mondaine, tel est le
plan que MM. les évêques ont concu et que le con
grès de Malines est destine a rëaliser. Proclamer
ouvertement ce büt, c'était se preparer unmécompte
certain", tout au mo ins diminuer oonsidérablement
ses chances de réussite. On a doncpris prétexte de
soit-disant problèmes religieux pour réunir en con-
.grès tous les catholiques de bonne volonté et, pour
cette fois seulement, comme on dit a Ia comédie,
on a abaissé l'antique barrière qui, depuis des siè
cles, séparait l'autorité religieuse des simples fidèles.
Quelle que soit,d'ailleurs, la pensée qui a inspire nos
évêques, ce n'en est pas moins, répétons-le, un fait
d'une extréme gravité que l'immixtion, provoquée
par le clergé, de l'élément laïc dans la discussion
des matières religieuses. II a créé la un précédent
qu'on ne manquera pas d'invoquer unjour contre
lui. On ne joue pas avec ia liberté une fois intro
duce quelque part, on a grande peine a la mettre
dehors. Le clergé catholique nes'est pas assez sou-
venu, pensons-nous, que la liberté est sa plus vieille
ennemie et quelle lui a joué plns d'un mauvais tour.
A sa place, nous y aurions regardé a deux fois avant
de lui óuvrir la porte du sanctuaire.
Les bètimeiits d'école.
Par arrêtés royaux de récente date les subsides
suivants furent accordés sur le budget de l'intérieur
aux communes, ci-après dénómmées de la Flandre
occidentale, pour construction, etc. de batiments
d'école Thourout 3,873 fr. Bruges 2,145 fr,;
Helchin 2700 fr.; Langhemarck 323 fr.; Merckem
4,880 fr. et Bexschote 5,320 fr.
Nos adversaires ont découvert dans les sacrifices
faits pour l'instruction du peuple une source féconde
de declamations cont&s l'opinion libérale.
On s'abonne ft Ypres au bureau du Journal choz Félix L*mbin, imprimeur-libraire, ruo de Dixmude, n°S5, eta Bruxelles Chez l'éditeur.frix d'abönnementpour la Belgique 8 fr. par an4 fr. 50 c. par semestrepour
1 etranger le port en sus. Un nuirféro c. Prix des Annonces et des Réclames 40 c. la petite ligne; corps du journal 30 centimesle tout payable d'ayance.
Qn traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres ou envois d'argent doiventêtre adressjés franco au bureau du journal.
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