JOURNAL D'YPRES EI DE L'ARRONDISSEMENT. YPRES, Diraanche, PREMIERS AX'SÉE. X» 1». 30 aofct1841. Le Journal parait le dimanche de ehaque semaine. Laissez dire, laissez-vous blamer, mais publiez votre pensée. ÏPRES, 8® acmt f S63. rassemblée générale des catholiijues Malines. Les travaux du Congrès de Malines sont termi nés. Encore quelques jours, et de tout le bruit que le parti clérical a fait autour de cétte assemblëe il ne restera plus rien que le souvenir d'une tentative ridiculement avortée. Le Journal de Bruxelles, le Bien public et la Patrie de Bruges ont beau s'éver- tuer k faire ressortir l'importanee des décisions pri ses par le Congrès catholique l'opinion publique, qui voit clair en dépit des precautions prises pour lui dissimuler le véritable état des choses, l'opinion publique ne s'y est pas trompée un seul instant. Le Congrès catholique a produit sur elle l'effet dun immense fiasco. On y a prononcé, sans doute, de fort beaux discours sur une foule de 'choses MM. de Gerlache, de Montalembert, Dechamps frèresse sont, fait applaudir en plus d'unbel endroit. Mais ces vieilles- histoires, qu'ori nous pardonne Fexpression, ne sont plus aujourd'hui que des rfin- gaines connues de tout le monde il n'y a pas un abonné du Journal de Bruxelles qui ne les ait lues vingt fois et qui ne lès sache par cceur. Mettons que ces contes de la mère l'oie, rhabillés h neuf par des académiciens, aient un air de nouveauté qui pique un instant la curiosité publique et que, sous la phrase pompeuse et élégante de M. de Monta lembert, on ne reconnaisse pas tout d'abord les tartines moisies du journal de M. Nève. Mais, dans un pays comme le notre, ce succès n'a qu'un jour et, de toute la fantasmagorie de l'orateur francais, on peut dire dès aujourd'hui qu'il ne reste rien, ab- solumentrien. Que d'autres prennent au sérieux la grande as-1 semblée des catholiques.— Pour nous, nous ne sau- rions qu'en rire. M. de Gerlache, proclamant, du haut de son fauteuil, que fes catholiques ne for te ment pas un parti, que l'amour de Dieu et du a prochain, que la charité envers les amis et les en- cc nerais est leur premier mobile, qu'il leur importe cc peu que Fautorité tombe aux mains des libres cc penséurs, s'il leur est permis d'exercer paisible- cc ment les droits qu'ils tiennent de la Constitu- c< tion, etc. Peut-on imaginer quelque chose au monde de plus amusant? Et M. le curé Verspeyen n'est-il pas bien diver- tissant aussi quand il se demande très-sérieuse- ment cc Qui plus que Pie IX représenle aujourd'hui la liberté sur la terre Absolument comme si l'histoire du petit Mortara datait du temps de Gré- goire VII. Mention honorable a M. de Haulleville pour la phrase qui suit cc Les libéraux se déclarent parti- cc sans résolus de la distinction de l'Eglise et de cc l'Etat et ils veulent créer, au nom de l'Etat, un cc enseignement catholique, véritable culte dont les cc directeurs de l'Etat seraientles grands prêtres. N'est-ce pas tout a fait réjouissant de voir travestir ayec une pareille audace les pretentions des libé raux en matière d'enseignement? Mais tout cela n'est rien, a cöté de cette magnifi- que affirmation de M. de Montalembertcc Ce Vest cc pas contre les catholiques que l'on invoque la li- cc berté de conscience. C'est contre eux qu'on la cc viole et qu'on l'a toujours violée. Qu'un malheureux séminaristeabrüti par le Père Loriquet, profère de pareilles énormités, il faut le plaindre, non le blamer. Mais qu'un homme comme M. de Montalembert, un académicien par- lantdevantun auditoire intelligent et instruit, ose ainsi mentir au passé et souffleter l'histoire avec une telle impudence, il y a la unexcès de cynisme qu'il est, impossible de signaler de sang-froia. MM. les eléricaux présents au Congrès ont beau- coup applaudi M. de Montalembert. Or,voici ce que nous lisons, a propos de la liberté de conscience, dans la célèbre encvclique de Grëgoire XVI cc De cetté source infecte deTindifférentisme,dé- cc coule cette maxime absurde et erronée, ou plutöt cc ce del ire, qu'il faut assurer et garantir qui que cc ce soit la liberté de conscience. On prepare la cc voie a cette pernicieuse erreur par la liberté cc pleine et sans hornes qui se répand au loin pour cc le malheur de la société religieuse et civile.De lh, cc le changement des espritsune corruption plus cc profonde de la jeunesse, le mépris des choses cc saintes et des lois les plus respectables, répandu cc parmi le peuple, en un mot, le fléau le plus mor- cc tel de la société. C'est ce fléau dont M. de Montalembert, le catho lique, le Ills des croisés, a fait un si brillant éloge devant l'assemblée de Malines. Qu'en va penser Notre Saint-Père? Le Bien public a fait ses réserves. Mais se bornera-t-il a des réserves? II faut, a dit M. de Gerlache, que cc les catholiques se montrent cc catholiques. Les hommes craintifs, versicolores, cc qui cherchent a ménager tous les partis, sont la cc perte de leur parti. A la bonne heure, voila qui est dignement parlé et nous espérons bien après cela que le Bien public saura dire son fait a M. de Montalembert, tout fds des croisés qu'il soit. Nos lecteurs ne sont-ils pas de notre avis, que l'assemblée générale des catholiques est, une des choses les plus amusantes du monde? La liberie de la presse. Nous aimons la liberté de la presse moins peut- être pour elle-mëme que pour toutes les autres li- bertés, dont elle est la gardienne vigilante et la vé ritable garantie. Nous l'aimons pour les mêmes rai- sons qui la font haïr du despotisme; nous la défen- dons avec l'ardeur qu'il met k la proscrire. Quelle forme l'opinion publique ou se borne a la traduire, la presse a une haute mission a remplir initiatrice des peuples aux idees modernes, elle est un glorieux instrument de civilisationinterprète du sentiment gënéral, elle est, dans les pays oü la souveraiheté réside dans la nation, le conseïl des gouvernants etle refuge des gouvernés. On dit souvent qu'elle est un quatrième pouvoir dans l'Etat; on oublie qu'elle n'est et ne peut rien si elle n'exprime la volonténationale,donttousles pou- voirs émanent. Elle ne tire pas sa puissance d'elle- même; elle l'emprunte k l'opinion publique,dont elle rend avec fldélité la pensée et les voeux. Restreindre la liberté de la presse, c'est porter atteinte la liberté même; c'est mutiler la souverai- neté nationale et faire violence a des sentiments qu'il est dangereux de comprimer. C'est a ce point de vue élevé que se plagait le gou vernement provisoire, quand, peu de jours après la révolution qui a fondé notre indépendance, il affran- chissait la presse des lois réactionnaires que lui avait imposées l'administration hollandaise. Dans un arrêté en date du 16 octobre 4830., le gouvernement provisoire annoncait une ferme réso- lution de faire disparaitre cc a jamais les entraves par lesquelies lé pouvoir avait jusque-la enchainé la pensée dans son expression, sa marche et son dé- veloppement. II déclarait, par conséquent, abolie toute loi ou disposition gênant la libre manifesta tion des opinions et la propagation des doctrines par la voie de la parole, de la presse ou de l'ensei- gnement. Le Congrès national consacra l'année suivante la ode lab r presse dans cette Constitution beige, si justement admirée et enviée des peuples du con tinent. Par l'articlc 44, il garantit aux Beiges la li berté de manifester leur opinions en toutes matiè- res; par l'art. 48, il proclama la presse libre et dé- fendit a jamais 1 etablissement de la censure; par l'art. 98, il soumit au jury les délits de la presse par.l'art. 439, il déclara nécessaire de pourvoir k la presse par une loi séparée et dans le plus court dé- lai possible. Cette loi fut faite et promulguée dans la même année par le Congrès national lui-même. Depuis 4834, trente-deux années se sont écoulées qui ont permis d'apprécier dans la pratique des faits une liberté revendiquée par la théorie des idéés. On portait, il y a quelque temps, le nombre des jour- naux beiges a prés de 270; le mal que ces journaux ont fait soutient-il la comparaison avec lebien qu'on leur doit? Le développement intellectuei du pays, les progrès de son éducation politique, n'atteste'nt- ils pas l'heureuse influence que la presse a exercée sur l'opinion publique? II serait ridicule de contester Faction que ces journaux ont eue sur l'esprit de la generation qui s'est élevée sous notre régime constilutionnel. Cette génération est-elle moins patriotique, moins amie de l'ordre, moins dëvoiile a la cause du progrès que celles qui Font précédée? Est-elle moins instruite ou moins morale? Personne ne le croit, s'il y a peut-être des gens intéressés a le dire. Pourquoi done la presse est-elle exposée chaque jour a d'absurdes accusations? Comment a-t-elle mérité les preventions qu'elle rencontre dans une partie du public, la malveillance que lui témoigne trop souvent la magistrature et les mesures rigou- reuses prises contre elle a différentes époques? 11 y a la plus d'une grave question étudier et quant a nous nous sommes résolus a nous y dë- vouer tout enliers. Toyndag. IV. Le mercredi de notre kermesse vint seul au monde sans aucune cérémonie, sans se faire devancer ni par le carillon ni par les orgues de Barbarie. Malgré la modestie de sa naissancë il a surpassé en intérêt tous ses devanciers, pompeusement annoncés avant. l'aurore, comme s'ils allaient nous offrir un monde de bonheur et d'intéressantes récréations. Croit-on, paree que Favénemenl, de M. le chevalier Deconinck fut annoncé par une superbe circulaire aux élêc- teurs, et proclamé partout au son des fifres et des tambours de Merckem, que ce cher enfant de coeur du très-honorable M. Van Woumen fera des pro- diges? II s'en est publiquement chargé, c'est vrai, mais... je l'attends k l'oeuvre, et, sans vouloir rien préjuger, je pense qu'il aurait plus sagement agi en s'annongant comme le mercredi du Tuyndag. Ce jour-lh le collége St-Vincent-de-Paul s'était proprement endimanché, pour laisser voir aux pa rents ébahis que, grace a la méthode patronée par Mgr Malou, leurs enfants jeunes encore sont déjh transformés en comédiens charmants. D'après cette méthode, qui laisse toutes les autres derrière elle, il faut étudier la vocation de ïenfiant et le pousser dans la voie tracée par la main de Dieu. A Pope- peringhe,par exemple,oü le Seigneur a fait entendre a la jeunesse un solennel suivez-moi instruc tion,pour être bonne, doit fournir un beau contin gent d'abbés, de moines, de religieux et de congré- ganistes. Aussi, sous la direction d'un maitre qui connait d'expérience ces diverses professions, voyez quels beaux résultats on obtientLe collége de Po- peringhe est une vraie serre chaude pour les ton sures et les habits longs. Quatre pères de familie y ont vu chacun trois de leurs fils se transformer en abbés avant l'age de dix-huit ans. Chaque année les quatre cinquièmes des élèves de rhétorique se con- sacrent au Seigneur. Toute familie poperinghoise, sans exception, a sa large part de parenté avec le L0PINI0N. On s'abonne Ypres au bureau du Journal eliez Felix Limein, impriraeur-libraire, riio de Dixmude, n° S3, et a Bruxelles chez l'éditeur.Prix d'abonnementpour la Belgique 8 fr. par an; 4 fr. SO c. par semestrepour l'étranger le port en sus. Un numéro 2S c. Prix des Annonces et des Réclames-10 c. la petite ligne; corps du journal 30 centimesle tout payable d'avance. On traite a forfait pour les annonces souvent reproduités. Toutes lettres ou envois d'argent doivent être adressés franco au bureau' du journal. Et rose, elle a yécu ce que vlvent les roses, L'espace d'un matin. =SE«^aEB»-— 9

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L’Opinion (1863-1873) | 1863 | | pagina 1