voque les électeurs, écrit les billets, fait les courses electorates et boira la bière du triomphe. De la con gregation émanait depuis trois ans l'opposition sys- tematique a tous les actes de Fautorité civile; h la congregation se préparaient les délibérations que plusieurs conseillers signaient. avec peine et qu'un arrêté royal cassait quelques jours plus tard. Si mes renseignements sont exacts, tous les libéraux se re- tirent devant la lutte, et dorénavant M. 1e curé verra adopter toptes ses propositions avec une tou- chante unanimité. Je regrette la décision adoptée par nos amis, car, en s'abstenant de la lutte ils donnent a M. Samyn l'occasion de s'emparer des électeurs trap faibles pour résister seals aux intri gues et aux menaces de ce digne successeur des apötres. A Ghèluwe, on se dispute comme pour un empire, et les bons paysans, a voir l'ardeur des gens d eglise, soupgonnent plusieurs libéraux d'être fes précurseurs du fameux antéchrist. La passion cléncale s'explique dans ce village, oil, coüte que coüte, il faut installer un bourgmestre orthodoxe. Partout oü ils peuvent viser a la tète, la partie parait belle aux soldats deM.Malou. C'est ainsi qu'aMoor- selede aucun effort, aucune intrigue surtout ne sera épargnée, et Ton sait si l'intrigue y est bien repre sentee II faut 4 tout prix que 1e cïergé fasse mor- dre la poussière au bourgmestre, M.Verlez, conseil- ler provincial, qui s'est permis d emettre un voeu favorable a la revision des lois et règlemcnts sur 1e temporel des fabriques d'égliseDans une commune il faut des hommes de la trempe de M. de Meule- naere (Eugène), bon enfant, formé selon 1e coeur de Dieu et du curéje n'en connais pas a Moorselede plus capable de remplacer M. Verlez... a moins que M. Samyn ne 1e réclame pour la ville de Wervicq Messines aura son candidat catholique, M. Gou- beau, qui, s'appuyant sur M. Butaye, notaire, atta que résolument les candidats libéraux, MM. Bon- dues et Deconinck. IIparait que cette fois M. Butaye a laissé tomber Ie voile qui,depuis qu'ïl postule suc- cessivement des places de notaire, cachait un peu sa physionomie.Ce voile,troué aux élections de juin, devient aujourd'hui un ornement superflu. Je félici- terais M. Butaye de s'être dégagé de son masque, s'il n'avait pris sa resolution un peu tard. L'incon- vénient le plus grave que je trouve dans ce change ment, c'est que M. Cardinael, candidat libéral a Ypres, pourrait bien ne pas jreconnaïtre son gendre régénéré par les élections A Becelaere M. Delefortrie remplit depuis quel ques années les tristes fonctions de suppöt de l'en- fer au collége échevinal. II est done décidé en sa cristie qu'il sera immolé pour la plus grande gloire de Dieu. Un homme comme M. Delefortrie, qui ne rougit pas d'etre l'ami de M. Bayart, son bourgmes tre, ne mérite pas de siéger plus longtemps au con- seil de la commune. De par la charité du Christ il faut qu'il tombe sous les coups de la calomnie elé- ricale Que se passera-t-il a Rousbrugghe, a Watou, a Poperinghe et dans les autres communes de l'arron- dissement? Je l'ignore aussi bien que si tous ces endroits se trouvaient en Chine. Dans ces circon- stances le plus sage sera d'attendre. A Ypres tout l'intérêt se résumé dans la liste que vous avez pu- bliée. II n'y aura ni lutte ni grand intérêt a nos élec tions. Le canal d'Ypres. Une correspondance intitulée le canal d'Ypres» et insérée dads 1e Progrès du 20 septembre dernier, causa dans l'arrondissement une surprise générale, a laquelle nous avons cru devoir laisser toute sa \i- bre expansion. Un mois s'est écoulé et il n'est pas a notre connaissance que, soit nos populations, soit les corps constitués, aient fait un retour sur l'ac- cueil unanimement favorable qu'ils firent d'abord au nouveau canal. Dans la pensée du correspondant deux raisons militent surtout contre l'exécution du projetle morcellement des propriétés et la nécessité d'em- prunter a la Lys une partie des eaux putrides de la Deule, qui répandraient sur Ypres leurs miasrnes pcstilentiels. Une juste et préalableindemnitéaccordée auxpro- priétaires écartera 1e premier grief, qui en Belgique n'a jamais prévalu contre l'exécution des travaux d'utilité publique. Quant aux eaux de la Deule, pour être impures et désagréables, elles ne sont pas nécessairement dan- gereuses. Saufle respect que nous devons aux mé- decins distingués qui, dit-on, se sont occupés de ces eaux, nous ferons observer qu'a Lille, oü elles coulent pendant toute l'année, k Deulemont, a War- neton, 4 Comines, ou elles sont mêlées aux eaux de la Lys, elles ne portent aucune atteinte sérieuse 4 la salubrité publique. Nous croyons d'ailleurs qu'on a beaucoup calomnié les eaux de la Deule au profit du rouissage, et l'on a bien fait. Les richesses que le commerce et l'industrie puisent dans l'usage des eaux l'emportent sanscontredit surtesinconvénients résultant de eet usage. Un Courtraisien, par exem- ple, qui habite les bords de la Lys,avouera bien que les eaux du rouissage ne sentent pas la rose, mais il les accepte sans murmurer, paree qu'elles alimen- tent l'industrie. Le commerce et l'industrie amèncnt leurs inconvénients,que compensent d'incalculables avantages, et si Ypres veut loger ces deux mères nourricières des villes et des nations, elle devra a son tour sacrifier quelques douceurs de sa tristevie de rentière. Avant de condamner le canal, a raison de ses eaux, ne serait-il pas bon d'attendre que celles-ci soient définitivement jugées et condamnées? Nous ne discuterons pas avec l'auteurde lalettre Yutilité relative du canal. D'autres travaux seraient ils plus avantageux? Cela est possible. Mais ce qui nous parait moins possible, c'est la destination nou velle proposée pour les2,800,000 fr.desubsides ac- cordés par l'Etat. Le correspondant en ferait un nsage qui fait honneur a ses sentiments et a sa pers- picacité, mais qui le brouillerait gravement avec la cour des comptes. Ainsi il accorderait une belle in- demnité a l'ingénieur et aux concessionnaires pour engager ces messieurs a no pas construire le canal et pour les indemniser de leurs études, voyages, etc.; le reste servirait a créer par-ci par-14 des routes et des chemins de fer dans l'arrondissement d'Ypres. Quant aux actionnaires-fondateurs.ils méritent si peu de considération, qu'ils n'auraient pas le droit de mettre la main dans le sac des 2,800,000 fr. II est peut-êlre des financiers collets-montés qui rirontde cette ingénieuse repartition; néanmoins nous la re- commandons a qui de droit, paree quelle nous pa rait fort originate. Sous le point de vue moral, le nouveau canal ne mérite aucune sympathie, car,dit le correspondant. il doit son origine a des intéréts personnels. II faut bien le reconnaitre,ces méprisablesintéréts personnels se glissent effrontément dans toutes les entreprises, et sont le mobile de la plupart des ac tions humaines. Hatons-nous toutefois de dégager sous ce rapport le Sénat, la Chambre des représen- tants, l'administration communale et la chambre de commerce, qui, tout en appuyant énergiquement le canal, sont croyons-nous, demeurés étrangers a toute pression d'intérêt personnel, sauf qu'ils ont été les victimes d'habiles spéculateurs. II en est de même sans doute de toute la population d'Ypres,qui lors de l'entrée de M. Ie ministre de l'intérieur ne se lassait pas de chanter sur tous les tons vive Lys- Yperlée Et M.le ministre lui-même,qui a sacrifié plusieurs années de sa vie a préparer l'exécution d'un projet que les siècles passés ont dü abandonner, a-t-ildonc été dupe lui-même de ces intrigants qu'on appelle intéréts personnels? En derntere analyse, si le correspondant est dans le yrai, si le canal doit nous amener la peste, dé- truire nos propriétés pour ne servir que des inté réts personnels, nous renongons a l'idée d'accorder une indemnité aux concessionnaires eta l'ingénieur. Loin de féliciler M. le ministre d'avoir mis a profit sa haute influence pour faire voter un aussi détes- table projet de loi, nous le plaignons sincèrement de s'être laissé aveugler par d'ingénieux spécula teurs. CoiTespondaiice particuliere de L'OPIMON. Faisons d'abord une croix sur la fameuse correspondance de VEcho du Luxembourg relative au conseil des ministres du 4 de ce mois et au voyage du Roi, correspondance qui a regu cette semaine de si cruels démentis, bien que 1 'Echo du Par lement l'eüt reproduite dans ses colonnes en disant que tous les renseignements qu'elle contenait étaient aussi exacts que ceux domes confrères et les miens étaient faux.II reste aujour d'hui avéró que le Roi a présidé le conseil des ministres avant son départ, ce qui est bien naturel de la part d'un souverain aussi prévoyant que le notre, et qu'il est parti de Bruxelles avec l'intention bien arrêtée de pousser jusqu'4 sa villa du lac de Cöme et de rester absent pour l'époque de la réunion des Chambres. Au reste, les points principaux du programme du cabinet, exposés dans le discours du Tróne en 1861, sont en core 4 l'état de projets, et je ne vois pas, pour ma part,ee que le Roi eüt pu faire cette année, sinon un appel 4 la conciliation des deux partis qui eüt été la négation de la politique du mi nistère. II est évident qu'aussi longtemps que l'on n'aura pas trouvé les moyens de prévenir et de réprimer au besoin les abus qui se sont révélés dans l'exercice des droits électoraux,» comme le commandent l'honneur des institutions représen- tatives, l'honneur de toutes les opinions, l'honneur du pays aussi longtemps que l'organisation judiciaire, la réforme de la contribution personnelle ct la sécularisation des biens affectés au temporel des cultes ne seront pas des faits accomplis; aussi longtemps que le Code pénal ne sera pas promulgué, et que les lois de la milice ne seront pas réformées, le programme du ministère restera debout, et le Roi n'aura plus rien 4-dire 4 la législature. La session s'ouvrira done sans bruit, et il est certain que le ministère fera tout son possible pour ajourner, autant qu'il se pourra, toute motion susceptible de surexciter les partis en l'ab- 8ence du Roi.Mais je me demande comment il y pourra parvenir surtout s'il est vrai, comme tout porte 4 le croire, que la validité des élections de Bruges sera contestée au moment de la verifica tion des pouvoirs.Quoi que puisse dire et faire le ministère, la session sera certainement très-bruyante, car la vérification des pouvoirs sera 4 peine traversée que deux propositions de loi relatives 4 la pfesse seront déposées surle bureau par M. Coo- mans, et il faudra bfen que le ministère dise, de deux choses l'une s'il veut nous restituer nos droits constitutionnels, ou si c'est lui qui faitsoutenirdans 1'Echo du Parlement que nons ne pouvons pas plus critiquer la gestion flnancière d'une ad ministration publique que celle d'un particulier. Vous savez que sur ce terrain 14 il n'y aura plus ni catholiques, ni libéraux, car tout ce qui pense et agit librement dans la presse libérale a faitle serment de combattre houtrance la réélection de tout membre de la Chambre, ministre ou simple député, qui refu- serait de nous rendre justice lorsque sonnera l'heure du vote. Le décret de 1831 a institué le jury pour tousles délits politi- ques et de presse nous voulons qu'on nous restitue le jury, et c'est au gouvernement qu'il appartient de concilier nos droits constitutionnels, supérieurs 4 tous autres, avec les textes du Code civil. Reste encore 4 savoir si la nouvelle députation d'Anvers n'a pas en poche quelque proposition de loi qui remette en question tout ce qui a été fait jusqu'ici pour assurer la défense nationale. Je suis convaincu, quant 4 cela, que la Chambre ne se laissera pas entralner, et que tous les chefs du parti catholique vote- ront avec la majorité pour écarter la proposition; mais enfin nous allons avoir affaire 4 des gens qui ont le droit souverain de parler 4 la tribune nationale, et il faudra bien qu'on les écoute. ór, si j'en crois certains bruits arrivés jusqu'4 moi, il pourrait surgir de la discussion quelque incident de nature 4 provoquer une enquête assez redoutée. Enfin, en admettant même que le ministère traverse heureu- sement tous ces écueils, il seretrouvera toujours en face de la question de parti. Or, qui oserait soutenir que toujours, quoi qu'il arrive, la majorité parlementaire restera compacte et ser- rée autour du cabinet, alors que 1 'Echo du Parlement lui- même en est venu 4 redouter les trahisons, si cette majorité pouvaitse prononcer, auscrutin secret, sur le sort du minis tère Au reste, ce n'est pas 14 ce qui effraie M. Frère-Orban, car il n'est pas impossible que le ministère tente lui-même une dissolution des Chambres et cherche ainsi 4 constituer une majorité qui lui permette de poursuivre sans hésiterl'accom- plissement de son programme Je vous avais déj4 dit un mot de cette éventualité. Je cite aujourd'hui le correspondant de la Meuse, un membre de la Chambre des reprósentants qui n'ignore pas toujours ce qui se passé dans les sphères gouver- nementales. Maintenant, que le Roi est 4 Cóme,il m'appartient plus qu'4 tout autre de me demander s'il y restera aussi longtemps qu'il se l'était proposé en quittant Bruxelles.Le Roi se dirigeait vers un paradis, ilest arrivé dans un désert. En effet, une dépêche de Carate-Lario, sur la rive méridionale du lac, portant la date du 17 octobre, nous apprend que le jeudi précédent, 4 la suite de pluies diluviennes, la montagne qui domine les cascines de Moline s'est écroulée dans le lae en défonpant toutes les mai- sons qui se trouvaient sur son passage, et en ensevelissant sous les décombres trente-cinq personnes surprises dans leur lit. La villa Buttafava a été traversée par le torrent, et le café de la villa Sangiulani a été englouti par le lac. La dépêche ajoute que toutes les villas situées sur le lac ont souffert quel que dommage. II se pourrait très-bien, d'abord que la villa appartenant au Roifüt endommagée comme les autres, et puis que le spectacle de la désolation générale donnat peu d'envie 4 S. M. d'établir son séjouè 4 C6me. Je ne pourrais done dire le temps que le Roi y restera, ni oü il se rendra pour passer l'hiver. Le Court-Journal, de Londres, a bien annoncé, ces jours-ci, qu'on attendait le roi Léopold en Angleterre, et qu'il y passerait deux mois, mais j'ai des raisons de croire que cette nouvelle est dépourvue de toute vraisemblance. Causons un peu maintenant de nos élections communales. Je.ne sais pas si je suis parvenu, dans mes correspondances précédentes, 4 vous donner une idéé de ce qui se passé 4 Bruxellesje vais tacher de vous le dire en quelques mots. D'abord nos catholiques, qui ont été battus 4 plate couture aux élections législatives du mois de juin, ont prudemment déserté la lutte. Le Journal de Bruxelles a annoncé que l'association constitutionnelle et conservatrice avait résolu de s'abstenir, paree que le parti maconico-libéral est organisé et discipliné, 4 Bruxelles, d'une manière telle que l'asservissement du corps électoral y est presque complet.Je ne discute pas les raisons de l'abstention des cléricaux, je me borne 4 en prendre acte. Ils ne sont pas contents, cela est clair; mais ils sont battus et se le tiennent pour dit. Ne parions done plus d'eux, car cela manquerait de générosité ce sont des ennemis par terre. Vous vous figureriez, sans doute,qu'oü il n'y a pas de catho liques sous rocheil n'y a plus de lutte possible? Ce serait une erreur. Nous avons ici, d'une part, YAssociation libérale, qui a toujours eu le monopolede désigner les candidats au corps élec toral, et, d'autre part, le Meeting libéral, successeur de l'an- cienne Louve, qui appelle 4 lui candidats et électeurs et dis cute publiquement les mérites des personnes qui se recomman- dent aux suffrages de leurs concitoyens. L'Association, qui avait fait au mois de juin de la conciliation aux dépens de sa dignitó, a eu le grand tort, selon moi, de ne pas pousser cette conciliation jusqu'4 proposer de maintenir au conseil tous les membres sortants, y compris M. Lacroix, bien qu'il eüt flétri énergiquement la convention du mois de juin. M. le sénateur Van Schoor, le nouveau président de YAssocia- tion, aurait dü se rappeler et mettre en pratique cette maxime de l'illustre fondateur du parti libéralPas de rancunes en politique. Mais non, M. Van Schoor a gardé rancune 4 M. Lacroix, celui-ci a cru prudent de ne pas exposer sa candi dature 4 être étranglée au poll sans qu'on lui dise même pour- quoi ce qui est arrivé 4 un autre conseiller, M. Vanderlin- den et il en est résulté qu'un des conseillers sortants les plus actifs et les plus éclairés, auquel on ne peut reprocher au cun deses votes, s'est trouvé exclu de la liste de YAssociation etjeté en quelque sorte comme un paria hors de l'Eglise libé rale. Le Meeting a naturellement ramassé cette épave et en a fait en quelque sorte son drapeau; il a accolé 4 ce nom celui d'un ingénieur distingué, M. Splingard, qui n'a pas voulu non plus se souraettre 4 l'épreuve du poll de YAssociation, et il a substitué le nom de M. le docteur Crocq 4 celui de M. le docteur de Rou- baix, non paree que ce dernier est moins illustre que son com- pétiteur, mais paree que M. Crocq s'est prononcé en faveur de Bruxelles* le 24 octobre 4863.

HISTORISCHE KRANTEN

L’Opinion (1863-1873) | 1863 | | pagina 2