JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSENIENT. YPRES, Dimanche. première ay'A'ÉE. S[»8S, ler novembre 4868 Lc Journal paralt le dimanche de ehaque semaine. laissez dire, laissez-vous blkmer, mais publiez votre pensee. V Les élections communalcs. Les journaux cléricaux essaient d'amoindrir l'im- portance de la victoire que l'opinion libérale vient de remporter. C'est leur droit, et nous aurions mau- vaise grace a y contredire.Mais il nous a paru utile de résumer ici les résultats générauxde lalutte, afin que nos lecteurs soient mis k même d'apprécier, en parfaite connaissance de cause, les étranges alléga- tions produites,depuis trois ou quatre jours, paries véridiques organes de nos évêchés. De nos neut chefs-lieux de province, buit se sont unanimementprononcés en faveur de la liste libérale pure de tout mélange. An vers seul fait exception et encore serait-il difficile de dire si la liste du mee ting est plutöt catholique que libérale. Dans trois de ces chefs-lieux, a Bruges, a Namur et a Hasselt, la lutte a été des plus vives, des plus acharnées. Ni k Bruges, ni k Namur, les cléricaux ne sont parve nus a lnire passer un seul candidat. A Hasselt, un seul clerical a été nommé sur cinq libéraux. Si, des chefs-lieux de province, nous passons aux chefs-lieux d'arrondissement judiciaire, nous cons- tatons des résultats non moins significatifs. La Belgique est divisée en 26arrondissements ju- diciaires. A l'heure oü nous écrivons ces lignes, les résultats sont coilnus dans vingt-trois chefs-lieux, qui sont l°Bruxelles, oü toute la liste libérale a passé; 2" Louvain, même résultat; 3" Nivelles, cinq libé raux et un clérical élus 4° Anvers, liste du meeting; 5° Malines, buit libé raux, un catholique; 6° Turnhout, résultat inconnu; 7°Gand, liste libérale compléte; 8° Termonde, trois cléricaux, deux libéraux; 9° Audenaerde, liste libé rale compléte; 11° Bruges, liste libérale compléte; 41° Ypres, id.; 42° Furnes, id.; 43° Courtrai, liste cléricale compléte. 14° Mons, liste libérale compléte43° Tournai, id.; 46° Charleroi, id. 47° Namur, liste libérale compléte; 48°Dinant, id. 49° Arlon, liste libérale compléte20° Neufcha- teau, id.; 24° Marche, trois libéraux et un clérical. 22° Hasselt, liste libérale compléte; 23° Tongres, résultat inconnu. 24" Liége, liste libérale compléte; 25° Verviers, id.; 26° Huy, id. En résumé, sur 23 chefs-lieux d'arrondissement dont les résultats électoraux sont connus, dix-huit ont voté pour la liste libérale compléte, et trois, Ni- velles, Malines et Marche,lui ont donné une immense majorité. Un SEUL, Courtrai, s'est prouoncé en faveur de la liste cléricale compléte, et un SEUL aussi, Termonde, lui a donné une faible majorité. Voilk des chiffres positifs, authentiques. Le Bien public, la Patrie, oseraient-ils les con tester? Ce n'est pas tout nous avons sous les yeux les résultats des élections dans les soixante-huit princi- pales villes de la Belgique. Sur ces soixante-huit villes onze seulement votent des listes cléricales pures; ce sont les villes de Stavelot.St-Trond, Chimay, En- ghien, Dixmude, Wervicq, Thielt, Courtrai, Deynze, Eecloo et Saint-Nicolas, quarante-sept villes votent deslistespurement libéraIes,etDix, des listes mixtes. Et encore, parmi ces dernières la majorité libé rale est-elle considérableNivelles élit cinq libéraux sur un catholiqueMalines, buit libéraux sur un ca tholique Lierre, cinq libéraux sur un catholique Marche, trois libéraux sur un catholique Hasselt, cinq libéraux sur un catholique. Partout oü les ca- tholiques triomphent, au contraire, ils ne l'empor- tent que dun ou deux candidats, sauf k Renaix, oü ils en obtiennent cinq sur sept k élire. Si nous avons pris la peine de releverces chiffres, ce n'est pas pour le vain plaisir de confondre la jac- tance de nos adversaires. Notre victoire est trop éclatante par elle-même pour que nous ayons a craindre qu'on parvienne a 1'obscurcir. Mais les chiffres renferment un enseignement qui ne doit pas être perdu. Ils prouvent que l'immense majorité du pays, dans les villes surtout, est fermement dévouée k la cause libérale et que les menaces, les calomnies de nos adversaires ne peuvént rien sur l'excellent esprit qui l'anime. Si le ministère a pu hésiter pendant quelque temps, s'il a pu douter que l'opi nion consentit a le suivre dans les voies d'une poli tique énergique et progressive, ses doutes, ses hé- sitations seraient sans excuse en presence du résultat magnifique de nos dernières élections. Le ministère a voulu connaitre l'opinion du paysil la connait aujourd'hui. A lui d'y couformer sa con duite et de donner satisfaction k ses légitimes exi gences. Le parti libéral compte dans notre province plu- sieurs beaux triomphes. Citons de suite la vilie de Bruges, oü les électeurs ontdignement vengéM. De- vaux des intrigues qui l'avaient terrassé au mois de juin. Instruits par l'expérience, les libéraux ont veillé sur les menées de leurs adversaires, et s'ils n'ont pas déjoué toutes les fmasseries de Tartuffe, tout au moins sont-ils parvenus cette fois a rouvrir les yeux de quelques électeurs de la ville dont on avait alors surpris ou extorqué le vote. L'echec subi dans sa métropole par notre turbu lent évêque serait de nature a aigrir encore sa bile antilibérale, si ccla était possible. Depuis son avé- nement, il rêve pour la Flandre occidentale l'orga- nisation paternelle d'une province romainc.A Bru ges l'humble prélat devait gouverner la ville par l'in- termédiaire de ses fidèlesinstruments,et dans toute 1'étendue de laprovince lepouvoircivil serait subor- donné a l'influence occulte du clergé. Malheureuse- ment, les électeurs ontsuccessivement par leur vote ébranlé les fondements du tróne, a la creation du- quel le modeste évêque aura vainement sacrifié sou existence. Cette fois, il avait espéré qu'il serait au bout de ses peines; ses faits et gestes du mois de juin l'avaient rendu présomptueux, et voilk pour la dixième fois que le corps électoral repousse sa pa ternelle domination II faut le reconnailre, le coup pour être mérité n'en est pas moins rude, et ni les victoircs partielles remportées dans quelques villa ges, ni la faible défaite des libéraux a Courtrai ne pourront consoler le doux pasteur de nos kmes de l'humiliante déception dans laquelle s'évanouit de reelief son beau rêve de domination terrestre. Le bouquet électoral que le clergé offrira a son évêque ne sera pas vierge de mauvaises herbes, et les grandes consolations apportées par les T. C. Frères ne suffiront pas pour tarir la source des abon- dantes larmes arrachées au cceur du Pèke par les incaleulables malheurs du temps. Un de ces mal heurs est arrivé k Rooiers, oü toute l'influence clé ricale n'a pas su triompher de l'esprit d'indépen- dancequi, dans cette localitë, s'empare du commerce et de l'industrie. Grace a l'ardente initiative de quelques hommes de coeür qui ne cessent de signaler a leurs conci- toyens l'hypocrisie politique de leurs adversaires et l'esprit de rapacité qui les pousse au chevet de tous les moribonds, la ville de Roulers s'affranchit réso- lument de l'étreinte cléricale qui l'étouffait. Nos pas- teurs en gémiront, mais nous en félicitons sincère- ment nos amis. Rien de plus facétieux que le Progrès! A Ten croire le libéralisme n'a que des triomphes a enre- gistrer dans notre arrondissement et, pour le prou- ver, il fait une longue énumération de communes oü des élections ont eu lieuil cite des noms, il produit des chiffres. II n'oublie qu'une chose, c'est de dire si les vainqueurs sont nos amis ou nos ad versaires. Ecoutons plutöt. A Houthem, a Elverdioghe, a Boesinghe, a Re- ninghelst, aVoormezeele,les membres sortants sont réélus. Mais ces membres sortants sont-ils libé raux ou catholiqueset prétendra-t-on par hasard qu'k Voormezeelee l'administration est libérale? 11 y a plus les assertions du Progrès sont inexactes. C'est ainsi que nous savons fort bien qua Reninghelst entre autres le clergé a éliminé un conseiller libéral et maintenu tous ceux que notre parti combattait. Voilk pour les localités citées par notre confrère. Parions un peu maintenant de celles qu'il passe sous silence. A Wervicq, a Dickebusche, k Passchendaele, sont-ce nos amis qui ont triomphé? Sont-ce nos amis qui ont été élus a Rousbrugge-Haringhe, M. le juge de paix Peene en tête? Et a Vlamertinghe, le Progrès ne sait-il pas qu'après avoir maintenu au conseil un locataire de M. Du Pare, le chateau et le presbytère ligués ont remplacé un libéral dévoué par. un de leurs instruments? Ignore-t-il qu'a Proven un des candidats les plus chaudement patronnés par M. le sénateur Mazeman n'a dü son salut qua uu ballottage? A Waton encore, quel est celui qui, en dépit du bourgmestre et des efforts réunis de toutes les autorités, a fait passer au premier tour de scrutin sa liste toutentière k la barbede toutes les influences de l'arrondissement? N'est-ce pas l'homme qui avait joué l'opinion libérale au mois de juin Sont-ce la les victoires du ProgrèsQuant a nous, •nous n'y voyons que des défaites. La joie de notre confrère nous sembletout a fait inopportune et nous lui conseillons fort de mettre une sourdine k soa enthousiasme. Nous regrettons amèrement tant d'amis coura- geux qui tombent, nous déplorons les pertes que nous subissons dans un si grand nombre de locali tés, mais nous estimons aussi qu'il est plus noble et plus digne d'avouer ses échecs et d'y puiser des le- gons pour l'avenir que de vouloir paraitre maitres partout pour le vain plaisir de jeter de lapoudre aux yeux du public. Et, a ce propos, nous engageons notre sagace confrère k réfléchir aux causes des dé faites que lc libéralisme vient d'essuyer dans notre arrondissement; il y découvrira peut-être plus d'un sujet de méditation. Cet examen de conscience, pour être moins agrédble, sera plus utile a coup sur que sa joie de contrebande. A Ypres aucune lutte n'a eu lieu. Mais on setrom- perait étrangement si l'on en concluait que toutes les candidatures ont obtenu au même titre l'assen- timent dc l'opinion publique. Non pas que le libéra lisme fasse défaut a nos concitoyens; bien au con traire, et c'est précisément paree que l'opinion publique estopposée aux doctrines cléricales etanti- pathique au programme du Congrès de Malines que 214 électeurs sur 369 sont venus protester, soit par l'abstention, par billets blancs ou par des voix perdues, contre la politique hybride qui tend k pré- dominerdeplus en plus et qui consistea prendre pour candidats précisément ceux dont les précédents of- rent le moins de garanties au libéralisme politique de- L'OPIIMION. On s'abonne a Yprns au bureau du Journal chez Filix Umbin, imprimeur-libraire, rue de Dixmude, no 58, eta Bruxellea Chez l'éditcur.— Prix d'abonnementpour la Belgique 8 fr. par an4 fr. SO c. par semestrepour I etranger le port en sus. On numéro 2S c. Prix des Annonces et des Réclames -10 c. la petite ligne; corps du journal 30 centimesle tout, payable d'avance. On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres ou envois d'argent doivent être adressés franco au bureau du journal. YPRES, 1" noveaabre 1863. Dans le Brabant. Province d'Anvers. Flandrii orientale. Flandre occidentale. HainauL. Province de IVainuiv Province de Luxembourg. Province de Limbourg. Province de Liége.

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L’Opinion (1863-1873) | 1863 | | pagina 1