JOURNAL 1)'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT
paraissant le Dimanche de chaque sernaine.
YPRES, Dimanche
PREMIÈRE ANNÉE. N° 33.
6 DÉCEMBRE 1863.
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LES BILLETS MARQUÉS.
Le vole par ordre alphabétique mellra-t-il
(in ions les alius qui se sont ma titles lés, de-
]>uis quelques ann.ées, dans l'exercice des
droits électoraux Fera-t-il immédialement
cesser Ie scandale des billets marqués? Cou-
pcra-t-il court a cette gangrene de corruption
que nous avons signalée dans noire premier
article et qui prend, chaque jour, des propor
tions plus étendues? Avec le vote par ordre
alphabétique, n'aurons-nous plus que des elec
tions libres, sineères, exemptes de fraude et
deconlrainte? Les partisans les plus fervents
de ce système ne i'onl jamais pensé. Le
moven proposé par la section centrale, disait
M. Muiier, dans la séance du 15 avri! 1859, a
la Chambre des représentants, elie ne vous l'a
point annoncé comnse une panacee, comme
élant la seule loi possible a uécréter. Elle vous
a dit «voila une première mesure eflicace,
qui délrujra en grande parlie les abus criants
dont se plaint {'opinion publique, ces abus
qui la soulèvent d'indignation quand ils arri-
vent a sa connaissanceparee qu'on ne fait
pas tout a la fois, vous vous retranchez sur
ce qu'en lout cas la mesure serail incomplete
Kous admettons, nous, qu'il en faudra d'au-
tres encore pour empêcher les scan dales élec
toraux de toute nature, et nous vous appuie-
rons, ajoutail-il en s'adressant a ia droite,
quand vous ne nous parlerez plus au nom de
l'esprit de parli, mais au nom de ia moralité
publique.
La section centrale, auteur des amende-
ments relatifs au vole par ordre alphabétique,
s'exprimait a peu prés dans lesmêmes lermes.
Voici ce qu'on lit dans le rapport de M. Mo-
reau Sans doute, la mesure proposée ne
remédiera pas a toute fraude électorale, mais
n'aurait-elle pour résultat que de mettre un
frein aux abus signaiés, qu'elle serait salu-
taire et devrait ètre adoplée par lous ceux qui
ont sincèrement a coeur la liberie plus grande
du vole de l'électeur, puisqu'elle ne porie a
aucun inlérèt légitime ou avouable le moindre
préjudice.
Les adversaires du vote par ordre alphabé
tique sont done on ne peut plus mal venus a
repousser cette mesure sous prétexte que son
application laisserait debout un grand nom-
bre d'abus électoraux. II est clair, en efl'et,
que chaque abus appelle un remède particu
lier, et personne, mêfne parmi les partisans
les plus determines de.ee svslème de vota-
tion, ne prétendra qu'il aurait pour effet de
resiiluer a l'électeur son independence com
pléte et absolue. Mais ce que tout bomme de
bonne foi, pour peu qu'il ait la pratique des
luties éleclorales, doit admetlre e'est que
cette mesure conlribuerait puissamment a
assurer le secrel du vote et a diminuer 1'usage
des billets marqués.
Les billets marqués, disions-nous dans un
précédent article, deviendront plus rares a
mesure que leur verification sera rendue plus
difficile. Ce qui fait aujourd'bui Ia fortune du
billet marqué, c'esl précisémenl qu'il ne peut
échapper a la surveillance du préposé, chargé
devéfffier sa sortie. L'électeur sait qu'il es-
saierait vaincment de se sousfraire a ce con
trole, el cette certitude lui enlève toute liberté.
Failes, au contraire, que ce controle ne donne
que des résultats douteux, incerlains; envi-
ronnez-le de difficultés telles que le préposé
ne puisse plus s'y fier avec une certitude com
pléte. Qu'arrivera-t-il? C'esl que l'électeur,
sur de l impuirké, recouvrera son indépen-
dance el (jue les amateurs de billets marqués,
rie pouvant plus compter sur l'infaillibilité
du controle, finiroat par y renoncer d'eux-
mêmes.
Resle a voir si le vole par ordre alphabéti
que ajouterait une difficulté de plus a celles
que nous avons signalées dans nos précédents
articles comme devant enfraver le controle
des billets marqués. Pour s'en convaincre, il
suffit de se rappeler la manière dont. se pas
sent les choses sous l'empire de la législation
actuelle. Aujourd'bui les élccteurs apparte-
nanl a une même commune votent lous en
semble dans un même bureau. Rien de plus
facile, dès-lors, que de les surveiller et de con-
tröler leurs bulletins tous se connaissent et
sont connus du chef commis a leur garde.
Groupés aulour de ce chef, ils atlendent i'ap-
pel de leur nom et s'en vont, cbacun a son
tour, déposer dans l'urne le bulletin qu'ils ont
recu, parfois au moment même, des mains
du chef. J'ai vu le cassuivant, disait M. E.
Vandenpeereboom, dans la séance du 42 avril
t 1859lorsque l'électeur passait pour se
rendre au scrutin, on lui remetlait, en pré-
sence de toute la section, un billet qu'il
était obligé de déposer.Quant au controle
des bulletins au sortir de l'urne, il s'opère
non moins aisément Les bulletins marqués
sont confectionnés par un comité nommé
ad hoe un délégué de ce comité se charge
du controle; il en communique les résul-
tats a cbacun de ceux qui se sont fait déli-
vrer ces bulletinson opère ainsi la vérifi-
cation pour cent bulletins aussi commodé-
ment que pour un seul.(Discours de M. le
représentant Tack, séance du 42 avril 4859.)
Au système actuel, qui engendre tant d'a
bus, substituez un instant par la pensée 1c
vole par ordre alphabétique. Les électeurs
d'une même commune sont dispersés dans
sept ou buit bureaux différents. Plus de sur
veillance possible, par conséquent. Dans ce
vaste local oü se pressent plusieurs cenlaines
de eiloyens inconnus les uns aux aulres, cba
cun se sent libre et indépendant, même ceux
qui ont recu des bulletins marqués, car ils
savent, ceux-ci, que le controle de ces billets
est devenu difficile, douteux et qu'ils pourront,
le cas échéant, sauver la liberté de leur vote
par un mensonge. Sans doute, parmi ces élec
teurs, beaucoupauront subi,avant leur entrée
dans cette salie, l'empire dè bien des influen
ces illégitimes, immorales même et, sous ce
rapport, le nouveau système n'aura remédié a
rienmais, ce que ce système leur donnera,
c'est la liberté au moment du vote même.
Débarrassé, au seuil du bureau électoral, des
influences diverses qui l'ont obsédéjusque-la,
l'électeur renlrera en possession de lui-même
et pourra voter suivant les inspirations de sa
conscience. On tient des meetings, a dit
M. Vandenpeereboom, on fait des visites, on
envoie des journaux, des circulaires; on
fait de part et d'autre ce qu'on peut pour
pour réussir. J'admets cela, mais je veux
un moment oü l'électeur puisse se dire, la
main sur la conscience Quoi qu'on m'ait,
dit, voila le vote que me commande l'inté-
rêt de la patrie.
Ce moment de recueillement, l'électeur ne
l'a pas aujourd'bui. Le vote par ordre alpha
bétique le lui donnera.
{A continuer.)
La Patrie de Bruges annonce qu'un vaste pétition-
nements'organise dans toute la Belgique pour protes
ter contre la profanation des cimetières catholiques.
Nous accueillons avec infiniment de ptaisir la nou
velle publiée par l'organe de Mgr Malou. Ge péthion-
nement, en effet, ne pourra que faire sentir plus vive-
ment au neinistère la nécessité de réviser la législation
qui régit actuellement les cimetières. L'Echo du Parle
ment peut avoir raison quand il soutient que les prm-
(.OPINION
LE TOUT PAYABLE d'aVANCE.
TR01SIÈME ARTICLE.
LES CIHETIÈHES.