JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRQNDISSEMENT
UNE CATASTROPHE.
YPRES, Dimanche
Première année. N° 35
20 Décembre 1863
paraissant le Dimanche de chaque semaine
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LES BILLETS MARQUÉS.
Le ministère a voté, avec le parti liberal
tout entier, le principe du vote par ordre
alpfoabétique. Deux ans plus tard, en 4861,
il déclarait cette mesure inefficace et de nature
a présenter plus d'ineonvénients que d'avan-
tages. II en est une raison assez simple,
disait M. Frère-Orban, dans son discours du
6 décembre 1864a la Chambre des Kepré-
sentants II suffit de voir quel est le nom-
bre des colléges électoraux a une section, a
deux sections, a trois sections, a quatre
sections etc. Or, dans les colléges électo-
raux qui rionl qtiunedeux, trois ou qua-
ire sections, il est bicn clair que les moyens
d'influence cotitinueront a êlre employés
avec ou sans vote par ordre a/phabetique.
li y aurait peut-être une certaine difïiculté
de plus, mais elle ne serait pas considéra-
ble. Or, le nombre de ces colléges élec-
toraux est beaucoup plus grand qu'on ne
le suppose. La mesure se trouverait done
appltquée utilement dans les grands col-
leges électoraux. Or e'est la en tjièse
générale, il y a quelques exceptions, que
j'abus de ce genre d'influence est moins a
craindre que parlout ailleurs.
Tels sont, d'après M. Frère-Orban, les prin-
Nos lecteurs nous sauront gré de leur dormer un
nouvel extrait du Maudit.
cipaux motifs qui ont decide le gouvernement
a repousser le vole par ordre alphabétique.
II ne nous sera pas difficile de démontrer
qu'<w point de vue de l'abus des billets mar
quésle seul dont nous ayons a nous occuper
ici, ces motifs sont dénués de toute espèce de
fondement.
Le gouvernement nous fait d'abord une
première concessionilconvientque la mesure
pourrait èlre utilement appliquée dans les
grands colléges électoraux settlement, dit-il,
l'abus est moins a craindre lit que partout
ailleurs.
Oui, répondrons-nous, il est vrai que, dans
les grands colléges électoraux, composes en
majorilé d'élecleurs urbains, l'abus des billets
marqués oiïre moins de dangers que dans les
colléges plus restreintsmais ces dangers,
pour èlre moindres, n'en sont pas moins très-
réels et trés-sérieux. Voyez ce qui s'est passé
lors de nos dernières elections générales A
Bruges, un grand coilège éleeioral, celui-la
treize voix de plus donnaient a M. fievaux la
majorité absolue au premier tour de serutin.
A Land, un déplacement de vingt-cinq voix
suffisait pour assurer ia victoire de ia liste
catholiqueloutentière. A A'ivelles, qui compte
prés de trois mille électeurs, onze voix de
plus données a M. Mercier fesaient échouer
M. Le Hardy de Beaulieu. Et quand on a sous
les veux de pareils résultats, certes, personne
ne peut sérieusement soutenir que l'abus des
billets marqués soit sans danger dans les
grands colélges élecloraux. Nousdirons, nous,
que ces dangers sont graves, très-graves et
qu'il est du devoir du législateur de les con
jurer par lous les moyens possibles.
II nous serail démontré que, dans les collé
ges électoraux nombreux, les bulletins mar
qués sont sans influence sur le résultat du
serutin, que nous n'en persislerions pas moins
d'ailleurs, a réclamer pour tous les électeurs
et pour chacun d'euX le droit de voter libre-
ment. Est-ce une raison, paree que mon vole,
a moi, sera noyé dans la masse, pour que la
loi ne me protégé pas contre les influences
dont on voudrait abuser pour me contraindre
a voter conlre ma conscience Alon droit est
mon droit. 11 est le mème parlout, dans un
grand collége comme dans un petit et la loi a
le devoir de me protéger, n'importe oü je
1'exerce.
II n'y a done nulle distinction raisonnabie
a établir entre les grands et les petils arron-
dissements l'abus des billets marqués se fait
sentir daas ies uns comme dans les autres et
le droit individuei de chaque éleeteur réclame
une égale protection, qu'il exerce ce droit dans
une grande ou dans une petite circonscriptioa
éieetorale.
Examinons maintenant les objections du
gouvernement en ce qui concerne les colléges
L'OPINION
LE TOUT PAYABLE d'AVANCE.
CINQUIÈME ARTICLE.
i
FICCILI.F.TO.H DE L'OPI.llOM DC DÊCEDDRE.
Le cardinal arrive dans son appartement, sonna son valet de
chambre.
II était visiblement ému. Les reproches de sasceur, A part
leur exagération au sujet des doctrincsde Julio, lui paraissaient
justes sous un point de vue. II souffraitde s'ètre trouvc en
défuut devant elle. II se scntit la tête prise. II se regards au
miroir et il se fit peur. Une vivo couleur de pourpre couvrait
forteinent le haut de son visage. De vogues nuages passaient
devant tui. II se jeta sur un fauteuil.
II se rappela qu'il avait dine sous 1'iinprcssion d'une contra
riety vive.
Ce ne sera rien, se dit-il a lui-même, mais je tiens une
bonne indigestion.
Dans le moment parut son valet de chambre.
Eminence, je ne suis pas venu de suite. Un monsieur por-
eurd'uue lettre, demandait qu'elle vous fut remise sans délal.
Je ne voulais pas déranger Voire Eminence. 11 a insislc. II avait
ordre de ne la remettre qu'A Votre Eminence elle-même. Je lui
tii refuse l'entrée de votre appartement; mais je lui ai promis
de vous remettre la leitre dés cc soir.
Ah! que Jes affuiressont enuu>eusesVoyons cc quec'est.
Et prenant ia lettre qu'il approcba d'une bougie, il lut ce qui
suit
Eminence, e'est sous la douloureuse impression de ce que
nous avons entendu aujourd'hui du haut de la chaire do notre
calhédrale, quo nous vous écrivons pour vous faire part de
1'effet terrible que cette predication malheureuse a produit sur
lout votre clergé, dans la ville de T.
C'esl trop fort, s'écria le cardinal duns un mouvement
d'impatience qu'il lui fut impossible de dominer. Ce que j'ai dit
soufTrir d'une sceur, je ne le supporterai de personne. Cela tou
che a l'insolcnce II n'y a AT. que les Jésuiles qui aicnt pu
m'écrire surce too. Aucun de mts prétres ne 1'oserait.
Continuous
Si votre Eminence n'avait pas donné une consecration toute
particuliere, une adhésion presque épiscopale el solennelle aux
doctrines dangereuses prêchées par M. Julio, en faisant de lui
un chanoine de sa métropole, nous serions moins pémblement
affectés. Mais, Eminence, aprés eet acte A jamais déplorable de
votre autorité, il ne uous reste qu'A gémir en silence sur les
illusions dans lesquelles a pu tomber un archevéque catholique,
et qu'a prier pour que la grace l'éclaire et l'aiirête en présence
de rabiiue.
Les monstres dit le cardinal, s'interrompant, ils veulent
me compromettre.
Nous vous aimons, Eminence, mais nous aimons plus que
vous, plus que notre propre vie, la jmceté de la doctrine catho
lique. II nous sera pénible d'étre onligés d'en appeler au juge
suprème del'Église, au trés saini l'ére le Tape, que Jésus-Christ
a placé au-dessus des autres pasteurs.
Si cependaat il y arait, de la part de Yotre Éminence éclai-
réeparnos paroleset mieux inspirée sur ses véritables intéréts,
un acte public qui frapperait les doetrines scandaleuses...
En tournant Ja page
OhJ mon Dieu, la lettre n'a pas de signature. Les laches^
ils me citeHt au tribunal de Rome.
Et la lettre tomba des mains du prélat. II s'affaissa sur lui-
mème, et Ie valet de chambre eut beaucoup de peine a le porter
sur sou lit.
Une violente attaque d'apoplexie venait de frapper M. de
Flamarens.
Le va'et de chambre sortit de Pappartement, appelant au
sccours.
En un moment la chambre du cardinal fut remplie. Made
moiselle de Flamarens arriva. Elle adressa varnement la parole
a son frère. Des sons inarticulcs furent sa seule réponse. Cepen-
dant il la regnrdait fixement, et ee regard laissait croire qu'il y
avait encore quclque espérance.
On envoya cliercher immédiatement le mcdecin de Son Emi
nence.
Le médecin logeait a la place du Capitole, assez éloignée de
Parchevêché. Le domestique ne le trouva pas chez lui ii dinai
chez sa fille dont la muison était située auprès du Jardin Bola-
nique, a Pautre extrcmité.de T.
Get honime, au lien de eo rirchoz-un de* confrères du doeteur,
se mit eti ina che j»i»iir Ir Juidin U.Unique.'par ie cbeiuin le
plus courU rn Uïrvanl les rues tie la fiür.
Le doeteur venait de quitter sa lilje et legaghait paisiblement
sa maison par les boulevards extérieurs.
Le domestique, au désespoir, renlra a Parchevéché et raconta
ja course inutile qu'il arait faite. Ön resolut alors d'envoyor
chercher un autre médecin.
(.4 conlinacr).