JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT
YPIiES, IMmanehe
Beuxième année. flï° 2.
10 Janyier 1864.
paraissant le Dimanche de chqjaue semaine,
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LES CAISSES D'ÉPARGNE.
Suite. (Voir uotre n* du 3 Janvier).
Fautil abandonner ft {'initiative privée Ie soin
d'organiser des caisses d'épargne ou bien faut-il
reconnaitre ft l'Etat le droit d'intervenir en cetie
molière?
Sur ee premier point, il n'y a qu'une opinion.
Non-seulement on reconnait que c'est un droit pour
le gouvernement de créer des caisses d'épargne,
mais les publicistes mème les plus hosliles a Fac
tion gouvernementale considèrent cette interven
tion en cette matière comme nécessaire et en font
un devoir a l'Etat. Pourquoi? puree que l'Etat, par
les moyens d'influenee dont il dispose, par ia con-
fiance qu'il inspire, est seu! en mesure de faire pro-
duire a ces utiles institutions tous les bienfaits qu'on
est fondé ft en attendre, et aussi parce que l'expé.-
rience a démontré que les caisses d'épargne dues a
^initiative privée sont forcément resireintes a une
certaine eaiégorie de travailleurs et que l'exiguité
des capitaux dont dies disposent ne leur permet
pas de réaliser des bénéfiees sufiisants,pour eouvrir
a la fois leurs frai3 d'administratión et assurer aux
ouvriers un intérét eonvenable de leurs dépots.
Mais si l'on est d'accord sur la nécessité de ['in
tervention de l'Etat, il s'en faut de beaucoup que
l'on retrouve la mème unanimité sur la question de
Ia garantie. Le projet tranche cette question dans
ie sens de ia garantie ilümitée. II porte que l'Etat
est responsable de tous les depóts confiés ft la caisse
d'épargne,quelles que soient leur valeur et leur im
portance. C'estégalement dans ce sens que Ie Sénat
s'est prononcé après une discussion approfondie.
Quant a nous, il nous parait que de la néces
sité de l'intervention de l'Etat, nécessité reconnue
par tout le monde, déeoule naturellement la conse
quence que l'Etat doit garantir le remboursement
des dépots Comment admettre, en effet, que le
législateur organise des caisses d'épargne, proclame
les principes qui doivent les régir, provoque les po
pulations peu éclairées ft confier leurs économies a
des institutions qu'il a lui-mème organisées, et qu'il
se déclare en móme temps affranehi de toute es-
pèce de garantie, de toute responsabilité? M. Frère-
Orban, a pu dire avec infiuiment de raison qu'une
semblable déelaralion irait presque jusqu'ft l'im-
moralité.
A ceux que l'idée d'une garantie illimitéeeffraie,
nous ferons remarquer'que fait, cette garantie a tou
jour» existé et qu'eile existera toujours, qu'on l'in-
seriveou non dans la loi.En 1838,1e gouvernementa
dü garantir lesdépötseonfiésa la Banquede Belgique.
En 1848, il a dü faire de méme pour les dépóts
confiés a laSociété Générale et, chaqne fois, il est
intervenu par des motifs d'ordre supérieur auxquels
il serail tenu de déférer de nouveau si des circon-
stances analogues se reprèsi ntaient.
Et si cette garantie est includable, mème iorsqu'il
s'agit d'étabiissements privés sur lesquels l'Etat n'a
aaeuue action; si, fatalement, forcément, le gou
vernement est obligé d'intervenir pour garantir des
dépots confiés ft des caisses privées, n'est il pas in-
finiment pins sage et plus prudent d'attirer l'épar-
gne vers des établissemenis publics, orgariisés et
surveillés par l'Etat lui-même? Puisque, de toutes
fagons', il faut garantir, ne vaut il pas se ménager
la faculté et surveiller ce que l'on doit garan
tir?
Mais convient. il de fixer un maximum pour les
dépots ou bien faut-il autoriser Its caisses a rece-
voir toutes sommes,si considérables qu'elles soieat
On a dit, en faveur Ju maximumque les caisses
d'épargne n'ont pas d'autre mission que de recueil-
lirlespetiteséconomiespouren former descapitaux;
que ces capitaux, unefois formés, devaient chercher
ailleurs que dans ces caisses un placement fruc-
tueux; que rieri ne serait plus deplorable, dans un
pays comme le nótre, que d'eneourager la paresse
de ceux qui veuleni faire gérer par l'Etat le capital
qu'ils ont entre les mains et qu'il faut habituer tout
le monde, dans l'intérét mérne de ia force produc
tive et financiël e du pays, a gérer lui méme sa for
tune.
Ces objections sont-elles bien sérieuses? A quel-
que dégré de prospérité qu'elles atteignent un jour,
peut on sdmettre que les caisses d'épargne soient
jamais eonsidérées par les possesseurs de gros capi
taux comme un mode de placement sufiisamment
produetif? Nous ne le croyons pas. Le projet de loi
a, d'ailleurs, paré a cetle éventualité il autorise
les caisses ft convertir eu fonds publics les dépots
au dela de 5,000 francs. Mais si les craintes
•que Ton exprime ne sont pas de nature ft justifier
Ia nécessité de la limitation des dépots, de graves
considérations militent, en revanche,contre toute li
mitation. Les caisses d'épargne, c'est une chose
certaine, ne peuverit prospérerqu'a deux conditions
Ia première, c'est qu'elles inspirent une confiance,
une sécurité parfaite aux déposants; a cette pre
mière condition, il est satisfajt par Ia garantie de
l'Etat.La seconde, non mgins importante, c'est
que les dépóts produisent un intérét eonvënable.
Dans le siècle oü nous vivons, vous aurez beau en-
tourer les caisses d'épargne de toutes les garanties
possibles; si olies n'offrent qu'un intérét minime,
les déposants, qui peuvent obtenir ailleurs un inté
rét supérieur avec des garanties a peu prés égales,
les déposants s'éloignèront bien certainement des
caisses d'épargne. Cela n'est pas douteux. Or, de
quelle manière les caisses parviendront-elles ft payer
aux déposants un intérét eonvenable? En France,
en Angieterre, dans d'autres pays encore, Uitat
vient au secours de ces établissemenis et leur ac-
corde des "subsides. Ce sy.stème, personne n'en vou-
drait, a coup sur,pour ia Belgique. II ne reste done
aux caisses d'épargae,commeseulmoyen d'offrir aux
déposants un taux d'intérèt qui les attire vers
elles, que de faire fruciifier les capitaux qui leur
sont remis en dépot. Cet emploi utile, fructueux,
est-il possible si elles n'agissent qu'avec des capi
taux versés franc par franc, et pour ainsi dire,goutte
a goutte dans leurs caisses? C'est ee que nieront tous
les hommes un peu au courant des matières finan-
cières. L'expérience de tous les pays a d'ailleurs
démontré que les frais d'administratión des caisses
d'épargne sont énormes et qu'avec la limitation des
dépóts, les bénéfiees suffisent a peine a eouvrir les
frais, a ce point que l'Etat, comme nous venons do
le dire, est obligé d'intervenir par des subsides
pour suppléer au déficit qui se manifeste pour
ainsi dire périodiquement. II faut done, de toute
nécessité, si l'on veut qu'elles puissent se suffire a
elles mèmes, les autorise faire, ft l'aide de
capitaux d'une certaine importance, des placements
nombreux, varies, qui leur permeüent, au moyen
des bénéfiees réalisés, de eouvrir les pertes resul
tant des opérations de Ia caisse d'épargne propre-,
ment dite.
Mais quelles opérations les caisses d'épargne se-
rorit-elles autorisccs a faire? Ce seront, pour la
plupart, des opérations de banque telles que es-
eompte de lettres de change et billets d'ordre, avan
ces sur effets de commerce, bons de monnaie o«
d'affinage, toutes parfaitement süres, produclives et
offiant, par conséquent, toutes les assurances pos
sibles que la garantie éventuelle de l'Etat ne sera
pas rnise en jeu.
En résumé, le projet de loi présenté par le gou
vernement nous parait digne de tons points des
intéréts importantsqu'il a pour but de sauvegarder.
li fallsit trouver une formule qui satisfit ft la fois
et ies justes exigences des travailleurs et les droits
non moin$ respectables de l'Etat, garant nécessaire
d,es dépóts. Cette formule, Ie projet de loi l'a indi-
quée avec une süreté et une profondeur de vues
auxquelles rendront hommage tous ceux qui ont ft
coeur le développement moral et materiel des classes
laborieuses et, pour tout dire enfin, nous eorisidé-
rons ce projet comme un des litres les plus sérieux
du cabinet libéral a la reconnaissance publique.
LA VARIOLE A YPSES-
La variolesévit dans notre ville avec une inteusité
extraordinaire, et loin de décroitre, elle vient d'en-
trer dans une période de recrudescence dont chaque
jour voit augmanter la gravité. 11 suffit de consulter
les registres de l'état civil pour juger des ravages
qn'exerce cette terrible maladie.
Les premiers sympiömes se déclarèrent au mais de
juillet dernier. Aussitöt l'administration communale
en fut inforraée; un rapport lui fut soumis. Nous ne
connaissons pas tous les moyens préveEtifs proposés
par les honorables auteurs de ce rapport, mais le bon
sens le plus vulgaire dit que la première mesure de
prudence ft prendre dans une maladie contagieuse est
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L'OPINION
LE TOUT PAYABLE DAVANCE.
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