JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT
YPllESj IMmanche
Beexième aniiée. N° 4.
24 Janvier 1864.
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ÏPKES, 24 janvier.
i,A srrurffHJiv.
Le parti clérical ne veut ni du pouvoir ni de la
dissolution.
Jene veut pas du pouvoir paree que ia majorité
parlementaire lui fait défaut.
Je ne veut pas de la dissolution, paree que l'em-
ploi de cetie mesure extréme ne lui parail pas suffi-
samment, justifiée par les eirconstances.
Telle est la déelaration formelle, catégorique que
nous a apportée, il y a deux jours, l'organe le plus
accrédilé de l'opinion eléricale.
Dés lors, a notre avis, la situation devient par-
faitement nette et le ministère n'a plus qu'une
chose a faire retirer sa demission des mains du
Hoi et attendre les événements.
Personne ne peut sérieusement contester que ce
soil son droit.
Vaincu sur le terrain èlectoral, il a loyalement
offert de céder la place a ses adversaires. Ceux-ei
refusant de la prendre, il est tout simple que le
ministère la garde. Pourquoi s'en irait il? II n'avait
d'autre raison de quitter le pouvoir que le droit de
la victoire que pouvaient légitimement invoquer les
vainqueurs. Or, cette raison dispaiait dès que les
vainqueurs renoncent a s'en prévaloir.
Le parti clérical n'envisage cependant pas les
choses de cette facon. Tout en maintenant son refus
de prendre la direction des affaires, il élève Ia pré-
tention de dicter des conditions au cabinet libéral
et a la majorité qui l'appuie.
Cette prétention est absurde. Le droit du parti
clérical, répétons-le, c'est d'occuper le pouvoir; et
loin que l'opinion libérale songe a le lui contester,
elle l'a sommé diverses reprises, elle le somme
encore tous les jours de remplir ce premier devoir
de toute opposition triomphante. JMais si celle-
cipersiste dans son refus, il est clairqu'elle n'a rien
a réclamer de ses adversaires, qui restent seuls et
uniques juges de Ia situation.De deux choses l'une:
ou Lien le parti clérical doit accepter franchement
la responsabilité de Ia situation, et, dans ce cas, il
pourvoira, comme il Fentendra, aux nécessités du
moment; ou bien il entend laisser cette responsa
bilité au parti libéral el alors c'est a ce dernier
qu'appartient incontestablement le droit de prendre
toutes les mesures qu'il jugera utiles a sa conser
vation,
Sans doute, Ia vie du ministère ne serait pas de
longue durée !a session ne s'écoulerait pas sans
que, sur l'un ou l'aulre vote politique, il ne fut
obligé de prendre une resolution extréme mais en
presence d'une situation semblable, qui pourrait lui
contester le droit de dissoudre les chambres et de
faire un appel au pays? II ne le pouvait pas aprés les
élecff ns de Bruges, ce droit nppnrtennil naturelle-
ment aux vainqueurs fidéle aux principes eonstitu-
lionnels, il a du se borner alurs donnet' purement
et simplemeiu sa demission. Mais ses adversaires
repoussant la dissolution, quel est l'bomme de
bonnefoi, l'homme raisonnable et senséqui pourrait
dénier an ministère le droit de consulter les élec-
teur» et de leur detnander la solution d'une situa
tion devenue impossible a soutenir? Nous disons,
nous, que la dissolution, provoquée dans de parod
ies eirconstances, serait aecueillie comme un bien-
fait par l'opinion publique ct qu'elle nous veogerait
d'une maniêre éclatante des défaites suecessives
que nous avons éprouvées dans ces derniers temps.
Et si le sort devait nous étre contraire, si le pays
devait une fois de plus subir la triste experience de
la domination eléricale, nous rentrerions dans la
rninoriic avec la conscience d'uri devoir accompli
et cette coi:fiance inalterable dans l'avenir qui est
la force et la consolation de tous les hommes de
progrès.
LE imreSSTÈRE RVAEEAIRES.
On parle beaucottp, depuis quelques jours, d'un
ministère d'affaires. Un ministère d'affaires, dit
VEtoile beige, voila ce qui nous convient four le
moment, et tous les journaux cl 'ricaux de chanter a
l'unisson II nous faut un ministère d'affaires
Laissons-lk les mots et voyons les choses.
Qu'est-ee qu'un ministère d'affaires C'est, dit
VEtoile,un ministère chargé d'administrer le pays,
»de s'occuper surtoutde maintenir l'ordre et la paix
«publique,de donnet'satisfaction aux intéréts intel-
lectuels etmatériels des citoyens,e« laissanl de cöté
»les questions irritantes qui peuvent agiter les es-
prits.
Votlk, i! faut en eonvenir, un ministère qui doit
être du goüt de tout le monde et si le pays parvient
k metire la main sur un pliénoméne aussi rare, il
aura grand tort de ne s'en contenter que pour le
moment. Quant a nous, nous lui jurons fidélité et
dévoüment perpétuels et nous déclarons ne plus
vouloir en Belgique d'autres ministères que des
ministères d'affaires.
Seuleinent, nous nous demandons comment fera
ce fameux ministère pour laisser de cöté les ques
tions irritantes qui peuvent agiter le pays.
Ne cberchons pas bien en arrière au moment
mème oil nous ócrivons ces lignes, deux questions
irritantes agitent le pays, la question de l'enseigne-
ment primaire et la question des cimetières.
Dans un trés grand nombre de nos villages, l'en-
seignemenl primaire n'existe qu'a l'état de lettre
morte, e'est-a-dire qu'au lieu des écoles commu-
nales prescrites par la loi et offrant, celies-ci, tou
tes les garanties désirables, les autorités locales,
subissant l'influence du clergé, patronent et sub
sidies des écoles mal tenues, mal dirigées, insuf-
fi-an'es sc-s i in I s ia pert-. I.o mi N the -
tuel, qui n'est pas, k la vérité, un ministère d'af
faires, s'est beaueoup préoccupé de cette situation
facheuse de l'enseignement primaire dans les cam
pagnes; 11 s'est vu dans la nécessité de rappeler les
communes k leurs devoirs et d'imposer aux plus
récalcitrantes des écoles convenables. Chaque l'ois
qu'il a supprimé une mauvaise école pour en met-
trc une bonne a Ia place, le clergé n'a pas manqué
de jeter les hauts cris et d'accuser le cabinet libé
ral de miner l'enseignement religieux au profit de
l'enseignement laïque et anti-catholique.
Le ministère d'affaires, qui voudra laisser de cöté
cette question irritante, devra done s'abslenir soi-
gneusement d'imiter ses prédécesseurs et l'ensei
gnement primaire deviendra ce qu'il pourra, c'est-
è-dire que le clergé le monopolisera de plus en plus.
Quant aux cimetières, VEtoile connait comme
nous les prétentions du clergé sur ce point. Le mi
nistère d'affaires, pour laisser de cöté cette question
irritanten'aura rien de mieux a faire que de subir
la loi du curé et de reconnaitre son omnipotence
dans Ie cimetière. Moyennant quoi, il n'y aura plus
d'irritation d'aucune espéce et le ministère d'affai
res pourra se flatter d'avoir donné une satisfaction
compléte aux intéréts mor aux et inlellecluels dts ci-
toyens.
II y a cependant une ombre k ce beau tableau.
Le ministère d'affaires aura comblé les voeux des
catholiques et pourra compter sur leur appui; mais
les libéraux, VEtoile croit-elle qu'ils auront lieu
d'ètre très-satisfaits d'un semblable gouvernement?
Croit-elle qu'ils applaudiront a la ruine de l'ensei
gnement public et l'abdication des droits du pou
voir civil en matière d'inhumations? Et s'ils pro
testent par les élections, par la presse, par leurs
mandataires clans les Chambres, que deviendra ce
régime de paix, de tranquillité que le ministère
d'affaires devait inaugurer dans le pays
Ce fameux ministère d'affaires n'est. done qu'un
rève, une-pure utopie. Au point oil nous sommes
arrivés aujourd'bui, il rte dépend de personne de
laisser de cöté certaines questions; ces questions
s'imposent d'elles-mêmes par la seule force Je
l'opinion et c'est lutter contre le courant général
des esprits que de prétendre leur imposer silence.
Dans le rapport deM. Nothomb, sur les élections
de Bruges, on peut lire
t Quelques semaines après les élections, il y a eu,
k des jours différents, un régal donné aux électeurs
de Zerkeghem et k leurs femmes, successivemeiu eb'
quatre cabaretiers de la mêiiie commune, égak-ment
électeurs.
Ces fêtes ont été soidées par le jardinier de SI, Al-
bert de Man, curé de Zerkeghem, et par le sous insti-
tuteur Van Poucke.
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UN NUMÉRO 23 CENTIMES.
OPINION
LE TOUT PAYABLE 1)'AVANCE.